Actualités :: Burkina/Détresse sécuritaire : « Il faut sauver, sans délais, les populations (...)

C’est une situation critique, que des ressortissants de cette localité, sise région du Centre-nord, ont présentée ce lundi 10 janvier 2022 à travers une conférence de presse à Ouagadougou.

Selon les conférenciers, Namsiguia, bourgade en ce moment aux allures d’une ville, de par les nombreuses populations environnantes qu’il accueille, manque de tout. Dans l’impossibilité de cultiver, depuis quelques années maintenant, les populations qui s’étaient rabattues sur les cultures maraîchères pour survivre ce sont désormais vues interdire les points d’eau.

Pis, décrivent les conférenciers, même les forages et puits des quartiers périphériques sont maintenant sous le contrôle des ennemis et interdits aux populations. « Ces derniers temps, l’étau s’est davantage resserré, de sorte que les gens étouffent, sans eau, sans vivres... », rapporte Abdoul Karim Sawadogo, un des porte-paroles de ces populations en détresse.

Les conférenciers appellent donc à une action urgente des autorités compétentes pour desserrer l’étau, par, et entre autres actions, l’organisation de ravitaillements des populations, une sécurisation de la zone à travers notamment les points d’eau.

Nous vous proposons ci-dessous, l’intégralité de la déclaration liminaire à la conférence de presse.

Lefaso.net


Déclaration liminaire

Chers confrères et chères consœurs recevez la reconnaissance des milliers de populations dont nous sommes, modestement aujourd’hui, les porte- voix pour relayer leur désarroi, crainte mais aussi espoir. Merci d’être venus aussi nombreux, vous qui avez fait du métier de journalisme un sacerdoce. Que Dieu le Tout-Puissant, l’auteur de tout don parfait et celui en qui il n’y a aucune ombre de variation comble vos attentes en cette nouvelle année.

Mesdames et messieurs, ce n’est vraiment pas de gaité de cœur que nous nous tenons devant vous en cette matinée pour nous prononcer sur le problème aussi sensible que la sécurité qui mine notre pays depuis plus de six ans. Ce n’est point non plus pour la recherche d’une vaine gloire ou un désir utile de briller car les circonstances ne nous ont guère laissé le choix. Nous avons multiplié les rencontres et fait de notre mieux avec le dialogue pour qu’on se penche sur la situation alarmante de Namsiguia. Nous n’avons plus de choix que de prendre l’opinion nationale et internationale à témoin sur ce qui se trame à Namsiguia.

D’ailleurs peut-on avoir le choix quand ceux qui nous ont mis au monde et fait de nous ce que nous sommes, nos frères, nos sœurs, bref ceux qui nous sont si chers sont aujourd’hui comme des naufragés en pleine mer et se demandent dès l’aurore s’ils verront le crépuscule et regardent chaque nuit étoilée comme si c’était la dernière fois. Ils vivent chaque jour comme si c’était le dernier. Ils n’en peuvent plus et appellent à l’aide !!!

Chers journalistes à la fin de cette conférence de presse nous voudrions que vous reteniez le message suivant que nous résumons en une seule phrase : « Il faut sauver maintenant et sans délais les milliers de populations de Namsiguia pour que leur résistance contre le terrorisme depuis maintenant quatre longues années ne soit pas vaine ».

En effet Namsiguia est situé dans la commune de Bourzanga, province du Bam et est la deuxième plus grande localité de ladite commune. Traversée de part en part par la route nationale n°22 reliant Ouagadougou à Djibo elle est la dernière localité du Bam avant le Soum, située à 20km de Bourzanga et 36 km de Djibo. Depuis 2019, le village accueille des milliers de déplacés internes venus des villages environnants et même d’autres provinces. Ce patelin qui a fait preuve de résilience est dans le viseur des terroristes qui la considèrent comme le verrou à sauter pour mieux s’implanter dans la zone et étendre leur emprise aussi bien dans le Bam que dans le Soum. Depuis début décembre 2021, les attaques sont quasi quotidiennes et sont parfois soldées par mort d’homme, vol de bétail, enlèvements, etc.

