Actualités :: Bobo : ces « laveuses » de vêtements du marigot Houet venues du (...)

Le marigot Houet est le principal cours d’eau qui traverse la ville de Bobo-Dioulasso. De nombreuses activités sont menées le long de son cours. Au nombre de celles-ci, la lessive. Cette activité est exercée par des ressortissants maliens, des femmes pour la plupart au bas du pont situé sur la rue Pépin Malherbe menant au commissariat central.

Les femmes qui y sont, perpétuent une activité menée depuis des décennies par leurs mère, tante, sœur ou autre parente. Sidwaya leur a rendu visite du côté de « Koko » (secteur 4) par un matin d’harmattan peu clément.

Ce lundi 10 janvier 2005, il est 10 heures et le site commence à s’animer. Certaines femmes sont affairées à laver des habits. Elles les trempent dans l’eau du marigot. D’autres ôtent leurs vêtements sans se soucier de la présence de tierces personnes. Les poitrines restent nues quelques secondes, le temps d’enfiler des habits de travail. Quelques enfants sur les jambes de leur mamans tètent . Juste à côté, une femme vend à ces « laveuses » du savon de fabrication locale et en poudre. A quelques mètres de là, en aval, des hommes, des Maliens également, s’adonnent à la même tâche : laver des habits. Des jardins potagers, des pépinières de fleurs et des arbres ornementaux entourent ce petit monde. Plus haut, sur le pont, des passants, à pied, à vélo, à mobylette ou en voiture continuent leur chemin avec parfois un regard sur cette petite fourmillière. En bas, les « laveuses » n’en ont cure, préoccupées qu’elles sont à rendre propres les habits de leurs clients. La plus ancienne sur les lieux est Temma. Elle joue le rôle de cheftaine, mais refuse de parler. Les autres à qui elle donne la permission de s’exprimer, ne sont pas plus bavardes. Minata Sogoba, la seule à se confier, refuse cependant d’être photographiée.

Toutes des Maliennes

Cette dernière a débarqué de son Mali natal au marigot Houet de Bobo-Dioulasso avec ses bassines et seaux il y a un peu plus de deux (02) années. Sa mère l’y avait déjà précédé, dix ans auparavant, mais est déjà rentrée « au pays ». Sur le site (juste sous le pont qui mène au commissariat central de police), en compagnie d’autres jeunes filles et femmes, toutes venues également du Mali, elle lave à longueur de journée des vêtements sales collectés ici et là dans la ville. Tous les jours, à l’instar des autres jeunes filles et femmes qui « lavent » avec elle au marigot Houet et habitent la même concession qu’elle, elle quitte le quartier « Souroukoukin » (secteur 2) et fait le tour des gares routières de la ville de Bobo-Dioulasso où se trouve le plus gros de sa clientèle. Ce sont essentiellement des transporteurs routiers (chauffeurs et apprentis). Les vêtements sont lavés dans le lit du marigot, dans une eau à l’aspect parfois peu avenant. Les plus sales sont « fouettés » sur les roches qui longent le cours d’eau. Ils sont par la suite, rincés dans une eau de source qui jaillit sur la berge et protégée par une margelle. Une fois la lessive achevée, elle refait le tour des gares et chaque client peut récupérer ses vêtements. Certains clients malhonnêtes prennent plus de vêtements qu’ils n’en ont donné. Devant ces cas de vol, Minata est obligée de rembourser aux intéressés l’argent desdits vêtements. « Une vraie perte sèche ! », affirme-t-elle sans compter les cas de vols d’habits sur l’aire de séchage. D’autres, en voyage, ne reprennent plus les leurs au point qu’actuellement, Minata a chez elle, deux sacs pleins de vêtements. Les prix varient de 25 à 75 francs CFA en fonction de la saleté de chaque vêtement à laver. En parlant, elle tient en main un habit qui a perdu sa couleur originelle (bleu) au profit de l’ocre des voies en terre battue de la région.

Avec cette activité, Minata s’en sort à peine puisque dit-elle, « Si ça marchait bien, je serais déjà repartie au Mali rejoindre mon mari et les miens ». Les différentes pertes de vêtements subies ont eu raison de ses bénéfices laborieusement accumulés au fil des mois. Elle ne perd pas espoir cependant dans la mesure où lorsqu’elle était toujours dans son village, elle a vu sa mère et certaines de ses parentes revenir au pays avec des revenus substantiels. Elle ne fait pas comme la plupart des autres qui font la lessive dans le marigot Houet, c’est-à-dire venir faire la lessive en saison sèche à Bobo-Dioulasso et repartir au Mali une fois l’hivernage installé pour les travaux champêtres.

Une sempiternelle corvée quotidienne

Ces femmes sont malheureusement loin de savoir que « les savons et détergents qu’elles utilisent tous les jours dans ce cours d’eau déjà pollué par de nombreux parasites et bactéries contribuent à le polluer davantage », souligne Dr Galina Ido, directrice du service d’hygiène de Bobo-Dioulasso. Les premières n’y voient en fait qu’une manière pour elles de se procurer des revenus alors qu’elles-mêmes et leurs enfants qu’elles emmènent sur le site courent de graves risques de contamination de toutes sortes. A cette pollution s’ajoutent celles causées par les pesticides des maraîchers et des fleuristes installés le long des berges du marigot et les ordures ménagères déversées par les populations riveraines dans le marigot Houet. Autant de dangers alors pour les populations, les silures sacrés qui s’y trouvent. Il y a aussi que certains maraîchers utilisent cette eau pour arroser leurs planches, mais selon la directrice du service d’hygiène, les légumes et laitues de ces planches doivent être bien lavés avant d’être consommés.

Minata Sogoba et ses collègues se plaisent au marigot Houet. Ces femmes ne semblent pas prêtes à renoncer à cette activité. Un travail qui leur permet de gagner leur pain quotidien. Une tâche difficile qu’elles perpétuent depuis des dizaines d’années.

Urbain KABORE
Sidwaya

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