Actualités :: Promotion de l’éducation des filles au Burkina : Grâce au parrainage, Pogbi a (...)

Aider les filles des familles défavorisées à trouver le chemin de l’école à travers le parrainage, c’est la mission que s’est donnée l’association franco-burkinabè ‘’Pogbi’’ créée en 1995 au Burkina Faso et en France par une Française et sa petite sœur burkinabè. Ladite association a construit un foyer d’hébergement pour ces filles à Dapélogo, département de la province de l’Oubritenga, dans la région du Plateau-central. Nous avons fait un tour sur ce site qui accueille d’autres filles en plus des filleules de Pogbi.

Elle a fait de l’éducation des filles, notamment, de celles issues de familles paysannes, son cheval de bataille. ‘’Pogbi’’ en langue mooré et petite fille en français entend briser le tabou à travers la scolarisation des filles au même titre que les garçons.

Bâti sur une superficie d’un hectare offert gratuitement par la population de Dapelogo, le foyer Pogbi dispose du confort nécessaire pour mettre les filles dans les meilleures conditions d’études. Des dortoirs aux préaux d’études en passant par la bibliothèque et le réfectoire en rénovation, ces bâtiments rouges et turquoise sous un gigantesque château d’eau, abritent près d’une soixantaine de pensionnaires venues de divers horizons de l’intérieur du pays. Sur les toits, scintillent des plaques solaires qui alimentent le foyer en énergie électrique à tout temps.

En plus des pensionnaires du foyer, la bibliothèque est ouverte à tout le monde

Dans cet endroit placide où habitent aussi quinze filles déplacées internes, il n’y a pas seulement que les filleules de Pogbi. En plus des filles parrainées, cet internat offre des places à d’autres filles non résidentes à Dapélogo pour leurs études. « La réalisation de cette infrastructure a pour objectif d’offrir un cadre agréable d’apprentissage aux filles mais aussi de rapprocher davantage les filles des villages environnant de Dapélogo de leur école », a expliqué la présidente de l’association Pogbi, Françoise Stoeffler-Kern, ajoutant que les ouvrages ont été réalisés progressivement.

Le premier bâtiment a été construit en 2003, selon les explications du bâtisseur de Pogbi avec une place pour douze filles. Par la suite, les choses ont évolué avec la construction d’autres locaux pour atteindre les 67 places, a-t-elle poursuivi. « Nous avions d’abord commencé l’hébergement dans un dortoir avec cinq filles pendant la construction des locaux », renchérit le coordonnateur de Pogbi, Elie Sawadogo.

« L’abonnement annuel à la bibliothèque pour les externes qui était de 500 FCFA est passé à 250 FCFA pour inciter les élèves à lire » selon le coordonnateur de Pogbi, Elie Sawadogo.

Au bout de quelques années, raconte la présidente, nous nous sommes rendu compte que les filles des villages voisins qu’on affectait au lycée de Dapélogo après l’obtention de leur entrée en 6e parcouraient de longues distances avec les risques d’abandon pour diverses raisons. On s’est dit qu’il faut trouver un environnement sécurisé et tranquille pour permettre à ces filles de travailler sereinement.

C’est pourquoi nous avons construit ce foyer d’hébergement qui est aujourd’hui ouvert à toutes les jeunes filles qui veulent étudier. « C’était aussi une manière pour nous d’offrir les mêmes chances de réussite aux filles à travers la réduction voir l’élimination des certaines tâches (ménagères, corvées eau, etc…) auxquelles les garçons ne sont pas assujettis et surtout les épargner de la prédation des garçons pour éviter les risques de grossesse qui pourraient être préjudiciables à leurs études », a souligné Dr Théophile Mandé, membre du conseil d’administration de l’association Pogbi concernant le confinement des filles dans le foyer.

En plus de filleules de Pogbi, le foyer accueille aussi des filles non résidentes à Dapélogo

L’histoire de Pogbi

Plus de deux décennies après sa création, cette association aura grandement joué sa partition dans la promotion de l’éducation des filles avec pour point d’orgue la scolarisation de 470 filleules pendant les 28 dernières années. D’où le satisfecit général de la première responsable de Pogbi. « L’année dernière, au foyer, nous avons présenté quatorze filles au baccalauréat avec à la clé 13 admises », a-t-elle fièrement affirmé avant de revenir sur l’historique de cette association philanthropique.