Namsiguia a connu le plus grand nombre d’attaques de la province dont il relève. En effet, à la date 5 janvier 2022 elle a enregistré sa 30e attaque. Encerclées par les terroristes qui déroulent sans peine leur stratégie d’étouffement en occupant les points névralgiques comme le barrage de Kourao et les puits de Basnéré, les populations sont affamées et assoiffées. Elles vivent dans une prison à ciel ouvert. Impossible d’aller au chef-lieu Bourzanga du fait du blocus des terroristes à Kaifaye situé à 2 km où ils contrôlent les cars et les camions et enlèvent les ressortissants de Namsiguia.

Au regard de la conjugaison de ces faits, le village est à bout de souffle. C’est pour attirer l’attention des autorités sur leur situation des plus dramatiques que les déplacés internes et leurs hôtes de Namsiguia ont bloqué la RN 22 du lundi 6 au mercredi 8 décembre 2021. Des dizaines de camions chargés de marchandises pour Djibo et les cars de transport en commun ont été alors bloqués. Les manifestants ont exigé, sans succès et ce pendant 72 heures, la présence des autorités pour prendre leurs doléances. Grâce à la médiation entreprise au prix d’énormes sacrifices par les sages du village et les ressortissants de la localité à Ouaga, le blocus a été levé dans la nuit du mercredi à jeudi 9 décembre 2021 permettant ainsi la reprise immédiate du trafic.

Malheureusement du jeudi 9 à samedi 11 décembre le village a été quotidiennement attaqué ce qui plongea davantage les populations dans le désarroi en renforçant leur sentiment d’abandon de la part de l’Etat. Des milliers de têtes de bétails ont été emportées et revendues pour beaucoup, au marché de bétail de Djibo. Des charrettes à traction asine, des tricycles et motos pour ne citer que ces moyens de locomotion et de transport ont été retirés au fil des incursions. Les femmes dans la recherche de l’eau ou du bois de chauffe sont victimes de traitement dégradant. Les populations n’ont pas accès à leurs champs ni au point d’eau de Kourao pour le maraîchage.

Certes, Namsiguia existe toujours grâce à l’action combinée des FDS et des volontaires pour la défense de la patrie mais manque de tout. D’abord d’eau car les puits et mêmes les forages dans les quartiers périphériques sont interdits d’accès par des terroristes. La quasi-totalité des camions refusent de ravitailler la ville mais poursuivent leur trajet jusqu’à Djibo visiblement sans encombres. Même situation incompréhensible pour les cars de transport en communs qui refusent de prendre les ressortissants de Namsiguia alors même qu’ils traversent la ville pour aller à Djibo. Une seule compagnie par humanisme n’en fait pas autant. Qu’elle trouve ici la reconnaissance d’une population meurtrie.

Pourquoi refusent-ils d’embarquer à leur bord les gens de Namsiguia ? A cette lancinante question ils répondent que ce sont les terroristes contrôlant l’axe routier qui leur interdisent. Visiblement certains ont fait le choix de s’accommoder avec les ennemis de notre peuple en instaurant une sorte d’apartheid dans le domaine du transport avec pour seul but de briser la résistance des populations toute chose qui est totalement inacceptable. Pour nous, ce problème est facile à régler si on instaure un poste de contrôle à Namsiguia pour y imposer un arrêt obligatoire comme c’est cas en amont et en aval de la localité. Face à ces nombreuses difficultés un mémorandum a été adressé aux autorités communales, provinciales, régionales et nationales le 12 décembre dernier lequel a été signé par les personnes ressources de la localité. Elles y ont soumis 6 doléances que sont :

- Libérer le tronçon Namsiguia-Bourzanga long de 20 km sur la RN 22 où les terroristes contrôlent l’identité des usagers ;

- organiser un ratissage dans la zone pour la permettre de souffler un tant soit peu ;

- renforcer les capacités des FDS et VDP de Namsiguia en augmentant leur nombre et leur dotation en matériel ;

- décentraliser l’aide humanitaire à Namsiguia qui accueille plus de déplacés dans la commune et dont le nombre s’accroît quotidiennement suite aux récentes attaques dans la zone ; - permettre urgemment l’accès aux points d’eau de Basneré et au barrage de Kourao situé à seulement 4 km ;

- augmenter le nombre de forages et réparer ceux en panne.

