Actualités :: « Urbanisme de crise » au Burkina Faso : concrètement ?

Les villes peuvent contribuer à résoudre la crise que subit le Burkina Faso depuis presqu’une décennie. Si elles sont bien aménagées et attractives, les villes peuvent prévenir la crise en offrant des opportunités d’emplois aux jeunes. Elles peuvent également atténuer les effets néfastes de la crise en absorbant convenablement le flux de personnes déplacées internes (PdIs), en attendant leur retour volontaire et libre dans leurs villages d’origine sécurisés. Tel est le postulat qui soutend cet écrit, qui a pour but d’apporter des pistes de solutions urbaines à la crise multidimensionnelle au Burkina Faso.

Le terme « urbanisme de crise » a été prononcé lors du premier CASEM du Ministère de l’urbanisme, des affaires foncières et de l’habitat (MUAFH) le 11 août 2022, puis repris par le Ministre en charge de l’urbanisme, lors de la cérémonie de remise des infrastructures socio-collectives aux collectivités territoriales et de la pose de la première pierre de la cité de logements au profit des PDIs et communautés hôtes en situation de vulnérabilité, le samedi 13 août 2022, à Kaya. Que renferme cette notion d’ « urbanisme de crise » et quel pourrait être son contenu, pour un traitement structurel et cohérent d’un pan de la crise ?

Une crise multidimensionnelle

Lorsqu’on parle de crise au Burkina Faso, il nous vient en tête la crise sécuritaire avec son corollaire de plus de deux millions de déplacés internes, puis la crise sanitaire de la Covid 19 qui est passée, mais dont les restrictions traumatisantes demeurent encore dans les mémoires des citadins burkinabé.

En réalité, ces crises qui ont fait surface, reposent sur de longues crises structurelles et plus anciennes que sont la crise du développement urbain territorialement déséquilibré, la crise de l’urbanité avec la prolifération des quartiers non lotis, la crise de l’accès aux services urbains de base (voirie, eau potable, assainissement, électricité, internet, etc.), la crise de l’accès aux services socio-collectifs (infrastructures d’éducation et de santé prioritairement), la crise du logement, la crise du foncier, la crise économique de la « vie chère », etc.

Les vagues de déplacés internes dans les centres urbains du Burkina Faso n’ont fait donc que révéler cette situation de crise urbaine sous-jacente et généralisée. Mais elles ont également montré la prédominance des valeurs de solidarité et d’entraide, notamment au sein des quartiers non lotis, qui ont servi de véritables « éponges urbains » pour juguler le flux de déplacés internes massifs, dont les chiffres officiels annoncés reflètent peu la réalité des mouvements migratoires informels de populations ayant rejoint leurs familles dans les quartiers non lotis.

Comment se fait-il que les quartiers non lotis et leurs populations vulnérables, quartiers les plus denses des villes burkinabé, quartiers les moins nantis en logement décents, en services sociocollectifs et en services urbains de base, soient ceux qui accueillent le plus de déplacés internes ? Cet exemple de solidarité urbaine montre bien qu’il est possible d’envisager des solutions plus appropriées et systémiques à l’échelle des villes, pour un développement territorial plus équilibré et pour assurer une dignité urbaine à tous les citadins burkinabé.

Urbanisme ou Urbanisme de crise ?

L’urbanisme est l’art d’aménager les villes, de les créer, de les étendre et/ou de les transformer pour répondre aux besoins de leurs résidents et de leurs usagers. A ce titre, parler d’« urbanisme de crise » serait une tautologie car par essence, l’urbanisme offre une réponse à un besoin existant ou futur, à une crise en milieu urbain. La crise se définit comme la rupture de la stabilité d’un système.

Dans les études urbaines, les besoins ou déficits sont généralement exprimés en gap de linéaires de voiries à aménager, de superficies de zones à aménager, de nombre de classes à construire, de nombre de centres de santé à construire, de nombre de logements à bâtir, etc. L’urbanisme consiste à diagnostiquer, quantifier les besoins ou déficits et planifier des actions, pour rétablir l’équilibre du système urbain à un horizon donné ou pour anticiper sur les besoins à venir en proposant une offre adéquate. A ce sens, l’urbanisme (tout court) constitue en soi, un moyen de réponse à la crise.

Faisant le lien entre l’urbanisme et la santé, Albert Levy (2012) énonce trois révolutions urbaines en France : les révolutions pastorienne, freudienne et environnementale. La révolution pastorienne au 19e et début du 20e siècle, est relative à la crise engendrée par le développement industrielle, son corollaire de logement insalubre et correspond à l’urbanisme hygiéniste qui a consisté notamment à intégrer les systèmes d’assainissement dans toute la ville. La révolution freudienne au 20e siècle, en lien avec la psychanalyse a eu pour effet de considérer la ville comme un corpus à soigner sur tous les plans matériel, urbain, social et médical.

