Actualités :: Organisations des examens : Le SNESS égrène un chapelet de misères

Le Syndicat national des enseignants du secondaire et du
supérieur (SNESS) déplore la "mauvaise organisation des
examens scolaires" et appelle l’Etat à attribuer aux acteurs de
l’Education, "un salaire décent et des indemnités
conséquentes".

Le système éducatif burkinabè à l’instar de celui des autres
pays francophones de la sous-région, hérité de la colonisation,
n’a toujours pas trouvé la formule adéquate pour atteindre les
objectifs généraux d’une éducation pour le développement.
La politique éducative globale définie par les dispositions
constitutionnelles fixe les attentes fondamentales de la société
et les consacre en termes de droits : droits à l’éducation, à
l’égalité entre les citoyens etc.

Au Burkina Faso, le peuple s’attendait donc à des changements
profonds de notre système pour l’adapter aux besoins réels de
développement.

Ce défi s’est traduit par des réformes de programmes, la tenue
des états généraux de l’éducation, des assises nationales sur
l’éducation... Tout se passe comme si l’on avait encore besoin
de temps pour montrer l’urgence d’une politique éducative
adaptée à nos réalités et aux exigences d’un développement
ayant pour clé, la maîtrise de l’éducation ; sur ce point, tous les
acteurs de l’éducation s’accordent.

Mais nos gouvernants ont toujours prétexté le coût élevé de
l’éducation ; ce qui n’est rien d’autres qu’un manque de volonté
politique réelle pour opérer les innovations indispensables.
Ces dernières années, les gouvernements successifs de la 4e
République ont souvent clamé que l’éducation est une priorité
de leurs actions, pendant que sur le terrain, on assiste à un
désengagement tangible de l’Etat se traduisant par la
privatisation du secteur. A ce propos, l’Etat n’est présent qu’à
travers des financements extérieurs. Quelle drôle de politique
éducative qui consiste à remettre l’avenir de sa jeunesse entre
des mains étrangères !

Le système va donc de mal en pis. Notre présent écrit n’a pas
pour but de mettre à nu toutes les insuffisances de notre
politique éducative mais de porter un regard critique sur l’une
des manifestations de cette crise ; à savoir la mauvaise
organisation des examens scolaires au niveau du MESSRS.

De la mauvaise organisation des examens

Une fois encore, les examens du BEPC ont été entachés de
fraudes massives sur les sujets.
Certes, c’est avec promptitude que les autorités du MESSRS ont
réagi pour informer l’opinion et pour prendre des mesures afin
de sauver la session 2004 ; mais le SNESS tient à relever que
cette situation récurrente plonge ses racines dans la corruption
quasi généralisée, dans l’impunité, sinon dans l’agonie morale
où se trouvent notre pays en général et le monde de l’éducation
en particulier.

Le SNESS a toujours interpellé les autorités du MESSRS sur
les défaillances du système d’organisation des examens du
secondaire. Quelques observations sont révélatrices.
Au niveau du choix des épreuves - pour les examens à l’échelle
nationale - force est de constater que les sujets sont très
souvent entachés d’erreurs ou mal conçus. La sécurité et la
confidentialité de ces sujets jusqu’à l’examen sont sujettes à
doute.

Le choix des présidents de jury, et la composition des
secrétariats sont discutables et les critères varient d’un jury à
l’autre sinon selon les Directions Régionales. Tous les centres
et jurys ne sont pas couverts par des agents de sécurité surtout
au BEP.

Au niveau des corrections, le SNESS constate toujours
l’émission des doubles convocations adressées à des
correcteurs pour des jurys différents et parfois dans des
disciplines différentes ; pendant que des enseignants ayant
tenu effectivement les classes d’examens sont écartés sans
raisons valables. A cela s’ajoute le taux de surveillance des
examens fixé à 2000 F et 2500 F (pour toute la journée) ce qui
ne motive pas les surveillants.

Des situations de fraudes

De plus en plus, les examens sont exposés à toutes formes de
fraudes : soustractions de sujets, pressions sur les présidents
et membres des jurys (correcteurs et secrétaires...)
Cette situation récurrente aux BEPC, BEP & CAP menace à n’en
pas douter le BAC jusque-là assez crédible.

Pour le cas récent
et comme à l’accoutumée, on s’est rué sur les pauvres
candidats qui ne sont pas les vrais coupables, sinon les seuls
dans ces fuites.
Des sanctions ont été prises certes, mais elles ne sont pas à la
hauteur de la gravité des faits commis.

Le SNESS a été aussi surpris de la simplicité avec laquelle le
MESSRS a circonscrit ces fraudes à la seule façon du centre, et
aux seules disciplines de mathématiques et de
physique-chimie, au moment où la mobilité des personnes et
des informations est fulgurante. Par ailleurs, les fraudes - il faut
le signaler - ont des implications multiples. Elles entachent
considérablement l’image du système éducatif, des acteurs
honnêtes et la crédibilité des diplômes et titres obtenus, qui
jusqu’alors étaient des références.

Pire encore, les élèves et même les parents sont convaincus
de plus en plus qu’à chaque session, le "Pétrole coule à flot",
créant ainsi un climat de suspicion et un sentiment d’injustice ;
sans oublier que les candidats reprennent les épreuves dans
une atmosphère peu sereine.
Où trouve-t-on alors les moyens pour ces reprises pendant que
nos autorités crient au manque de moyens financiers pour
justifier les conditions misérables dans lesquelles elles
entretiennent les examinateurs ?

"Pour une éducation de qualité"

Face à cette situation déplorable qui n’a que trop duré, le
SNESS estime que la mauvaise gestion, la corruption dans
l’impunité, la fuite en avant incessante de nos autorités, doivent
être combattues par les principaux acteurs de l’éducation et la
société toute entière.

C’est pourquoi le SNESS par rapport au
cas précis des examens (et en attendant de revenir sur les
autres aspects de la crise) propose dans l’immédiat :
- Une grande rigueur dans la mise en place des commissions
techniques, chargées du traitement des sujets d’examens,
depuis la conception jusqu’à la ventilation.
- Les membres des secrétariats des jurys doivent être
composés des enseignants n’ayant pas été retenus pour les
corrections.
- Qu’en cas de fraudes, des investigations profondes et
sérieuses soient menées, et que les vrais auteurs soient
dénoncés, jugés et punis conformément à la loi.
- Le degré de corruption chez les enseignants et autres
employés du secteur éducatif est directement lié au degré de
corruption des structures administratives & économiques du
pays ; ce qui implique que la lutte contre ce fléau dans notre
secteur passe par un retour à un fonctionnement démocratique
et transparent de ces structures.

Que l’un des moyens efficaces
pour lutter contre les pratiques de corruptions passe par
l’attribution d’un salaire décent, d’indemnités conséquentes
permettant à ces acteurs de vivre normalement de leur travail.

En conclusion, le SNESS considère que ces situations de
mauvaise gestion et de corruption dans le secteur éducatif
pourraient être avantageusement supprimées ou réduites par
un dialogue social authentique qui associe les organisations
syndicales et l’ensemble des autres partenaires de l’éducation
(au lieu de considérer les syndicats comme des adversaires).
Non à la fraude pour une éducation de qualité !

Pour le SNESS,
Le Bureau National

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