Actualités :: Le PDDEB : Trois ans d’exécution, un bilan mitigé
Tibo Hervé Kaboré, SP du PDDEB

Le Plan décennal de développement de l’éducation de base est (PDDEB) en marche depuis trois ans. C’est la fin de la phase I et l’heure du bilan.

Le bilan des trois années de mise en œuvre du PDDEB démontre une évolution tant au niveau de l’accès, de la qualité que du renforcement des capacités. Ainsi, l’augmentation des salles de classe, d’écoles et d’enseignants a largement amélioré la capacité d’accueil. Cela a permis d’atteindre une moyenne de 51 élèves par classe ; le taux brut de scolarisation est de 52,2% (2003-2004). L’effectif des enseignants chargés des cours a augmenté (de 20% en 2 ans), de même que le nombre d’écoliers, avec une arrivée accrue de filles.

Les taux d’abandon et de redoublement ont chuté, tandis que le taux de réussite au certificat d’étude primaire connaît une évolution très positive (73,7% en 2003-2004).

Les manuels scolaires demeurent insuffisants, ainsi que les places assises pour les élèves, les logements des enseignants et l’équipement des écoles en eau potable et latrines n’ont pas suivi.

L’éducation non formelle suit aussi une courbe ascendante en ce qui concerne les effectifs, avec une participation significative des femmes.

Sur les papiers, les différents bilans produits jusque-là sont positifs. Tout semble bien se passer, même si par moment il faut réorienter ou recadrer certaines choses.

Les autorités en charge du PDDEB se battent pour réussir leur mission, tant le PDDEB leur tient à cœur. Mais, sur le terrain, les syndicats et les enseignants estiment que ça coince.

A l’ouverture de la 6e mission conjointe, le 16 décembre 2005 à Ouagadougou, le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Mme Odile Bonkoungou disait : “Nous pouvons dire sans risque de nous tromper qu’il y a des motifs de satisfaction”.

Elle a salué l’engagement financier appréciable de l’Etat et des partenaires, la contribution des parents d’élèves et des mères éducatrices. Madame le ministre reconnaît que les difficultés subsistent.

Il s’agit de la réalisation des infrastructures éducatives, le pilotage et la gestion, l’acquisition et la distribution des fournitures, manuels scolaires et matériels didactiques, les programmes d’éducation, la qualité de l’environnement scolaire, les ressources humaines, etc. Pour relever ces défis, le MEBA s’engage non seulement à s’appuyer sur les leçons de la phase I, mais aussi à rendre opérationnelles toutes les mesures correctives qui seront issues de la mission conjointe.

“Nous avons décidé d’une relance accélérée de la mise en œuvre du PDDEB, afin d’obtenir en 2006, des résultats encore plus performants”, a déclaré madame Bonkoungou dans son discours d’ouverture du IVe Conseil d’administration extraordinaire de son département (CASEM) consacré à la mise en œuvre du PDDEB.

Les responsables syndicaux, qui ont toujours souhaité se faire entendre sur ce programme décennal, n’ont pas participé à cette rencontre. Motif : la date coïncidait avec les 72 heures de grève observées par les centrales syndicales du Burkina.

Assétou BADOH


Qu’est-ce que le PDDEB ?

Le Plan décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) vise à améliorer le système éducatif. Il a été lancé officiellement en septembre 2002 après avoir été approuvé par l’Assemblée nationale en 1999. Le PDDEB vise trois objectifs : Le développement de l’offre éducative de base, l’amélioration de la qualité, l’efficacité et la cohérence ; et enfin, le développement des capacités de pilotage, de gestion, de coordination et d’évaluation des structures centrales et déconcentrées. Ceci, aussi bien pour l’éducation formelle que non formelle.

Les défis que le plan entend relever sont entre autres la réduction des disparités entre genres et entre régions, l’atteinte de 70% du taux brut de scolarisation et 40% de taux d’alphabétisation à l’horizon 2010.