Enfin, la révolution environnementale en œuvre depuis ce 21e siècle, promeut les écoquartiers, est soucieuse de la protection, de la sauvegarde environnementale et insiste sur l’importance d’intégrer et non d’opposer la nature à la ville. C’est donc dire que l’urbanisme a su trouver une réponse adaptée aux différentes crises sanitaires occidentales, même si les réflexions se poursuivent sur les modèles urbains adaptés post-Covid 19, en lien avec la révolution environnementale en cours.

En Afrique et au Burkina Faso en particulier, loin de faire du suivisme occidental, il appartient aux urbanistes de trouver leurs propres modèles et solutions adaptés aux pratiques et réalités urbaines locales. C’est ainsi qu’au-delà des réponses humanitaires (don de tentes et kits sanitaires et de vivres aux PDIs), il convient de rechercher des solutions à la fois contextuelles et globales face à la crise urbaine multidimensionnelle, particulièrement au sein des villes petites et moyennes, accueillant des PDIs.

A ce sujet, le Projet de résilience des collectivités territoriales, face aux déplacements massifs de population et à la pandémie de Covid19, financé par l’Union Européenne et exécuté par ONU Habitat, sous l’égide du MUAFH, est un test en grandeur nature de ce qui pourrait être une amorce de réponse holistique et durable à la crise. Ce projet prend en compte la satisfaction des besoins combinés en logements, en services socio-collectifs (éducation santé), en services urbains de base et en activités génératrices de revenus en milieu urbain. C’est donc toute la planification urbaine concertée qui est ainsi repensée, afin d’être en phase avec les attentes urgentes des populations bénéficiaires.

Un urbanisme qui saurait trouver des solutions à la fois immédiates (quelques mois), à court (2 à 5ans) moyen (5 à 10 ans), long (10 à 25 ans) et très long (25 à 50 ans) termes à la crise, pourrait donc être qualifié d’« urbanisme de crise ». Cet urbanisme dit « de crise » ne se contenterait pas des solutions urbaines classiques à court, moyen et long termes auxquelles sont familiers les urbanistes, mais répondrait également aux besoins humanitaires, pressants et urgents des populations, à travers des actions opérationnelles aux effets immédiats, mais intégrées dans une logique évolutive et globale à très long terme. Cela reviendrait à prendre en compte le facteur temporel, en faisant notamment référence à la notion d’ urbanisme « transitoire » ou « tactique », qui consisterait à aménager des espaces transitoires ou temporaires en attendant la finalisation d’un projet global à venir.

Des propositions concrètes d’un urbanisme dit « de crise »
En recherchant des solutions guidées par un urbanisme « transitionnel » mais également une réponse à des besoins à la fois urgents et intégrés dans une cohérence systémique, voici dix pistes de solutions pour agir :

1) Restructurer les quartiers non lotis. Lieu privilégié d’accueil des PDI, même s’ils ne ressortent pas dans les statistiques officielles, il n’y a qu’à voir comment les vieilles tentes des humanitaires cohabitent avec les habitations dans quartiers non lotis des villes hôtes de PDIs pour s’en convaincre. Le gouvernement burkinabé dispose depuis 2018 d’un Cadre stratégique de résorption des zones d’habitat spontané au Burkina Faso. Selon cette étude qui a concerné les 13 chefs-lieux de région, les communes rurales du Grand Ouaga et la commune urbaine de Pouytenga, 26 583 hectares de non lotis ont été repérés, pouvant accueillir 4.000.000 de nos concitoyens, soit un burkinabé sur cinq.

Le projet autofinancé par les résidents avec le concours du secteur privé, consiste à restructurer ces quartiers non-lotis afin de les viabiliser, d’assurer une sécurisation foncière aux occupants en vue de l’« autoconstruction » de leurs habitations, tout en permettant le développement d’activités économiques et tertiaires au sein d’immeubles de logement en hauteur, le long des axes structurants de ces quartiers restructurés qui seront bitumés. Une sorte de « révolution freudienne » qui consiste donc à intégrer davantage ces quartiers à la dynamique urbaine, d’autant plus qu’ils sont déjà situés au sein du tissu urbain.