Cette correspondance adressée aux autorités compétentes a conclu : en ces termes : « Face à cette urgence vitale, il faut une prompte réaction des autorités compétentes. Tout relâchement dans le traitement de ce dossier risque sans nul doute de mettre en péril des milliers de vies et entraîner la prise de Namsiguia qui fera "couler" toute la province du Bam. »

Depuis l’appel du 12 décembre les lignes n’ont pas considérablement bougé permettant aux terroristes de réduire l’espace vitale des populations qui ne peuvent plus faire le moindre kilomètre de plus. La semaine dernière le village a subi trois attaques qui ont été repoussées avec quelques maisons périphériques incendiées contraignant les gens à abandonner les quartiers les plus exposés.

De notre petite observation ceux qui ont décidé de s’attaquer à notre nation ne sont pas plus fort que nous et leur stratégie est la plus simple possible. Lorsqu’ils s’attaquent à une localité ils s’en donnent les moyens de piller tous les biens : la volaille, les gros et petits bétails, des greniers remplis de céréales et tout en occupant les meilleures maisons. N’étant pas inquiétés dans leur nouvel espace ils observent une accalmie et les villages d’en face pensent qu’ils sont à l’abris jusqu’à ce ces sans foi ni loi choisissent à nouveau d’aller à l’offensive. Ainsi les villages environnants tombent les uns après les autres renforçant leur sentiment de puissance. Leur autre stratégie c’est d’investir les axes routiers pour détourner les camions et se servir de tout ce qui leur manque.

A côté de ce sombre tableau scintille un faisceau d’espoir avec le gouvernent dit de combat. Si Namsiguia n’est pas tombé hier c’est qu’il ne tombera plus à en croire notre nouveau Premier ministre Lassina Zerbo qui dans son discours de politique générale devant le parlement le 7 janvier a été on ne peut plus claire je cite : « L’état de la défense et de la sécurité réclame des gestes audacieux et rapides. Et nous agirons - non seulement pour permettre à nos compatriotes déplacés de rejoindre sans crainte leurs localités d’origine ; mais aussi pour assurer le retour à une vie économique et sociale dans ces localités en vue d’en faire des zones d’opportunités et d’espérance. Pour parvenir à ce résultat, nous allons agir aussi bien sur les causes immédiates de l’insécurité que sur les causes profondes. Les départements en charge des armées et de la sécurité intérieure ont reçu les instructions pour dérouler les mesures d’urgence issues de la stratégie nationale de défense ».

C’est au nom de cet espoir qu’aucun élu n’a voté contre lui à l’hémicycle. Monsieur le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, Monsieur le Premier ministre, Lassina Zerbo monsieur le ministre des Armées, le général Aimé Barthélémy Simporé, monsieur le ministre de la Sécurité, Maxime Koné, Vaillantes et combattantes FDS nous avons l’espoir que l’espoir de ces milliers de populations que nous avons porté aujourd’hui ne sera pas vain sinon elles auront résisté de longues années en vain. C’est le lieu d’inviter nos compatriotes à changer de fusil d’épaule car beaucoup sont restés impassibles face au drame qui se joue dans les régions ou localités sous menaces. Si le mal s’est propagé nombre d’entre nous sont restés dans notre zone de confort avec les propos désobligeant du genre : ça les regarde là-bas ils sont tous des terroristes.

« Nous sommes en guerre » voici Aujourd’hui le refrain de nous Burkinabè alors que nous refusons d’adopter une attitude ou un comportement qui sied en temps guerre. En temps de guerre chacun doit s’armer contre l’ennemi. La prière, la solidarité avec les déplacés, les orphelins et les veuves, les conseils, les paroles d’encouragement, le refus de la compromission avec l’ennemi pour ne citer que ceux-là sont des armes aussi puissantes que des lance-roquette et des boucliers pouvant concourir à la victoire. En tout cas l’Association pour le développement de Namsiguia et village environnants (ADNVE) a fait sa part et ne se lâchera pas de le faire.

Madame et monsieur nous terminons comme nous avons commencé en tirant la sonnette d’alarme : Il faut sauver maintenant et sans tarder les milliers de populations de Namsiguia pour que leur résistance contre le terrorisme depuis maintenant quatre longues années ne soit pas vaine.

Merci de nous avoir prêté une oreille attentive nous nous tenons prêts à répondre à d’éventuelles questions d’éclaircissement.

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