Actualités :: Tenues “sexy” dans les écoles : L’instauration de l’uniforme, une solution (...)

Dans notre numéro de Sidwaya n°5478 du vendredi 16 décembre 2005, nous avons fait le constat de l’extravagance des tenues vestimentaires des jeunes filles dans nos rues et dans certains lycées et collèges. Cette semaine, nous avons donné la parole à quelques acteurs du monde éducatif pour qu’ils nous donnent leur lecture du phénomène en ébauchant des pistes de solution. Que ce soit du côté des parents d’élèves, des enseignants et des autorités scolaires, tous reconnaissent et s’inscrivent dans la lutte contre les tenues « sexy » à l’école.

Que ce soit à l’école ou dans tout autre lieu, les tenues vestimentaires des filles laissent à désirer. C’est un sentiment général qui se dégage quand on observe la mise des jeunes filles de nos jours. Les fesses, le ventre, les seins sont exposés à la vue de tout le monde. Certaines mettent des habits complètement transparents. Mme Assita Traoré est censeur au lycée St-Joseph de Ouagadougou. Mme Traoré dit avoir mal dans sa chair de parent d’élève au vu de tels accoutrements.

Pour l’exemple, elle raconte une anecdote sur une fille mal habillée rencontrée aux feux tricolores. « Cette fille était tellement indécemment habillée que la femme stationnée juste à son dos était mal à l’aise. Tous les usagers faisaient la moue face à cet habillement. Les dessous de la jeune fille était dehors, » explique-t-elle.

Hochant la tête, Mme le censeur lâche « franchement, c’était déshonorant ».

La complicité des parents d’élèves est mise en cause en partie dans la mise vestimentaire des filles. Mme Traoré est explicite : « à la limite, la complicité de certains parents est engagée. Mais, ce ne sont pas tous les parents d’élèves ». Car, selon elle, « dans l’ensemble, aucun parent ne serait content de voir sa fille habillée de façon indécente ».

En tout état de cause, Mme le censeur est consciente que les filles ont plus d’une astuce dans leur sac pour tromper la vigilance des parents. Cette tromperie consiste à s’habiller de façon décente aux yeux des parents et une fois hors de l’enceinte familiale ou de l’école, elle change l’habit décent par un accoutrement sexy. Dans cette gymnastique, Mme Traoré avoue que certains parents ou professeurs ne reconnaissent pas leurs progénitures ou leurs élèves lorsqu’ils les rencontrent mal habillées à travers les rues de Ouagadougou. « 99% des parents d’élèves n’accepteront pas que leurs filles s’habillent de manière provocante et sexy », clame Mme Traoré.

Et Mme Jeanne Ouédraogo, parente d’élève fait partie de ces 99%. Selon elle, l’extravagance des tenues vestimentaires des filles est une réalité. Pour éviter que sa fille tombe dans cette perversité du 21e siècle, Mme Ouédraogo a trouvé l’astuce de choisir le tailleur de sa fille. « J’accompagne ma fille chez le tailleur et je choisis ou contribue à choisir ses modèles. Du fait que j’ai été élevée dans cet esprit par ma mère, je l’applique dans l’éducation de ma fille, » confie Mme Ouédraogo. Pour être claire et méritée la considération de sa fille, Mme Ouédraogo a avoué avoir fait comprendre à sa fille que ce n’est pas en présentant ses parties intimes au public qui lui attirera leur faveur.

« J’ai fait comprendre à ma fille qu’aucune de ses jupes ne doit dévoiler ses genoux, ni ses hauts, montrer son dos encore moins, le ventre ou la poitrine », explique Mme Ouédraogo.

Ouvrir l’œil et le bon

La tenue vestimentaire des filles ne laisse personne indifférent dans le milieu scolaire. Le secrétaire général du Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B) Jean Kafando en est conscient. Selon lui, le phénomène prend racine dans le flot de mode avec un clin d’œil sur la globalisation du commerce qui rompt les barrières douanières pour déverser les produits venant de l’extérieur. M. Kafando confie qu’il est urgent de prendre le phénomène à bras-le-corps. Pour étayer l’ampleur d’habillement sexy, M. Kafando cite l’anecdote de cette jeune fille mal habillée dans un lycée de la place.