Ainsi, restructurer les quartiers non lotis permet de garantir un accès à la sécurisation foncière, au logement et aux services urbains de base aux citadins résidents, dont les nombreuses communautés de PDIs et d’hôtes en situation de vulnérabilité qui y vivent. Cette restructuration urbaine est couplée à l’aménagement de trames d’accueil qui pourrait consister à prévoir par anticipation des ilots viabilisés avec l’aménagement de voiries urbaines, gages et précurseurs de l’urbanisation. Il s’agit de promouvoir un urbanisme de coopération avec un financement urbain endogène et des partenariats public-privés pour exécuter des projets urbains.

2) Aménager des cités de logements urbains pour personnes en situation de vulnérabilité.

Il ne s’agit pas de rechercher des centaines d’hectares aux périphéries des villes pour créer des « cités de réfugiés », ce qui contribuait encore à stigmatiser les PDIs. Bien au contraire, au sein des tissus aménagés, existent des friches, des domaines insuffisamment ou non mis en valeur d’une dizaine d’hectares ou moins, qui peuvent être convenablement aménagés.

Les plans types conçus dans le cadre du Projet de résilience urbaine exécuté par ONU Habitat sont constitués de modules de base de logements jumelés de type F2 (1 chambre-salon) de 18 m² évolutifs, extensibles chacun en F5 (4 chambres-salon) sur des parcelles de 150 m² chacune. Les logements jumelés sont disposés dans des ilots sans matérialisation des limites parcellaires, afin de favoriser la convivialité.

Les habitants sont libres de réaliser les clôtures selon les matériaux de leur choix (plantations, murs végétalisés etc.). Les problématiques foncières sont contournées en ce sens que le foncier appartient à la collectivité ; les bénéficiaires de logements, choisis parmi les PDI et communautés hôtes en situation de vulnérabilité jouissent de leur logement durant une période donnée, puis les cèderont à d’autres ménages plus vulnérables qu’eux, lorsque leur situation économique sera meilleure.

D’autres types de cités de logements pour personnes en situation de vulnérabilité peuvent être imaginés en « autoconstruction » sur du foncier sécurisé, par des coopératives d’habitants qui s’associent pour réaliser des économies d’échelle, en termes de matériaux, de matériels et de main d’œuvre pour la construction. C’est donc la promotion d’un urbanisme communautaire à l’ilot et d’un urbanisme solidaire, prenant en compte l’évolution des situations de vulnérabilité, qui sont proposés.

3) Produire des parcelles agricoles périurbaines.

Les périphéries des villes font l’objet de spéculation et d’accaparements fonciers alors qu’il est possible de les aménager conformément aux documents de planification urbaine, en parcelles agricoles. Plutôt que de laisser chaque citoyen ou promoteur foncier/immobilier négocier la superficie de terre qu’il désire auprès des possesseurs et chefs traditionnels, il est préférable que l’Etat et/ou les promoteurs immobiliers agréés aménagent des parcelles agricoles destinées à la location, à la location-vente et à la vente. La commune pourrait ainsi disposer de foncier (parcelles agricoles) qui serait mis à la disposition de personnes en situation de vulnérabilité pour exploitation.

Ces parcelles agricoles de grandes superficies (1500m² et plus) seraient destinées aux activités d’agriculture, d’élevage périurbains et/ou à l’installation d’unités de transformation, avec l’exigence d’exploitation effective par son acquéreur, sous peine de retrait de la parcelle dans un délai préalablement fixé. Elles pourraient néanmoins contenir un embryon de logements, avec un seuil de densité à ne pas dépasser, fixé par un cahier des charges.

A très long terme, la transformation des lotissements agricoles en lotissements urbains est possible, si le besoin se fait sentir à travers une opération d’urbanisme de remembrement urbain, qui consiste à réduire les tailles des parcelles pour en augmenter le nombre.

L’idée ici est d’intégrer le principe révolutionnaire de jardin potager dans chaque parcelle urbaine et périurbaine, avec notamment des techniques d’agriculture urbaine hors sol, afin que la ville puisse nourrir les citadins. Cet urbanisme environnemental est également une forme de « rurbanisation » maîtrisée qui contribuerait à garantir la production alimentaire pour les citadins, à créer des emplois et des revenus pour les exploitants, tout en préservant les terres péri-urbaines des prédateurs fonciers.

