Actualités :: Permis de conduire : aucune auto-école ne remplit les conditions

La commission ad hoc sur la réforme du système des permis de conduire a restitué ses travaux, vendredi 28 janvier dernier à Ouagadougou. L’inspection de 41 auto-écoles a permis de déceler des irregularités qui entravent l’organisation de l’enseignement de la conduite des véhicules terrestres à moteur au Burkina Faso.

"Aucune auto-école ne remplit entièrement les conditions d’exploitation requises par le cahier des charges". Telle est la conclusion de la commission ad hoc sur la réforme du système des permis de conduire (PC) dont les travaux ont été rendus publics, vendredi 28 janvier dernier à Ouagaoudou au cours d’un atelier de restitution.

Instituée en 2002 pour servir de cadre de concertation entre les différents acteurs du PC, cette structure regroupe l’Inspection générale des services (IGS) et le Centre de formation professionnelle (CFP) du ministère en charge des transports, la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM), le Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA), le Centre de formation du transport routier et auxiliaire (CFTRA), les responsables des auto-écoles et leurs moniteurs. "Les auto-écoles jouent un rôle important dans l’accompagnement des efforts de l’Etat dans la formation des conducteurs routiers et la promotion de la sécurité routière au Burkna Faso. D’où la nécessité d’instituer des lieux fonctionnels et des partenariats profitables", a souligné le DGTTM, Sibiri Ouattara, pour justifier la création de cette tribune de réflexion.

Les membres de la commission ad hoc ont parcouru le territoire national (Cascades, Hauts-Bassins, Boulgou, Yatenga, Kadiogo) pour inspecter quarante et une (41) auto-écoles. Elle a bâti ses travaux autour de cinq (5) volets : les locaux et leur équipement, les véhicules et leur équipement, le matériel didactique, le personnel technique et le personnel administratif. S’appuyant sur l’arrêté n° 2002 - 000033/MTT/SG/DGTTM du 3 avril 2002 portant fixation des conditions d’ouverture et d’exploitation des établissements d’enseignement de la conduite des véhicules terrestres à moteur, la commission a dressé dans l’ensemble un bilan peu reluisant du fonctionnement des auto-écoles. Le rapport présenté par Nassourou Cissé, directeur de la sécurité routière à la DGTTM présente au cas par cas des irrégularités qu’il convient de corriger pour la bonne organisation des examens du PC.

La plupart des auto-écoles inspectées n’ont pas produit de documents justifiants de la nature juridique de leur occupation du local. Elles utilisent également du matériel roulant vetuste ou amorti. Beaucoup ne disposent pas de matériel didactique requis et emploient des moniteurs non qualifiés. Le rapport fait ressortir l’absence de contrat de travail entre les auto-écoles et leur personnel administratif. "Seules 8 auto-écoles sur les 41 inspectées ont produit un document attestant la déclaration à la CNSS du personnel qu’elles emploient".

Pour Nouhoun Traoré de l’Association des fondateurs d’auto-écoles de l’Ouest (AFAEO), cette inspection est une première qui invite à plus de professionnalisme. Par contre Seydou Maïga, DG du CFP/MITH y voit la faillite de l’administration qui n’a rien fait pour accompagner les auto-écoles après tant d’années d’activités. Le responsable de Prince auto-école, Apiou Idogo a relevé le vide juridique qui caractérise leur secteur. Aussi les participants ont recommandé "la mise en place d’un comité technique en vue de refléchir sur les problèmes de l’enseignement de la conduite". Ils ont suggeré de susciter l’intérêt des institutions financières pour le financement des auto-écoles.

Dans le souci de renforcer l’efficacité des moniteurs, l’atelier a demandé une amélioration de leur formation et la lutte contre leur précarité professionnelle à travers l’exigence de contrats de travail et l’affiliation à la CNSS. Chaque auto-école a reçu de la commission ad hoc une lettre l’invitant à se conformer aux clauses du cahier des charges dans un delai d’un an.

Jolivet Emmaüs Sidibé PAG BELEM


"Aucune auto-école ne remplit les conditions"

Suite à une interview du directeur général des transports terrestres et maritimes, M. Sibiri Ouattara parue dans le Sidwaya n° 5203 du mardi 25 janvier 2005, les moniteurs et responsables d’auto-écoles ont décidé d’user de leur droit de réponse pour "démentir en partie" certaines affirmations.

Suite à l’écrit de M. Sibiri Ouattara, directeur général des transports terrestres et maritimes, paru dans Sidwaya N° 5203 du mardi 25/01/05, intitulé : « Les moniteurs d’auto-écoles se sont trompés de cible et de combat », nous, moniteurs et responsables d’auto-écoles, usons de notre droit de réponse pour démentir en partie ce que M. Sibiri Ouattara a cru bon écrire.

