Dans un esprit de collaboration et d’échanges pour une synergie des activités de lutte contre le VIH/Sida, une délégation du Comité national catholique de lutte contre le Sida (CNCLS) a effectué un voyage d’étude et de partage d’expériences auprès des structures sœurs catholiques du Ghana, Togo, et Bénin du 26 mai au 10 juin 2004.
Avec l’approbation de Monseigneur Basile Tapsoba, évêque de Koudougou, président de la Commission épiscopale pour la santé et évêque titulaire du CNCLS, cette mission de concertation et d’échanges d’expériences a été conduite par le Père François Sedgo, président du CNCLS.
Enrichissant périple au Ghana
Au Ghana, le VIH/Sida est une réalité quotidienne qui menace les familles et toute la communauté. Pour ce faire, des structures de lutte contre le Sida sont mises en place et se battent autant que faire se peut pour juguler cette pandémie.
Du reste, ces structures, comme le service diocésain de la Santé de Tamalé, « ont des difficultés à se prendre en charge au plan matériel et financier pour mener la sensibilisation », reconnaît Monsieur Cletus Dakurah personne ressource rencontrée.
Même son de cloche au Centre médical « Holy Familly Hospital » de Nkawkaw géré par les sœurs du Saint Esprit. En effet, il est ressorti des échanges que « la plus grande préoccupation du centre et de ses agents de santé demeure la prise en charge totale des personnes vivant avec le VIH/Sida et le combat de la stigmatisation.
Décrite comme une caractéristique qui discrédite significativement un individu aux yeux des autres, la stigmatisation est dangereuse car elle entraîne des sentiments de honte, de culpabilité et d’isolement chez les personnes vivant avec le VIH/Sida. La stigmatisation nuit et mine l’efficacité de la lutte contre le VIH/Sida.
Mais nous pouvons la combattre avec la solidarité et l’espoir. C’est peut être pour cela qu’à l’hôpital Saint Dominique la sensibilisation des populations en vue d’un changement de comportement, la promotion du dépistage et la prise en charge des PVVIH constituent des axes prioritaires de la lutte contre le Sida.
A Accra, la capitale du Ghana où la délégation a bénéficié d’un accueil chaleureux du Secrétariat de la Conférence épiscopale du Ghana, les membres du CNCLS ont noté le dynamisme de la structure de coordination des activités diocésaines de lutte contre le Sida. Selon le Dr Buckle, Mme Isabelle Abban, Père Kous Jansen et Ky Issac Odoukor, cette structure coordonne les activités diocèsaines et forme les agents pastoraux, prêtres, religieux et religieuses) afin que la lutte contre le Sida ait une place de choix dans leur pastorale.
Les échanges avec les responsables de la Clinique Saint Martin, spécialisée dans le domaine de la prévention Mère-Enfant, de la prise en charge et de l’accompagnement des PV VIH ont été fructueux.
Le responsable du département de la transmission mère-enfant, le Docteur Charles Nyarko a fait l’historique de cette structure à la délégation du CNCLS. Il a aussi souligné la grande affluence des malades qui fréquentent l’hôpital.
Le voyage et l’expérience du Togo - Bénin
La mission au Togo et au Bénin s’est limitée à la visite de trois (3) structures en l’occurrence le Centre hospitalier universitaire de Lomé (CHU), le Centre médical de Dapaong et le dispensaire Saint Camille de Davougon, à Abomey au Bénin.
Au Togo, précisément à Lomé, la délégation a été impressionnée par la charité qui règne à la pouponnière Sainte Claire tenue par les Soeurs de Saint François d’Assise. Avec au total 42 enfants orphelins ou de parents malades ou en prison, ce centre est une expression vivante de l’amour et met en exergue le phénomène dramatique des enfants orphelins.
A l ’hôpital universitaire, le Professeur Davide Mireille et ses proches collaborateurs, Docteur Kueviake Irénée, le Professeur agrégé Agbo Kossiri, le Docteur Anne Vovor, ont réservé un bon accueil à la délégation.
Le professeur David a ensuite fait un exposé exhaustif sur la situation épidémiologique du Sida en Afrique et au Togo. Elle a rappelé les trois (3) phases de la progression du VIH, les voies de transmission et leur efficacité ainsi que les différentes raisons de la propagation de la maladie en Afrique. La délégation a pu constater de visu les efforts déployés dans les différentes structures de l’hôpital et centre universitaire de Lomé afin de soulager les hommes et les femmes affligés de divers maux dont le Sida.
Le 06 juin 2004 à Abomey au Bénin, les délégués des 12 diocèses du Burkina ont pu visiter un dispensaire tenu par les Camilliens à Davougon. Ce centre de santé dont le Père Moegle Bernard est responsable, est une structure qui fait des activités de prévention VIH/Sida, assure la prise en charge des PVVIH, accueille et soigne des personnes malades de lèpre, des cas d’ulcères du Burili, de dermatoses, etc.
L’occasion a été saisie pour rendre visite aux malades, prier pour eux, et échanger avec le personnel du dispensaire qui s’inquiète de l’augmentation de la séroprévalence, du manque de moyens financiers et du manque de concertation avec les structures étatiques surtout pour ce qui est des moyens de prévention.
Le 08 juin 2004 la délégation s’est rendue à l’hôpital pédiatrique de Dapaong dont les principales activités sont notamment la prise en charge des PVIVH, l’éducation et la prise en charge des Orphelins et Enfants Vulnérables (OEV). "Vivre dans l’espérance" est aussi une association du centre dont l’objectif principal est de rencontrer les personnes infectées, leur redonner à travers les échanges la joie et l’espoir. Le manque d’organisation systématique, la faible implication de l’Etat et le manque de moyens financiers caractérisent le défi de la lutte contre le Sida au Togo.
Au total, cette mission de partage d’expériences avec les structures sœurs catholiques du Ghana, Togo et Bénin a pleinement atteint ses objectifs. Elle a permis de s’enrichir de l’expérience des pays voisins en matière de lutte contre le Sida. Elle a permis de constater et de découvrir que la lutte contre le VIH/Sida n’est pas un combat stérile ; on peut noter que dans le domaine de la prise en charge des PVVIH et aussi de la création de structures appropriées de lutte nous avons encore beaucoup à faire au Burkina Faso.
Le Sida est l’un des défis les plus redoutables pour la vie et la dignité humaine. Ensemble, main dans la main, mobilisons-nous contre la discrimination et la stigmatisation associées au VIH/Sida. Dans la solidarité, la compassion, la tendresse et l’amour, participons activement à la lutte contre le Sida dans nos milieux de vie.
Le Comité national catholique de lutte contre le Sida
