Actualités :: Meurtre à Yako : 11 personnes déférées à Koudougou

Le Directeur régional de la police du Nord, Amadou Diarra, a
suivi de bout en bout les événements dans la ville de Yako.
Dans cette interview, il explique comment les choses se sont
passées, depuis le drame jusqu’à l’intervention de la
compagnie républicaine de sécurité (CRS).

"Le Pays" : Pouvez-vous nous faire la genèse du drame survenu
 ?

Le dimanche du 06 juin 2004, aux environs de 17h45, le
commissariat central de police de Yako recevait une information
selon laquelle un certain Thierry Nanéma, né vers 1974,
mécanicien de profession et domicilié au secteur 6 (quartier
Namsigui), venait de trouver la mort suite à une agression à
coups de couteaux qu’il avait reçus de la part de Cyrille
Ouédraogo dit Naaba. La police s’est immédiatement rendue
sur les lieux pour constater les faits et éventuellement interpeller
les agresseurs.

Les recherches ont commencé et après, Cyrille
Ouédraogo viendra se rendre de lui-même au commissariat aux
environs de 18 heures. Aussitôt, il a été fouillé déshabillé,
menotté et placé en cellule. Quelques temps plus tard, des
informations parvenaient au commissariat (qui n’est pas fourni
en hommes puisque à ce moment deux policiers étaient de
garde) indiquant que les parents du défunt Thierry Nanéma
voulaient organiser une marche sur le commissariat central.
Des dispositions ont été prises pour éviter au maximum plus de
problèmes.

Sur ces entrefaits, ils sont arrivés en grand nombre,
ont forcé le portail, cassé la porte de la cellule et extirpé Cyrille
Ouédraogo. Ils l’ont ensuite battu dans la cour du commissariat
et l’ont laissé pour mort. Les agents sur place ont observé la
scène, impuissants. On s’est rendu compte plus tard que Cyrille
Ouédraogo respirait toujours. Il a donc été immédiatement
évacué du CHR de Ouahigouya où il a reçu les premiers soins.
Et vu la gravité de son état, il a été reaffecté à l’hôpital Yalgado
Ouédraogo de Ouagadougou.

Ensuite, nous avons eu
l’information qu’il allait mieux et qu’il a été ramené à Yako pour
les fins d’audition et de conduite au tribunal de grande instance
de Koudougou. Par rapport à la rébellion, à la destruction
volontaire de biens, de coups et blessures volontaires, 10
personnes ont été entendues et envoyés au tribunal de
Koudougou.

Je rappelle que dans la zone judiciaire, c’est la 2e
fois que nous voyons ce cas d’espèce : à Siglé il y a environ
deux mois, un individu qui avait également tué un autre, a été
extirpé du commissariat (que les marcheurs ont ensuite
complètement détruit) et livré à la vindicte populaire. Alors, cette
fois-ci, les services de police ont réagi promptement afin de
restaurer l’autorité de l’Etat.

Après le meurtre, la compagnie républicaine de sécurité est
intervenue pour rétablir l’ordre. Parlez nous de cette mission

Dès le lendemain, les CRS sont arrivés à Yako pour appuyer
les services un peu défaillants du point de vue du matériel et
des hommes. Ce sont des spécialistes du maintien et du
rétablissement de l’ordre qui savent le faire avec l’art que cela
requiert. Ils sont intervenus essentiellement pour interpeller un
certain nombre de personnes qui avaient été reconnues sur les
lieux du commissariat central de Yako.

Cette mission en tout
cas s’est bien passée en ce sens que nous ne déplorons aucun
blessé et aucun abus. Mais il y avait également une mission
additive qui consistait à faire des vérifications d’identité et de
pièces d’engins en raison de la criminalité. Il est regrettable que
nous ayons entendu dire qu’il y avait un couvre-feu à Yako. Il
n’en est pas question parce que ce ne sont pas les forces de
l’ordre qui décrètent un couvre-feu. Tout le monde pouvait vaquer
à ses occupations. Il fallait seulement avoir sur soi sa pièce
d’identité en cas de contrôle.

Justement, concernant cette mission additive, il nous est revenu
que des gens ont été maltraités au commissariat central de
police...

Vous voyez, ce sont des rumeurs. Les forces de l’ordre ont
quelque fois des manières pour dire à une personne de se
conformer désormais aux règles. Je n’ai pas vu ce que vous
évoquez. C’est vous en tant que journaliste qui le dites.

Est-ce que le manque de confiance en la justice qui a provoqué
cette rébellion ?

C’est surtout la méconnaissance des lois. Dans la spontanéité
et l’énervement, on veut dans notre société, se venger de celui
qui a tué son frère. Ce n’est certainement pas le manque de
confiance en leur justice. Seulement lors des drames il y a des
gens qui aiment mettre de l’huile sur le feu.

Aujourd’hui, la paix et l’ordre sont revenus dans la ville. Mais il
faudrait que tout le monde apprenne à respecter l’homme de
tenue. Si dans les services de police et de gendarmerie on peut
désormais extirper à loisir des détenus, nous nous demandons
où l’on sera en sécurité. Je demande donc aux gens de
respecter le droit et de ne plus vouloir régler les choses par
eux-mêmes. Il y a des institutions pour cela et lorsqu’on n’est
pas d’accord, on peut toujours leur faire appel. Dans la situation
de Yako, si nos hommes avaient ouvert le feu, nous allions
regretter une catastrophe. Mais, faut-il tout le temps que les
policiers et les gens croisent les bras face à la violation extrême
du droit ?

Propos recueillis par D. Parfait SILGA
Le Pays

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