Actualités :: Un instit à Rakiswilgri : Thierry Joël n’est pas un exemple

Dans une lettre ouverte au ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA), parue dans notre édition du mardi 18 janvier 2005, monsieur Thierry Joël Rouamba, enseignant de son état, a interpellé Rakiswiligri sur des spécificités contraignantes liées au métier d’ instituteur au Burkina Faso.

Touché par le cri du cœur de ce dernier, le ministre, en lieu et place d’un droit de réponse par écrit, a jugé plus utile de faire le déplacement à Poédgo, dans le département de Tanghin Dassouri, où sert l’instituteur en question, pour échanger de vive voix avec lui. Il a été très déçu de constater que monsieur Thierry, contrairement à ce que laisse transparaître sa correspondance, n’est pas du tout un bon exemple. Le registre d’appel journalier a donné la preuve qu’il est un absentéiste notoire.

C’est aux environs de 15 h le mercredi 19 janvier que le MEBA, accompagné de quelques-uns de ses proches collaborateurs et de Mme Joséphine Naré, inspectrice de la circonscription de Tanghin-Dassouri, est arrivé à l’école de Poédgo.

Accueilli par le directeur de l’école, il entreprend tout de suite de visiter les salles de classe. Première classe à être visitée, celle du CE1-CE2. L’école de Poédgo est en fait une école pilote multigrades, c’est-à-dire qu’on y expérimente les innovations pédagogiques. Le ministre, comme il fallait s’y attendre, a donc demandé à voir monsieur Thierry. Celui-ci était absent. Son directeur a tenté de le couvrir en affirmant qu’il était indisposé. Rakiswilgri n’a pas voulu manger de ce pain, surtout qu’un certificat médical n’a pas pu lui être présenté à sa demande. Il opta alors de visiter la classe de l’instit concerné. Déception.

Monsieur Thierry est un abonné absent, ainsi que l’a révélé le registre d’appel journalier. Ayant refusé d’occuper la maison mise gracieusement à sa disposition à quelques pas de son école, il a préféré habiter chez lui dans la capitale, et regagner Poédgo chaque matin. Il est tantôt malade, a tantôt rendez-vous avec son médecin, ou est retenu à Ouagadougou pour des problèmes familiaux. Résultat : rien ne fonctionne bien dans sa classe ou du moins dans ses classes, puisqu’il a à sa charge des élèves de CE1 et CE2.

M. Thierry Rouamba dans sa correspondance au MEBA, après avoir présenté ses vœux au ministre et à tous les acteurs de l’éducation, a stigmatisé les conditions de travail des instituteurs, obligés de travailler sous haute pression. Il trouve toutefois qu’on peut changer la situation, et pour cela, il lance la réflexion, en invitant les différents protagonistes à ne pas tomber dans le découragement.

Avec ce qu’on a pu voir à Poédgo dans la classe de M. Rouamba, on est porté à croire qu’il a fait son article pour se faire bonne conscience, rien d’autre que cela. En effet, dans sa classe, pas d’affichages fonctionnels, c’est-à-dire des résumés des règles de grammaire, de calcul... Le MEBA a ensuite effectué une autre visite inopinée à l’école de Nimdi, toujours dans le département de Tanghin-Dassouri et il s’est avéré que le cas Thierry Joël Rouamba n’est pas tout à fait isolé.

Les absents ont toujours tort

Les sujets abordés par monsieur Thierry, selon le ministre Ouédraogo, sont dignes d’intérêt. Il a alors estimé qu’il était utile de faire le déplacement pour le rencontrer, afin d’échanger de façon informelle mais directe avec lui. Le ministre s’est dit déçu de l’absence de l’instituteur à son poste et surtout de son comportement. Ce n’est pas la première fois qu’il s’absente. Depuis le mois d’octobre 2004, il s’est absenté à plusieurs reprises. Les cahiers des élèves ont laissé voir que très peu d’exercices et de devoirs ont été faits. Ce qui, de l’avis du MEBA, démontre qu’il n’y a pas eu beaucoup de travail. Pour lui, l’instituteur en refusant de loger sur place à Poédgo, est obligé de commencer en retard ses cours, vu la distance à parcourir chaque matin pour rejoindre son poste.

Une situation désappointant et déplorable, d’autant plus que, selon le ministre Rakiswiligri, des efforts sont faits avec les partenaires aux développement pour construire des logements qui ne sont malheureusement pas habités. Il sera demandé à l’enseignant, toujours selon le ministre, de s’expliquer sur ses nombreuses absences, sur le fait que son registre soit toujours vierge en début de deuxième trimestre, qu’il donne les raisons qu’il a à ne pas loger à Poédgo... Après le constat fait sur le terrain, affirme le ministre de l’Enseignement de base, un travail sera fait pour renforcer davantage les capacités opérationnelles des inspections, pour qu’il y ait plus de visites pédagogiques, afin de combattre les comportements comme celui de Thierry Joël Rouamba.

Le MEBA a profité de l’occasion pour renouveler ses encouragements à l’ensemble des acteurs de l’éducation burkinabè. L’auteur de la lettre ouverte parue dans l’Observateur Paalga du 18 Janvier courant a exposé un certain nombre de spécificités contraignantes, mais dira le ministre, c’est ce qui fait la noblesse du métier d’enseignant. Les éducateurs acceptent d’y évoluer, conscients qu’ils contribuent au développement du pays.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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