Actualités :: Police spéciale à l’université : Du boucan pour rien !

Le débat sur la sécurité sur l’aire des campus de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso n’en finit pas d’alimenter les gazettes. Entre le besoin sécuritaire et l’impression que la décision de créer une police spéciale des universités s’avère une remise en cause de la liberté d’aller et de venir, le juste milieu à trouver se révèle être un vrai schisme au sein du monde universitaire. Certains n’ont pas hésité à parler de prison, sauf que là les prisonniers peuvent entrer et sortir quand ils veulent. Mais le malaise est bien là et le débat sans doute ne fait que commencer.

On connaît la propension du monde intellectuel aux débats polémistes, mais comment le lui reprocher quand cela peut faire progresser les choses. Déjà le ministre Laya Sawadogo interrogé sur cette question querellée laissait entendre qu’on ne peut vouloir d’une chose et de son contraire. C’est tout dire !

Avant d’en venir au fond de cette prochaine arrivée d’une police spéciale à l’université, le tout est bien de savoir si cela répond oui ou non à un besoin exprimé et surtout justifié. Car si la polémique perdure, c’est parce que deux vérités s’affrontent dans l’affaire. D’un côté ceux qui arguent que c’est pour casser du mouvement associatif et de l’autre ceux qui disent que de petits et même de gros délinquants ont envahi le campus, mettant en insécurité totale les habitants des cités notamment. Sans donner raison aux uns et aux autres, il est quand même difficile de croire que ces policiers seront là pour s’en prendre aux étudiants ou à leurs enseignants. Car quoi qu’on dise, la démocratie suppose que les choses se passent dans les règles, les manifestations et autres grèves de revendication ou de protestation étant soumises au préalable aux rigueurs de la législation en vigueur en la matière.

Deux exigences antinomiques

En démocratie, s’il y a deux besoins fondamentaux de l’homme, ce sont bel et bien la sécurité et la liberté. Une démocratie où ces deux données ne sont pas là n’en est pas une.

Les citoyens ont besoin de se sentir dans leur environnement et ne pas avoir l’impression justement que des barrières limitent leur envie de mouvement. Or aujourd’hui, l’insécurité, avec la croissance exponentielle du grand banditisme a envahi chaque contrée et aucun regroupement d’hommes n’échappe à ce fléau.

Et ce phénomène n’est pas uniquement burkinabè. Il a pris de l’ampleur de par le monde depuis que l’économie planétaire a été aspirée par la globalisation. De plus en plus, ce système qui profite aux puissances d’argent laisse beaucoup de monde au bord de la route. Alors, la demande du nombre d’agents de sécurité par habitant est en hausse constante, mais lorsque ceux-ci sont déployés quelque part, se font jour les réprobations et les spéculations sur leur rôle et le pourquoi de leur présence. A cet effet, comment ne pas évoquer les "flics de Sarkozy" en déploiement dans les banlieues difficiles et les récriminations qui s’en sont suivies.

Quand ces policiers répondent donc à l’exigence sécuritaire par leur présence, tout le monde, fait cas de restriction de liberté. Or, la liberté sans la sécurité est un leurre puisque c’est la seconde qui garantit la première. D’où cette boutade du ministre Laya, vouloir une chose et son contraire. Difficile de faire plus compliqué. En fait d’antinomiques, les deux sont parfaitement complémentaires et nécessaires à l’épanouissement d’une démocratie.

Pourquoi ces boucliers ?

Il est évident que l’université est le lieu par excellence traversé par de multiples courants. Même le monde politique n’est pas autant controversé, tant ces dernières années, l’université a vécu des heures où la violence gratuite a pris le pas sur toute autre considération.

En se laissant envahir et aspirer par cette spirale dangereuse, d’autant plus qu’elle était portée par des intellectuels dont l’histoire a prouvé que la propension pour la violence est sans limites, l’université a elle-même créé les conditions de l’insécurité sur le campus. Si des étudiants perdurent sur le campus, changeant filière sur filière, comment croire qu’ils ne se transformeront pas en une sorte de mafia pour survivre. Le terme consacré d’étudiants professionnels est même venu d’eux et cette réalité a fini par attirer les délinquants non étudiants.

Ceux-ci ont senti qu’il y a là un filon dont ils pouvaient profiter en toute liberté. La preuve de cette triste réalité a été donnée par le titre évocateur d’une parution du quotidien Le Pays de la semaine dernière : "Le règne des étudiants fraudeurs et faussaires". On y apprenait en effet que l’université s’oriente vers un Etat dans l’Etat, obéissant à la seule loi instaurée par les étudiants qui auraient horreur de l’ordre.

Ce qui est vrai pour les œuvres universitaires (cités, repas, soins de santé…) a été tout autant vrai pour le mouvement associatif.

A dire vrai, on a souvent présenté l’université comme un sanctuaire d’intouchables et c’est cela qui a donné naissance au brigandage dont ont su tirer profit les vrais brigands de grand chemin.

Si un millier se refuse à l’ordre et à la discipline, inutile de dire qu’il crée un appel d’air et comme c’est connu selon le dicton que la nature a horreur du vide… Le monde étudiant ferait donc bien de réfléchir à tête reposée sur la venue de cette police qui peut aider au retour de l’ordre et de la sécurité. A moins qu’au lieu d’une minorité, ce soit la majorité qui adore pêcher en eaux troubles.

Souleymane KONE
L’Hebdo

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