Actualités :: "Il faut être courageux quand on est infecté" : Mamadou Barry, séropositif (...)

Première personne infectée par le VIH/Sida à avoir témoigné à la télévision malienne, en 1994, Mamadou Barry avait été abandonné par sa famille et son entourage. Mais courageux, cet ancien donneur de sang a su poursuivre une lutte farouche contre la maladie à travers une association qu’il a créée.

Père de quatre enfants, dont trois nés après son infection, il est aujourd’hui chargé de l’accueil, de l’orientation et de l’autosupport au Centre de dépistage et de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida (CESAC) de Bamako. Il parle de sa sérologie et donne des conseils aux PVVIH et aux personnes non infectées.

Comment avez-vous appris votre statut sérologique ?

J’étais un donneur de sang bénévole depuis 1980. En 1994, au cours d’un don, après avoir fait le test, le médecin m’a annoncé : "ton sang est malade, tu ne dois plus le donner". C’est en cherchant à en connaître les raisons, que l’on m’a conseillé deux tests différents à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako et à l’INRSP (Institut national de recherche en santé publique) pour confronter les résultats. Ceux-ci ont établi ma séropositivité.

Quelle a été alors votre réaction ?

Ah ! Ce fut très dur. Ce n’était pas facile à l’époque d’apprendre qu’on est séropositif. J’étais comme un mort-vivant. Dire à quelqu’un qu’il a le VIH alors qu’il n’y avait pas de médicament contre cette maladie, ni de structure de prise en charge, c’était le tuer.

Avez-vous été victime de la stigmatisation ?

J’ai été abandonné pendant deux ans. Tout le monde me fuyait. Personne ne voulait me serrer la main. J’ai été contraint de quitter ma famille pour être plus tranquille. J’ai loué une chambre à 3000 FCFA par mois. Je n’avais qu’une natte comme couchette. Je sortais à 5h30 du matin pour ne rentrer qu’à 19h ; j’ai eu beaucoup de problèmes après mon témoignage à la télévision. Mais grâce à mon courage, j’ai pu garder mon sang-froid. En voulant combattre la maladie, j’ai dû lutter contre mon entourage. Par la volonté de Dieu, je n’ai pas eu de problème de santé.

J’ai sensibilisé mes parents au SIDA : comment on peut être contaminé, ce qu’il faut faire pour se préserver, et le soutien qu’il faut apporter à une personne infectée. Ils ont compris après mon retour de la Conférence de Kampala en Ouganda en 2005. Ma famille m’a reçu à bras ouverts et m’a demandé de revenir en famille. J’ai refusé et je leur ai dit que je vais réfléchir de ce que je ferai désormais.

Etes-vous marié ?

J’ai quatre enfants : trois filles et un garçon. J’ai eu ma première fille hors mariage en 1979. Je me suis marié après mon témoignage, à l’âge de 45 ans. Aujourd’hui, j’ai 56 ans. Malgré ma sérologie, ma femme a accepté de m’épouser. Elle m’a beaucoup aidé et soutenu. Je la remercie. La première fille issue de ce mariage a fait cette année la première année. Le garçon a 3 ans. Une fille est décédée. Tous mes enfants sont seronégatifs, de même que ma femme.

Quel est votre message aux PVVIH/SIDA et à ceux qui n’ont pas encore fait leur test de dépistage ?

Je demande à ceux qui sont infectés d’être courageux. Le VIH/Sida n’est pas une fatalité. Les malades mouraient au début, mais il y a aujourd’hui un traitement contre cette maladie. De 400 000 FCFA, les antirétroviraux sont gratuits aujourd’hui. J’invite les séropositifs à sensibiliser les personnes non infectées. Je conseille à ceux qui ne connaissent pas leur statut sérologique de faire attention, car mieux vaut prévenir que guérir. Il faut se protéger, s’abstenir pour ne pas être contaminé. Je souhaite prompt rétablissement aux malades, et que la terre soit légère aux personnes mortes du Sida.

Propos recueillis à Bamako par Kader Traoré


CESAC de Bamako : Quand le repas resserre les liens

Au Centre d’écoute, de soins et d’accompagnement (CESAC) sis au quartier Bamako-Koura de la capitale malienne, les patients sont assis seuls ou par petits groupes dans la cour. En cette fin de matinée du vendredi 30 juillet 2004, certains sont adossés aux piliers tandis que d’autres sont accroupis sur les marches d’escaliers. Les regards sont graves, fuyants même, pour la plupart. Quelques-uns seulement arborent des sourires en coin.

Dans les couloirs, le spectacle est à peu près le même. Sous un hangar, l’on s’enquiert de la santé des uns et des autres. On compatit à la douleur des uns et des autres, et on s’encourage à tenir le coup. Cette atmosphère est momentanément interrompue par l’arrivée d’une jeune fille. Elle tient à peine sur ses jambes et est soutenue par un homme qui la fait asseoir sur un banc, où on lui a fait vite de la place. Elle se couche aussitôt en lâchant un léger gémissement. Entre-temps, des plats arrivent. C’est le jour du repas communautaire pour des personnes vivant avec le VIH/Sida (PVVIH), comme tous les vendredis au CESAC.

Le coin s’anime et en quelques minutes, il grouille de monde. Il faut plus de bancs et de chaises pour que toutes ces personnes puissent s’asseoir. Mme Niang Rokiatou, présidente de l’Association féminine d’aide et de soutien aux veuves et orphelins du sida (AFAS), prend alors la parole pour dire l’importance de ce repas communautaire : "C’est un plus pour les malades parce que ceux-ci souffrent davantage s’il n’ont pas une alimentation riche et variée", affirme-t-elle. Au menu, un hors d’œuvre au foie grillé et du couscous.

La cuisinière du jour détaille les ingrédients qu’elle a utilisés pour faire ce repas et en explique la préparation. Elle insiste sur les richesses nutritionnelles qui y sont contenues. On commence alors à manger et par petits groupes, la conversation repart de plus belle. "C’est comme cela chaque vendredi", explique-t-on. Le CESAC est l’une des structures les plus actives dans la lutte communautaire contre le Sida. Elle est dirigée par le Dr Yaya Sylla, un monsieur convaincu de la grandeur de son œuvre.

K.T.
L’Observateur

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