Actualités :: La traite des enfants : Un phénomène réel et préoccupant

Au Burkina Faso, la traite interne et externe d’enfants est une réalité qui continue de faire son petit bonhomme de chemin. Malgré la lutte conjointe des Etats ayant un protocole d’accord, ils sont encore nombreux les enfants, filles comme garçons, à faire le bonheur des trafiquants.

Ils sont dans les bars, les restaurants, les mines d’or, les champs, les plantation, les champs de coton, les rizières, aux domiciles de certaines familles. Eux, ce sont ces enfants âgés de 6 à 15 ans, victimes de « traite » et d’exploitation économique. La loi N°038-2003/AN portant définition et répression de la traite d’enfants, se définit comme : « Tout acte par lequel un enfant de moins de 18 ans est recruté et transporté, transféré, hébergé ou accueilli, à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire burkinabè par un ou plusieurs trafiquants au moyen de menaces et d’intimidations par la force ou d’autres formes de contraintes, de détournements, de fraudes ou supercherie, d’abus de pouvoir ou d’exploitation de sa situation de vulnérabilité ou dans le cas d’offre ou de réception de rémunération en vue d’obtenir le consentement d’une personne ayant pouvoir de contrôle sur lui à des fins d’exploitation économique, sexuelle, d’adoption illicite, d’union matrimoniale précoce ou forcée ou à toute autre fin préjudiciable à la santé, au développement physique, mental et au bien-être de l’enfant ».

Beaucoup de zones pourvoyeuses

Au départ, les gens n’ont pas cru à la traite d’enfants. Ils avaient cru à la forme de « socialisation » à travers laquelle l’enfant apprend un métier avec ses parents ou les amis de ses parents. Mais en 2000, les autorités ivoiriennes avaient commencer à rapatrier les enfants burkinabè dans le cadre de traite d’enfants au Burkina Faso.

Ce constat a permis aux autorités burkinabè de se rendre compte que la traite d’enfants est une réalité. Une étude réalisée par le Ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale (MASSN) a déterminé des zones pourvoyeuses de traite d’enfants dans notre pays.

Ces zones sont entre autres, les régions de Tougan, Kiembara, Kongoussi, Ouahigouya, Banfora, Bobo-Dioulasso, Dori, Fada N’Gourma, Djibo, Gorom-Gorom, Gaoua, Dédougou et Ouagadougou. Cette étude a montré également que les enfants viennent du Mali, du Niger et transitent par le Burkina Faso pour aller dans les pays de la sous-région.

Un enfant travaillant dans un champ de coton.

Monsieur Jean Baptiste Zoungrana, directeur de la Protection de l’enfance et adolescent confie : « Une étude réalisée depuis 2000 a montré que le Burkina Faso est un pays fournisseur, récepteur et de transit de main-d’œuvre infantile ».

Cette exploitation massive des enfants mineurs certifie que la traite d’enfants existe au Burkina Faso. Le phénomène est même préoccupant parce que les jeunes, surtout les jeunes filles, n’ont plus peur de descendre vers les villes dans l’espoir de chercher et d’obtenir ce que l’autre possède comme matériel.

Les différentes sanctions

En mai 2003, le Burkina Faso a adopté la loi n° 038-2003/AN portant définition et répression de la traite d’enfants.

En ce qui concerne les sanctions, l’article n° 4 du chapitre II dit ceci : « Est puni d’un emprisonnement de un (1) an) à cinq (5) ans et d’une amende de 300 000 à 1 500 000 F CFA ou de l’une de ces deux (2) peines seulement quiconque se livre à une traite d’enfant quel que soit le lieu de commission de l’infraction. Est puni des mêmes peines, quiconque, ayant connaissance d’une traite d’enfants ou ayant découvert un mineur de moins de 18 ans dans les conditions susvisées, n’a pas averti aussitôt les autorités administratives ou judiciaires ou toute personne ayant capacité de l’empêcher ».

La tentative de la traite d’enfants est punissable c’est-à-dire il y a des peines plus graves selon les conditions, les circonstances de la commission de l’infraction. L’article n° 5 de la loi 038 dit ceci : « Est puni d’un emprisonnement de cinq (5) à dix (10) ans tout individu coupable de traite d’enfants commis dans les circonstances suivantes :

- si la victime est un mineur de 15 ans et moins ;

- si l’acte a été commis par fraude ou violence, par usage de fausse qualité, faux titre ou des documents falsifiés ou altérés ou de fausse autorisation ;

- si l’auteur fait usage de stupéfiant ou de toute autre substance de nature à altérer la volonté du mineur victime ;

- si la victime a été séquestrée, privée d’aliments ou exposée dans un endroit public ou privé de recrutement ;

- si la victime est exposée à des travaux dangereux, pénibles, ou aux pires formes du travail des enfants ;

- s’il en est résulté une infirmité temporaire ».

On parle d’emprisonnement à vie lorsque la loi n° 038 à son article 6 dit ceci : « la peine est l’emprisonnement à vie lorsque :

- la victime est décédée ;

- il en est résulté une mutilation ou une infirmité permanente ;

- le trafic a pour but un prélèvement d’organe ».

Le phénomène existe réellement mais les trafiquants ont de multiples visages

La réinsertion sociale est un outil qui a fait ses preuves. Elle permet à l’enfant de choisir le projet de sa vie le projet est élaboré par l’association Etre comme les autres (ECLA), qui cherche les financements et place l’enfant en formation.

Si le financement est acquis, elle installe l’enfant à son propre compte. Le suivi et l’évaluation sont assurés toujours par l’association ECLA. En effet, la traite d’enfants est un phénomène réel et préoccupant au Burkina Faso, particulièrement dans les provinces du Yatenga, du Sourou, du Gourma, du Poni, de la Comoé et du Kadiogo. La traite des enfants est loin d’être éradiquée parce que la pratique est faite clandestinement.

Elle prendra encore un temps assez long mais tous les acteurs œuvrant à son élimination continueront de mener une lutte. L’identification des trafiquants est une difficulté majeure. Mais ce qu’on peut dire, c’est que certains parents sont complices des trafiquants ainsi que les maîtres coraniques qui drainent avec eux, un nombre important d’enfants. L’effort conjugué de tous les acteurs sur le terrain contribuera à amenuiser le phénomène en utilisant comme arme, la prévention, la sensibilisation et la répression.

Moumouni KONE
CFPI

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