Actualités :: Laya Sawadogo (MESSRS) : "L’Etat a un déficit de 1100 enseignants"

Manque d’enseignants et d’infrastructures, établissements ne
respectant pas le cahier des charges, le ministre des
Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche
scientifique (Messrs), Laya Sawadogo, répond dans cet
entretien qu’il a accorde au "Pays" le 30 mai dernier Djibo.

Le"Pays" : Le 21 mai dernier, vous avez eu une rencontre avec
les chefs des établissements secondaires de la région du
Sahel, à Dori. De quoi a-t-il été question ?

Laya Sawadogo : A l’approche des examens, chaque année, il
nous est habituel de faire le tour des régions, quelque fois les
régions les plus sensibles en terme d’inactivité ou d’agitation
pour voir comment l’année se clôture. Depuis trois semaines,
nous avons commencé une tournée qui nous a conduit du
Centre-Sud, au Centre-Est et à l’Est du pays. Le 21 mai, nous
avons effectivement fait le Nord et le Sahel où nous avons
rencontré la direction régionale et l’ensemble du personnel des
enseignants, des parents d’élèves, des partenaires de
l’éducation pour examiner juste la température au moment où
nous allons vers la fin de l’année. C’était l’objectif des échanges
afin de recueillir les avis des uns et des autres et de voir quel
correctif on peut apporter là où des difficultés existent.

Il y a des établissements au Sahel qui n’ont pratiquement pas
d’enseignants. L’exemple patent est celui du CEG de Déou où il
y a manque de professeur de Maths, science de la vie et de la
terre (SVT), Science physique. Et malgré ce déficit d’enseignants
les établissements secondaires s’ouvrent chaque année. A la
rentrée prochaine au Sahel, c’est Kelbo qui ouvrira son nouveau
CEG. Quelle sera votre politique pour pallier ce problème ?

Le problème de déficit d’enseignants ne doit pas être dans un
contexte d’émotivité accrue. Il faut juste regarder la réalité du
pays et voir quel plan on peut mettre en place pour résorber ce
déficit qui du reste n’est pas récent . Il y a environ 15 ans que
nous l’accumulons. Ce qui fait qu’aujourd’hui nous avons entre
1000 et 1100 enseignants manquant sur l’ensemble du
territoire. Ce n’est pas une chose simple mais le gouvernement
a pris ses responsabilités sur la question. Il a autorisé
l’ouverture d’un Institut de formation des enseignants du
secondaire dans les disciplines scientifiques. Cet
établissement qui s’ouvre à Ouagadougou dès la rentrée de
septembre-octobre viendra en appoint à l’ENSK (Ecole normale
supérieure de Koudougou).

Au seuil de 2007 nous devons
pouvoir sortir chaque année environ 150 enseignants. Je crois
que c’est une bonne orientation ; il ne faut pas imaginer que le
déficit peut être supprimé du coup. Cela n’est pas possible. Il
faut que nous continuions à gérer ce que nous avons en
attendant que ces établissements puissent donner lieu à des
formations d’enseignants. C’est vrai que cet institut, qui va ouvrir
à Ouagadougou en septembre-octobre prochain apportera un
apport, mais ce n’est pas suffisant.

Si le gouvernement, après
examen des contraintes, pense que des moyens sont
disponibles, nous pourrons même ouvrir un troisième
établissement de formation des enseignants pas forcément à
Ouagadougou. Cela peut être en province, là où il y a une ENEP
et au lieu d’y former essentiellement des instituteurs, nous
pouvons décider, si le gouvernement choisit l’opération, d’y
former une partie des enseignants des lycées et collèges.

C’est
une question à la fois de contraintes financières et de
contraintes techniques parce que dans les disciplines
scientifiques nous avons un vivier qui est trop faible. Et c’est
pour cela que le problème est assez compliqué à gérer. Mais je
crois que si, à la rentrée d’octobre 2004, ces recrutements sont
faits pour démarrer la formation, en trois ans, nous devons
commencer à avoir régulièrement entre 100 et 150 nouveaux
enseignants formés qui sortent. Je crois qu’ à partir de ce
moment on pourra résorber le déficit.

Pour ce qui est de Déou, c’est un problème très particulier.
Lorsque nous avons donné l’autorisation d’ouvrir le collège,
nous nous sommes laissés plutôt prendre en otage par les
parents d’élèves qui nous avaient assurés qu’il y avait des
vacations possibles pour couvrir les cours. Nous avons donné
l’autorisation d’ouvrir l’établissement et après, nous nous
sommes aperçus que même le vivier local ne permettait pas de
faire des enseignements par vacation. Lors de mon passage à
Dori, le directeur régional a attiré mon attention sur la question
et j’ai pris l’engagement avec eux de résorber la question.

C’est
un établissement qui se trouve dans une zone extrêmement
fragile, une zone de nomadisme et pour fixer les populations, il
faut avoir des structures. Déou va en 3e à la rentré prochaine et
quel que soit le cas de figure, il y aura des enseignants pour
conduire les enfants au BEPC.