Tout a commencé en 1995 lors de son séjour au pays des hommes intègres, selon les explications de la Strasbourgeoise, Françoise Stoeffler-Kern. Après avoir effectué une visite de courtoisie chez sa sœur burkinabè Marthe Clara Kéré-Girard à Guié Dapelogo, département situé à une trentaine de kilomètres au nord de Ouagadougou, elle en profita pour faire une balade dans les écoles.

A leur surprise, sa sœur et elle constatent qu’il y a plus de garçons que de filles dans les classes. C’est alors en ce moment, confie-t-elle, que « ma petite sœur m’a demandé de faire quelque chose pour les filles afin de lutter contre cette inégalité sociale. De retour au bercail, en France, elle va faire une demande de parrainage afin de permettre aux filles aussi d’avoir les mêmes droits à l’éducation que les garçons. C’est le début de la création de l’association Pogbi », nous confie celle que les pensionnaires appellent affectueusement maman.

L’objectif majeur de l’association est de promouvoir l’éducation des filles selon la présidente de Pogbi, Françoise Stoeffler-Kern

Convaincue que ‘’éduquer une fille c’est éduquer une nation’’, elle créera Pogbi en France en recrutant des membres bénévoles, afin de voler aux secours de toutes ces filles qui sont brimées dans leur droit à l’éducation. Pogbi France est très active dans la recherche de financements, le suivi des actions au Burkina Faso et régulièrement ses membres viennent au Burkina, nous a-t-elle fait savoir. Mais, relève-t-elle, les temps sont difficiles et les ressources humaines et financières sont de plus rares dans un contexte marqué par le covid, la guerre et le terrorisme.

Au début, nous confie-t-elle, le parrainage se faisait à partir du CP2 avec pour objectif ; l’obtention du Certificat d’études primaires (CEP). « Au bout de deux ou trois ans, on s’est rendu compte que parmi nos filleules, il y avait certaines qui avaient brillamment réussi au CEP et qui voulaient poursuivre au collège. C’est ainsi que nous avons décidé de les accompagner dans cette nouvelle aventure en élargissant le parrainage au post-primaire », a-t-elle laissé entendre, sous le regard admiratif des pensionnaires du foyer au sein de la bibliothèque.

« La sélection de ces filles au niveau primaire se faisait à partir du CP2 parce qu’on s’intéressait seulement qu’aux filles des paysans », a précisé le coordonnateur de l’association, ajoutant que le même processus de sélection était valable aussi pour celles des collèges. « On prenait les meilleures dans les établissements. Si dans la classe de 6e, il y a deux qui sont meilleures, le choix se porte sur celle qui est issue d’un milieu défavorisé, voire d’une famille paysanne », a-t-il expliqué.

470 filleules depuis 1995

470 filleules, c’est le nombre total des filles dont la scolarité a été totalement prise en charge par Pogbi. Parmi ces bénéficiaires, issues de familles paysannes, il y a Adèle Tansa. Arrivée au foyer en 2014 par l’entremise de l’association, cette étudiante en 6e année de pharmacie à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou doit son ascension à Pogbi. Derrière sa timidité apparente, se cache une personnalité forte et affirmée qui n’a jamais redoublé une classe. Elle qui habitait dans son village à huit kilomètres de Dapelogo ne pouvait imaginer qu’elle rentrerait dans les bonnes grâces de Pogbi ; une association qu’elle ne connaissait même pas.

