Actualités :: Burkina : « Le gouvernement envisage des mesures qui vont remettre en cause (...)

Par une conférence de presse animée ce mercredi 27 juillet 2022 à Ouagadougou sur la situation nationale et les préoccupations des travailleurs, l’Unité d’action syndicale (UAS) a également dénoncé la volonté du gouvernement de remettre en cause les acquis des travailleurs.

Après avoir campé le décor d’une situation pas reluisante, avec pour illustrations, la liste des pertes en vies humaines qui s’allonge, la détérioration de la carte sécuritaire, l’accroissement du flux des personnes déplacées internes, l’UAS réitère son interpellation au gouvernement sur l’impérieuse nécessité d’apporter des solutions adéquates aux préoccupations du peuple. « La situation sécuritaire s’est détériorée considérablement : près de la moitié du territoire national est hors de contrôle, avec des terroristes qui mettent tout en œuvre pour isoler les grandes villes.

Nous assistons au contrôle par ces derniers de certains axes routiers et la destruction d’infrastructures vitales ; l’accroissement continu du nombre de personnes déplacées internes : aujourd’hui, plus de deux millions de personnes déplacées internes sont confrontées à des conditions de vie inhumaines et dégradantes ; le renchérissement continu des prix des différents produits plonge un bon nombre de burkinabè dans le désarroi avec des prix qui augmentent sans cesse : dans la sous-région ouest africaine, le Burkina Faso connaît le taux d’inflation le plus élevé. Celui-ci atteint 15 à 20% », illustre l’UAS à travers sa déclaration liminaire lue par Olivier Guy Ouédraogo.

Selon les responsables de l’UAS, le MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration) et son gouvernement sont incapables d’opposer aux groupes terroristes, une réaction à la hauteur des attentes des populations. Ils se révèlent plutôt par, et entre autres, la « revalorisation indécente » des salaires du président du Faso, du Premier ministre, des présidents d’institutions et des membres du gouvernement ; la militarisation de l’administration publique avec la nomination de militaires à des postes de responsabilité administrative, souvent en violation du principe d’appel à candidatures pour la nomination des directeurs généraux des sociétés d’Etat et des Etablissements publics de l’Etat et une prime à l’impunité en faisant venir l’ancien président Blaise Compaoré, en dépit de sa condamnation judiciaire.

« En plus de tous ces faits précédemment évoqués, l’Unité d’action syndicale note des tentatives de remise en cause des acquis des travailleurs et un manque de considération à l’endroit des organisations syndicales, particulièrement du partenaire social qu’est l’UAS. Et pourtant, en rencontrant l’UAS, le 27 janvier 2022, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avait promis que les préoccupations des organisations syndicales seraient étudiées et qu’elles seraient impliquées à travers notamment des concertations.

En violation de ces engagements, les syndicats, qui sont pourtant membres du cadre de concertation tripartite, ont été délibérément exclus des rencontres sur la fixation des prix des produits de grande consommation. Tout le monde fait le constat qu’en l’absence de mesures d’accompagnement, les prix décidés et annoncés ne sont nullement respectés. A deux reprises, l’UAS a demandé une audience avec le Premier ministre Albert Ouédraogo. La première date du 25 mai 2022 et est relative à l’inflation galopante ; la seconde datée du 8 juillet 2022 porte sur les préoccupations du moment. Ces deux demandes d’audience sont restées sans suite jusqu’à ce jour. L’UAS rappelle qu’à l’avènement du MPSR, celui-ci l’avait invitée à accompagner le gouvernement et à faire des propositions pour la transition.

Les animateurs de la conférence avec de gauche à droite : Alain Somé, Inoussa Nana, Olivier Guy Ouédraogo, Moussa Diallo et Ernest Abdoulaye Ouédraogo.

Nous avions poliment décliné l’offre en indiquant que nous nous en tenions à notre mission de défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs, mais aussi de veille citoyenne. A l’occasion, nous avions souligné que nos préoccupations essentielles étaient relatives à la sécurité des populations et de leurs biens, à l’assainissement de la gestion des ressources nationales, au respect des libertés démocratiques, au respect des engagements pris avec les organisations syndicales et à la garantie du pouvoir d’achat . (…). Il y a des b.a.ba du dialogue social dont les autorités doivent s’approprier ; parce qu’au niveau de l’Organisation internationale du travail, il y a une hiérarchisation des organisations syndicales selon le niveau de problème posé », restituent les conférenciers sous fond d’interpellation.

Les responsables de l’UAS, sur la base d’éléments relevés dans l’attitude du gouvernement vis-à-vis des acteurs sociaux, affirment qu’il y a une volonté de saper les bases du syndicalisme. Toute chose qui est vouée à l’échec, renvoient les leaders syndicaux.

« Il y a des b.a.ba du dialogue social dont les autorités doivent s’approprier »
Sur tout autre aspect, l’UAS salue l’annonce du gouvernement de rembourser des retenues illégalement opérées sur les salaires et traitements des agents publics, suite aux grèves de 2016 à 2021. Pour elle, cette décision gouvernementale n’est que justice, d’autant que certains cas sont pendants devant la justice et que les premiers délibérés ordonnent le remboursement desdits salaires coupés et le paiement de dommages et intérêts.

« A l’opposé de ces mesures, censées contribuer à apaiser le climat social, nous notons que le gouvernement envisage des mesures qui vont remettre en cause les acquis des travailleurs. Sont de celles-là, la suspension (déjà effective) du paiement des indemnités aux agents dont les prises de service sont retardées par l’administration, le projet d’harmonisation des primes servies aux travailleurs des sociétés d’Etat et des Etablissements publics de prévoyance sociale, les velléités de remise en cause des voyages d’étude et des primes de recherche des enseignants chercheurs et des chercheurs, la mise en œuvre des mesures préconisées par la conférence sur la réforme du système de rémunération, etc. », charge cependant l’UAS.

De l’avis de l’organisation syndicale, dans le contexte actuel d’insécurité et de renchérissement continu du coût de la vie, il n’est pas indiqué de chercher à réduire le maigre pouvoir d’achat des travailleurs et des populations, surtout quand, dès sa mise en place, le gouvernement a pris le soin de doubler les salaires du président du Faso, du Premier ministre, des présidents d’institution et des membres du gouvernement.

« Au regard de tout ce qui précède, l’UAS interpelle encore une fois le gouvernement sur l’impérieuse nécessité d’apporter des solutions adéquates aux préoccupations du peuple dont principalement la restauration de l’intégrité du territoire national et la baisse des prix des produits de consommation courante. Le MPSR doit comprendre qu’il s’agit là de deux attentes fortes des populations qui justifient qu’elles aient tout simplement toléré le putsch du 24 janvier 2022 et rien d’autre. Nous sommes à un tournent décisif de l’histoire du Burkina Faso. Face à la dégradation jamais égalée de la situation sécuritaire, l’UAS invite les travailleurs et l’ensemble de la population à la cohésion et à la mobilisation en vue d’une unité d’actions. Elle réitère l’invitation faite, à travers sa déclaration du 25 mai 2022 aux militantes, militants, travailleuses et travailleurs de ‘’renforcer leurs structures et à se mobiliser pour les actions qui s’imposent à nous en vue de la prise en compte des préoccupations ci-dessus énumérées’’ dans la perspective d’une réaction à la hauteur des défis qui se posent aujourd’hui à notre peuple. Cela passe par la tenue d’assemblées générales dans les sections, sous-sections et lieux de travail », déclinent le porte-parole de l’UAS, Olivier Guy Ouédraogo, et ses camarades.

O.L.O
Lefaso.net

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