Actualités :: Revendications sociales : Les syndicats fustigent les réponses du (...)

Dans cette adresse aux travailleurs, les centrales syndicales et les syndicats autonomes décortiquent les réponses du gouvernement à leurs doléances. Elles les jugent largement en-deça de leurs attentes.

Camarades militantes et militants,
camarades travailleuses et travailleurs

Suite à la marche-meeting du 18 décembre 2004, suivie de la grève et de la marche du 4 février 2005 auxquelles vous avez massivement participé, les organisations syndicales ont eu deux rencontres :

- la première avec son Excellence Monsieur le Premier ministre le 7 février 2005 qui nous a assuré que le gouvernement considérait les organisations syndicales comme des partenaires et qui a annoncé qu’une délégation du gouvernement rencontrerait les organisations syndicales pour la remise des réponses au cahier de doléances 2004 ;
- la seconde avec son Excellence Monsieur le Président du Faso le 18 février , à qui nous avons soumis la plate-forme minimale en quatre points, élargie à sept autres points du cahier de doléances 2004. Pour les réponses à la plupart des différents points de ladite plate-forme, le président nous a renvoyé à la rencontre Gouvernement/Syndicats tenue le 24 février 2005.

Le 24 février 2005, les organisations syndicales ont effectivement reçu du gouvernement les réponses à leur cahier de doléances 2004.

Dans une correspondance en date du 7 mars 2005 adressée à Monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement, nous avons procédé à l’analyse desdites réponses. Ainsi, nous avons relevé que le gouvernement, dont les réponses sont presque toutes négatives, a tendance :
- à nier les problèmes que nous posons,
- à avancer les affirmations qu’il sait fausses, à reprendre les réponses des années passées sans se soucier du fait que les syndicats insistent sur certaines revendications
- enfin à utiliser des arguments très peu convaincants et des promesses vagues pour justifier le rejet de certaines revendications ou les renvoyer aux calendes grecques.

Voici les exemples sur lesquels nous avons fondé nos griefs.

" Des recrutements largements insuffisants"

* " Sur la revendication portant relèvement des salaires et pensions, le gouvernement, pour justifier son refus de satisfaire cette doléance, évoque pêle mêle l’incidence financière de mesures comme la mise en application des différents régimes indemnitaires, la baisse de l’IUTS, le recul de l’âge de la retraite et les recrutements au profit des secteurs sociaux.

A ce propos, il convient de rappeler les faits suivants :
- les revendications des organisations syndicales en matière d’indemnités qui ont abouti à un accord en 2000 avec certaines organisations syndicales sur le relèvement des indemnités vise essentiellement à obtenir le retour de celles-ci à leur niveau d’avant les coupures opérées notamment par le Conseil national de la Révolution ;

- concernant le recul de l’age de la retraite, celui-ci a été décidé par le gouvernement sans consultation des organisation syndicales et ce, pour résoudre des problèmes de ressources humaines et financières qui se posent à lui ;

- les recrutement opérés au profit des secteurs sociaux sont, à notre connaissance, financés par les budgets PPTE. Dans tous les cas, ces recrutements restent largement insuffisants au regard du grave déficit en matière d’éducation et de santé que connaît notre pays.

- l’engagement du gouvernement de relever le taux de l’annuité pour le calcul des pensions de 1,33 à 2% à l’échéance de 2004, n’est toujours pas concrétisé ; à notre connaissance, aucun texte n’a encore été pris pour sa mise en oeuvre effective ;

* concernant notre revendication d’une indemnité de stage ou d’une bourse au bénéfice des fonctionnaires admis en stage se déroulant au Burkina Faso ou à défaut le maintien des indemnités de logement et de sujétion, la réponse du gouvernement est : " Les fonctionnaires admis en stage ne sont pas soumis aux mêmes contraintes de sujétion que ceux en activité, qui justifieraient un tel avantage". Une telle réponse nous paraît simplement cynique, puisqu’au lieu de répondre à la revendication, elle s’accroche à une proposition alternative que nous formulons.

* A propos de l’institution d’une allocation chômage pour les travailleurs victimes des PAS, le gouvernement depuis 2002, a annoncé qu’une étude était en cours. En 2003, sa réponse était que " des termes de références sont en préparation en vue de constater la faisabilité technique de cette prestation." En clair, l’étude en cours annoncée en 2002 n’avait pas commencé. Et voila qu’en 2004, le gouvernement écrit que " chemin faisant, il s’ est avéré qu’ il est plus indiqué de faire appel à une expertise extérieure pour mieux aborder le sujet". Autrement dit, rien n’a véritablement bougé depuis les réponses de 2002 !

"Réhabiliter Rood Woko"

Dans ces conditions, nous nous demandons quel crédit on peut accorder à la nouvelle annonce selon laquelle pour l’expertise extérieure, des termes de références ont tété élaborés et que les avis d’appel d’offres seront lancés incessamment ?

