Actualités :: Vente de dolo : Un commerce qui nourrit son homme, selon Léa (...)

Le quartier Bolomakotè est un quartier atypique de la ville de Bobo-Dioulasso. En effet il est réputé pour ses nombreux cabarets de vente de dolo, cette bière traditionnelle de mil. Mais quels sont les contours de ce commerce ? L’équipe de Lefaso.net a rencontré une dolotière d’un cabaret dudit quartier qui évolue dans ce commerce depuis près de trente ans.

Le dolo est une bière traditionnelle de mil bien appréciée par certaines personnes par rapport à la bière moderne. Léa Sanou est dolotière dans un cabaret du quartier Bolomakotè de la ville de Bobo Dioulasso. Elle exerce ce métier de dolotière depuis 30 ans.

Selon Mme Sanou, la préparation du dolo comporte différentes étapes nécessitant au moins huit jours car il faut d’abord faire germer le mil durant trois jours, le faire sécher deux jours (s’il y a le soleil). La préparation de la boisson nécessite deux jours afin de pouvoir la consommer.

Dolo précuit fermenté non sucré

Ainsi pour la préparation du dolo, elle achète d’abord du mil, mais pas n’importe lequel. Elle prend soit du mil rouge, le kereba, ou du mil blanc. Quand elle a son mil, elle le met dans une bassine contenant de l’eau le matin ensuite, elle y ajoute un peu de cendre. Pour la germination du mil le soir, elle retire le mil de la bassine pour l’étaler et le couvrir avec une bâche. Le lendemain matin, elle ramasse le mil, le lave et l’étale une seconde fois. A partir de ce deuxième jour d’étalage, elle y verse de l’eau le matin et le soir.

Le troisième jour elle ramasse le mil, le fait sécher puis l’amène moudre. Une fois la farine obtenue, elle met de l’eau dans une bassine et ajoute des feuilles ou tiges gluantes pour délayer afin d’obtenir un jus. Par la suite, elle met ce jus dans la marmite sur le feu et cette étape, c’est pour obtenir l’aigreur. Le deuxième jour très tôt le matin vers 4h, elle vient délayer puis ajouter des feuilles ou tiges gluantes dans le jus obtenu.

Dolo précuit non fermenté sucré

Ce qui permet d’avoir du son lourd qu’elle met dans des marmites sur le feu, aidée par d’autres femmes durant deux heures. Puis elles enlèvent le jus et laissent refroidir. Elles y ajoutent une fois de plus les feuilles gluantes, le mélange avec de l’eau pour obtenir un jus. Elles mettent ce jus au feu encore durant quatre heures et le son qu’elles obtiennent de cette étape, elles les vendent aux éleveurs de porcs, d’animaux, de bœufs ou moutons.
Après le refroidissement du jus, elle y ajoute de la levure en faisant un mélange ; c’est ce qui donne le dolo.

Une femme louée pour préparer du dolo

Quels bénéfices tire-t-elle aujourd’hui de la vente de dolo ?

Selon Léa Sanou, Il y’a une grande différence dans la vente du dolo avant et maintenant. Vers les années 2000, dit-elle, le sac de mil s’achetait à 15 000 FCFA et le bois à 7 500 F. Actuellement, le sac de mil coûte 31 500 FCFA et le bois 12500 F. Ce qui fait qu’elle n’a plus beaucoup de bénéfices. Elle estime qu’en plus de la vie chère, cette augmentation est en partie liée au fait que la bière est également produite à base du mil, donc la demande est forte. Avec l’augmentation du prix du mil et du bois, le prix du litre de dolo est passé de 150 F à 200 F. Quant au prix de la calebassée, il est fixé à 50 F. Les commandes pour les bidons de 20 litres se font surtout pour les cérémonies ou lors des fêtes.

Matériel de stockage et vente de dolo

A la question de savoir si l’éclosion des maquis, perçus comme de la concurrence aux cabarets, réduit le nombre de consommateurs, elle affirme qu’il n’en est rien. A son avis, si la clientèle baisse, la vraie cause peut être surtout liée à la santé car beaucoup de gens sont malades de nos jours et les médecins leur interdisent de boire du dolo ou de ne pas consommer du sucre. Or, dit-elle, « lorsqu’on te dit de ne pas consommer du sucre, tu ne peux plus boire le dolo parce le dolo contient du sucre. Donc selon moi, c’est cela la vraie cause qui fait qu’on n’a plus de clients comme avant ».

Quant aux profils des clients, elle confie qu’Il y’en a de toute sortes qui viennent boire le dolo. Il y’a des manœuvres, des jardiniers (vue la proximité du cabaret avec le marigot), des fonctionnaires aussi qui viennent surtout dans la soirée car ils travaillent dans la journée. Il y’a également des femmes, des jeunes. Cependant, elle souligne que les vieilles personnes ne boivent plus le dolo comme il y a des années et que la clientèle s’est un peu rajeunie.

Du mil déjà germé

En effet, le jeune client Tira Ouétian, habitant au secteur 6, à Bolomakotè, s’est confié sur sa préférence pour le dolo en ces termes : « Comme travail, je fais un peu de tout mais je suis plus dans le jardinage plus précisément dans le domaine des fleurs. J’aime venir ici boire du tchapalo parce que ça me procure du bien. Je préfère le Tchapalo par rapport à la bière parce qu’à vrai dire, c’est culturel dans la famille. Donc j’ai grandi dans ce système où les enfants boivent le tchapalo et ce dès le bas-âge et moi j’aime ça ».

Du mil mis en germination

Le métier nourrit son homme

Selon Léa Sanou, la vente du dolo nourrit quand même son homme. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Haoua Touré
Marie Constantine Ki (Stagiaire)
Lefaso.net

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