Actualités :: Promotion des droits humains : "Le MPDHD ne saurait être d’accord pour (...)

L’année 2000 a vu la naissance dans la capitale du Yatenga (Ouahigouya), d’un mouvement de promotion et de défense des droits humains. Dénommé Mouvement pour la promotion de la dignité humaine pour le développement (MPDHD), son président B. Etienne B. Ouédraogo dévoile dans cet entretien les actions menées et se prononce sur certaines questions délicates telle l’application de la peine de mort au Burkina.

S. : Qu’est-ce que le MPDHD ?

(B.E.B.O) : Le MPDHD, c’est le Mouvement pour la promotion de la dignité humaine pour le développement. Il est une association civile de promotion et de défense des droits humais, des valeurs socioculturelles.

S. : Que fait concrètement le MPDHD sur le terrain ?

(B.E.B.O) : Œuvrer à la promotion des droits humains n’est pas une chose facile. Il faut passer par des actions d’information, de formation et surtout de sensibilisation pour espérer des résultats positifs. C’est pour cela que nous organisons des séances d’information, des causeries-débats, des émissions radiophoniques pour toucher le maximum de personnes. Par ailleurs nous publions des déclarations de notre mouvement dans la presse. Mais ce sont les causeries-débats que nous animons souvent qui nous permettent d’atteindre nos objectifs.

Nous notons que chacun des membres du mouvement s’active à son niveau autour des objectifs du mouvement en faisant passer les messages de notre structure. Notre action ne consiste pas à se faire voir partout mais d’accomplir notre mission sans tambour ni trompette.

S. : Le MPDHD est-il une sous-section du Mouvement burkinabé des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) ?

(B.E.B.O) : Non. Le MPDHD n’est pas une structure qui dérive d’une autre. Le MPDHD est une association indépendante. Malheureusement, les sigles portent à confusion. Nous avons parfois bénéficié de couvertures médiatiques où par erreur de saisie, le sigle MBDHP a été utilisé à la place du MPDHD. C’est l’occasion pour nous de faire la différence. Bien qu’étant une association de promotion et de défense des droits humains comme le MBDHP, notre mouvement (MPDHD) se veut une structure à part entière dont le sigle dérive de sa dénomination. Nous sommes tous partants pour le développement mais la vision particulière du MPDHD est qu’il faut toujours passer par une chose essentielle pour arriver à un développement que nous appelons "développement sain".

Pour nous, il faut d’abord faire la promotion de la dignité humaine pour espérer un développement. Partout on entend : ceci pour le développement, cela pour le développement. Mais nous avons opté à notre niveau de dire qu’il faut passer par la promotion de la dignité humaine, faire la politique de l’épanouissement de l’homme pour espérer un développement. Nous pouvons être développés sur le plan économique, matériel ou sur tous les plans possibles mais l’homme ne se retrouvera pas dans ce développement et pour nous cela n’est pas un développement. Voilà ce que dit notre dénomination dont les initiales sont MPDHD. Nous n’avons copié personne même si du point de vue de nos actions nous avons des points de similitude.

Le MBDHP est une structure assez répandue sur le territoire national. Nous apprécions bien son action, son expérience et son niveau d’évolution. Il faut reconnaître que sans cette structure, le Burkina ne serait pas là où il se trouve actuellement. Et nous lui adressons nos félicitations. Nous nous voulons indépendant et notre mission semble plus complexe en termes de droits humains. J’ai eu à dire à une autorité de ce pays que nous sommes un mouvement de défense des droits humains nouvelle version parce que ne dissociant pas morale, éthique et droits humains.

Pour nous, le droit doit aussi s’accompagner de devoir. Nous ne pouvons pas parler de droits sans parler de devoirs. Au lieu de passer tout le temps à nous plaindre qu’il nous faut telle chose ou telle autre, qu’il nous manque ceci ou cela, qu’on n’a pas le droit de faire telle ou telle chose nous devons nous poser la question de savoir : qu’est-ce que nous faisons pour autrui pour en retour réclamer des droits ? Si les devoirs sont accomplis, les droits devront être automatiquement acquis. Pour revenir à la question, nous disons que s’il y a une structure qui peut croire qu’il y a confusion de sigle c’est bien le ministère de la Promotion des droits humains (MPDHP).

Là aussi, nous avons un jour répondu dans l’amusement en faisant savoir que notre mouvement était né en 2000 alors que le ministère de la Promotion des droits humains a vu le jour en 2002. Alors, le problème ne se pose pas. Nous sommes une structure née en 2000 et nous sommes en bons termes avec le ministère de la Promotion des droits humains qui est d’ailleurs notre partenaire technique.

S. : Quelle est la position du MPDHD sur l’application de la peine de mort adoptée au Burkina ?

(B.E.B.O) : Cette question aussi délicate qu’elle soit ne nous empêche pas de nous prononcer. On a toujours coutume de dire que la vie humaine est sacrée. Même s’il y a des infractions qui sont commises par des individus, nous ne pensons pas, jusqu’à preuve du contraire, qu’un autre être humain puisse décider de mettre à mort son prochain parce qu’il est en infraction.

