Le Bureau central national d’interpool du commissaire Salvador Nébié avait présenté à la presse le mardi 02 novembre 2005 des escrocs pour une histoire de 18 millions de FCFA soutirés à un quincaillier du nom de Boukary Ouédraogo. Cette fois, c’est l’actrice principale de l’escroquerie qui a été présentée le mercredi 23 novembre 2005 à la Sûreté nationale.
M. Boukary Ouédraogo, quincaillier à Ouagadougou avait porté plainte pour escroquerie de 18 millions de FCFA. Un acte qu’il attribue à Brigitte Agni et deux de ses complices, ALiou et Bonzaï, tous de nationalité camerounaise. Les deux complices ont été mis aux arrêts depuis début novembre mais Brigitte Agni était toujours en cabale. Les deux complices qui n’ont pas à l’époque nié leur complicité dans cette affaire d’escroquerie avaient même été saisis et avec eux quatre statuettes, élément de base de leur combine.
Brigitte Agni, le cerveau de l’affaire, elle, a été arrêtée dans la nuit du samedi 19 novembre 2005 au secteur n°7 de Ouagadougou. L’intéressée avait déjà été interpellée pour vérification d’identité il y a quelques années. Cette fois-ci, à son interpellation, elle détenait un passeport et une carte d’identité délivrés au Bénin avec le nom de Kindjinou Wouangnina Pascaline. Or, en 2002, elle détenait une carte d’identité togolaise avec pour nom Ahata Agnira Finey. Pourtant, elle a affirmé avoir quitté le Cameroun à l’âge de deux ans pour le Togo et est actuellement mariée à un Béninois. De quelle nationalité est-elle au juste ?
Agni : Imperturbable et étonnante
« Je suis Togolaise », affirme-t-elle sans ambages. Sur la demande du commissaire Nébié, elle nous a livré sa version de l’affaire. Un récit donné à l’aise, sans titubation. Agni, d’entrée de jeu a voulu faire un rectificatif. Pour elle, il ne s’agit aucunement de 18 millions soutirés mais plutôt 15.772.000 F CFA.
Dans une certaine nuit de la mi-août 2005, Agni cherchait un taxi au niveau du Zodiaque Night Club au secteur n°16 de Ouagadougou lorsqu’elle rencontra M. Boukary Ouédraogo qui décida alors de la déposer avec sa voiture vers l’hôtel Avenir à Gounghin. A travers la conversation, les numéros de portables furent échangés et le contact maintenu. Agni affirme que M. Ouédraogo n’aimait pas les espaces publics et que la plupart du temps, les causeries se faisaient dans sa voiture. « Ayant remarqué que le Monsieur était avare, je lui ai proposé une affaire que je voulais conclure pour escroquer un blanc » a-t-elle laissé entendre. Elle aurait expliqué au sieur Boukary, qu’il s’agissait de marchandises, notamment des objets d’art à prendre au Togo pour ensuite les revendre au prix qu’il voulait au blanc. Rendez-vous fut pris pour le lendemain à la boutique du sieur Ouédraogo Boukary à 18h 30 pour la suite. Et c’est après avoir déposé la secrétaire du quincaillier chez elle vers le Zodiaque Night club que le marché a été conclu entre Agni et M. Boukary Ouédraogo. C’est à partir de ce moment que Brigitte Agni a mis ses deux amis soit disant Togolais dans le deal : « J’ai vu l’antiquaire qui m’a proposé une collection de 7 millions de F CFA », précise-t-elle.
Les décaissements ont commencé pour Boukary Ouédraogo. 32 000 F CFA ont été envoyés par la gare de l’Est plus les frais de transport des deux complices togolais. A leur arrivée à Ouagadougou, 380 000 F CFA ont encore été décaissés puis 1 100 000 F CFA et un portable Nokia avec une puce Telmob dont 100 000 F CFA destinés au chef du village.
Quatre jours après, poursuit-elle, 12 900 000 F CFA ont été remis à Aliou (Bonzaï étant déjà retourné au Togo). De cette somme, Brigitte a avoué avoir pris six millions de F CFA, le restant devant servir pour l’achat des statuettes. Dans la démarche, des consignes avaient été données par Agni au Blanc pour que celui-ci confirme son désir d’acquisition des objets d’art afin que le sieur Boukary puisse accélérer le décaissement des fonds.
Sur demande du propriétaire des statuettes, 250 000 F CFA ont ensuite été envoyés puis 1 150 000 F CFA dont 150 000 F CFA via Ouaga Inter au Ghana pour l’établissement d’un certificat d’authenticité des pièces à vendre. Agni dit avoir constaté une rupture de confiance à ce moment entre elle et M. Ouédraogo et a senti le besoin de laisser tomber le deal. Elle affirme même avoir coupé tout contact avec lui. Elle dit ne pas comprendre pourquoi celui-ci s’est entêté à continuer d’envoyer de l’argent après avoir perdu son contact. En tout, elle affirme avoir tiré un bénéfice de 2 800 000 F CFA.
Somme qu’elle a d’ailleurs utilisée pour s’acheter d’autres objets d’art avec lesquels elle espérait faire de nouveau en s’installant à Ouagadougou. Brigitte Agni ne reconnaît pas certains montants annoncés dans la première version. Elle dit ne pas reconnaître non plus l’intervention du prétendu commissaire et son interpellation par la police togolaise.
Pour sa part, le commissaire Nébié a signalé que les trois partis (Brigitte Agni, ses deux complices et M. Boukary Ouédraogo) auront à s’exprimer devant le tribunal pour situer les responsabilités et la culpabilité des uns et des autres.
Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)
Sidwaya
