Actualités :: Fête de la Tabaski : Pourquoi et comment immoler son mouton ?

Dans quelques heures, les musulmans du monde entier et ceux du Burkina Faso seront en fête. En effet, le mois de Zoul-Hidja (12e mois du calendrier lunaire) vient de faire son apparition et ce sera bientôt l’Aïd-el Kebir appelé communément Tabaski ou fête du Mouton, marquée essentiellement par l’immolation d’une bête.

A l’occasion de cet important événement, le comité de presse de l’Association des élèves et Etudiants Musulmans du Burkina (AEEMB) vient par cet article donner des indications sur le pourquoi et le comment de cette immolation.

Les croyants musulmans seront invités à l’occasion de la fête de Tabaski à verser le sang sur le sol, non pas pour le souiller, mais pour le purifier. Car contrairement à ce que veulent faire croire certains, l’immolation n’est pas un acte barbare d’abattage des animaux, mais plutôt un sacrifice divin. Et en islam le sacrifice a une signification, une origine, des fondements ... une philosophie.

Le Sacrifice, en Islam, est une offrande pour l’amour de Dieu dans l’espoir de se purifier, de se rapprocher du Seigneur. C’est un acte de dévotion qui date des premières époques de la vie terrestre de l’espèce humaine. Et le prophète Ibrahim (A), le personnage le plus éminent du monothéisme a aussi perpétué cette tradition.

En effet, on se rappelle du récit de Quâbil et Habil, les deux (2) fils de Awa (Eve). Quâbil voulut marier sa sœur jumelle (très belle) qui revenait de droit à Habil. Alors pour trancher, le Seigneur les invita tous à faire une offrande. Et celui dont l’offrande serait acceptée, devrait marier la belle fille, sœur jumelle de Quâbil. Quâbil, l’aîné qui était cultivateur offrit une tine de ces céréales les plus viles tandis que Habil offrit un beau bélier. Alors le bélier fut monté au ciel, au détriment de la tine de céréales, confirmant l’acceptation de l’offrande de Habil au détriment de Quâbil. Voici le point de départ de l’offrande, du sacrifice de façon générale.

Le prophète Ibrahim (A) renouvela cet acte de dévotion par l’immolation du même bélier que Dieu lui fit descendre en remplacement de son fils unique Ismaël qu’il s’apprêtait à immoler par obéissance à Dieu. Et voilà ce que Ibrahim (A) a dit à ce propos : « En vérité, ma prière, mes sacrifices (ou actes de dévotion), ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l’Univers. (Sourate 6, Verset 162).

L’immolation est donc un acte d’adoration au même titre que la prière ; elle obéit ainsi à des normes et règles qui la fondent et se diversifient selon les circonstances ».

La première circonstance d’immolation est l’Aïd-el Kebir (Tabaski)

Il s’agit-là du sacrifice d’un animal à l’occasion de cette fête en imitation du « père du monothéisme » » Ibrahim (A) , pour rendre hommage à Dieu qui a soumis à l’homme, ces animaux car Il dit dans le saint Coran : « Nous vous avons désigné les chameaux (et les vaches) bien portants pour certains rites établis par Allah. Il y a en eux pour vous un bien [prononcez donc sur eux le nom d’Allah, quand ils ont eu la patte attachée, (prêts à être immolés) Puis, lorsqu’ils gisent sur le flanc, mangez-en, nourrissez-en le besogneux discret et le mendiant. Ainsi, Nous vous les avons assujettis afin que vous soyez reconnaissants ». Sourate 22 Verset. 36

A la lumière de ce verset, il apparaît que le sacrifice est d’abord un rite pour plaire à Dieu, puis un signe de largesse à l’endroit de sa famille (mangez-en) et des pauvres (Nourrissez-en le besogneux discret et le mendiant) pendant la fête.

Quelle bête choisir pour l’offrande ?

Un mouton, une chèvre, un bœuf ou un chameau. Il est permis de s’associer à sept (07) pour offrir un chameau ou un bœuf. Selon certains savants musulmans, la meilleure offrande est un bélier cornu, ayant des tâches noires autour des yeux et aux pattes. En effet, Aïcha une des épouses du prophète Muhammad (Saw) a rapporté que ce dernier a sacrifié le jour de l’Aïd (fête), un grand et beau bélier cornu, qui mangeait dans le noir, marchait dans le noir et regardait dans le noir.

En outre, on n’immole pas n’importe quelle bête ; celle-ci doit remplir les conditions suivantes :

1- l’âge :

1 an environ pour le mouton

12 mois (au moins) pour la chèvre

24 mois (au moins) pour le bœuf

4 ans (au moins) pour le chameau.

2- La validation :

la bête doit être valide et saine ;

elle ne doit être ni borgne, ni boiteuse, ni amputée d’une corne ou d’une oreille, ni malade, ni chétive (très maigre).