4) Intensifier la construction des salles de classes et des salles de soins :

Le droit à l’éducation et à la formation, tout comme le droit à la santé sont des droits universels consignés dans la Constitution burkinabé. Il est question ici de viser non seulement l’enseignement conventionnel, mais également l’alphabétisation et l’apprentissage aux métiers en vue de l’insertion socioprofessionnelle des personnes en situation de décrochage scolaire ou de faible niveau de scolarisation. Grâce aux progrès technologiques, il n’est plus indispensable de construire avec des matériaux durs. Aux côtés des matériaux locaux à promouvoir, des constructions mobiles ou en matériaux préfabriqués offrent la possibilité de livrer des milliers de salles de classes et de salles de soins dans l’ensemble du pays en un temps record.

Dans ce sens, un effort devrait être fait pour produire des matériaux préfabriqués locaux, afin de ne pas importer cette matière première et répondre à l’urgence. L’avantage d’opter pour une architecture mobile est la possibilité que les salles de classes puissent se déplacer et s’installer là où le besoin se fait le plus sentir. Il est ici question de promouvoir un urbanisme mobile, adapté à la crise qui est justement caractérisée par la mobilité de vagues de populations dont la majorité sont des enfants mineurs.

5) Assurer une meilleure viabilisation des quartiers urbains. L’accès à l’eau potable et à l’électricité n’est pas un luxe, mais un droit fondamental pour tous.

Des solutions existent pour assurer l’accès à l’eau potable, par des réseaux souples, même dans les quartiers non lotis. Il en est de même pour les solutions individuelles des ménages de se doter de panneaux photovoltaïques. Ce qui est recommandé ici pour l’eau potable, est de créer des mini-réseau d’adduction d’eau potable alimentés par des forages à grand débit ou de se connecter directement au réseau de l’ONEA.

Pour garantir l’accès à l’électricité, il convient de promouvoir la création de mini centrale solaire de production électrique respectant les normes de sécurité et d’envisager à terme, un raccordement au réseau de la SONABEL. L’électrification prend également en compte la pose de dispositif d’éclairage public en photovoltaïque, pour assurer la sécurité des lieux habités. D’où le développement d’un urbanisme sûr, indispensable en cette période de crise sécuritaire.

6) Garantir un meilleur assainissement des villes.

Il s’agit ici d’assainissement au sens large comprenant à la fois la gestion des eaux pluviales, des eaux usées, des eaux vannes et excréta, ainsi que la gestion des ordures ménagères. L’exemple des latrines écologiques dont la technologie se répand au Burkina Faso, offre l’avantage à travers sa dalle filtrante, de permettre d’infiltration des eaux et d’effectuer moins de vidanges.

La réalisation de puisards, la récupération des eaux de pluies provenant des toitures et la redirection des eaux vers des jardins potagers ou arbres fruitiers au sein des parcelles habitées sont des solutions qui visent la gestion rationnelle des eaux, la protection et la sauvegarde environnementale. Des aires de regroupement des déchets sont également à prévoir par unité de voisinage afin d’assurer leur collecte.

Certains pays ont expérimenté l’inclusion de la taxe de ramassage des ordures dans la facture d’eau ou d’électricité pour garantir des ressources pérennes afin d’assurer la qualité du service public de salubrité, préjudiciable à la santé des citadins et à leur confort urbain. Le ramassage des ordures ménagères, n’est pas un service facultatif qui puisse être laissé au gré de l’appréciation de chaque ménage, mais un service public au bénéfice de la collectivité. C’est donc un urbanisme hygiéniste de restauration de la dignité qui est ici promu.

7) Aménager des espaces publics ouverts, lieu de brassage interculturel et intergénérationnel.

Ces lieux n’ont pas besoin de lourds investissements pour être fonctionnels. Ils ont seulement besoin d’être spatialement bien choisis (bosquet existant ou à créer, place publique, etc.) et de prendre en compte les us et coutumes locales, notamment pour savoir s’il faut des temporalités différentes pour les jeunes, les femmes, les enfants dans les mêmes lieux ou s’il est nécessaire de prévoir des espaces différents pour chaque catégorie de population.

Dans tous les cas, dans un élan d’inclusivité, il est nécessaire que tous les citadins puissent y avoir accès, selon les règles locales prédéfinies. Des évènements culturels, ludiques et sportifs (contes, danses, chants et musiques traditionnelles et modernes, acrobaties, cinéma, jeux, aérobic, sports divers, etc.) pourraient périodiquement y être organisés, de sorte à garantir l’attractivité des lieux, à développer l’émulation artistique et à garantir le lien entre la tradition et la modernité.

Un soin particulier doit être accordé à l’épanouissement des enfants et à l’aménagement paysager des lieux, dans une logique de bien commun et par une promotion de la concertation. Il s’agit de créer de vrais espaces de débat citoyen, de ressourcement culturel et environnemental qui garantissent la paix et la cohésion sociale, hors des réseaux sociaux virtuels. C’est un urbanisme social à l’échelle humaine, qui promeut le genre et répond aux besoins des citadins, toutes catégories et tranches d’âges confondues.

