Actualités :: Lutte contre la corruption au Burkina : Le vaste et impératif chantier du (...)

La corruption ruine et sape la confiance entre les citoyens, leurs dirigeants, les institutions publiques et constitue un frein au développement, pour ne pas dire qu’elle est, indirectement, la base de plusieurs situations malheureuses au quotidien. D’où l’enjeu de la campagne, voire de l’offensive, lancée par l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) à travers le processus des audits commandés par le président du Faso.

Les audits annoncés concerneront environ une centaine de structures publiques, notamment des ministères et institutions, des sociétés d’Etat, des Fonds nationaux de financement, des établissements publics de l’Etat, des collectivités territoriales, a expliqué le premier responsable de l’ASCE-LC, le contrôleur général d’Etat, Philippe Néri Kouthon Nion, lors d’une conférence qu’il a animée à cet effet, lundi 11 avril 2022 à Ouagadougou, première sortie du genre en cette qualité de président de l’institution.

Les domaines de ces audits sont la gouvernance, le contrôle des marchés publics, le contrôle du carburant et lubrifiant (les frais de mission à l’intérieur et à l’extérieur du pays, les frais de voyage, les rétributions…), les comptes de dépôt, les régies d’avances, les dons divers au bénéfice de certaines personnes...

« L’audit, par principe, ne s’adresse pas aux personnes mais au processus, au système de contrôle interne, au dispositif de gestion des risques, à la gouvernance, etc. Le but pour nous, c’est d’identifier s’il y a des points forts, des points faibles, des dysfonctionnements, les causes y relatives et à partir de ces constats, identifier les bonnes pratiques à suggérer ou des recommandations d’amélioration. On pourra aussi s’intéresser à la performance.

Dans le cas des structures publiques, on ne peut passer sous silence la régularité et la conformité. Pour ce faire, les normes internationales d’audit interne édictées par l’Institut des auditeurs internes (IIA) que nous utilisons, nous contraint pour toute mission d’audit, à déterminer les objectifs, à tenir compte de la probabilité qu’il existe des erreurs significatives, des cas de fraudes ou de non conformités et d’autres risques importants », détaille le contrôleur général d’Etat.

Ces audits devront aboutir soit à des constations de simples dysfonctionnements ou certaines irrégularités mineures (impliquant ainsi la saisine de la structure auditée en vue de l’élaboration d’un plan d’actions de mise en œuvre des recommandations formulées), soit à un décèlement d’irrégularités majeures ou graves, non constitutives d’infractions pénales, mais présomptifs de fautes de gestion (appelant à la saisine de la structure auditée en vue de l’élaboration d’un plan d’actions de mise en œuvre des recommandations formulées ; saisine de la cour des comptes en vue de la mise en jeu de la responsabilité pour faute de gestion) soit encore ils révèleront des irrégularités majeures ou graves constitutives d’infractions pénales (saisine du département « enquête et investigation » de l’ASCE-LC pour diligenter des enquêtes judiciaires sous la supervision du procureur du Faso).

Par un communiqué paru les jours d’avant, l’institution a lancé un appel au public aux fins de porter à sa connaissance, toute information sur les acquisitions de patrimoines mobiliers et immobiliers au Burkina Faso et à l’étranger, susceptibles de constituer des faits présomptifs de corruption, de délit d’apparence, d’enrichissement illicite, de détournement de biens publics, etc.

On se retrouve, dans cette démarche, comme en avril 2015, sous la transition de 2014-2015, avec le ministre de la sécurité, Auguste Denise Barry, qui avait, dans le cadre de la « guerre » lancée contre le grand banditisme au Burkina, promis des sommes à toute personne qui donnerait des informations sur des personnes soupçonnées d’être des « bandits » (des sommes allant de de 150.000 à 250.000 F CFA). Des Burkinabè avaient relevé la contradiction entre l’esprit de lutte, la moralisation de la vie publique et l’élément vénal ainsi exposé. Non seulement les risques de dérapages étaient grands dans une société comme actuelle du Burkina, mais une telle démarche dépouillait également de l’élément moral que doit revêtir la lutte commune contre les pratiques néfastes.

On ne peut pas poursuivre le recouvrement de valeurs en les monnayant en même temps. Il faut simplement organiser des campagnes d’explications du bien-fondé des dénonciations et renforcer les moyens des structures étatiques (policiers, gendarmes, institutions de lutte anti-corruption), des organisations de la société civile de lutte contre la corruption et développer et vulgariser les canaux de dénonciations.

Dire que « des récompenses sont prévues sur les produits recouvrés grâce aux dénonciations faites », s’apparente à une défaillance de l’administration ou à un dilatoire, car dans un quartier huppé comme Ouaga 2000 par exemple, qui n’est pas destiné au Burkinabè moyen, l’on se demande comment un individu peut venir s’échafauder un bunker sans que l’administration n’ait des informations sur lui et ses activités.

Si l’on admet que (ce qui est réellement le cas) le Burkina est gangréné par la corruption, qui se manifeste dans tous les secteurs de la vie publique, c’est qu’il faut apprendre à faire de son combat, un acte de tous les jours et non une exception. L’aspect vénal pourrait donc biaiser l’esprit, car, dénoncer ce qui n’est pas normal doit tendre vers un réflexe citoyen. Par la dénonciation, ce sont des actes qu’on combat, ce n’est pas être contre quelqu’un.

Un « appel anonyme » a par exemple permis d’éviter une explosion à Ouagadougou, selon la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF) qui a présenté, le 31 mars 2022, des rouleaux de cordeaux détonants, du nitrate… Une stimulation de l’exposition montre que « sur un rayon de 200 mètres, il n’allait plus rien avoir. Ni personnel, ni bâtiment dans le rayon dans une zone d’habitation. L’impact pouvait se ressentir jusqu’à 1, 5 km », a décrit le génie militaire qui a désamorcé le danger. Comme on le dirait dans certains milieux, c’est de cela aussi qu’il s’agit comme leçons à tirer dans la lutte.

Une autre inquiétude liée à la fois à la vaste campagne d’audits et aux récompenses pour dénonciation réside dans la suite réservée aux dossiers. Il ne suffit pas de faire le constat pour ensuite ranger les rapports ou en utiliser pour des fins personnelles, politiques ou encore réserver aux fautifs, des traitements de complaisance. Des fautifs doivent pouvoir restituer ce qu’ils ont pillé au peuple. S’il n’y a pas de sérieux dans le traitement de telles questions qui sont à la base de l’effritement de la confiance entre dirigeants et dirigés, les citoyens et leurs institutions, ce sera toujours le perpétuel recommencement, donc du gaspillage de ressources et d’énergies.

O.L.O
Lefaso.net

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