Actualités :: Action éducative en milieu ouvert (AEMO) : Un service en état d’abandon (...)

Les locaux du service de l’Action éducative en milieu ouvert (AEMO) de Bobo-Dioulasso, sis au secteur 16 (Saint Etienne) sont dans l’abandon le plus total. C’est du moins le constat que Sidwaya a fait en y effectuant un tour le 16 novembre 2005.

Et pourtant, les belles fresques qui ornent le mur d’enceinte ne laissent en aucun cas imaginer l’état d’abandon dans lequel se trouvent les locaux à l’intérieur. Il est très difficile de croire que cet endroit est le lieu de travail d’agents de l’Action sociale lorsqu’on y pénètre. Une cour envahie d’herbes, des robinets qui laissent perpétuellement couler de l’eau à peine retenue dans un bidon coupé sur sa longueur, des plafonds démontés, des sanitaires arrachés ou cassés, des portes et fenêtres manquantes, des déchets humains dans l’arrière cour. Un spectacle inimaginable en fait pour un service public.

A notre arrivée nous trouvons un jeune en train de dormir sur un table-banc, le seul mobilier qui existe à l’AEMO. Les bruits de nos pas le libèrent des bras de Morphée. Il se dirige vers le robinet au fond de la cour, se lave le visage et les bras avant de quitter précipitamment les lieux. Des chaussures de fillette abandonnées sur la terrasse attestent également que l’endroit est fréquenté. « Si l’AEMO est dans cet état, c’est parce qu’il n’y a plus de gardien », confie Yacouba Mandé, un agent de l’Action sociale qui y travaille avec cinq autres encadreurs. On apprend dans la foulée que le gardien a préféré abandonner les lieux à la suite d’une agression qui a failli lui coûter la vie.

Depuis lors (un an environ), l’AEMO est devenue le quartier général de plusieurs jeunes dont des délinquants qui n’hésitent pas à y consommer la drogue, violer de jeunes filles, faire la bagarre. En clair, l’AEMO est devenue un « no man’s land », un endroit de non droit à la merci de toutes sortes de vices. Pourtant, ce service, créé en 1995 et relevant du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, était il y a quelques années le seul lieu appartenant à l’Etat où un enfant de la rue pouvait se présenter à Bobo pour un espoir permis. Il avait pour objectif la réinsertion socio- professionnelle et économique des jeunes en difficulté.

Au début, affirme Yacouba Mandé, les jeunes le fréquentaient régulièrement. Il y avait de quoi puisqu’ils y trouvaient nourriture, savon pour la lessive sans oublier l’alphabétisation qui y était dispensée. Aujourd’hui, cette belle époque est révolue puisqu’ils ne peuvent plus trouver à l’AEMO ce dont ils ont besoin. Et d’anciens d’affirmer que le saccage des lieux est l’expression d’un ras-le-bol des jeunes en difficulté dont les nombreux espoirs ont été déçus.

En dépit du chaos apparent, quelques éducateurs continuent de venir au centre que quelques jeunes fréquentent toujours pour pouvoir s’en sortir.

Ainsi, certains d’entre eux ont pu être placés à la Maison de l’enfance André-Dupont de Orodara (MEADO) et au centre de rééducation de Gampéla. La réhabilitation de l’AEMO est une « urgence urgente » confie M. Mandé.

Pour lui, il faut que ce service reprenne sa place parce qu’il a permis à de nombreux jeunes de s’en sortir. La stratégie mise en place à l’époque consistait à aller rencontrer les jeunes là où ils se trouvent (lieux et places publiques, autour de salles de cinéma et des bars-dancings) écouter leurs problèmes et envisager des solutions (placement dans des ateliers notamment) pour les sortir de leur situation difficile.

On annonce la réhabilitation des locaux pour le mois de décembre grâce au projet Réduction de la pauvreté des jeunes (REPAJE) et à un chantier école internationale avec des jeunes français de la région Rhône-Alpes à hauteur de 4 000 000 F CFA. Ces fonds serviront à la construction de la guérite du gardien et à la réhabilitation totale des locaux. On prévoit même l’affectation d’un volontaire des Nations unies à l’AEMO. « C’est bon, mais ce n’est pas arrivé », pourrait-on dire parce que l’AEMO Bobo a besoin de plus que ces travaux. En un mot, il faut qu’il devienne une adresse sûre et sécurisante pour les jeunes en difficulté à Bobo-Dioulasso.

Urbain KABORE

Sidwaya

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