Actualités :: Burkina : La CJP-Burkina, Amnesty International et l’APEPJ lancent un (...)

La dégradation de la situation socio-humanitaire, consécutive à la recrudescence des conflits et tensions intercommunautaires et à la montée de l’extrémisme violent dans plusieurs localités du Burkina, s’est accompagnée de nombreuses violations des droits humains. Dans la région du Centre-nord, qui abrite plus de 652 000 personnes déplacées internes (à la date du 31 mars 2022), le mal se vit sous diverses formes.

C’est pour prendre à bras-le-corps la préoccupation, que la Commission épiscopale Justice et Paix (CJP-Burkina) en partenariat avec Amnesty International Burkina et l’Association Pengdwendé pour l’épanouissement de la jeunesse du Centre-nord (APEPJ) ont, le mardi, 12 juillet 2022 à Kaya (chef-lieu de la région du Centre-nord), organisé le cadre de concertation des personnes-ressources de la localité. Au cours de cette rencontre, les participants ont pris connaissance et échangé autour d’une étude de documentation des cas de violation des droits humains dans cinq communes de la région. Les données de cette étude serviront désormais d’instrument de plaidoyer auprès des personnes-ressources en faveur de la protection et défense des droits humains.

La défense et la promotion des droits humains incombent à chaque individu de la société (encouragent ces personnes-ressources)

Cette activité s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet « documentation et plaidoyer en droits humains », lancé en janvier 2022, et qui couvre les communes de Sabcé, Boussouma, Korsimoro, Pissila et Boulsa (région du Centre-nord) pour une durée de huit mois (allant de novembre 2021 à juillet 2022).

Un travail de collecte de données sur les cas de violation des droits humains a été fait sur le terrain, à travers les cinq communes sus-indiquées. Ce travail de documentation, qui a démarré en janvier 2022, a donc duré environ six mois et a engagé une vingtaine de spécialistes (moniteurs de droits humains).

Il ressort du rapport de synthèse, quatre grands types de violation des droits humains. Il s’agit de l’atteinte au droit à la vie, qui s’incarne par les exactions/tueries perpétrées par des hommes armés non identifiés ; les exécutions arbitraires commises par des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP).

La seconde catégorie porte sur les atteintes au droit à l’intégrité physique. Ce sont les cas de viol (par des hommes armés non identifiés, des FDS, des VDP, des initiatives locales de sécurité ou autres catégories de personnes) ; les coups et blessures volontaires (par des hommes armés non identifiés, des FDS, des VDP, des initiatives locales de sécurité ou autres catégories de personnes) ; la torture (par les FDS, les VDP) ; les traitements cruels inhumains ou dégradants (par les hommes armés non identifiés, ou par les initiatives locales de sécurité) ; les enlèvements et séquestration (par les hommes armés non identifiés, les initiatives locales de sécurité ou autres catégories de personnes).

Il y a ensuite les atteintes liées au droit à la propriété et droits connexes, comme la destruction, dégradation ou détérioration volontaire de biens immobiliers ou mobiliers (domiciles saccagés ou brûlés, récoltes brûlées, etc.) ; la destruction, dégradation ou détérioration involontaire de biens immobiliers ou mobiliers (dégâts collatéraux de l’action des hommes armés non identifiés, des FDS, des VDP ou initiatives locales de sécurité).

La quatrième catégorie d’atteintes aux droits humains sont celles bafouant le droit à la paix et à la liberté de conscience (stigmatisation ethnico-religieuse conduisant à la remise en cause de la cohésion sociale, au repli identitaire et à la violence) ; le problème de cohésion sociale liée au déplacement des populations.

Les participants (vue partielle), attentifs à la présentation de l’étude.

Les participants ont pris des engagements…, place au plaidoyer

La présentation des résultats, qui a été suivie d’échanges avec les participants, issus de l’administration publique, du monde politique, des organisations coutumières et religieuses, a permis de relever des insuffisances dans la protection des droits humains. Ce sont entre autres, l’ignorance ou la faible connaissance par les populations, du dispositif juridique et institutionnel de protection des droits humains ; les pesanteurs socio-culturelles empêchant les victimes, notamment les femmes, de dénoncer les cas d’abus et de violation qu’elles subissent ; l’insuffisance des moyens alloués à l’administration publique et la forte dégradation de la situation sécuritaire, qui ne permettent pas aux pouvoirs publics de toujours réprimer tous les cas de violation et d’abus ; la complexité du contexte sécuritaire et socio-humanitaire limitant la portée des actions de prévention et de sensibilisation des organisations de la société civile.