« Le foyer de Pogbi est un lieu idéal pour les étude » selon Adèle Tansa, filleule de Pogbi

« C’était à ma 6e en 2012. Une fois j’étais assise et on n’est venu m’appeler. Quand je suis arrivée, on m’a expliqué ce que fait Pogbi. C’est là que mon adoption a commencé chez Pogbi. Je suis venue par la suite dans le foyer de Pogbi à Dapélogo pour le reste de mes études jusqu’en 3e », se souvient-elle. Son examen de fin de collège en poche, l’ancienne pensionnaire de Pogbi va achever ses études secondaires à Ziniaré, capitale régionale du Plateau-Central, à une trentaine de kilomètres de Ouagadougou. « Outre Adèle, il y a d’autres filleules de Pogbi qui sont dans le milieu professionnel. Certaines sont devenues des enseignantes, d’autres ont intégré les Forces de défense et de sécurité (FDS), sont mécaniciennes, ou dans l’auto-emploi », s’est réjouie la présidente.

Le foyer de Pogbi, c’est une extension de la famille de Rouki Zerbo qui y vit depuis cinq ans maintenant. Pour cet élève en classe de terminale A4, il n’y a pas mieux que Pogbi. « Les opportunités sont énormes. Ils prennent soin de nous, on se sent vraiment comme dans une famille. Je n’en serais pas là en termes de compétences physiques, intellectuelles et sociales, car ici, on fait de tout » a laissé entendre la pensionnaire du foyer.

A peine un an dans le foyer, Viviane Nandkangré, élève de la terminale D au lycée départemental de Dapélogo ne regrette pas son choix. Au-delà des compétences scolaires, affirme-t-elle, on nous forme aussi à la construction de personnalités fortes et affirmées. Même sentiment de satisfaction partagé avec Carole Sawadogo qui apprécie l’environnement de Pogbi. Pour cette potache de la classe de 3e du lycée privée le Citoyen de Dapélogo, tout l’honneur revient à la présidente de l’association Pogbi. Parce que, dit-elle, elle est toujours à l’écoute des files. « Nous la remercions pour cette opportunité », a-t-elle conclu.

« Ici, nous sommes en famille » confie Roukiatou Zerbo

Développer des activités pourvoyeuses des ressources, la nouvelle vision de Pogbi

L’association ne compte pas s’arrêter en si bon chemin avec seulement la scolarisation des filles. C’est ce qu’a laissé entendre sa présidente, indiquant que des activités pourvoyeuses des ressources seront développées au sein du foyer en vue de mieux préparer les filles à l’insertion socio-professionnelle et aussi d’avoir des ressources propres pour le foyer. Elle envisage aussi créer l’association des anciennes Pogbi dans l’optique de partager les expériences des aînées avec les plus jeunes.

Il s’agira aussi selon elle, de négocier des soutiens extérieurs en France et internes au Burkina Faso pour promouvoir l’éducation des filles. Toutefois, Pogbi se réjouit de l’accompagnement de la municipalité de Dapélogo sans laquelle les résultats escomptés ne seraient pas atteints. L’autre bras financier, l’UNICEF à travers le ministère de l’Education nationale, sont des partenaires ‘’fiables’’ sur lesquels Pogbi compte pour l’atteinte de ses objectifs.

Les conditions d’accès au foyer selon le coordonnateur

Il faut d’abord être une élève non résidente à Dapélogo et être inscrite dans un établissement de la ville. Ensuite, pour la constitution des dossiers, il faut un acte de naissance, le bulletin de l’année précédente et une contribution de 40 000 Francs CFA pour toute l’année ce qui permet de bénéficier de l’hébergement (logement, literie, eau courante, électricité), restauration, soins de santé, formations (préaux, maraîchage, élevage, premier secours) etc. le tout sur un site totalement sécurisé. Mais avant, explique le coordonnateur, dans l’optique de permettre à toutes les jeunes filles de bénéficier des services de Pogbi nous déposons des fiches à la mairie que les élèves doivent d’abord remplir.

Il est important de noter, selon Dr Théophile Mandé, que l’association Pogbi est à but non lucratif et qu’elle fonctionne essentiellement à partir des parrainages et de la vente de quelques articles (beurre de karité, bronze etc.) du Burkina lors des évènements comme le marché de Noel à Strasbourg. L’association a un grand besoin d’accompagnement pour réussir sa noble mission qui est de former les filles car « Éduquer une fille c’est éduquer une nation », a-t-il conclu.

Serge Ika Ki
Lefaso.net

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