Actualités :: Vente de pneus d’occasion à Ouagadougou : Un business qui tourne (...)

Les points de vente de pneus d’occasion se sont beaucoup multipliés au Burkina Faso et particulièrement dans sa capitale ces dernières années. Si la plupart des Burkinabè préfèrent ces pneus en lieu et place des neufs, c’est à cause de leurs prix abordables. Mais ces pneus "France au-revoir" ne sont pas sans risques pour la vie des usagers et celle d’autrui. Bien chausser son véhicule en vue de réduire au maximum les risques d’accidents liés aux pneumatiques, exige la prise en compte de l’usage visé par son propriétaire mais aussi des conditions climatiques qui imposent l’emploi d’un type de pneu selon le climat.

À tort ou à raison, les pneus d’occasion s’achètent comme “de petits pains” à Ouagadougou sans tenir forcément compte des dangers qu’ils peuvent engendrer pendant leurs usages. Ces pneus en effet, sont parfois la cause d’accidents du fait de leur mauvaise qualité mais aussi du mauvais emploi qu’en font les automobilistes selon les cas d’accidents enregistrés au Burkina Faso.

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Dans pratiquement tous les quartiers de la ville, vous trouverez certainement un, sinon plusieurs vendeurs de pneus “France au revoir”, comme les appellent communément les populations. De Tampouy à Larlé, en passant par la Cité An 3 jusqu’au centre-ville, ces pneus se trouvent facilement en bordure des voies bitumées.
À la Cité An 3 (quartier résidentiel de l’arrondissement n°2 de Ouagadougou), à quelques encablures du ciné Nerwaya, Abdoulaye Sankara est l’un de ceux qui se sont lancés dans ce business depuis maintenant quelques années.

« Cela fait plus de deux mois que personne n’a acheté un de mes pneus. Alors qu’avant la crise sécuritaire, je pouvais vendre deux à trois pneus par jour », Abdoulaye Sankara, vendeur de pneu d’occasion à la Cité An 3

Dix mille francs CFA, le pneu d’occasion

« Je commercialise des pneus pour véhicule Mercedes au prix de 10 000 francs CFA l’unité. Mes clients sont des personnes qui ont les moyens de s’acheter de nouveaux pneus mais qui préfèrent ceux que nous avons. Il y a aussi des personnes dont les moyens font défaut qui les achètent pour se dépanner quelques temps », a-t-il affirmé.

M. Sankara laisse entendre qu’il faisait face à une mévente de ses pneus en raison des crises que traverse le pays. « Cela fait plus de deux mois que personne n’a acheté un de mes pneus. Alors qu’avant la crise sécuritaire, je pouvais vendre deux à trois pneus par jour », assure-t-il. À la question de savoir d’où provenaient ces pneus qu’il met sur le marché, M. Sankara reste vague dans sa réponse. « Nous nous approvisionnons auprès de quelqu’un qui envoie des pneus d’occasion dans un camion. Une fois sur les lieux, nous trions les meilleurs pneus que nous venons revendre », a-t-il indiqué, un peu méfiant.

Pour Gérard Hien, un fonctionnaire de la capitale, (rencontré près du ministère en charge de l’éducation nationale situé au centre-ville), les raisons qui poussent les gens à l’achat de pneus d’occasion sont principalement le fait qu’ils soient “bon marché”. « On aurait souhaité avoir des pneus sortis directement d’usine au lieu de pneus d’occasion. Mais je pense que c’est d’abord un problème de moyens qui fait qu’à un moment donné, vous préférez ces pneus parce qu’ils sont moins chers. Ce qui permet de palier aux défaillances pneumatiques pour un bout de temps », a-t-il expliqué.

« J’ai fait le choix des nouveaux pneus parce que les gens sont capables de vous présenter des pneus usés comme étant de bonne qualité », a estimé Modeste Ouédraogo, citoyen burkinabè

Si certains estiment que ces pneus sont plus résistants que ceux vendus par les entreprises de pneumatique de la place, la principale raison du choix des pneus d’occasion reste “un problème de moyen financiers”, confirme M. Hien. Il a confié s’être lui-même procuré récemment ce genre de pneus pour son véhicule personnel mais a souligné que leur durée de vie n’excédait souvent pas trois mois pour quelqu’un qui parcoure de longues distances.

Pour se prémunir d’éventuels incidents comme l’éclatement de pneus en pleine circulation, Modeste Ouédraogo (croisé à la même station sus citée), lui, a opté de chausser son véhicule de nouveaux pneus. « Sur certaines voies, si l’un de vos pneus explose en circulation, c’est la catastrophe ! J’ai fait le choix de nouveaux pneus parce que les gens sont capables de vous présenter des pneus usés comme étant de bonne qualité. Alors qu’ils ont simplement pris le soin de bien les nettoyer pour tromper la vigilance des clients », explique-il.

À l’entendre, lorsque les moyens font défaut, l’automobiliste peut être obligé de s’acheter des pneus d’occasion. Par contre, quand ses capacités financières le lui permettent, il vaut mieux, recommande-t-il, se prendre des pneus tout neufs.

