Le Projet énergie et croissance économique durable dans la Boucle du Mouhoun (Projet ECED-Mouhoun) a organisé une caravane de presse du 24 au 26 octobre 2022 dans la province du Mouhoun pour toucher du doigt quelques-unes de ses réalisations. Durant sa mise en œuvre entrée en vigueur à partir de 2018, le projet a permis d’introduire de nombreuses innovations dans la façon dont les activités économiques sont menées par des populations dans la région.
La première journée de la caravane a mis le cap sur la visite de quelques réalisations du projet qui ont trait au « Développement économique local ». Ce volet correspond à l’une des trois composantes opérationnelles du programme. A ce niveau, il s’agit d’accompagner les acteurs économiques dans la région à travers l’introduction de l’énergie solaire pour appuyer les activités génératrices de revenus et booster par exemple le développement des filières de maraîchage, de la volaille locale et de la filière du poisson.
Et pour y parvenir, le projet énergie et croissance économique durable dans la Boucle du Mouhoun (ECED-Mouhoun) a mis un accent particulier sur la production et la facilitation de l’accès à l’énergie solaire au profit des bénéficiaires. Cette situation a contribué à insuffler des innovations majeures dans la réalisation des activités économiques au niveau des populations rurales de la région.
- Composé par exemple d’une salle technique, d’un forage, d’une salle du froid-congélation, le centre abritant la plateforme multifonctionnelle hybridée du groupement Manègré de Toroba Mossi est une plaque tournante de l’activité économique de ces femmes
En effet, l’une des plateformes multifonctionnelles hybridées à l’énergie solaire située dans la bourgade de Toroba Mossi, localité se trouvant à une cinquantaine de kilomètres de Dédougou est la première réalisation du projet à être visitée par les hommes de médias. Le groupement Manègré, fort d’une équipe de 106 femmes, est le bénéficiaire local de l’appui financier du projet à hauteur de 60 000 000 FCFA. La plateforme fonctionnait à base du gasoil bien avant l’avènement du Projet ECED-Mouhoun. Selon la secrétaire générale de ce groupement féminin, Mamounata Ouédraogo, la gestion de la plateforme thermique était source de souffrances.
Cependant, elle reconnaît que l’hybridation de la plateforme multifonctionnelle a été un soulagement pour le groupement. « Nous n’avons plus besoin de dépenser beaucoup d’argent pour l’achat du gasoil. Le démarrage du moulin n’est plus un casse-tête chinois car il suffit d’appuyer sur un bouton », dit-elle avec un air épanoui. Au-delà de ces facilités introduites, l’utilisation du solaire a suscité des activités génératrices de revenus au profit des femmes. « Avec l’énergie solaire, nous faisons du froid-congélation, rechargeons des téléphones. Nous avons aussi un forage qui permet d’alimenter le village en eau potable. L’utilisation de l’énergie solaire nous est très bénéfique. », a témoigné Madame Ouédraogo.
- Des poussins de Alizèta Korobeogo dans leur éleveuse solaire
Alizèta Korobeogo est habitante du village de Kari, une localité rurale située à vingt kilomètres de la capitale de la région de la Boucle du Mouhoun. Elle pratique l’élevage de la volaille locale depuis plus de dix ans en utilisant des méthodes rudimentaires. Mais son activité a été révolutionnée grâce à sa rencontre avec le Projet ECED-Mouhoun. Elle explique que le processus d’éclosion des œufs et d’élevage des poussins a connu une accélération plus importante grâce à l’introduction de la couveuse et de l’éleveuse toutes deux alimentés à l’aide du système solaire. D’une capacité respective de 120 œufs et de 120 poussins, ces innovations ont coûté 4 730 667 FCFA à ECED-Mouhoun et 75 000 FCFA au bénéficiaire. Elles ont permis à Alizèta Korobeogo d’accroître sa productivité en volaille locale d’où sa capitalisation de plus de 700 têtes de volaille, pintades et poules, en moins d’une année de mise en œuvre de ces nouvelles méthodes de production.
- Comme Modou Sé, ces femmes du groupement Panissé ne se donnent plus de la peine pour tirer l’eau du puits ou utiliser des motopompes à essence
L’introduction de l’énergie solaire dans le domaine de la maraîcheculture dans le cadre de la mise en œuvre du projet ECED-Mouhoun a exempté beaucoup de structures féminines et de jeunes de certaines tâches. En même temps, elle a accru leurs capacités de production. C’est par exemple le cas du groupement Panissé et de Modou Sé.
Le premier est un groupement de soixante-sept femmes du village de Souri situé dans la partie ouest de Dédougou sur l’axe Bobo-Dioulasso-Dédougou. Quant au second, il est un particulier vivant à Kounadia, un hameau de culture à cheval entre Dédougou et Tchériba.
- Pour la cheffe de mission adjointe du projet ECED-Mouhoun, Safiatou Ouédraogo, le projet est allé au-delà de ses prévisions de départ.
Ayant bénéficié respectivement d’un appui de 6 000 000 et de 5 000 000 FCFA de la part du projet, ces deux producteurs se sont équipés en système de pompage solaire. D’abord, chacun de ces exploitants a affirmé que l’utilisation du solaire les dispense de l’usage de la force motrice pour arroser les plants. En plus, l’emploi des motopompes à essence qui est « extrêmement » coûteux n’est à plus à l’ordre du jour. Et enfin, le solaire permet de rentabiliser leur activité dont les revenus sont utilisés pour s’occuper de la famille et développer d’autres activités.
En rappel, le Projet ECED-Mouhoun est cofinancé par Affaires mondiales Canada (AMC), l’Agence burkinabé de l’électrification rurale (ABER), l’Etat du Burkina Faso, Windiga énergie et la Fondation SEMAFO. La mise en œuvre est assurée par Cowater international pour une période de 6 ans (2017-2023).
Yacouba SAMA
Lefaso.net
