Actualités :: Ouagadougou : Une crise foncière divise les habitants de Yagma

A Yagma, quartier périphérique au nord de la ville de Ouagadougou, une crise du foncier divise la population depuis plus de dix ans. Des fonctionnaires ayant ‘’légalement’’ acquis leurs parcelles sont confrontés à une résistance des résidents de la localité, les empêchant de les mettre en valeur. Pour trouver des solutions à leurs préoccupations, ces fonctionnaires ont décidé de se regrouper en association. Ce regroupement a organisé une conférence de presse le dimanche 4 juillet 2022 à Ouagadougou, pour appeler à une sortie de crise.

Après avoir contracté un prêt bancaire en 2014 pour l’obtention d’une parcelle « conformément au respect de toutes les normes administratives », dit-elle, Pauline Loué n’imaginait pas que sa parcelle resterait toujours en l’état jusqu’en 2020 sans qu’aucune brique ne soit posée. C’est en 2020 qu’elle fera face à une opposition farouche des « résidents de Yagma qui se réclament autochtones », interdisant tout investissement sur son terrain au motif que le terrain ne lui appartient pas, assure-t-elle.

Alors qu’elle avait en sa possession tous les papiers administratifs attestant qu’elle est la titulaire de la parcelle. De la parole, les dissidents seraient passés à l’acte. « Pendant que mon maçon s’attelait à commencer la construction de ma maison, des résidents du quartier se réclamant des autochtones sont venus pour le lui interdire. Quand on a construit, ils sont venus la nuit pour tout détruire », a-t-elle raconté, brandissant son attestation d’attribution de parcelle, la promesse de vente et la procuration.

Le regroupement se dit disponible pour un dialogue avec l’autre partie

Comme elle, il y a encore plus de 100 personnes qui se disent victimes de cette situation. Dans le but de se faire entendre auprès des différentes autorités concernées pour une sortie de crise, ils ont décidé de faire un regroupement dans un cadre non formel des victimes.

Tout a commencé à partir de 2012 après le lotissement de la zone en 2008 selon Aristide Wendyan, porte-parole du regroupement. « Des gens ont été attributaires de terrains après le lotissement. Certains d’entre eux ont voulu vendre leurs terrains. Et c’est là que nous avons acheté ces parcelles avec ces revendeurs », a expliqué le porte-parole du regroupement. A l’étape de la mise en valeur de ces parcelles « dument acquises », ils font face à une résistance des résidents de la localité, qui ne les reconnaîtraient pas comme propriétaires de terrains et les empêchent de construire.

Selon les explications de Aristide Wendyan, les principaux acteurs de cette opposition sont ceux qui n’ont pas été attributaires de parcelles après le lotissement. Pour cette raison, ajoute-t-il, ils s’estiment lésés et menacent de détruire tout investissement entrepris sur les terrains, légalement acquis ou pas. « Ceux qui ont insisté ont reçu des menaces sur leur intégrité physique, leurs investissements ont été saccagés, les agrégats et matériaux de construction pillés », a déploré Aristide Nikièma.

« D’autres parcelles ont été acquises en collaboration avec la société immobilière SOCOGIB en 2012 », selon Aristide Nikièma

Dans le but de trouver une issue favorable à cette crise, ce regroupement dit avoir tenté plusieurs fois de dialoguer avec le camp opposé, en vain. Après avoir échoué sur le dialogue local, ils ont décidé de porter le problème à la connaissance des autorités administratives et municipales. C’est ainsi qu’en 2021, le regroupement a adressé une correspondance à trois ministères, notamment, l’administration territoriale, l’habitat, l’économie et la mairie de l’arrondissement 9 pour une sortie de crise .

Mais peine perdue puisqu’aucune satisfaction n’est sortie de ses démarches. « Sauf le ministère de l’Urbanisme et de l’habitat qui a écouté notre préoccupation. Il y a eu l’affectation de notre dossier à la direction générale du foncier urbain », a ajouté Hamadé Sawadogo, membre du regroupement.

« Nous invitons les premières autorités du pays à se pencher sur notre situation »

Cette conférence de presse, selon le regroupement, vise aussi à prendre à témoin l’opinion nationale de cette crise qui prévaut à Yagma. C’est aussi et surtout une invite aux autorités actuelles pour trouver des solutions. Parce que pour cette association, toutes les démarches d’apaisement de la situation entre les deux parties ont été infructueuses. Même l’intervention des chefs coutumiers n’a pas pu décrisper la situation, déplorent les conférenciers. Pour une sortie de crise, ils souhaitent que d’autres terrains soient mis à la disposition des réfractaires.

« Au regard du poids de la dette financière et du paiement de loyers, nous nous souhaitons un dénouement rapide de la situation » Hamadé Sawadogo

A en croire les conférenciers, les nouvelles autorités ont reçu le 23 mai 2022 les associations de défense des droits des résidents de Yagma, le camp opposé. Ce qui, de leur point de vue, a revigoré cette population à intensifier les menaces. C’est pourquoi ce regroupement de fonctionnaires majoritairement composés d’hommes de tenue invite les autorités de la transition à trouver une issue favorable.

« On est en mesure de dire que la cohésion sociale est en ébullition à Yagma et qu’une patate chaude, très chaude même traîne sans qu’aucune autorité ne veuille s’en saisir », regrette Hamadé Sawadogo. « Nous invitons les premières autorités du pays à se pencher sur notre situation pour éviter le pire à la satisfaction des différentes parties », a-t-il souhaité. Toutefois, ils se disent disponibles pour le dialogue afin que satisfaction puisse être trouvée au profit de tout le monde.

Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net

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