Les enseignants ayant remarqué l’indécence de la tenue de l’intéressée auraient fait convoquer ses parents. Et c’est la mère de la jeune fille qui s’est pointée à l’école. A sa descente de voiture, explique M. Kafando, la mère était dans une jupe plus sexy que sa fille. Face à une telle situation, les enseignants ont vite compris que « le phénomène est héréditaire, telle mère, telle fille ». De ce fait, l’objet principal de la convocation des parents de la fille n’a pas été notifié à la « mère sexy ».

En lieu et place, les enseignants ont trouvé un autre sujet de conversation parce qu’ils étaient dépassés par ce qui se pavanait sous leurs yeux. Dans la recherche de ce qui attire les hommes, M. Kafando dit que les filles ont oublié que ce qui se voit ne se désire plus, empruntant les dires d’un de ses amis.

Mme Traoré s’inscrit dans cette opinion « je sais que souvent les filles sont tellement mal habillées que cela dérange certains hommes », explique Mme le censeur du lycée St Joseph de Ouagadougou. Selon elle, les parents doivent ouvrir l’œil et le bon. Au vu de cette situation désobligeante et déshonorante de la mise vestimentaire des filles, les acteurs conscients de proposer un bien-être éducatif et social aux filles proposent des solutions. Mme Traoré, Mme Ouédraogo et M. Kafando prônent l’instauration de l’uniforme de l’école primaire jusqu’au secondaire. En avançant cette solution, les intervenants sont conscients que les parents seront obligés de délier davantage le cordon de la bourse. Mais, le bien a un coût, le bon, le juste mérite un sacrifice pour assainir le climat éducatif et favorisé l’épanouissement des élèves à l’école.

Mme Ouédraogo et Mme Traoré proposent en sus, d’entamer une sensibilisation des élèves et des parents afin qu’ils adoptent l’uniforme. M. Kafando s’inscrit dans le temps en appelant à une synergie d’actions entre les enseignants et les parents d’élèves pour faciliter l’achat des uniformes. Le syndicaliste est conscient que mathématiquement le coût des fournitures est un casse-tête chinois pour les parents. Ajouter la tenue à cela, compliquera un peu la tâche mais M. Kafando préfère le sacrifice de l’uniforme au sacrifice des tenues sexy. »En instaurant l’uniforme, non seulement cela évitera d’indisposer les enseignants, les élèves eux-mêmes, mais aussi favorisera une bonne éducation des enfants en les faisant éviter des tenues extravagantes », estime M. Kafando.

Le lycée St-Joseph est l’un des établissements secondaires ayant instauré l’uniforme. L’expérience est payante, aux dires de Mme le censeur. « Nous recommandons aux filles des uniformes amples. La jupe ou le pantalon accompagné d’une chemise blanche. La jupe doit être paysanne et longue », explique Mme Traoré.

Pointilleux sur cette exigence, les responsables du lycée St-Joseph contrôlent souvent la tenue des élèves à l’entrée de l’établissement. Et Mme Traoré est formelle, « quand une fille se donne la liberté de coudre une jupe sexy, nous la ramenons à l’ordre ».

Mieux, lorsqu’un élève coud un modèle qui n’est pas celui de l’établissement, il en fait les frais. La mise vestimentaire des filles dans les établissements qui se respectent favorise l’éclosion des talents des élèves. M. Kafando témoigne :»la tenue sexy est de nature à compromettre l’éducation des filles, cela n’est pas de nature à favoriser un bon apprentissage du fait qu’enseignants et élèves sont mal à l’aise ». De ce fait, M. Kafando incite les autorités à prendre le phénomène au sérieux. L’instauration de l’uniforme a certes des avantages et des inconvénients.

Cependant, l’avantage prend le pas sur l’inconvénient car un penseur disait que l’éducation n’a pas de prix. C’est pourquoi, les intervenants proposent l’instauration de la tenue scolaire dans les établissements qui traînent encore le pied, sensibiliser les élèves sur le port des uniformes, aider les parents à acheter l’uniforme pour leurs enfants grâce à un système de cotisation par le biais des associations de parents d’élèves.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)
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