Les nouveaux pneus vendus par Boubakari Savadogo

Les critères pour un bon choix de ses pneumatiques

Au fil du temps, la catégorie de personnes conscientes des conséquences néfastes qui pourraient résulter de l’usage des pneus “bon marché” s’est élargie. Ce qui a poussé Boubakari Savadogo, (commerçant de nouveaux pneus à Larlé) à passer de la vente des pneus d’occasion à ceux flambant neufs. « Les pneus d’occasion sont des pneus usés. Même s’ils sont bons, ceux sortis directement d’usine sont encore meilleurs », soutient-il.

À en croire les propos de M. Savadogo, de nombreux clients achètent leurs pneus sans tenir compte d’importants éléments qui y sont inscrits, comme la date d’expiration. Pour lui, les crampons des pneus peuvent visiblement paraître en bon état alors que leur date d’expiration est arrivée à terme. Ce qui les rend par conséquent hors d’usage, même si ces derniers s’entêtent à les exploiter.

« Lorsque les gens achètent leurs pneus sans faire attention aux caractéristiques telles que celle de la vitesse, ceux-ci peuvent éclater quand la limite de vitesse n’est pas respectée », a signalé Boubakari Savadogo, vendeur de pneus au quartier Larlé

« Lorsque les gens achètent leurs pneus sans faire attention aux caractéristiques telles que celle de la vitesse, ceux-ci peuvent éclater quand la limite de vitesse n’est pas respectée. Cette situation est fréquente chez les usagers des pneus d’occasion », a signalé M. Savadogo.
En raison de son climat tropical (chaud), le type de pneu le plus recommandé au Burkina Faso est “le pneu d’été” exclusivement utilisé pour la période chaude dans les pays occidentaux, a-t-il mentionné.

Amado Zoungrana, directeur général du Groupe Eza, (une entreprise évoluant dans la vente de pneus neufs à la Cité An 3), a dit ne pas comprendre l’attitude des Burkinabè dans leurs choix de pneus et les invite à cet effet, à plus de prudence. « Mon conseil à l’endroit des automobilistes est de faire un choix judicieux lorsqu’ils veulent s’acheter des pneus. Si une personne a pu s’offrir une voiture d’au moins sept millions de francs CFA, j’estime qu’elle peut davantage fournir un effort pour acquérir des pneus de bonne qualité pour sa propre sécurité, celle de sa famille et d’autrui », a-t-il interpelé.

« Mon conseil à l’endroit des automobilistes est de faire un choix judicieux lorsqu’ils veulent s’acheter des pneus », Amado Zoungrana, directeur général du Groupe Eza à la Cité An 3

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Depuis son lieu de service, dans le quartier de Koulouba (situé dans l’arrondissement n°1 de Ouagadougou), le garagiste Lucien Kaboré a relevé qu’il existait des pneus “France au revoir” bien plus résistants que ceux vendus par les entreprises de pneumatique dans la capitale. « Il y a un de mes clients qui a rechaussé son véhicule et juste à l’issue d’un voyage, ces pneus ont été voilés », a-t-il confié.

Il a ajouté que ce dernier est allé expliquer sa mésaventure au commerçant. Cependant, celui-ci a fait comprendre qu’il n’était pas la personne qui fabriquait ces pneus. Le garagiste a également signifié que son client avait acquis ses pneus sans garantie, une imprudence qui lui a coûté cher.

Le garagiste Lucien Kaboré exhorte ainsi les Burkinabè à la vigilance pour bien choisir leurs pneus afin de ne pas se faire duper par des pièces reconditionnées

M. Kaboré exhorte ainsi les Burkinabè à la vigilance pour bien choisir leurs pneus afin de ne pas se faire duper par des pièces reconditionnées. Il faut donc selon lui, s’assurer de la bonne qualité du pneu avant tout achat.
Tout achat de pneu pour un véhicule doit être fonction de l’usage visé par son propriétaire. Selon que le véhicule est destiné à des fins d’usage commercial ou personnel, le type de pneu varie. « Pour deux véhicules ayant les mêmes dimensions pneumatiques, 165/70R14 par exemple, l’un sera chaussé de pneu de type “C” qui convient le mieux à une voiture transportant plus de charges qu’un véhicule de passagers », a éclairé le directeur général de Good Year, Pierre El Turk.

L’entreprise Good Year au quartier Koulouba

Les catégories de pneus « C » ou « LT » (Light Truck) sont en effet, les pneumatiques dédiés aux véhicules utilitaires et ayant un indice de charge inférieur ou égal à 128, c’est à dire une charge maximale acceptable inférieure ou égale à 1800 kg. Ces pneus sont caractérisés par une capacité de charge supérieure à celle qu’admet un pneu pour un véhicule passager à dimension égale.

Le code de la route impose de changer les pneumatiques dès lors que le témoin d’usure d’une hauteur de 1,6 mm est atteint mais l’on constate que cette norme n’est malheureusement pas respectée par bon nombre d’automobilistes en Afrique et au Burkina Faso en particulier. Ce qui occasionne assez fréquemment des accidents liés au mauvais état des pneumatiques qui sont parfois mortels.

Hamed NANEMA
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