Quel que soit le type d’infraction, nous osons dire que c’est souvent par faiblesse que nous arrivons à des condamnations à mort. Sinon, pour nous, il est un peu difficile de comprendre qu’un seul individu ou parfois des individus puissent avoir le privilège de déranger tout un peuple au point que ce peuple décide de le (les) mettre à mort. Je crois savoir que c’est parce que l’individu est libre de ses mouvements qu’il dérange. Si on prive cet individu de ses mouvements d’aller et de venir en le mettant dans une maison d’arrêt et de correction ne serait-ce qu’à vie, on peut lui épargner la vie, épargner le peuple des péchés qui ne doivent pas être commis par l’homme et résoudre en même temps le problème.

Que gagne-t-on en éliminant physiquement un homme ? C’est à cette question qu’il faudrait répondre avant de décider de la mise à mort d’un individu. Revenons sur les causes probables des crimes qui poussent à condamner les auteurs à mort. Nous sommes en Afrique où nous savons que tous les moyens ne sont pas mis à la disposition des populations. On dit que nous avons droit à l’éducation. Mais aujourd’hui quel type d’éducation nous avons ? Qu’est-ce qui est fait pour que le Burkinabé soit intègre, qu’il distingue le bien et le mal au point de ne pas commettre des crimes ?

En tant que structure de défense des droits humains et des valeurs socio-culturelles, nous voulons lancer la balle en direction des autorités compétentes afin qu’elles essaient de voir dans qu’elle mesure on peut inculquer des valeurs morales et civiques aux différentes populations pour éviter les crimes abominables dont la solution semble être pour certains la peine de mort. Dans tous les cas, le MPDHD ne saurait être d’accord pour l’application de la peine de mort.

S. : Qui finance le MPDHD ?

(B.E.B.O) : Jusqu’à présent le mouvement fonctionne presque sur la base de ses propres fonds, à savoir les cotisations de ses membres. Il est vrai que les cotisations seulement ne peuvent pas faire vivre une structure comme la nôtre qui se veut performante mais entre nous, des efforts particuliers sont consentis par les uns et autres. Sinon, au plan externe le MPDHD n’a pas encore bénéficié d’un financement. Nous avons toujours élaboré de projets de financement et soumis des doléances à des institutions, à des ONG mais la question de la jeunesse de notre structure ou l’expérience est souvent évoquée ; ce qui joue à notre défaveur.

Parfois nos dossiers restent sans réponse. Mais nous estimons que ce n’est pas pour cette raison que nous allons baisser les bras. Déjà, nous faisons un travail très apprécié sur le terrain et nous devons le poursuivre sans trop nous lamenter. Nous allons continuer à approcher qui de droit, peut-être qu’un jour quelqu’un nous tendra la main. Mais comme le mouvement n’a pas été créé pour profiter d’un financement quelconque, nous ne nous décourageons pas.


S. : On a l’impression que certaines structures sont créées pour permettre à leurs premiers responsables de se remplir les poches. Votre commentaire ?

(B.E.B.O) : Nous disons le plus souvent que le MPDHD a pour mission de servir les hommes au lieu de les asservir. Aujourd’hui effectivement, on constate la prolifération de toutes sortes de structures au Burkina parce que certains se disent qu’à défaut d’emploi, il faut créer une association, un mouvement pour chercher de l’argent.

Mais nous disons que ce n’est pas intègre, ce n’est pas burkinabé. Il faut avoir une vocation dans ce qu’on fait. Aujourd’hui, il y a plutôt une politique du ventre et celle du sexe qui sont faites. Dans cette politique, la décence, l’intégrité, la dignité deviennent des mots dépourvus de sens. C’est pourquoi nous avons estimé qu’il fallait faire quelque chose pour ne pas être surpris un jour, d’où la création du MPDHD avec pour mission de promouvoir ce que nous avons de plus chère, c’est-à-dire la dignité, l’intégrité. C’est une question très délicate que certains ne veulent pas aborder.

Mais nous disons ce que nous pensons à qui veut l’entendre. Le Burkina Faso est devenu un pays un peu consommateur de tout, alors que nous avions des valeurs spécifiques qui faisaient du Burkinabé un homme intègre. Quelqu’un a dit que la morale agonise au Faso. Nous ajouterons que la morale, l’intégrité et même le civisme ont "foutu le camp". Il faut alors faire quelque chose. Ce n’est pas parce que le secteur des droits humains semble être à la mode que nous avons créé notre mouvement mais plutôt parce que nous avons constaté qu’il y a un changement négatif qui s’opère du point de vue de nos valeurs. Nous croyons en ce que nous faisons et nous allons poursuivre notre action.

Propos recueillis par Gabriel SAMA

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