Actualités :: Société : Un deal de drogue qui a foiré

Singulière aventure que celle qui est arrivée à Mme Sib Christine, épouse Badini, une opératrice économique résidant au secteur 16, dans les cités AZIMMO. « Tout commença le 15 octobre par un coup de fil sur mon portable aux environs de 11 heures ».

C’est par ces mots qu’elle a entamé son histoire quand elle est venue s’ouvrir à nous. Son interlocuteur et ses acolytes voulaient d’une rencontre urgente. Elle leur dit qu’elle ne pourrait pas les recevoir, car de ce pas, elle allait à Yako pour un deuil.

Un peu plus tard, à la station où elle allait prendre de l’essence, trois personnes (deux jeunes hommes et une jeune fille) l’accostèrent, et se présentèrent sous de faux noms, disant qu’ils étaient ceux qui l’avaient appelée. Compte tenu de son voyage, elle convint d’un rendez-vous avec eux pour le lendemain à 10 heures.

Le jour dit, à l’heure convenue, ils se présentèrent à son bureau, sis au secteur 17, à Pissy. Ne les connaissant pas, Mme Christine préféra, de son bureau, communiquer avec eux par téléphone afin de savoir de quoi il était question.

Ils insisteront pour dire qu’ils ne peuvent parler d’une affaire du genre ni au téléphone, ni à domicile, car, préciseront-ils, comme dans une devinette, « si on te voit avec la chose, on te prend ». Cela a intrigué Mme Badini. Devant son insistance, la fille, qui dit s’appeler Sali, avouera qu’il s’agit de drogue.

Un rendez-vous est donc proposé à la commerçante dans un petit kiosque, derrière l’hôpital pédiatrique, au secteur 28. « Là-bas, on va discuter sérieusement », diront les visiteurs. Mme Badini, flairant le danger, alerta la gendarmerie et demanda que des éléments habillés en civil l’accompagnent.

Sait-on jamais ! Avec la fille comme guide, et les gendarmes en civil dans le même véhicule, ils arrivèrent au kiosque, lieu du rendez-vous. De son portable, la dame tenta de joindre le cerveau du groupe, en vain.

Mais d’une cabine téléphonique, et accompagnée d’un des gendarmes, Sali y parviendra : « La dame est là. J’ai pu mettre la main sur elle », dira-t-elle. Mais celui qui était à l’autre bout du fil, le nommé Touré, censé être l’intermédiaire entre le vendeur et l’acheteur de drogue, ne viendra pas. Le groupe repartit alors vers le centre-ville.

Et le piège se referma sur Touré

C’est aux environs du rond-point des Nations unies que le poseur de lapin se manifestera, disant qu’il était au lieu du rendez-vous. Mme Badini lui fera remarquer qu’ils ne pouvaient plus y retourner, car étant déjà loin. Un second rendez-vous est alors fixé dans un restaurant huppé du centre-ville. Ce sera le bon.

Touré arriva et se présenta. Il était habillé de blanc et portait une mallette diplomatique, chaînes et gourmettes bien en évidence. L’objectif du groupe : extorquer de l’argent à Mme Christine afin d’aller acheter la drogue chez un certain Cissé, et la revendre à un Blanc qui serait sur le départ et qui logeait dans un hôtel de la place.

Mais la préoccupation de la commerçante était tout autre. Elle pressa Touré de questions. « Qui vous a dit que je vends de la drogue ou que je traite avec des gens qui en vendent ?… Qui vous a envoyé chez moi ?…Qui vous a donné mon numéro de téléphone ?... ». Cet interrogatoire se poursuivra pendant une quarantaine de minutes.

Et la dame de conclure : « Comme vous ne répondez pas à mes questions, on va aller résoudre le problème à la gendarmerie ». Réticences du sieur Touré. La discussion devenait de plus en plus chaude. Les gendarmes, qui avaient pris place à une table voisine, étaient également à l’écoute. Ils intervinrent et mirent la main sur le sieur Touré.

Les dealers en herbe, sous leur vrai visage

Abdoulaye Touré fut conduit à la gendarmerie de Boulmiougou, où il sera rejoint par la nommée Sali, qui avait déjà été mise au frais à la brigade de Baskuy, après le rendez-vous raté de l’hôpital pédiatrique.

Sali, qui s’appelle en réalité Sarah Sawadogo, permettra d’alpaguer le soi-disant Cissé, qui viendra grossir le lot. On apprendra qu’au lieu de Kombissiri, dont elle se disait originaire, elle était plutôt venue de Kaya pour passer les vacances chez sa grand-mère, au quartier St-Léon. Abdoulaye Touré disait être Guinéen. En réalité, il est bel et bien Burkinabè.

Son vrai nom : Nikiéma Séini. « Après son arrestation, relate Mme Badini, il a sorti sa pièce pour me dire que lui, il est un vrai moaga, en me parlant en mooré ». « Raison de plus pour te sanctionner, car un vrai moaga ne peut pas jouer à ce jeu », lui a-t-elle répliqué.

Arrivé à la gendarmerie, Touré a voulu tout nier. Heureusement, Sarah Sawadogo avouera tout. « Comme ils ont appris que la femme est difficile à aborder, ils ont voulu passer par moi pour leur faciliter le contact ».

Le troisième larron, qui disait s’appeler Cissé, et revendiquait la nationalité malienne, est en réalité Madi Compaoré. Il a fait la prison par deux fois et était recherché par la gendarmerie de Bogodogo depuis trois mois. L’autre surprise dans cette histoire, c’est que Mme Christine Badini, qui a failli être la victime de cette arnaque, voit l’origine de cette cabale ailleurs.

« Ces enfants sont innocents, ils ont été utilisés », dira-t-elle. Et de relater ses multiples problèmes avec deux autres femmes (une veuve et une mariée, qui est sa voisine). Elle affirme que ces deux personnes, qui flirtaient avec son mari, auraient tenté à plusieurs reprises de lui faire la peau, citant à l’appui des noms d’exécutants de cette basse besogne, qui sont venus se confesser à elle.

Elle fustigera en passant l’attitude de ces femmes « qui se disent veuves ou mariées » et qui sont prêtes à toutes les extrémités pour atteindre des objectifs inavouables. Un grand chapeau à la gendarmerie de l’arrondissement de Boulmiougou, qui a su mener cette affaire avec un professionnalisme digne des agents de Scotland Yard.

Mais au fait, pourquoi les apprentis-dealers l’ont-ils choisie, elle, et pas une autre personne pour tremper dans cette ténébreuse affaire ?

Cette rocambolesque histoire, qui sera jugée très prochainement devant nos tribunaux, permettra certainement de situer les responsabilités. Affaire donc à suivre.

Issa K. Barry
L’Observateur

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