L’esprit dans lequel nous le faisons est juste d’apporter la lumière à nos chers lecteurs et à notre cher public et surtout leur faire comprendre que malgré tout ce qui a été dit contre la formation dans les auto-écoles et le titre du permis de conduire, nous demeurons convaincus que notre travail et notre permis de conduire sont reconnus au-delà des frontières du Burkina Faso.

Que faut-il donc faire pour lutter contre l’insécurité routière ?

1. Susciter l’engouement dans les auto-écoles à tous ceux qui ont l’âge requis pour passer le permis de conduire dans les différentes catégories.

2. Instaurer la formation à la sécurité routière dès le bas âge.

3. Construire des routes plus sécurisées avec des dispositifs de sécurité tels que les signalisations verticale, horizontale et lumineuse.

4. Mettre en place un système de contrôle efficace de la circulation routière, présence des forces de l’ordre, radars, alcootest, éthylotest, etc.).

5. Faire de la prévention routière une lutte quotidienne et permanente (en une seule semaine par année, on n’atteindra jamais quoi que ce soit).

6. Laisser les ingénieurs faire un travail de conception et non d’exécution.

7. Créer un observatoire autonome pour la sécurité qui sera chargé de toutes les questions s’y afférentes (évaluation du permis de conduire, statistiques des accidents) rattaché à une haute autorité tel que le Premier ministère ou la Présidence et non à M. Sibiri Ouattara, directeur des transports.

Nous ne nous sommes pas trompés de cible et nous ne cherchons pas de poux sur un crâne rasé.

Depuis la prise de service de M. Sibiri Ouattara à la direction des transports, aucune invite de rencontre n’a été adressée aux moniteurs d’auto-écoles. Quant aux responsables d’autos-écoles et leur association malgré le récépissé de leur Union, M. le Directeur ne les reconnaît pas. Voir récépissé N° 96-197/MATS/SG/DGAT/DLPAJ du 16 juillet 1996.

La formation des moniteurs d’auto-écoles au Burkina se fait d’une manière traditionnelle : de père en fils, de bouche à oreille peut-être, mais ce sont eux qui ont formé tout détenteur du permis de conduire burkinabè, nationaux ou étrangers, pauvres comme riches, examinateurs ou directeurs des transports. Cela a valu la reconnaissance sur le plan international de la qualité du permis de conduire burkinabè nonobstant le fait que les moniteurs d’auto-écoles n’ont pas été à l’école classique.

En toute humilité, comme vous le constatez sur notre énième doléance, (voir lettre du 24/01/05) nous réclamons toujours une formation, des recyclages, des stages.. pour du reste améliorer nos prestations.

- Comment comprendre qu’au Burkina, on organise des séminaires, des conférences, etc. sur les transports routiers sans associer les auto-écoles ?

- Comment comprendre aussi qu’après quarante (40) ou quarante cinq (45) ans, aucun moniteur ou responsable d’auto - école n’ait été décoré ou reconnu comme tel ? Alors cher Monsieur, nous ne nous sommes pas trompés de cible.

Vous avez l’air de vous tromper de cible vous- même car avant votre fameuse déclaration dans les journaux, les Burkinabè étaient respectés à l’étranger par ce permis de conduire ; et vous venez de nous dire que :

• Ce titre n’est pas sécurisé ; merci de nous l’avoir appris. Ça pourrait être du patriotisme de votre part.

• Que le programme d’enseignement diverge d’une auto- école à l’autre. Et vous, quel est votre programme ?

• Ensuite, que nous n’avons pas de diplômes d’enseigner, mais des autorisations d’enseigner.

Pour tout vous dire, M. le Directeur, il est bon d’avoir une autorisation d’enseigner sinon que malgré le diplôme, nous retombons dans l’anarchie. Aussi, c’est bon de faire des stages car vos examinateurs n’ont fait que ce stage en passant ; ce sont des techniciens supérieurs, mécaniciens ou ingénieurs en topographie, routes, bâtiments, bref ! tout sauf pédagogie en sécurité routière. Mais cela est bien car nous croyions qu’ils pourraient :

- Contribuer à faire un travail de conception (plan d’organisation de la sécurité routière, tracer mieux la route Ouaga-Bobo, avoir des statistiques sur les accidents de la route, faire de la prévention routière) et non la commercialisation des titres de transport et des prestations de services qui, du reste demeurent un droit pour tout usager à la DGTTM. 

- Laisser la simple tâche de permis de conduire à des agents d’exécution tels que les conseillers municipaux ayant un certain âge ou une certaine probité.

Monsieur le Directeur général, pouvez-vous nous expliquer un peu clairement les faits suivants ?

- Non instruits, depuis quarante cinq (45) ans, nous formons les responsables de ce pays et autres !

- Le centre de formation (CFTRA) n’étant pas qualifié à former des moniteurs d’auto-écoles (selon vous), pourquoi y envoyez-vous vos examinateurs ingénieux pour prendre la ration de formation dispensée aux analphabètes ?