Fort de cette réalité, les participants (personnes-ressources dans la région du Centre-nord) ont pris l’engagement de considérer la promotion des droits humains comme un des meilleurs moyens de promotion de la cohésion sociale ; renforcer les capacités des acteurs stratégiques en matière de promotion des droits humains. Ils se sont également engagés à sensibiliser davantage les populations sur la montée de l’extrémisme violent et sur l’existence des cadres juridiques et institutionnels ainsi que les moyens d’y accéder. De même comptent-ils encourager les acteurs (publics et privés) à s’attaquer aux causes profondes des cas de violation et les victimes à porter plainte en cas d’abus et de violation des droits humains.

M. Zongo, présentant les résultats de l’étude.

Les participants ont, en outre, décidé d’interpeller les autorités à réprimer davantage les cas de violation et d’abus ; accorder une attention particulière à la situation des personnes déplacées internes, dont le statut constitue en soi une violation de plusieurs droits humains ; prendre, au niveau régional, toutes autres mesures allant dans le sens d’une meilleure protection et de la promotion des droits humains et de la cohésion.

Le gouverneur de la région du Centre-nord, colonel-major, Zoewendmanego Blaise Ouédraogo, qui a présidé l’ouverture des travaux, estime qu’il faut accepter de se dire la vérité. Il faut arrêter l’hypocrisie qui a conduit dans ce bourbier et savoir que la paix à construire doit l’être par les Burkinabè pour eux-mêmes, exhorte-t-il.

« Toute souffrance humaine doit interpeller tout le monde »

Abbé Bruno Ouédraogo, diocèse de Kaya, superviseur de l’étude de documentation, est revenu sur la méthode de collecte et les difficultés rencontrées. « L’objectif est de pouvoir se documenter, avoir des données, pour mener le plaidoyer pour ramener la cohésion sociale, le respect des droits humains », souligne-t-il avant de décliner la perspective.

Le directeur régional en charge des droits humains du Centre-nord, Isaïe Bamogo, a, lui, rappelé que la sécurité étant un droit humain, l’insécurité est une atteinte. « A côté de la lutte armée, il y a ce que chaque personne peut faire pour contribuer efficacement à la protection des droits humains. Toute souffrance humaine doit interpeller tout le monde. Tout le monde est interpellé à jouer sa partition », recommande M. Bamogo, pour qui, cette étude vient à point nommé dans le sens d’amener tout le monde à agir pour la protection des droits humains.

Ici, la cérémonie d’ouverture avec au praësidium, le gouverneur du Centre-nord, avec à sa droite, Abbé Bruno Ouédraogo et à sa gauche, le directeur régional en charge des droits humains, M. Bamogo.

« L’étude permet de voir la réalité, par rapport au contexte sécuritaire. Dans le contexte burkinabè, beaucoup de choses doivent se faire. Il ne faut pas baisser les bras, il faut redoubler d’effort, quelle que soit l’adversité ; parce que le travail est difficile quand on veut promouvoir les droits humains. Chacun est là pour défendre l’autre. Les droits humains, ce n’est pas difficile ; regardez l’autre et dites-vous : ce dont j’ai besoin comme respect, comme considération, celui qui est à côté de moi a besoin de la même chose. En ce moment, nous allons préserver la dignité, quelle que soit la difficulté que nous allons rencontrer entre nous. Qu’on n’aille donc pas dans le sens de mettre à mal la dignité de l’autre », interpelle le directeur régional en charge des droits humains du Centre-nord.

Le présent projet est porté par le consortium Commission épiscopale Justice et Paix (CJP-Burkina), Amnesty international Burkina (AI-Burkina) et l’Association Pengdwendé pour l’épanouissement de la jeunesse du Centre-nord (APEPJ) avec la subvention de « Freedom House » dans le cadre de la mise en œuvre de son programme « droits humains et accès à la justice au Burkina Faso » financé par l’Agence américaine pour le développement International (USAID).


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