Toutefois, certains savants musulmans admettent que lorsque quelqu’un achète une bête saine et que celle-ci devient borgne ou boiteuse par la suite, il peut quand même l’égorger. Dans tous les cas, le prophète Muhammad a dit ceci : « ...N’offrez point à Dieu le Très Haut ce que vous n’oserez offrir à votre bien aimé, Dieu est le Plus Généreux (Pourvoyeur par excellence) et Celui qui a le plus droit à une offrande bien choisie ».

Quand faut-il immoler ?

Après la Prière de l’Aïd et jamais avant, car le prophète Muhammad (saw) a dit : « Qui sacrifie sa bête avant la Prière, c’est de la viande qu’il s’offre, mais qui le fait après la Prière, c’est un vrai sacrifice rituel conforme au sacrifie que font les musulmans « .

Il est permis de retarder le sacrifice au 2ème ou 3ème jour de l’Aïd car le prophète a dit : « Tous les jours du ( Tach ‘rik » sont valables pour le sacrifice c’est-à-dire les 11, 12, et 13ème Zul-Hidja) ».

Comment immoler, pratiquement ?

1- Il faut coucher la bête face à la quibla (Kaaba) et invoquer Dieu en disant par exemple : « Au nom d’Allah ! et Allah est grand. Ö Seigneur, c’est de Toi et pour Toi (que je l’immole). Ö Allah, accepte-la de moi ». On peut également ajouter ce que Ibrahim (A) disait : « Ma prière, mon offrande, ma vie et ma mort appartiennent à Dieu. C’est ce qui m’a été ordonné (de faire) et je suis le Premier à m’y soumettre « .

2 - Il est préférable que le fidèle égorge lui-même sa bête ; à défaut, qu’il assiste à l’offrande car, le prophète (Saw) disait à sa fille Fatima : « Lève-toi et va observer ton offrande ». Cependant il est interdit de donner une part du sacrifice comme récompense au boucher qui a égorgé l’animal. Le fait donc de donner (obligatoirement) le cou ou la tête de la bête n’a aucun fondement religieux.

3 - Il est bon de repartir la viande en trois (3) lots : 1/3 pour la famille, 1/3 pour l’aumône et 1/3 aux amis car le Coran stipule : « Mangez-en pour vous-même et faites-en aussi un repas pour les humbles et les nécessiteux « .

Et le prophète ( Saw) disait : « Mangez-en, conservez-en et faites-en de l’aumône ». Mais ce n’est pas un péché d’offrir toute la viande ou de consommer tout. Il est seulement interdit de vendre la viande ou la peau de l’animal ou d’en échanger contre quelque chose.

4 - Tous les membres de la famille, quel que soit leur nombre, peuvent offrir une bête car , du vivant du prophète (Saw), il sacrifiait une bête aussi bien pour lui que pour toute sa famille.

5 - Que ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter une bête ne se lamentent point, le prophète Muhammad (Saw) a déjà sacrifié une bête au nom de toute sa communauté, mais seulement pour ceux qui sont dépourvus de moyens.

Comme pour tout acte du Musulman, l’immolation doit être précédée d’une intention. Et celui qui prend l’intention d’immoler, doit s’interdire de se raser les cheveux et de se couper les ongles dès qu’apparaît la lune du mois de Zoul Hidja jusqu’au jour du sacrifice. Car le prophète a dit : « Lorsque apparaît la nouvelle lune de Zoul-Hidja et que l’on se propose d’offrir une bête en sacrifice, qu’on s’abstienne de toucher à ses cheveux et à ses ongles, jusqu’à l’accomplissement de l’offrande » .

Il faut retenir en définitive que le sacrifice est avant tout un acte de piété comme l’a si bien dit le Seigneur au Verset 37 de la Sourate 22 du Coran : « Ni leurs chairs, ni leurs sangs n’atteindront Allah, mais ce qui l’atteint de votre part, c’est la Piété. Ainsi vous les a-t-il assujettis afin que vous proclamiez la grandeur d’Allah, pour vous avoir mis sur le droit chemin. Et annonce la bonne nouvelle au bienfaiteur « .

Alors, qu’aucune avarice ne pousse quelqu’un à avoir de la peine à acheter une bête pour l’offrir à Dieu qui nous a pourvu l’argent dont nous disposons. A l’opposé, qu’aucune prodigalité (abondance) ne nous conduise dans une exagération qui nous fera perdre l’essence de l’immolation ; le juste milieu demeure toujours le meilleur. Par ailleurs, n’oublions pas les pauvres et les nécessiteux dans le partage.

Puisse Allah nous enseigner les pratiques qui nous permettent de nous purifier et nous rapprocher de Lui. Bonne fête à tous et à toutes.

Le comité de presse de l’AEEMB

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