Actualités :: Collectif CGTB : Les prix grimpent, les salaires stagnent"

Les récentes hausses intervenues dans certains secteurs d’activités ont suscité la réaction ci-desous du collectif CGT-B

"Le mercredi 29 septembre 2004, à travers une conférence de presse, le directeur général de la SONABEL, monsieur Salif KABORE, annonce aux Burkinabè une augmentation du prix de l’électricité à partir du vendredi 1er octobre 2004. Ainsi dorénavant, le consommateur devra payer environ 10% plus cher son électricité.

Selon le Directeur général, qui précise qu’il s’agit d’une mesure gouvernementale, "Cette augmentation ne touche pas les consommateurs sociaux, ni les industriels".

Les abonnés sociaux sont ceux qui détiennent les compteurs de 3 ampères et qui consomment au plus 50 kWh, ce qui correspond à un coût mensuel de 3650 FCFA. Ces abonnés sociaux seraient au nombre de 15 000 sur un total d’abonnés de 236 000 soit environ 6,3%. Parmi ces quelques 6%, il y aurait de "faux abonnés sociaux" qui doivent désormais souscrire à des abonnements correspondants à leurs besoins réels. La prestation pour le passage des 3 ampères à un ampérage plus élevé, sera gratuit sur une période transitoire donnée.

L’objectif étant bien sûr de réduire le plus possible le nombre d’abonnés dits sociaux.
Cette mesure d’augmentation du prix de l’électricité serait, selon le directeur général, liée à la nécessité :
- de s’adapter aux réalités de l’heure du fait que la SONABEL oeuvre à une modernisation de ses outils de production ;
- de relever les défis de l’insuffisance et de l’obsolescence de son parc de production thermique ainsi que celui d’une production hydroélectrique de plus en plus précaire, eu égard aux désemplissements des barrages à cause des aléas climatiques ;
- de poursuivre les efforts d’assainissement financiers, mais aussi d’extension de son dispositif afin de "démocratiser" l’électricité !

Un aspect majeur de cette augmentation qui a été rappelé est que le secteur de l’énergie électrique a été libéralisé depuis 1998, du moins pour le volet production. Le transport et la distribution restent des prérogatives de la SONABEL ; la SONABEL fait partie des sociétés d’Etat élues à la privatisation par la loi de juillet 2001 avec 12 autres sociétés. C’est cela qui a permis l’entrée en scène du groupe AGA KHAN, déjà propriétaire de la SN/SOSUCO, de Fasoplast et de Air Burkina !

Dans le cas actuel, l’AGA KHAN aurait proposé de produire l’électricité et de la revendre à la SONABEL qui, à son tour, la revendra au consommateur. Mais les prix de cession de l’électricité qui devra être produite par AGA KHAN, proposés à la SONABEL ne permettront pas à la SONABEL de rentrer dans ses fonds. En clair, c’est l’AGA KHAN qui imposera ses prix et la SONABEL les répercutera aux consommateurs.

Comme on peut le constater, derrière tout cela il y a les multinationales qui sont là pour sucer la sueur et le sang des travailleurs et du peuple avec la complicité de nos dirigeants.

"Un pouvoir qui n’écoute pas la détresse du peuple"

Camarades,

En lisant attentivement cette situation, on peut relever que :
- le gouvernement et la SONABEL (qui demeure sur la liste des sociétés à privatiser), veulent "démocratiser" l’électricité en augmentant les prix et en la rendant encore moins accessibles au peuple, nous qui avons la réputation d’avoir l’électricité la plus chère de la sous-région !
- le gouvernement et la SONABEL veulent se donner les moyens, à travers cette augmentation des prix, de moderniser les outils de production en sachant bien qu’à la privatisation de la société, ils devront abandonner le volet production au privé, notamment les multinationales ! On pressure ainsi le peuple pour garantir le profit maximum à ces firmes.

Ainsi, après l’eau en 2003, le carburant (régulièrement), c’est maintenant l’électricité, qui connaît une augmentation importante. Les travailleurs et le peuple burkinabè se retrouvent ainsi dans une tourmente d’augmentation générale des prix, comme en témoigne la récente augmentation des prix du transport.

Ainsi, par la voie terrestre les prix aller simple sont les suivants, pour donner quelques exemples :
- Ouaga - Bobo : le ticket de bus passe de 4000 à 6000 FCFA ;
- Ouaga - Ouahigouya : de 2000 à 3000 FCFA ;
- Ouaga - Fada : de 2500 à 4000 FCFA ;
- Ouaga - Dédougou : de 3000 à 4000 FCFA.

En moyenne, on enregistre une augmentation des prix du transport terrestre d’environ 50%.
Dans le même temps, le gouvernement fait voter des lois anti travailleurs, contre le droit de grève. Se croyant ainsi protégé par la loi, il poursuit ses mesures provocatrices vis-à-vis des travailleurs et du peuple : refus d’augmenter les salaires, blocage de fait des avancements de fonctionnaires, ainsi que des indemnités, refus de mettre en oeuvre les conclusions des négociations gouvernement/syndicats de mars 2004 notamment sur les dossiers d’exécution de décisions de justice concernant les 9 ex-travailleurs de la SOREMIB-POURA, les travailleurs de l’Abattoir Frigorifique, de Faso Fani, de CEMOB, de SN/SOSUCO, de l’INB, de BRAKINA, ONBHA, ONPF, CNEA, SAP, etc.

Le gouvernement devrait se rendre à l’évidence, que ses mesures anti travailleurs, et antisociales, ses mesures de restrictions du libre exercice du droit syndical, sont des mesures répressives. Et qui dit répression, dit résistance et lutte. Nous résisterons en nous battant pour défendre nos intérêts et ceux du peuple burkinabè.

C’est pourquoi, la Coordination du Collectif syndical CGT-B :
- Invite ses structures, ses militants et l’ensemble des travailleurs à la mobilisation contre la baisse continuelle de leur pouvoir d’achat et contre les augmentations intempestives des prix des produits de grande consommation !
- Invite ses structures, ses militants et l’ensemble des travailleurs à la mobilisation pour la défense des libertés démocratiques et syndicales et pour la préservation et la garantie de leurs droits sociaux ;
- Invite l’ensemble des travailleurs à participer aux Assemblées générales et autres activités de mobilisation pendant ce mois d’octobre en vue des luttes à venir.
- Appelle l’ensemble du mouvement syndical à un examen attentif de la situation actuelle des travailleurs de notre pays et à prendre des mesures unitaires appropriées pour la défense concrète de leurs droits.

Camarades, l’histoire nous enseigne, celle du Burkina Faso en particulier, qu’aucune loi, aucune mesure si coercitive soit-elle, n’a jamais pu protéger indéfiniment un pouvoir qui n’écoute pas la détresse du peuple.
Camarades, retenons encore une fois, que ce que nous arracherons et ferons appliquer concrètement en notre faveur, sera fonction de notre mobilisation et de notre engagement dans les luttes.

Pour le bureau de Coordination du Collectif syndical CGT-B
Le porte-parole,

Tolé SAGNON,
Secrétaire général /CGT-B

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