Actualités :: Cosmétique au Burkina : « Ajaderm skincare by nature », la marque qui veut (...)

Elle est à la tête de la marque de dermo-cosmétiques burkinabè « Ajaderm skincare by nature ». Depuis la création de son entreprise en 2021, Louise Yankini se dévoue corps et âme pour la promotion du « consommons bio et local ». Lefaso.net a fait une immersion dans la chaîne de production de cette passionnée de cosmétique.

Son laboratoire de production de cosmétiques se trouve à Loumbila. C’est dans un vaste domaine verdoyant que Louise Yankini opère sa magie. Attentive aux moindres faits et gestes de ses collaboratrices, elle n’hésite pas à mettre la main à la pâte pour s’assurer que sa production soit de qualité. Tout est respecté au millimètre près. Pour entrer dans son laboratoire, il faut respecter toutes les mesures d’hygiène et de protection. Elle en a fait un principe. Du matériel pour protéger les mains, les pieds et les cheveux, un cache-nez, les lunettes sont entre autres les accessoires qui sont posés juste à l’entrée du « labo ».

Louise Yankini s’est lancée dans l’entrepreneuriat depuis l’université

A l’image d’un chef d’orchestre, la jeune chef d’entreprise fait des mélanges de plusieurs composantes, donne des instructions, fait des pesées. Elle va même jusqu’à tester les produits sur sa peau, pour s’assurer de la consistance de la matière. L’univers du cosmétique, Louise Yankini en parle avec une passion qui contamine, même pour ceux et celles qui ne sont pas initiés. Et pourtant, rien ne présageait qu’elle allait s’embarquer dans cette aventure. Une fois le baccalauréat en poche, elle va opter d’étudier le droit, plus précisément le droit des affaires. Passionnée par l’entrepreneuriat, la dynamique Louise va lancer une gamme de produits capillaires en 2016, destinés à l’entretien des cheveux frisés. Plus tard, elle procède à la création de sa SARL « Djam life style ». Son objectif est de promouvoir des produits made in Burkina Faso à travers l’artisanat, la mode, la beauté et les cosmétiques naturelles. Sa flamme pour les produits cosmétiques va la conduire en France. Elle effectue un stage de six mois, auprès du groupe NAOS dont le siège est au Sud de l’Hexagone (Aix-en-Provence) en 2018.

Cette expérience fut une véritable opportunité pour elle. En effet, l’entreprise est spécialisée dans l’éco-biologie. Elle évolue dans la production des produits de soins cosmétiques « Bioderma », « Esthederm » et « Etat pur ». L’entreprise est une référence dans la cosmétique. Ce stage lui a permis de se former au métier du cosmétique « au lieu de s’improviser en chimiste » comme Louise Yankini aime à le dire en rigolant.

Louise Yankini dit avoir beaucoup appris sur les cosmétiques durant son stage en France

Grâce à son séjour, elle a appris les méthodes de mise au point d’un produit cosmétique, la production, le conditionnement, les règles relatives à la réglementation et les bonnes pratiques de fabrication.

Une marque qui respire l’Afrique

De retour dans son Burkina natal, elle décide de se lancer un défi ambitieux, celui de créer une marque dermo-cosmétique naturelle. En 2021, « Ajaderm » voit le jour. Cet appellatif n’est pas le fruit du hasard. Aja est une déesse de la forêt de la mythologie africaine, plus précisément du Nigeria. Ses adorateurs sont issus de la communauté yoruba. Elle est considérée comme celle qui règne et conseille sur l’utilisation des herbes médicinales. Ce clin d’œil à la nature et aux divinités africaines est une manière pour la promotrice de montrer son attachement à l’Afrique et à la nature. Sa marque est adaptée aux peaux noires, mates et métissées. Ajaderm est conçue à 80% avec des matières premières made in Africa.

Les plantes et les essences utilisées sont des huiles végétales de neem et de balanites, du beurre de karité, de l’huile de cacao, de l’aloe vera, etc. « Ce choix résulte de notre conviction que les soins de beauté naturels sont mieux adaptés pour la peau. Cela, en raison de leurs richesses en oligo-éléments, en antioxydants. Ils protègent la peau de l’intérieur et de l’extérieur. La peau vit avec un environnement extérieur comme la pollution qui joue énormément sur la qualité de la peau. Nos ingrédients donnent à la peau des ressources supplémentaires pour mieux résister aux facteurs extérieurs avec lesquels elle cohabite », explique-t-elle.

Louise Yankini (au milieu) donnant des instructions à ses collaboratrices

Les femmes, les hommes et les enfants (à partir de 5 ans) ont été pris en compte à travers les différentes gammes de produits. La marque propose trois gammes de soins pour le corps, le visage et les cheveux. Selon la promotrice d’Ajaderm, la gamme la plus vendue est celle dédiée au visage. Les produits sont anti-imperfections, antitaches et pigmentaires. « Nos produits hydratants répondent aux besoins de toute la famille. Nous avons des soins pour la barbe, les poils incarnés, des anti-peaux grasses, les acnés. Ces problématiques sont beaucoup rencontrées chez les hommes. En Afrique, les hommes ont tendance à considérer que les soins cosmétiques sont réservés aux femmes. C’est une grosse erreur de le penser, parce que les hommes ont aussi besoin de soins, d’entretien et d’hydratation comme les femmes », poursuit la promotrice.

