Actualités :: Les agents d’assainissement : Travailleurs de première ligne et grands (...)

De nouvelles études menées par WaterAid montrent que la COVID-19 a aggravé
les conditions de travail, déjà déplorables, des agents d’assainissement
aux quatre coins de la planète

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Télécharger le rapport complet ici :

Dans certains pays, les agents d’assainissement ont été auréolés du statut de « héros de la lutte contre la COVID-19 », mais dans les pays en développement, WaterAid a découvert que nombre d’entre eux étaient au contraire livrés à eux-mêmes, sous-payés, peu considérés et mal protégés.

Au début de la pandémie de COVID-19, WaterAid a mené une étude portant sur la sécurité et le bien-être des agents en charge du nettoyage et de l’élimination des matières fécales. Les résultats ont permis de mettre en lumière les dangers liés à leurs conditions de travail et à la pénurie d’équipements de protection individuelle (EPI), les insuffisances en matière de formation et de protection juridique, ainsi que les pertes de revenus subies par plusieurs millions d’entre eux.

À l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, le 19 novembre, les résultats observés en Asie du Sud, au Burkina Faso et au Nigéria montrent que :
• Au Burkina Faso, 80 % des agents d’assainissement interrogés considéraient que les équipements de protection qui leur étaient fournis n’étaient pas adaptés et augmentaient même les risques d’accident.
• 40 % des agents d’assainissement interrogés en Inde et 39 % des agents interrogés au Bangladesh ne disposent pas d’installations de lavage des mains sur leur lieu de travail.

• Un tiers des agents d’assainissement interrogés au Népal n’ont reçu aucun équipement de protection de la part de leurs employeurs.
• Plus du tiers des agents interrogés au Bangladesh craignaient de perdre leur emploi s’ils cessaient de travailler pendant le confinement.
• Environ la moitié des répondants (66 % au Bangladesh ; 44 % en Inde ; 50 % au Pakistan ; 61 % au Népal) font état de difficultés pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
• 48 % des agents d’assainissement interrogés au Bangladesh ont vu leur revenu diminuer au cours de la pandémie.

La catégorie des agents d’assainissement comprend les personnes en charge du nettoyage des toilettes et des égouts, de la vidange des fosses de latrines et des fosses septiques, de l’exploitation des stations de pompage et de traitement, mais aussi du nettoyage manuel des matières fécales, du balayage des déchets et du transport des boues de vidange. Les conclusions de l’étude menée par WaterAid portent également sur les agents de collecte et de nettoyage des déchets solides.

Malgré le caractère vital du service qu’ils fournissent et de leurs missions de nettoyage, de stockage et d’élimination sécurisés des excréments humains, WaterAid n’a pu que constater la marginalisation, la stigmatisation et le mépris habituels dont pâtissaient les agents d’assainissement en raison de leur métier. Nombre d’entre eux sont restés en première ligne face à la pandémie et pendant les confinements nationaux, travaillant dans les hôpitaux et les centres de quarantaine, ou intervenant au cœur de communautés dont l’accès à l’eau potable et à des installations d’eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH) décentes était limité.
Kona Nagmoni Lata, 34 ans, balayeuse de rue au Bangladesh, nous a livré son témoignage :

« Mon travail m’amène parfois à entrer en contact avec des excréments humains, mais ma seule option consiste à m’essuyer avec un morceau de tissu. Je n’ai pas la possibilité de me laver les mains sur mon lieu de travail. Je dois attendre d’être revenue au bureau. »

De nombreux agents d’assainissement ont expliqué à WaterAid qu’ils s’étaient sentis obligés d’aller au travail en période de confinement, même malades, de peur de perdre leur emploi. En Inde, 23 % des agents d’assainissement interrogés ont été contraints de travailler davantage au cours de la pandémie, à raison de deux à six heures supplémentaires par jour. Parmi ceux qui exerçaient dans les hôpitaux, certains ont dû effectuer jusqu’à 30 heures supplémentaires non rémunérées.

Au-delà de la menace du virus, il existe des dangers inhérents aux métiers de l’assainissement. La main-d’œuvre est exposée à un large éventail de risques sanitaires et de maladies, et entre souvent en contact direct avec des excréments humains. Les latrines à fosse peuvent être à l’origine d’une blessure ou d’une infection en raison d’un défaut de fabrication ou d’un objet coupant et la présence de gaz toxiques peut entraîner une perte de connaissance, voire la mort.

