Actualités :: Modernisation de l’état civil au Burkina : 118 000 enfants dotés d’actes de (...)

Contribuer à l’amélioration, à l’efficacité et à l’efficience du système d’enregistrement des faits d’état civil au Burkina Faso et en particulier à l’enregistrement des enfants âgés de moins de cinq ans, tels sont, entre autres, les objectifs visés par l’UNICEF et l’Union européenne à travers le Programme d’appui à la modernisation de l’état civil au Burkina Faso (PAMEC) débuté en juillet 2018. Pour rendre publics les résultats des travaux et informer l’opinion sur la possibilité d’enregistrer et de délivrer des actes de naissance dans les centres secondaires installés dans les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS), des journalistes et des acteurs de l’UNICEF sont allés à la rencontre des populations bénéficiaires des provinces du Zoundwéogo et du Nahouri, dans le Centre-sud du 13 au 17 juin 2022.

L’enrôlement à l’état civil est un droit fondamental pour tout être humain. Malheureusement, l’on constate aujourd’hui au Burkina Faso que beaucoup d’enfants vivant dans les lieux les plus reculés des villes ne possèdent pas pour la plupart ce document attestant de leur existence. En effet, selon des témoignages recueillis au cours de la caravane, la non décentralisation des services de l’état civil, le manque de ressources humaines dans le secteur de l’enregistrement et de délivrance des actes de naissance, le manque de moyens financiers pour créer des centres secondaires d’enrôlement des naissances ainsi que leurs équipements en matériel informatique sont, entre autres, des causes du phénomène de la non déclaration des naissances.

Pour pallier ce mal, l’UNICEF et l’Union européenne ont conjugué leurs efforts financiers pour venir en aide au peuple burkinabè à travers le Programme d’appui à la modernisation de l’état civil, en abrégé PAMEC.

« Rendre la gouvernance et l’environnement du système d’état civil conforme aux standards de l’enregistrement des naissances ; soutenir l’enregistrement rétroactif des naissances d’enfants non enregistrés y compris ceux des déplacés internes affectés par des urgences humanitaires ; accroître la production des statistiques de l’état civil de 2% à 8% ; promouvoir l’interopérabilité entre les secteurs de la santé et l’état civil ; améliorer les performances du service d’état civil…. », sont les principaux objectifs recherchés par l’UNICEF à travers le projet PAMEC.

Ainsi, le premier jour (mardi 14 juin) après une remise d’équipements informatiques au gouvernorat du Centre-sud, nous sommes conduits dans la commune rurale de Sakouilga, à une trentaine de kilomètres de la ville de Manga ou nous visitions le centre de santé secondaire né du projet PAMEC. Là, le groupe de reporters a pu découvrir un pan du système de l’enregistrement des naissances par les explications de l’officier de l’état civil délégué, Constant Arzouma Kéré et Ali Sawadogo, administrateur de l’UNICEF Burkina. Selon ce dernier, cette initiative a pour vision d’accompagner le gouvernement burkinabè et la société civile à moderniser son système de l’état civil et à accroître sa production de statistiques vitales dans les treize régions du territoire national. Dans cette localité, M. Kéré affirme avoir, en l’espace de huit mois, délivré plus d’une centaine d’actes de naissance. Aussi, il a confié que les populations ont apprécié cette réalisation dans la mesure où elle permet aux parents de bénéficier gratuitement et à temps de la déclaration d’acte de naissance intégrale de leurs enfants.

Arzouma Constant Kéré, officier d’état civil délégué de la commune de Sakouilga

L’acte de naissance marque l’existence d’un enfant, de tout être humain

L’acte de naissance est le document fondamental autour duquel gravitent les autres actes (mariage, décès etc.), apprend la haut-commissaire de la région du Centre-sud. Dans son commentaire, toutes les sept communes de Manga, la "cité de l’épervier", ont pu mettre en place des centres secondaires pour faciliter l’opération d’enrôlement et de délivrance des actes de naissance. « Avant le lancement officiel du programme PAMEC, seulement deux communes sur sept avaient ouvert des centres secondaires », a-t-elle précisé. Selon ses dires, pour qu’un centre secondaire fonctionne, il faut au préalable le créer ; former et nommer des officiers d’état civil délégués ; avoir du matériel (ordinateurs, tables, chaises pour équiper le centres afin de faciliter le travail des agents, du matériel roulant également).

« Aujourd’hui grâce à l’UNICEF, toutes les sept communes bénéficient de centres secondaires et ont été dotées en ressources humaines et officiers de l’état civil délégués », se réjoui-t-elle. Elaborant le bilan de sa province pendant les quatre années d’intervention du PAMEC, elle dira que « durant les 48 mois du projet, la commune de Manga et environnante a enregistré et délivré plus de 8000 déclarations de naissance. Notre souhait est que le projet soit renouvelé pour soulager la souffrance des parents ». Insistant sur la nécessité de ce précieux papier, elle a interpellé et encouragé les populations en notifiant que « l’acte de naissance d’un enfant résume toute sa vie, il marque l’existence d’un enfant et de tout être humain ». D’où l’appel pressant de la responsable provinciale à l’endroit des parents.

« N’attendez pas l’approche des examens du certificat d’étude primaire pour déclarer leur naissance », leur lance-t-elle, marquant ainsi la fin de la journée.

Avec le PAMEC, nous produisons des milliers d’actes de naissance par opération
Le mercredi 15 juin, cap est mis sur Pô, dans la province du Nahouri, située à environ une centaine de kilomètres. Cette ville frontière avec le Ghana regorge d’énormes potentialités culturelles et touristiques, notamment un parc animalier national. Après vingt minutes de route, la délégation tombe nez à nez avec un troupeau d’éléphants (plus d’une dizaine), ce qui l’oblige à une pose touristique.

