Actualités :: Morts de Balpouré : Les résultats de l’enquête de commandement

On sait à peu près comment les choses se sont passées à
Balpouré où 4 corps sans vie ont été retrouvés dans le courant
du mois de décembre. Le Directeur général de la police a
rencontré la presse le vendredi 6 janvier à Ouagadougou, pour
livrer à l’opinion nationale les résultats de l’enquête réalisée par
le commandement. Si la police reconnaît certains
dysfonctionnements dans son dispositif, elle réfute cependant la
thèse de la bavure.

"Je voudrais, au nom de l’ensemble des fonctionnaires de la
Police nationale, vous dire merci pour votre disponibilité
constante à toujours répondre à nos invitations et vous
souhaiter la bienvenue dans cette enceinte de la Direction
générale de la Police nationale, et plus précisément dans cette
salle de conférences au nom si évocateur (pour le sujet de ce
jour) de "Commissaire Dramane Coulibaly".

La présente conférence de presse fait suite aux instructions de
monsieur le ministre de la Sécurité reçues lors de la cérémonie
de remise de médailles d’honneur de la police aux
fonctionnaires de police le 23 décembre dernier, instructions
tendant à ce que la Direction générale de la Police nationale
livre à l’opinion, les résultats de l’enquête de commandement
menée à l’interne, suite à la découverte de quatre corps sans vie
à Balpouré, localité située à une soixantaine de kilomètres de
Ouagadougou sur l’axe Ouagadougou-Kongoussi, alors qu’une
patrouille de police opérait dans les environs.

Je vais dans un premier temps vous situer le contexte des
opérations de police entreprises depuis quatre mois, et dans un
deuxième temps, vous donner notre lecture de ce qui a pu se
passer, à l’étape actuelle de nos investigations, sur la base des
comptes rendus des fonctionnaires de police et des
témoignages de victimes d’attaques de bandits cette nuit-là sur
le tronçon.

1 - DU CONTEXTE DES OPERATIONS DE SECURISATION DES
AXES ROUTIERS

Dans le courant du mois d’août 2005, devant la montée sans
cesse croissante des attaques à mains armées sur toute
l’étendue du territoire national et plus particulièrement sur les
axes routiers, le gouvernement a consenti des efforts
budgétaires extraordinaires afin de permettre aux forces de
police et de gendarmerie de lutter efficacement contre le fléau
qui, vous le savez, a endeuillé plus d’une famille, spolié de
nombreux citoyens de leurs biens et ôté à tout le monde, toute
envie de déplacement, de jour comme de nuit, à pied ou en
véhicule sur les axes routiers.

Ainsi, à partir du 7 septembre, et pour prendre la relève des
Compagnies Militaires d’Appui à la Sécurité (C.M.A.S.), une
nouvelle stratégie a été mise en oeuvre, qui consiste
principalement à mener toutes les actions tendant à enrayer
cette forme d’insécurité et permettre aux populations de vivre et
se déplacer dans la paix et la sécurité par :
- des patrouilles motorisées sur certains axes routiers en vue
de sécuriser par la prévention et la répression le cas échéant,
toutes les formes d’agression,
- des opérations de ratissage dans les zones réputées
criminogènes pour le démantèlement des réseaux de bandits,
- des surveillances régulières dans les villages, les secteurs et
les marchés pour rassurer les populations par une proximité
remarquée des forces de sécurité.

Quotidiennement donc, et cela 24 h sur 24 h les services
centraux et déconcentrés de la Police nationale, à l’instar de
ceux de la gendarmerie, sillonnent ces voies ouvertes à la
circulation pour prévenir les attaques, et riposter au besoin en
flagrant délit.

2 - DES FAITS DE BALPOURE

Dans la nuit du 6 décembre 2005, une équipe de la
Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) de Ouagadougou
assurait la patrouille de prévention sur l’axe
Ouagadougou-Kongoussi dans le cadre de la mission de
sécurisation des voies.

Alors qu’elle revenait de Kongoussi, elle a été avisée vers 23 h
00 à l’entrée du village de Imiougou, par un transporteur, de la
présence de coupeurs de routes sur l’axe, et dont il a été l’une
des victimes.
Poursuivant sa progression, l’équipe a rencontré un deuxième
transporteur qui a confirmé la présence de bandits qui venaient
de lui prendre son téléphone cellulaire et une somme de
quatre-vingt-cinq mille (85 000) F CFA.

Devant cette certitude de la présence de bandits sur la voie,
l’équipe s’est scindée en deux (2) groupes : un premier groupe
resté dans le véhicule est parti en direction de Ouagadougou
afin de déjouer la stratégie des coupeurs de routes, habitués
maintenant aux phares des véhicules de patrouilles, et l’autre
groupe a poursuivi sa progression à pied dans le but de
surprendre lesdits bandits.

Chemin faisant, le groupe qui progressait à pied a rencontré à
l’entrée du village de Manéga, un troisième transporteur qui,
après avoir déclaré qu’il avait été victime des bandits, a
recommandé la prudence aux policiers car les bandits
opéreraient dans un camion benne en direction de
Ouagadougou, en simulant des pannes. C’est ainsi qu’il serait
lui - même tombé dans le piège.