Kambou Jacques, 35 ans, maçon et Vidangeur de latrine, depuis 15 ans dans la commune de Moussoudougou. Il avait déjà l’habitude de se couvrir le nez et la bouche parce qu’il trouvait l’odeur répugnante, mais il n’utilisait aucun vêtement de protection particulier et ne se préoccupait pas des consignes d’éloignement physique liées à la pandémie.

Iliyasu Abbas, 50 ans, vidangeur de fosses septiques et latrines à fosse au Nigéria, a déclaré :
« Les principaux risques auxquels nous sommes confrontés sont le harcèlement, les blessures, la perte d’un membre, et même la mort. Il y a environ deux ans, alors que je vidais une fosse de nuit, un bloc de béton s’est détaché de la structure et m’est tombé sur la tête. »

Dans certains pays, les agents d’assainissement sont confrontés à une discrimination systémique et généralisée. Bien que titulaire d’un diplôme en sciences sociales de l’université de Delhi, un jeune agent d’assainissement indien a expliqué à WaterAid que la stigmatisation dont sa caste était victime l’empêchait de trouver un autre emploi que celui de vidangeur manuel, une activité exercée par le reste de sa famille et consistant à s’occuper directement des excréments humains présents dans les latrines sèches, les fossés à ciel ouvert, les égouts et sur les voies ferrées.

Vishal Jeenwal, 26 ans, balayeur de rue, appartient à la communauté des Valmikis, l’un des sous-groupes les plus marginalisés de la caste des Dalits, en Inde. Il a postulé une fonction d’employé de bureau, mais son employeur a découvert son affiliation de caste, et sa situation est aussitôt devenue intenable. Il a confié à WaterAid :

« Ils disaient que quelqu’un comme moi ne pourrait jamais réussir dans un autre secteur [que celui de l’assainissement]. J’ai tenté ma chance à plusieurs autres postes, mais finalement, par dépit, je me suis remis à faire ce que ma famille a toujours fait : nettoyer. »

L’équipe de tournage de WaterAid s’est intéressée à la pratique de la vidange manuelle dans un court métrage intitulé The Burden of Inheritance (« Le poids de l’héritage »), centré sur une communauté indienne marginalisée et enfermée dans le piège de la pauvreté. Le film sera diffusé en avant-première sur la plateforme WaterBear à l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, mettant ainsi en lumière les exclus et donnant la parole à une partie de la société jusque là réduite au silence.

Tim Wainwright, Directeur général de WaterAid, a déclaré :
« La pandémie de COVID-19 a mis en évidence le rôle vital des agents d’assainissement au sein de nos communautés, mais elle a également révélé la vulnérabilité de cette main-d’œuvre essentielle, que l’on a souvent tendance à dévaloriser et à négliger. Il est inadmissible qu’un si grand nombre d’agents d’assainissement exercent leur métier sans disposer du soutien ni des garanties nécessaires.

« Les services EAH jouent un rôle crucial dans la protection de la santé publique et seront déterminants pour la survie et le rétablissement de nos sociétés après cette pandémie et les celles qui suivront. Néanmoins, sans les agents d’assainissement, ces services ne pourront pas être opérationnels. Il est important que nous soutenions cette main-d’œuvre, y compris financièrement, non seulement pour des raisons de santé publique, mais également pour des motifs économiques – afin de garantir à tous l’accès à des services d’assainissement décents et à un futur plus radieux. »
Eric Mamboué, Directeur Pays WaterAid Burkina Faso, a déclaré :

« Il est important que le gouvernement, les autorités locales, les employeurs et la population prennent des mesures pour soutenir les agents d’assainissement et leur permettre d’exercer leur profession en toute sécurité, dans la dignité et avec la reconnaissance qu’ils méritent. Ces agents essentiels doivent être protégés par des lois, des politiques et des directives garantissant l’accès à des équipements adaptés, à une bonne formation, à un salaire décent, à l’assurance maladie et à la sécurité sociale. Ils doivent également bénéficier de la reconnaissance, du respect et du soutien des institutions et des citoyens. Nous avons tous un rôle à jouer pour combattre et éliminer les discriminations profondément ancrées dans nos sociétés dont les agents d’assainissement ont été les victimes pendant bien trop longtemps. »