- Nous ne comprenons non plus qu’après vos prédécesseurs qui prenaient de l’argent non officialisé avec les auto-écoles pour soi-disant des prestations de services ; vous avez continué de les percevoir jusqu’à ce que les responsables et moniteurs d’auto-écoles aient les poches trouées et ont décidé de ne plus payer.

N’est-ce pas juste de vous demander où sont passées toutes ces sommes qui nous sont dues ? L’opinion publique comprendra en partie pourquoi nous n’avons plus d’essence pour démarrer nos vieux véhicules de plus de trente (30) ans et même pas l’argent pour réparer nos pneus crevés.

Il y a des pratiques à la Direction des transports que nous avions toujours dénoncées, qui, aujourd’hui, contribuent à ruiner les auto-écoles au point que comme vous le savez et le dites si bien, des moniteurs ne sont pas payés.

- Nous ne comprenons toujours pas et vous demandons humblement une explication sur le fait que des appels d’offres faits par le Trésor public afin de vous fournir des imprimés soient un risque de falsification ou de contrefaçon des titres de transport ; avez-vous donc trouvé ces cas ? Les avez-vous dénoncés aux autorités ? Qu’avez-vous fait pour empêcher cela ? Nous qui sommes vos collaborateurs privilégiés, ce n’est qu’à travers votre écrit que nous l’avons appris. N’est-ce pas là M. le Directeur, une bonne collaboration ? Enfin ! Cela est une affaire entre vous et le Trésor public.

- Nous ne comprenons pas que depuis quarante cinq (45) ans d’indépendance, il n’y ait pas d’école de formation de moniteurs au Burkina Faso. La sécurité routière est-elle réellement une priorité de la direction des transports ? Où voulez-vous que nous nous formions ? N’est-ce pas une prouesse ce que nous faisons déjà ? Car nous vous avons formé et nous sommes convaincus que jusqu’à présent, vous n’avez pas fait d’accident. Qui des responsables d’auto - école n’aurait pas aimer embaucher un moniteur hyper qualifié pour le bien de son entreprise ?

- M. le Directeur général, vous avez publié une note très récemment indiquant l’âge requis pour passer le permis de conduire (voir document 2). Pourquoi cela ? Le texte existe bien pourtant depuis Mathusalem ! Nous savons aussi que des moins de dix-huit (18) ans ont passé le permis BC avec votre accord spécial ! Mais de quel droit ?

- Nous ne comprenons pas non plus que quelques-uns de vos examinateurs arrivent au Burkina avec le permis B et sans passer par une auto-école, vous lui délivrez le permis avec toutes les catégories (A1-A-B-C-D-E) et peut-être même le F !

- M. le Directeur général, ce n’est maintenant, que vous projetez une connexion entre la Direction générale et ses démembrements dans les différentes régions du pays ! Eh bien le permis de conduire s’est toujours déroulé dans toutes ces régions du pays même « déconnectées » de votre direction grâce à l’apport financier des auto- écoles. Ce que nous dénonçons d’ailleurs.

- Le défi que vous lancez aux moniteurs, aux directeurs d’auto-écoles, aux journalistes et à tout citoyen burkinabè relatif au fait que tout Burkinabè passe par une auto-école avant d’avoir son permis de conduire, nous pensons que pour une question de patriotisme et de discrétion, nous vous répondrons sur une autre tribune. Cela a déjà même été fait.

- Monsieur le Directeur général, avec tout ce qui a été suscité, comment voulez-vous que nous payions décemment nos moniteurs, que nous ayons des véhicules neufs, que nous améliorions nos prestations sous vos cieux ?!

N’essayez donc pas d’être l’avocat des moniteurs contre leurs employeurs. Ils ne vous ont rien demandé et n’ont rien à vous payer pour votre bonne volonté. Ne dispersez pas vos efforts, occupez-vous plutôt de votre très lourde tâche : transports terrestres et maritimes.

- Enfin, M. Sibiri Ouattara, directeur des transports terrestres et maritimes, les responsables d’auto-écoles ont entendu votre appel à la grève. Seulement, nous nous organisons pour le faire très prochainement si toutefois ces points ci-dessous cités ne sont guère pris en compte :

• Reconnaissance de l’Association des responsables et des moniteurs d’auto-écoles par votre direction générale ;

• Introduction d’un projet de loi sur la question des auto-écoles et de la sécurité routière ;

• Elaboration et arrêt définitif d’un programme d’examen du code de la route ;

• Elaboration et arrêt définitif d’une grille de notation pour l’examen de conduite ;

• Présenter des excuses aux moniteurs et responsables d’auto-écoles et à tout détenteur du permis de conduire burkinabè, humilié par votre écrit.

Pour l’Association des
moniteurs d’auto-écoles
Récépissé n° 96-194/DLPAJ
du 16 juillet 1996

Pour l’Union des auto-écoles
Récépissé n° 96-197/DLPAJ
du 16 juillet 1996

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