Il existe dans certains chefs-lieux de province de la région du
Sahel, des établissements secondaires où les enseignants ne
sont pas qualifiés et les textes régissant l’enseignement
secondaire sont foulés aux pieds. Que compte faire le MESSRS
qui a été alerté plusieurs fois sur cette situation ?

Un établissement secondaire est ouvert sur autorisation du
gouvernement ; ensuite, il faut avoir le moyen de contrôle de la
qualité de ce qui s’y fait, il y a un moyen de contrôle de la
réglementation à chaque niveau. S’il y a, dans le Sahel, des
établissements qui ne répondent pas aux normes, citez-les moi
je vais essayer de voir exactement ce qu’il en est : est-ce que les
établissements en question sont ouverts sur la base de ce qui
permet d’ouvrir, est-ce qu’ils ont des enseignants qualifiés,
est-ce qu’ils n’en ont pas ? Parce que là, il faut être prudent. Au
moment où l’Etat parle, à son niveau, de déficit, il est évident que
reprocher les privés de déficit, c’est un non-sens. L’Etat
lui-même a un déficit d’environ 1100 enseignants.

Alors, quand
on veut que le privé participe au système éducatif, il ne faut pas
vouloir une chose et son contraire. Il faut louer les efforts des
fondateurs qui essaient d’ouvrir des établissements ; mais louer
leurs efforts ne consiste pas effectivement à les laisser faire
n’importe quoi. Les programmes sont des programmes officiels
 ; s’ils ne sont pas exécutés, si les cahiers de charges de
l’enseignement privé ne sont pas respectés, il faut fermer les
établissements. J’ai envoyé une mission de la DEP (Direction
des études et de la planification) pour voir et nous faire le point
au mois de juin.

On me dit parfois que certains établissements
ferment dès le mois de février-mars parce qu’ils ne peuvent pas
payer les enseignants et qu’ en plus de cela ils ne respectent
même pas les programmes. J’ai exigé un rapport sur tous ces
établissements avant le 15 juin. Et d’ici à cette date, si le rapport
tombe, nous prendrons nos responsabilités face à tous les
établissements qui auront été identifiés comme ne respectant
pas l’ensemble des cahiers de charge .Ce n’est pas seulement
le Sahel qui est concerné mais l’ensemble du pays.

Les établissements secondaires de Djibo, surtout le lycée
provincial, n’arrivent plus à satisfaire les nombreuses
demandes de places au 1er cycle. A quand l’ouverture du
Collège municipal de Djibo pour résorber ce problème ?

Personne n’a dit qu’il faut nécessairement un collège municipal
à Djibo. Il se peut que c’est un privé ou l’Etat qui a l’initiative. La
politique du gouvernement est de faire "un département, un
collège" au moins. Si l’Etat peut, au regard des effectifs
scolaires à Djibo, ouvrir un collège d’enseignement général, tant
mieux. J’ai déjà donné des pistes de réflexion aux responsables
de la commune.

Mais pour l’instant, nous avons, au niveau du
gouvernement, un texte d’organisation des relations de transfert
des établissements communaux aux communes. Ce texte de
base est actuellement entre les mains de la présidence de
l’Association des maires du Burkina depuis 6 semaines environ.
Ce texte étudié par mon département est soumis aux maires
pour amendement, afin que nous regardions les conditions
d’assistance de l’Etat aux communes pour la gestion de ces
établissements. Dès l’instant où les maires nous renvoient les
textes amendés, il y aura une réunion qui va regrouper ces
derniers et le MESSRS pour que l’on regarde exactement
comment se fait la gestion d’un Collège communal.

Les
communes ont parfois des moyens extrêmement réduits, alors
il ne faut pas vouloir un collège pour le vouloir. Moi qui suis de
Djibo, je vois très bien que notre commune est une commune
moyenne, aux ressources extrêmement limitées, à l’activité
économique vraiment faible.
Donc, si nous voulons un Collège communal à notre charge
aujourd’hui c’est d’avoir les moyens et un partenariat pour le
construire mais on aura des difficultés pour le faire fonctionner.

Moi, j’ai foi en la décentralisation lorsque celle-ci va arriver à
terme et que nous aurons défini les modes de transfert de
finances et de compétences aux communes. A partir de ce
moment-là, ce n’est pas la commune de Djibo seulement,
toutes les autres pourront prétendre avoir des collèges. Le
collège n’est pas limité dans le temps et dans l’espace. Leur
ouverture dans les communes n’a pas, pour nous, une limite
dans la mesure où la politique du gouvernement est de porter
l’école à proximité des enfants. En principe, ce que nous
souhaitons, c’est avoir, pour chaque tranche de populations de
15 mille habitants, un collège.

Mais pour l’instant, nous pensons
qu’il faut être patient et voir où les ressources financières doivent
être tirées.

Propos recueillis par Welman Guingani
(Collaborateur)

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