FIN


Pour accéder au dossier de presse complet, veuillez consulter la page suivante : https://washmatters.wateraid.org/publications/sanitation-workers-forgotten-frontline-workers-covid-19-world-toilet-day

Vous pouvez télécharger les photos et le rouleau B des études de cas portant sur les agents du Nigéria à l’adresse suivante : https://wateraid.assetbank-server.com/assetbank-wateraid/images/assetbox/c8227b92-ae38-4bc0-8004-649af97358dd/assetbox.html

Pour l’étude menée au Burkina Faso : https://washmatters.wateraid.org/publications/assessment-health-safety-dignity-sanitation-workers-banfora-burkina-faso
Pour les études menées en Asie du Sud : https://washmatters.wateraid.org/publications/safety-wellbeing-sanitation-workers-south-asia-covid
Pour l’étude menée au Nigéria : https://washmatters.wateraid.org/publications/assessment-health-safety-dignity-sanitation-workers-kano-city-nigeria
The Burden of Inheritance : un film réalisé par WaterAid, qui s’intéresse au sort d’une communauté astreinte à la vidange manuelle en Inde. La bande-annonce est disponible ici : BANDE-ANNONCE | The Burden of Inheritance | WaterAid
La première du film complet (15 minutes) sera diffusée à l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, le 19 novembre. Le court métrage pourra être visionné sur WaterBear à l’adresse suivante : https://join.waterbear.com/

WaterBear est la première plateforme de diffusion interactive entièrement consacrée à l’avenir de notre planète. Elle offre un accès à des contenus primés et inspirants, qui permettent aux abonnés d’approfondir certains sujets, d’apprendre et de passer à l’action.

#JournéeMondialeDesToilettes

Pour en savoir plus, veuillez contacter :
Pour des interviews ou pour en savoir plus, veuillez contacter :

Roch W. OUEDRAOGO, Manager Communication, rochouedraogo@wateraid.org ou sur +226 25 37 41 70

Carla Prater ou Susan Springate, chargées principales des relations avec les médias,
carlaprater@wateraid.org ; susanspringate@wateraid.org ;
Notes à l’intention des rédacteurs :
WaterAid

De nombreux agents travaillent clandestinement et la défécation reste un véritable tabou dans de nombreuses sociétés, ce qui complique encore un peu plus les problèmes auxquels font face les agents d’assainissement. WaterAid s’efforce d’éveiller les consciences et d’accroître le soutien aux agents d’assainissement en plaidant pour que les gouvernements reconnaissent et protègent les droits de cette main-d’œuvre. Ces travailleurs de première ligne, dont le rôle est à la fois vital et négligé, font également l’objet de recherches complémentaires destinées à explorer de nouvelles pistes pour améliorer leurs conditions de travail et leur accès à l’autonomie.

WaterAid s’efforce de démocratiser l’accès à l’eau salubre, à des toilettes décentes et à une bonne hygiène pour tous et dans le monde entier, en moins d’une génération. Cette organisation internationale à but non lucratif opère dans 28 pays afin de changer la vie des personnes les plus pauvres et les plus marginalisées. Depuis 1981, WaterAid a permis à 28 millions de personnes d’accéder à de l’eau salubre et à près de 29 millions, de bénéficier de toilettes décentes. Pour plus d’informations, consultez www.wateraid.org, suivez @WaterAid ou @WaterAidPress sur Twitter, ou retrouvez la page Facebook de WaterAid à l’adresse www.facebook.com/wateraid.

• 771 millions de personnes à travers le monde (une personne sur dix) ne disposent pas d’eau salubre à proximité de chez elles .
• 1,7 milliard de personnes à travers le monde (plus d’une personne sur cinq) ne possèdent pas de toilettes décentes .

• Environ 290 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de maladies diarrhéiques causées par le manque d’accès à l’eau et à l’assainissement. Cela représente plus de 800 enfants par jour, soit un enfant toutes les deux minutes .
• Chaque livre sterling investie dans l’accès à l’eau et la construction de toilettes rapporte en moyenne quatre livres sterling en gains de productivité .
• Quinze livres suffisent à fournir de l’eau salubre à une personne .

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