Puis, après le passage de ces mastodontes, direction la mairie de la commune de Pô. Selon le chef de service de l’état civil de cette mairie, Issaka Sawadogo, avant la mise en place du PAMEC, seuls les maires étaient habilités à signer et à délivrer les actes de naissances et cela pouvaient prendre un minimum de deux mois parce qu’il pouvait se retrouver avec des milliers de document à la fois. Or, indique-t-il, ce sont des cas d’urgence qui poussent les gens à venir dans les mairies. Avec le PAMEC, le maire est amené à déléguer son autorité à l’officier d’état civil délégué dans les centres principaux et secondaires pour enregistrer et délivrer la copie intégrale de la déclaration de naissance en moins de 48 heures. « Cette activité a permis de désengorger les mairies et nous produisons par opération des milliers de naissances dans les sept centres secondaires », dit-il. Cependant, la commune de la province du Nahouri reste confrontée à la difficulté d’informatisation des actes de naissance et demande encore l’appui des partenaires pour y remédier afin d’atténuer la souffrance des parents et des personnels de l’état civil.

Issaka Sawadogo, chef de service de l’état civil de la mairie de Pô

Une équipe mobile fonctionnelle dans la commune de Nobéré pour enregistrer les naissances

Le troisième jour, de notre visite s’est tenue dans le CSPS de Séloghin dans la commune rurale de Nobéré, province du Nahouri, plus de 8 000 habitants. A en croire le chef de la brigade mobile d’enrôlement des nouveau-nés, Ferdinand Oubda, la dissolution du conseil des collectivités territoriales par le pouvoir actuel n’a pas facilité la mise en place des officiers d’état civil dans les centres secondaires d’où la création d’une équipe mobile pour tourner dans les quatre centres secondaires afin d’enrôler les naissances. Selon lui, le constat qui se de dégage sur le terrain est plus que satisfaisant car, dit-il, « le taux d’enregistrement des naissances a beaucoup augmenté avec le PAMEC, contrairement aux années antérieures ou c’était plutôt le jugement supplétif qui était largement supérieur et cela m’amène à conclure sans doute que les populations ont fortement adhérés à ce projet ». En plus de l’absence des officiers d’état civil et la non opérationnalisation de certains centres secondaires, le chef de l’équipe mobile par ailleurs secrétaire général de la mairie de Nobéré a plaidé auprès des bailleurs à ce qu’ils construisent des locaux confortables pour faciliter le travail des officiers d’état civil.

A la fin de la visite, Ali Sawadogo, administrateur programme UNICEF Burkina Faso, a rappelé aux journalistes que le programme a travaillé sur trois grands axes. Le premier axe porte sur la gouvernance et l’environnement de l’état civil à travers le renforcement du cadre juridique, la coordination et enfin l’allocation de l’augmentation budgétaire du service de l’état civil. Le second est articulé autour du renforcement des capacités des services de l’état civil, l’interopérabilité entre les secteurs état civil-santé et l’adhésion des leaders communautaires à l’enregistrement des naissances.

118 000 enfants ont bénéficié des actes de naissance

Faisant le bilan du programme PAMEC durant les quatre ans, le coordinateur du projet, Ali Sawadogo, a laissé entendre que « nous avons pu mettre en place des centres de coordination dans toutes les 13 régions du pays assorti d’un plan d’action. Nous avons pu élaborer et valider un manuel harmonisé sur les plans d’études d’enregistrement des naissances au Burkina Faso. En fait, plus de 2000 officiers d’état civil ont été formés sur toute l’étendue du territoire ; l’interopérabilité a été sanctionnée par la signature d’un protocole d’accord entre les deux parties qui définit le rôle de chaque acteur dans l’enrôlement des naissances et c’est sur cette base que des centres secondaires ont été créés dans les CSPS et qui procèdent à l’enregistrement sur place des naissances et la délivrance intégrale des actes de naissance en l’espace de 48 heures ».

Ali Sawadogo, coordonnateur du PAMEC UNICEF Burkina

Puis, il ajoute, « 1171 centres secondaires d’état civil ont été créés dans les CSPS au niveau national sur la base du protocole d’interopérabilité. Nous les avons appuyés également en matériels roulants (89 motos) pour permettre aux équipes mobiles de rejoindre les populations dans les villages les plus éloignés et qui sont sans centre secondaire pour procéder à l’enregistrement systématique des naissances. Le projet a pu doter 73 centres principaux de services techniques d’état civil. Ces services ont été équipés d’outils informatiques et d’imprimantes pour faciliter la tâche des agents et éviter les longs rangs dans les centres. Ce sont au total 118 000 enfants y compris des enfants déplacés internes qui ont bénéficié des actes de naissance ».

A l’écouter, ces résultats sont un motif de soulagement non seulement pour l’UNICEF mais aussi et surtout pour les populations bénéficiaires, voire l’Etat burkinabè tout entier. « Certes le projet est à sa fin mais il faut qu’ensemble nous travaillions à consolider et à pérenniser les acquis du PAMEC pour le bien de tous les Burkinabè », a exhorté le coordonnateur.

En rappel, le programme PAMEC a été conjointement mis en œuvre avec le partenariat du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation ; le ministère de la Santé ; celui du Genre et de la famille ; le ministère de la Justice, des droits humains et de la promotion civique etc.

Dofinitta Augustin Khan
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