Actualités :: Campagne agricole 2021-2022 au Burkina : Les producteurs de la région du (...)

A l’approche de la fin de la campagne agricole de saison humide, nous avons tendu notre micro à Abdoul Karim Ouédraogo, directeur régional du Nord de l’agriculture, des aménagements hydro-agricoles et de la mécanisation (DRAAHM) qui nous fait le point de la campagne. Le DRAAHM du Nord, à travers la présente interview réalisée le 30 septembre 2021 nous donne sa lecture d’ensemble de la situation, au regard des difficultés constatées et qui sont liées à une insuffisance de pluies dans certaines localités de la région. Tout en rassurant les populations et le monde paysan, M. Ouédraogo dit garder espoir et se projette déjà pour la campagne sèche à venir, malgré le faible niveau de remplissage des barrages actuellement.

Lefaso.net : Pouvez-vous nous faire un bref aperçu de la campagne à ce jour ?

Abdoul Karim Ouédraogo : La campagne agricole 2021-2022 a connu un début satisfaisant, surtout dans les provinces du Yatenga et du Loroum où l’installation a été légèrement précoce par rapport à la campagne passée. Sur l’ensemble de la région, on a observé une assez bonne répartition des pluies aussi bien dans le temps que dans l’espace, mais avec des hauteurs d’eaux inférieures à celles enregistrées lors de la campagne précédente. Et cet état de fait a permis aux producteurs d’exécuter les opérations culturales dans de bonnes conditions. Aussi, elle a permis d’avoir une physionomie d’ensemble satisfaisante jusqu’à la 3e décade du mois d’août.

Contre toute attente, des séquences sèches sont intervenues aux cours du mois de septembre avec une acuité soutenue, particulièrement dans les provinces du Yatenga et du Loroum, et, dans une moindre mesure au Zondoma. Et comme corollaire, il y a la survenue d’un stress hydrique très prononcé, donnant lieu à l’assèchement des cultures dans certaines localités. Pour ce qui concerne par exemple le cumul saisonnier au 20 septembre, comparé à celui de 2020 à la même période, un seul poste enregistre un écart positif de 6,5 mm. Les neuf autres postes enregistrés sont déficitaires. Le déficit le plus important est enregistré à Titao, avec -356 mm. En conséquence, nos prévisions de production seront sans doute déjouées par endroit.

Nous cherchons des stratégies de mitigation des effets de la sécheresse

Des alertes et des inquiétudes sont entendues de part et d’autres par rapport à une mauvaise fin de campagne agricole, quand est-il exactement ?

Comme vous le savez, la région du Nord fait partie des régions les plus couramment exposées à la sécheresse. Et cette année, malheureusement, nous n’avons pas échappé à cette récurrence du phénomène. Ce qui a donné lieu à des appréciations tous azimuts ne traduisant pas toujours la réalité en termes d’ampleur. Nous avons vu effectivement des images traduisant la réalité. Par contre, il y en a eu qui ne sont pas de notre pays. Ces séquences sèches constituent une réalité, mais il faut dire que les proportions que donnent certains commentaires et certaines images sur la situation sont très pessimistes, donc exagérés.

En effet, les cultures en cause sont principalement le maïs et le niébé, surtout des semis tardifs. Aussi, au Nord, le maïs, en termes de superficie, vient en dernière position. Les principales cultures comme le sorgho, le mil et le riz, ont été l’objet des premiers semis, après les premières pluies utiles. Donc, dans les zones où les faibles pluies sont enregistrées, le minimum des besoins en eau est assuré pour le développement des cultures, l’ensemble du processus de reproduction. Pour le riz, l’irrigation d’appoint est pratiquée par certains producteurs qui ont épousé la pratique il y a de cela quelques années.

Dans les prévisions régionales, il est attendu 314.816 tonnes de céréales toutes spéculations confondues. Peut-on toujours espérer ?

Avec le contexte que nous vivons actuellement, il ne sera pas possible d’atteindre nos objectifs de production. En effet, la production sera tirée à la baisse au niveau de certaines exploitations agricoles, surtout dans les localités du Loroum et du Yatenga, comme je disais plus haut. Mais globalement, nous réaliserons une performance moyenne. Au regard de tout cela, il faut dire qu’il y aura sans doute des pertes qu’on va enregistrer, mais ces pertes proportionnellement prises par rapport à ce qui sera engrangé, nous serons dans des limites acceptables.

Un champs à Rim dans la commune de Rambo

La campagne sèche s’annonce, avec le niveau de remplissage des barrages, pourra-t-elle se dérouler convenablement ?

Nous préparons inlassablement le démarrage de la campagne sèche qui sera marquée par les effets du même contexte. Avec les cumuls saisonniers évoqués tantôt, le niveau de remplissage des barrages est en deçà de ce qui est nécessaire pour couvrir les besoins de production. On essayera de voir comment les eaux souterraines pourraient être mises à profit pour combler le manque à gagner.

Un mot à l’endroit des producteurs et des populations de la région ?

Nous marquons notre désolation face à ce phénomène naturel, d’autant plus que notre économie est principalement basée sur l’agriculture, et l’essentiel des besoins alimentaires des ménages est supporté par les exploitations familiales. Nous profitons de votre micro pour demander aux producteurs de garder courage, car l’espoir n’est pas complètement perdu. C’est un phénomène récurent et nous allons encore rechercher ensemble les solutions et les stratégies de mitigation des effets, pour préserver les grands équilibres dans les localités des zones concernées.

Le niveau de remplissage des barrages n’est pas satisfaisant cette année

Nous menons en ce moment des réflexions pour créer des unités de productions maraîchères avec la maitrise de l’eau dans le but de diminuer la pression sur les barrages dont le niveau de remplissage n’est pas satisfaisant cette année. Des concertations sont en cours avec certains partenaires pour la mise en place de ces exploitations communautaires qui vont regrouper des femmes et des jeunes maraîchers dans des zones ciblées.

Interview réalisée par
Yann NIKIEMA et Aziz SAWADOGO
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