La stratégie retenue est d’exécuter le Plan décennal en phases triennales successives, chaque phase poursuivant des objectifs spécifiques.

La dernière année de chaque phase est consacrée à des actions d’évaluation et de nouveaux programmes de consolidation de l’action.

Vu les objectifs du PDDEB, une mobilisation importante de ressources financières est nécessaire, un budget de 235 milliards lui est alloué et est ainsi réparti entre les trois composantes principales : 83% pour l’accès, 14% pour la qualité et 3% pour le renforcement des capacités de gestion et de planification.

A.B.


Le PDDEB vu par les Syndicats

M. Tahirou Traoré, SG du SYNATEB

“Le PDDEB dans sa conception n’a pas demandé la participation des premiers acteurs, à savoir les syndicats d’enseignants. Les objectifs sont nobles, mais lorsqu’on regarde les conditions qui sous-tendent le financement du PDDEB, on se pose beaucoup de questions. La stratégie est que l’Etat se désengage de la prise en charge pédagogique, financière et administrative des enseignants, au profit des collectivités locales.

Le temps de formation des enseignants est court ; le PDDEB entend le réduire encore. Le système des classes à double flux, les effectifs pléthoriques sont encore une réalité. On a multiplié les circonscriptions d’éducation de base où on affecte des encadreurs sans moyens de déplacement. Ils n’ont reçu que 30 000 F CFA en 2004-2005 pour assurer le fonctionnement du service et l’encadrement du personnel. Pour le financement des Groupes d’animation pédagogique (GAP), ils n’y ont pas consacré plus de 75 000 F CFA alors qu’il est prévu 500 000 F CFA.

Pour la gratuité, il y a eu 83 000 admis au CEP. L’Etat n’a pu assurer la place qu’à 22 000, les 61 000 doivent s’orienter vers le privé. Dans les 20 provinces prioritaires, la prise en charge de la cotisation des filles n’est pas effective ; le cartable minimum arrive tard et parfois vide. Il n’y a plus de redoublement dans les classes intermédiaires, et vu le taux de redoublement et de renvoi au secondaire, on voit que la formation n’est pas à la hauteur. Il faut qu’on en discute sérieusement pour mettre les gens en confiance”.

M. Hien Lambert, secrétaire général adjoint du SNEAB

“Nous avons salué le programme de façon globale, mais il y a des insuffisances, notamment dans la carrière des enseignants. Nous avons fait des suggestions qui n’ont jamais été prises en compte. Concrètement, tout se passe comme s’il n’existait même pas un programme, car nous vivons dans les mêmes conditions.

L’objectif de décongestionner des classes n’est pas effectif (200 gosses dans une classe à Ouagadougou). Si les choses avaient fonctionné normalement, cela n’arriverait pas.

Ils ont prévu un livre pour deux, en se basant sur les statistiques de 2002 et les documents sont arrivés en 2004. Les effectifs ont évolué et on s’est retrouvé avec 1 livre pour 4 et quelquefois pour 5, notre objectif n’est pas de salir qui que ce soit. Les kits scolaires aux filles, une discrimination positive saluée à sa juste valeur, de même que la prise en charge des filles n’est que de la poudre aux yeux. C’est la cotisation qui fait fonctionner les écoles.

Dans mon école, nous avons reçu 12 boîtes de craie soit 2 boîtes par classe et pour toute l’année. C’est soit l’enseignant qui achète sa craie, soit ce sont les parents d’élèves qui s’en chargent. Il y a un fossé énorme entre les discours et la réalité ; vu le disfonctionnement intervenu à un certain moment. Si l’argent avait été utilisé à bon escient, on en serait pas là. Le PDDEB développe tout, sauf l’éducation de base. Nous ne notons aucun changement. Certaines situations ont au contraire, empiré. La construction des salles de classe et des efforts de recrutement sont à saluer, mais restent en deçà des attentes. Donc, si quelque chose peut encore être fait, qu’on le fasse pour le bien de tous”.

A.B

Sidwaya

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