L’entreprise embauche deux femmes à temps plein. Elles viennent d’une coopérative spécialisée dans le domaine de la fabrication de produits cosmétiques. Louise Yankini œuvre à leur transmettre les acquis obtenus durant son stage. Elle veille à renforcer leurs capacités sur les bonnes pratiques de fabrication des cosmétiques. « C’est une patronne qui aime former. Elle est gentille avec moi et m’a beaucoup appris », a révélé Pélagie Ouédraogo, employée de la promotrice.

Dire stop à la dépigmentation

Au-delà de la commercialisation, la promotrice d’Ajaderm donne des conseils à ses clients en fonction de leurs peaux et des objectifs qu’ils souhaitent atteindre. Nathalie Sawadogo a commencé à utiliser la marque Ajaderm en 2021. Ses acnés ont commencé depuis son adolescence. Elle a donc décidé de tester l’une des gammes de la marque. « J’apprécie les produits, surtout parce qu’ils ne sont pas éclaircissants. L’amélioration sur la peau se fait de manière progressive. Ma peau est devenue moins grasse », a-t-elle témoigné. Elle a ajouté que le combat de Louise Yankini est noble, car elle lutte contre la dépigmentation. Apolinaire Seni est lui aussi un fidèle client. Il a confié que son choix s’explique par le fait que la gamme pour hommes a une odeur agréable et qu’elle n’agresse pas la peau. « J’avais toujours des boutons au visage, jusqu’à ce que je tombe sur leur page Facebook. En deux semaines, les boutons ont disparu », a-t-il affirmé. Le client satisfait conseille donc aux populations de consommer des produits made in Burkina.

Pélagie Ouédraogo a confié que le travail se déroule dans une bonne ambiance

Laure Tamini a aussi accepté de livrer son témoignage sur les bienfaits des produits de Louise Yankini. Elle lui a fait savoir qu’elle souffrait d’hyperpigmentation. S’en est suivi un traitement adéquat avec certains produits de la marque. Aujourd’hui, elle se dit ravie de constater que le teint de son visage est uniforme avec celui de son corps. « J’aime ce qui est naturel et bio. Je l’encourage. Elle mène un combat noble parce que nous savons tous ce qui découle de la dépigmentation. Pour son jeune âge, son combat pour la conservation de la peau naturelle, elle a besoin d’être encouragée et accompagnée. Je suis Ajaderm aujourd’hui et pour toujours », s’est-elle exprimée.

Avec Ajaderm, Louise Yankini n’a qu’une obsession : lutter contre la dépigmentation. Elle a constaté que les amatrices des produits cosmétiques éclaircissants sont exposées à plusieurs maladies de la peau. En outre, ces produits contiennent des substances interdites en cosmétique tels que l’hydroquinone et/ou les dermocorticoïdes. Pour elle, l’argument selon lequel on les utilise pour lutter contre les acnés ou uniformiser la peau n’a pas lieu d’être, car les conséquences sont désastreuses pour la santé. Son combat a un caractère de militantisme. En effet, elle voudrait que les noirs africains s’acceptent comme tels en évitant de tomber dans le piège du complexe de la peau. « Il faut préserver la mélanine », dit-elle. A l’entendre, les standards de beauté ne sont qu’une utopie car la beauté se conjugue au pluriel. « Souvent, je perds des clientes parce qu’elles veulent des produits éclaircissants », a-t-elle dit, peinée.

Selon la promotrice, les tarifs des produits sont étudiés, les prix sont donc très abordables

Pour une réglementation plus stricte en matière de cosmétique

Entre le manque de personnes qualifiées dans le domaine, la concurrence avec les marques importées et les produits éclaircissants, les moyens financiers limités, Louise Yankini a du fil à retordre. Malgré les obstacles, sa soif de lutter pour la consommation des produits cosmétiques made in Burkina ne faiblit pas. Elle veut apporter sa pierre à l’édifice en ce qui concerne la règlementation sur les ingrédients utilisés pour les composants cosmétiques au sein de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine).

« En Afrique de l’Ouest, nous avons une règlementation de l’UEMOA qui a encadré des lignes directrices des innovations des produits cosmétiques. Elle donne un résumé sur les matières premières cosmétiques autorisées et interdites (l’hydroquinone et les dermocorticoïdes). Mon ambition dans la poursuite de mes études est de pouvoir écrire un mémoire en master sur les règlementations cosmétiques dans l’espace UEMOA. Cette réglementation a des limites. Je voudrais étudier ces réglementations en Afrique qui, pour l’instant, ne sont pas mises en exergue. Il n’y a pas suffisamment d’organes qui font en sorte que les produits cosmétiques ne soient pas un problème de santé en Afrique. Le marché est dense, mais il y a des pages blanches à remplir », détaille Louise Yankini.

Prenant l’exemple de la réglementation de l’Union européenne en la matière, elle souligne qu’elle n’a pas toujours été aussi contraignante jusqu’au jour où « il y a eu un scandale lié au talc pour les bébés où plusieurs nourrissons ont été empoissonnés. Cela a causé la mort de plusieurs bébés. On s’est rendu compte que les lacunes de la réglementation ont contribué à ce drame. Aujourd’hui, l’UE a la réglementation la plus stricte en cosmétique ».

Une vue du bâtiment abritant le laboratoire

Quand la douleur du deuil pousse à se surpasser

Dans son parcours de combattante, Louise Yankini a pu compter sur sa famille. Sa mère qu’elle appelle affectueusement « Mamager » (maman et manager) réside à Bobo-Dioulasso. C’est elle qui s’occupe de la gestion commerciale de la marque dans la ville de Sya. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Samirah Bationo
Montage vidéo : Jacques Sawadogo
Lefaso.net

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