Ayant loué les services d’un camionneur pour tenter de rattraper
le camion benne en question, les policiers ont encore rencontré
un autre transporteur qui leur a déclaré avoir été victime de
coupeurs de routes à Balpouré. Ceux-ci, après avoir relevé le
numéro d’immatriculation de son véhicule, l’ont menacé de mort
si d’aventure il communiquait leur position à la patrouille de la
C.R.S.

Ainsi, convaincue de la présence des occupants du camion
benne aux environs de Balpouré, la patrouille a libéré ledit
véhicule et a progressé à pied afin de surprendre les bandits.
C’est alors qu’elle est tombée sur le camion benne
préalablement décrit, en stationnement au bord de la route, à la
sortie du village de Balpouré.

A la faveur de l’obscurité, et croyant probablement avoir affaire à
des usagers de la voie, quatre personnes ont surgi de la
direction du camion, l’une d’elles tenant dans sa main un objet
qui avait toutes les apparences d’un pistolet. S’étant aperçu qu’il
s’agissait des agents de la patrouille, elles ont tenté de fuir
après que le porteur de l’arme a tiré avec l’arme qu’elle détenait,
et qui s’est avérée après être un pistolet de fabrication
artisanale, tirant des cartouches de calibre 12. C’est dans cette
tentative de fuite qu’elles ont succombé à la riposte des
policiers.

Il est à signaler que toute la scène s’est déroulée tard dans la
nuit, dans toute l’ambiance qui caractérise de telles opérations,
dans un contexte de durcissement des méthodes de lutte, suite
à l’attaque criminelle du car de transport de la société SOGEBAF
sur le tronçon Tougouri-Yalgo, le 3 décembre 2005.

La suite, c’est le compte rendu de l’accrochage à la hiérarchie,
la conduite du camion benne dépourvu de documents dans le
service de sécurité le plus proche, en l’occurrence le
commissariat de police de Dapelogo afin d’identifier toutes les
personnes pouvant donner des informations complémentaires
qui pourraient guider les services de police judiciaire
généralement chargés des enquêtes après une telle situation et
aussi le Commandement qui cherche toujours à comprendre et
à situer les responsabilités en cas d’accrochages entre les
bandits et les services de sécurité.

Un léger dysfonctionnement de notre dispositif a engendré une
certaine lenteur dans la gestion du dossier, ce qui n’a pas
permis de poser certains actes qui auraient de toute évidence
évité le spectacle qui a été servi au public et empêché les
critiques qui sont faites aujourd’hui à toute la police alors que la
conviction de la patrouille a été faite et reste constante qu’elle
est tombée sans conteste sur le camion benne en question,
utilisé par les coupeurs de routes signalés par les victimes.

Mais nous en convenons avec vous (les analystes de la
situation), que devant un certain nombre de faits, (l’absence
dans le camion des biens signalés volés, l’origine des
victimes), des points d’ombre demeurent et nous nous attelons
à les éclaircir. Il s’agit notamment de chercher à savoir :
- pourquoi le camion benne, ayant été aperçu quittant
Kongoussi vers 19 h 00, se trouvait encore, sans panne
apparente, à une soixantaine de kilomètres de Ouagadougou,
Kongoussi étant distant de Ouagadougou de 110 km ?
- si le camion benne et ses occupants n’avaient pas été
réquisitionnés par les bandits pour leur basse besogne.
- s’il n’y a pas eu erreur sur les personnes par l’action des
véritables bandits qui ont livré dans leur fuite les vrais occupants
du camion, préalablement détenus en otage.
- s’il n’existait pas de complicité entre les occupants du camion
benne et les coupeurs de route, certains témoignages attestant
d’actions qui laissent supposer une telle éventualité (exemples :
le fait pour les bandits de lever les barricades afin de permettre
au camion benne de passer ; le fait que ce camion benne n’ait
jamais été fouillé par les bandits et que ses occupants aient
conversé amicalement avec les bandits, etc...).

Ce sont là des questionnements qui requièrent plus de temps
et de témoignages pour leurs réponses.
Pour l’instant, il y a eu mort d’hommes, et pour nous la vie
humaine est sacrée.

Aussi voudrais - je dans le sillage de
monsieur le ministre de la Sécurité, présenter, au nom de toute
la Police nationale, toutes nos condoléances aux familles
éplorées. Nous les rassurons que tout est mis en oeuvre pour
que toute la lumière soit faite sur les points d’ombre ci -dessus
cités.

Aux vaillantes populations toujours victimes de l’action
crapuleuse et violente des bandits, nous réaffirmons notre
engagement à toujours risquer notre vie pour traquer toutes les
personnes qui ont choisi la courte échelle pour s’enrichir aux
dépens des autres.

Le cas de Balpouré est peut-être un cas
malheureux mais les quelques supputations actuelles ne
doivent pas nous faire baisser les bras, et nous allons
poursuivre la lutte engagée afin de refaire du Burkina, ce havre
de paix et de sécurité qu’il était il y a de cela une dizaine
d’années."

Le Pays

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