8) Assurer le saut technologique en milieu urbain.

La technologie évolue vite et est accessible à tous. Un smartphone n’est plus qu’un simple outil de communication, mais également un portefeuille électronique, un moyen d’identification, un moyen de repérage spatial, etc. L’option vocale des smartphones permet même à des personnes non scolarisées, de communiquer à distance et d’effectuer certaines opérations y compris dans des langues étrangères via la traduction.

Pour ce faire, il convient de multiplier les points d’accès à la connectivité en installant des bornes WIFI dans les lieux publics et d’encourager les citadins à développer ces outils dématérialisés, permettant de réduire les déplacements et de faire donc des économies en ces périodes de tension économique et de crise sécuritaire. C’est également un outil de repérage spatial idéal pour la planification et l’aménagement spatial en milieu urbain.

A terme, c’est un urbanisme intelligent (smart) qui est visé à travers la constitution de base de données numériques, capables de produire des diagnostics affinés, afin d’adapter les solutions aux besoins prioritaires objectivement révélés par les données géolocalisées.

9) Assurer une planification urbaine concertée, plus souple et aux effets immédiats.

Malgré l’existence de certains Schémas directeurs d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) et de Plans d’occupations des sols (POS), les autorités locales peinent à spatialiser leurs actions de développement en cours et projetées. Une meilleure appropriation des documents de planification urbaine et territoriale (SDAU et POS) en lien avec les documents de planification stratégique (Plan communaux de développement – PCD) est donc nécessaire. Les cellules municipales de résilience urbaine (CMRU) mises en place par le MUAFH, sous l’égide de ONU Habitat, regroupant élus municipaux, services déconcentrés de l’Etat, services municipaux et populations en situation de vulnérabilité sont un exemple de concertation avérée, fonctionnelles à Kaya, Dori, Tougouri et Kongoussi.

Un diagnostic rapide des territoires ne disposant pas d’outils de planification urbaine, une révision rapide des SDAU / POS dans leur volet du zonage spatial et la réalisation des schémas de secteurs simplifiés et participatifs permettraient de planifier et spatialiser des équipements sociocollectifs à construire et les aménagements prioritaires à faire dans le cadre de la résilience urbaine. Il s’agit ici de promouvoir un urbanisme d’anticipation suivant une approche holistique, tout en répondant à des besoins urgents ou humanitaires.

10) Développer les villes de toutes les régions du Burkina Faso, sans exception.

Le développement urbain ne saurait être comprimé sur certains axes dit « sûrs » mais s’étendre sur l’ensemble des noyaux urbains du territoire national, notamment les plus peuplés et ceux qui reçoivent le plus de PDIs. Le développement territorial équilibré en termes d’urbanité, c’est à dire en termes d’accès aux services sociocollectifs (éducation santé) et aux services urbains de base, est primordial pour garantir la paix sociale.

Pour ce faire, l’aménagement des axes routiers est nécessaire, mais en attendant ces aménagements et cette sécurisation de toutes les voies terrestres, les voies aériennes (avions, hélicoptères, drones) peuvent être privilégiées là où les voies terrestres sont impraticables, afin d’apporter des infrastructures en préfabriqué, du matériel et du personnel qualifié partout où cela est nécessaire. Il est question ici de promouvoir un urbanisme équitable.

Le fil conducteur de ces propositions est qu’elles permettent de poser les jalons d’un processus d’aménagement urbain durable sur l’ensemble du territoire national, tout en apportant des réponses à des besoins humanitaires, pressants et urgents. Avec cette nouvelle approche de la planification et de la gestion urbaine, incluant à la fois le très court terme et le très long terme, le flux de PDIs en milieu urbain devient alors une opportunité de développement urbain, une source de créations de richesses plutôt qu’une augmentation du nombre de personnes vivant en situation de vulnérabilité.

Pour ce faire, l’idée est de promouvoir un urbanisme transitoire, évolutif et résilient, visant prioritairement le mieux-être des communautés en situation de vulnérabilité. D’où la pertinence de la mise en œuvre d’un urbanisme dit « de crise » au Burkina Faso, qui s’adapte aux contextes et besoins locaux, tout en s’inscrivant dans une vision holistique et pérenne de développement urbain, social, économique et inclusif, gage de la paix et de la cohésion sociale.

Pougdwendé Léandre Guigma
Architecte-Urbaniste
l.guigma@perspective.bf

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