* Sur les revendications portant " Prise en charge des risques professionnels, accidents de travail, maladies professionnelles) pour les agents publics de l’Etat, les réponses successives du gouvernement traduisent manifestement un usage répété de ce que nous considérons comme étant du dilatoire. Ainsi :

- en 2002, le gouvernement a écrit " il sera examiné au cours de l’année 2002 (souligné par nous) un avant projet de loi portant régime particulier de répartition des préjudices résultant des accidents de travail et des maladies professionnelles dans le secteur public" ;

- en 2003, la réponse du gouvernement a consisté à dire " l’ensemble des textes ( avant projet de loi, projet de décret d’application) devant régir la branche des risques professionnelles ont été élaborés" ;

- en 2004, la réponse ci-après du gouvernement indique que le dossier n’ a nullement avancé : " A la suite de l’étude, le MFPRE a élaboré un avant projet de loi portant régime de réparation des préjudices résultant des accidents de travail et des maladies professionnelles causés aux agents publics de l’Etat".

* A propos de la réhabilitation rapide et de la réouverture du marché central Rood Woko, le gouvernement annonce pour prochainement " le lancement des appels d’offres pour la démolition des partis endommagées du marché et leur reconstruction" et termine sa réponse avec un avertissement formulé en ces termes : " Il reviendra aux commerçants de prendre le pari d’une occupation disciplinée et consciencieuse pour éviter qu’un nouveau sinistre ne survienne à l’instar du 27 mai 2003".

Cette façon de culpabiliser les commerçants et eux seuls vise à couvrir les structures et responsables chargés alors de la gestion du marché, en l’occurrence la mairie de Ouagadougou et la Chambre de commerce. Or, il est connu que ces deux structures privilégiaient à l’époque le clientélisme, le népotisme et la complaisance dans l’attribution et l’occupation des places dans le marché. Du reste, à ce jour, l’enquête annoncée sur les responsabilités du sinistre n’a rien donné.

" Ouverture de négociations"

* A propos de l’exécution des jugements et arrêts de juridiction relatifs à des conflits de travail, le gouvernement fait fi des engagements antérieurs qu’il a pris concernant ces dossiers. En effet, en 2002 puis en 2003, le gouvernement avait demandé que lui soient transmis les dossiers de justice pour lesquels il se posait des difficultés d’exécution. Les organisations syndicales ont transmis au gouvernement nombre de ces différents dossiers qui sont, à ce jour, restés sans suite. Or, pour bon nombre de jugements et contrairement à ce que le gouvernement répète , c’est l’ Etat à travers notamment le ministère du Travail, que la justice a expressément désigné pour l’exécution des sentences prononcées.

Il est donc étonnant qu’on rétorque à des justiciables qui sollicitent l’Etat pour l’exécution de décisions de justice de dernier ressort que l" exécution de décisions de justice demeure de la responsabilité de la partie gagnante". Que devient alors le rôle régalien de l’Etat ?

En conséquence de notre analyse, nous avons demandé au gouvernement l’ ouverture, d’ici le 15 mars 2005, de négociations autour des réponses au cahier de doléances 2004, négociation qui devraient prendre en compte prioritairement les 4 points de la plate-forme minimale, objet des manifestations des 18 décembre 2004 et 4 février 2005, à savoir :

1- augmentation de 25% des salaires et pensions pour compter de janvier 2001 ;
2- diminution des impôts et taxes notamment sur les produits pétroliers ;
3- traitement des différents dossiers pendants relatifs à la mise en oeuvre des jugements et arrêts de juridiction, de même que des engagements pris par le gouvernement ;

4- reconstruction diligente du marché central de Ouagadougou ( Rood Woko).

La durée de ces négociations ne devrait pas excéder 72 heures.

Comme nous l’avons indiqué dans notre correspondance, la large mobilisation des travailleurs sur toute l’étendue du territoire national à l’occasion de ces deux actions, traduit leur grande attente d’un effort substantiel du gouvernement pour soulager leurs angoisses.

Camarades militantes et militants
Camarades travailleuses et travailleurs

La prise en compte de nos préoccupations par le gouvernement dépendra de notre capacité de notre capacité de mobilisation. Dans la perspective des négociations et en attendant les résultats qui en sortiront, nous invitons :
- les responsables de nos structures de base à poursuivre et à renforcer le travail de sensibilisation et de mobilisation des travailleurs de tous les secteurs d’activités ;
- l’ensemble des militantes et militants, des travailleuses et travailleurs à maintenir leur mobilisation et à se tenir prêts à répondre à tout mot d’ordre de lutte en vue d’imposer au gouvernement, en cas de besoin, la prise en compte de nos préoccupations actuelles.

En avant pour un examen sérieux du cahier de doléances 2004,
En avant pour la satisfaction de notre plate-forme minimale

Ont signé

Pour les Centrales syndicales :

CGT-B : Tolé Sagnon, Secrétaire général

CNTB : Laurent Ouédraogo, Secrétaire général

CSB : Jean Mathias Liliou, Secrétaire général

FO/UNSL : Joseph Tiendrébéogo, Secrétaire général

ONSL : Abdoulaye Yra, Secrétaire général

USTB : Mamadou Nama, Secrétaire général

Pour les syndicats Autonomes :

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