Actualités :: 8 mars 2006 : Un thème, un constat

« Femme et lutte contre la pauvreté », c’est le thème retenu au plan national pour célébrer le 8-Mars, Journée internationale de la femme. Une journée qui, au-delà de son aspect festif, devra permettre à tous les acteurs du développement, les femmes en particulier, de jeter un regard tant rétrospectif que prospectif sur tous « les schémas » possibles, c’est-à-dire les voies et moyens pour sortir de la pauvreté.

Une pauvreté de plus en plus féminine et qui semble « résister » aux différents projets et programmes mis en œuvre pour le combattre. Pourtant, l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) passe aussi et surtout par la réussite du combat engagé contre la pauvreté des femmes.

La journée du 8-Mars - faut-il le rappeler, se veut « un mouvement émancipateur pour les femmes du monde entier pour un développement humain durable ». Malheureusement, au Burkina Faso, elles sont nombreuses les femmes qui ne retiennent que son aspect festif. Il suffit de voir comment elles se bousculent pour les pagnes du 8-Mars pour s’en convaincre.

Le pagne devient même plus important que la réflexion sur le thème de la journée. Il faudrait donc, de plus en plus, qu’elles mettent le côté festif en second rang pour privilégier le thème. Cette journée doit être une occasion pour faire le bilan des activités menées au plan national pour la promotion et le bien-être de la femme burkinabè.

Elle doit être une occasion propice de partage d’expériences, de propositions, dont l’objectif premier est la réussite des combats engagés au profit de la femme. Sans cette prise de conscience collective, les journées du 8-Mars serviront à rien, sinon qu’à amuser la galerie : elles se suivront et se ressembleront toujours. Depuis que cette journée est célébrée officiellement au Burkina Faso, quel bilan peut-on faire ? A-t-elle un impact positif sur les conditions de la femme ?

Telles sont, entre autres, les questions qui doivent préoccuper les femmes chaque 8 mars et non celles liées aux pagnes et aux « Djandjoba ». Bref, il faudrait repenser la célébration de cette journée dont l’organisation coûte certainement des millions. Des sommes qui peuvent être investies autrement au profit des âmes sœurs du Burkina Faso. La nécessité de repenser la donne s’impose donc.

Des chiffes parlent d’eux-mêmes

C’est enfoncer une porte ouverte que de dire que les conditions de la femme burkinabè sont difficiles. Sur une population estimée à 12 millions, elles représentent 52% et 80% d’elles vivent en milieu rural et seulement 14% sont alphabétisées tandisque leur taux de scolarisation n’est que de 24%. Elles jouent pourtant un rôle de choix dans l’économie burkinabè, surtout dans le secteur informel qui contribue pour environ 70% de la formation du Produit intérieur brut (PIB).

Dans le secteur public, les femmes sont peu représentées 23% en moyenne. 23% en 2000 et 24% en 2002 dans le public et 37,40% dans le secteur privé.
Au niveau rural et principalement dans l’agriculture et l’élevage 93,48% travaillent souvent dans des conditions précaires. Sa participation aux travaux agricoles varie selon les ethnies et les régions (champ familiale, champ collectif...). Bref, on pourrait aligner ces chiffres à souhait sans que cela ne soit pleinement en faveur de la femme burkinabè. Pourtant, ce ne sont pas les projets, programmes où toutes autres initiatives en sa faveur qui manquent.

Le gouvernement à l’avant-garde

Si on se contente des chiffres « sombres », on pourrait penser que rien n’est fait pour la promotion et le bien-être de la femme burkinabè. Et pourtant ! D’ailleurs, la création d’un ministère « plein » de la Promotion de la femme burkinabè n’est-elle pas la traduction concrète de la volonté du gouvernement de faire de la promotion de la femme une réalité ?

Ainsi, au regard du constat peu reluisant, le gouvernement a pris des initiatives à même de promouvoir le statut social, économique de la femme. Entre autres initiatives, on peut citer la création dès 1990 du Fonds d’appui aux activités génératrices de revenus (FAARF), un fonds dont a bénéficié plus d’un demi million de femmes (plus de 600 000 femmes), le Fonds d’appui aux activités génératrices de revenus des agricultrices (FAARGRA).

A ces fonds, il convient d’ajouter l’acquisition de technologies adaptées qui permettront de réduire la pénibilité des travaux ménagers mais surtout de disposer de plus de temps pour mener des activités génératrices de revenus. On peut, entre autres citer, les moulins à grain, la presse à karité, les décortiqueuses de riz, les machines à coudre, les motos pompes, les séchoirs à gaz, les charrettes à traction asine... Depuis 2001, c’est au total 5 512 types de technologies qui ont été mises à la disposition d’associations, de groupements et de réseaux de femmes et de jeunes filles.

La formation, la santé, l’alphabétisation, sont aussi des actions qui sont menées quotidiennement sur le terrain au profit des femmes.
Ces actions gouvernementales côtoient aussi, chaque jour, celles menées par les associations et les ONG pour la lutte contre la pauvreté et la promotion de la femme. On ne peut certainement occulter la construction dans les différentes régions des maisons de la femme.

Ces maisons, faut-il le rappeler, doivent être des cadres de rencontres, d’échanges, d’expériences, de formations et d’apprentissage de toutes les activités susceptibles de procurer des revenus. Elles ne doivent surtout pas être des « lieux politiques ». On peut, en tout cas, retenir que depuis 2001 le ministère chargé de Promotion de la femme burkinabè a construit 40 maisons de la femme, 5 512 types de technologies distribués aux femmes, 70 forages dont 15 en cours, 28 centres d’alphabétisation et 15 centres de promotion féminine.

Le thème de cette journée du 8-Mars est évocateur et doit permettre aux femmes de prôner plus la solidarité pour réussir le combat contre la pauvreté. Tout en œuvrant pour le renforcement des acquis, qui sont incontestables, elles doivent continuer la lutte, car il est illusoire de penser que tout viendra du gouvernement. C’est pourquoi, ce 8 mars doit être une occasion de questionnements, de remise en cause afin de tracer des sillons d’une lutte efficace contre la pauvreté.

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