Actualités :: Trafic de faux billets de banque : Un octogénaire dans le lot

Quatre personnes à la barre Adama Sanou, Rasmané Kanazoé, Mamadou Sawadogo, Assami Kouanda qui dépassent tous la quarantaine, étaient devant la barre le mardi 27 septembre 2005. Ces prévenus comparaissaient pour détention de faux et usage de faux billets de banque.

Cette affaire a commencé depuis le 31 juillet 2005, date à laquelle, la Brigade de Recherche de la gendarmerie de Banfora, à travers des informations, avait mis la main sur un commerçant de Banfora bien connu qui avait en sa possession des faux billets de francs CFA d’une valeur d’environ un million. Au cours de son interrogatoire, le sieur Koanda passera aux aveux. Il dit être ravitaillé à partir de Bobo-Dioulasso par un complice. Avec la collaboration des unités de gendarmerie de cette ville, trois autres personnes de la bande sont arrêtées : un commerçant de tissu, un commerçant de céréales et un vieux tailleur âgé de 85 ans.

C’est le tailleur qui a été invité le premier à la barre. « Où avez-vous eu ces billets ? », dira monsieur le Président du tribunal Thierno Coulibali. Dans les explications qui ont suivi, le vieux dit que ces liasses (plus d’un million) lui auraient été confiées par un neveu marabout du nom de Siaka qui serait en fuite au Mali suite à une affaire d’escroquerie. Selon toujours ses explications, cette somme devait être remise à des amis dudit neveu qui viendraient de la Guinée. Finalement, c’est le commerçant de tissu qui est venu prendre l’argent pour aller le vendre. Et le Président de tribunal de répliquer : « De votre vivant car vous êtes assez âgé ; avez-vous déjà vu vendre des billets de banque ? ». Le vieux qui tenait à peine sur les jambes, venait d’être cloué. Il dit avoir été trompé par son fameux neveu. Et le comble, c’est que le vieux est le seul qui dit n’avoir perçu aucun centime dans cette transaction.

Après le vieux, le vendeur de tissu et le commerçant de céréales se sont succédé à la barre. A la lumière des réponses aux questions du Président du tribunal et du procureur, ils semblent être de vieux routiers dans les transactions des faux billets de banque. Le commerçant de céréales lui est récidiviste, car il a été condamné pour le même délit en 2004. Quant au commerçant de tissu, il semble être le maillon incontournable du groupe. C’est lui qui est spécialisé pour les différents contacts.

Enfin, le commerçant de Banfora était attendu à la barre par le public qui avait pris d’assaut la salle d’audience du palais de justice. En effet, c’est lui qui a acheté ou qui devait acheter les faux billets qui circulaient entre les trois précédents prévenus qui ont défilé à la barre. Il a acheté, selon ses propres propos, deux fois des faux billets par l’intermédiaire du commerçant de tissu soit au total environ 1 130 000 francs. Il dit avoir payé les billets à moitié valeur.

Mais dans la première transaction, il semble avoir payé le million de fausses monnaies à 275 000 francs CFA, car le commerçant de tissu a lui aussi joué un tour à son compère (commerçant de céréales) en allant livrer ces faux billets à Banfora avec une majoration de 25 000 francs CFA. Devant la barre, le prévenu résidant à Banfora a voulu divertir le tribunal à la question de savoir comment il a eu les faux billets ; mais cela sera de courte durée.

Néanmoins, stoïque il s’est campé sur sa première déclaration : « je fais les différents marchés des villages. Une fois, nous sommes tombés dans le piège des coupeurs de route alors que j’avais dissimulé mes recettes dans mes marchandises ; et je n’avais que sur moi que quatre faux billets de banque (40 000 francs) qui s’étaient glissés dans mes recettes de vente depuis le mois de janvier 2005. Ce sont ces faux billets que les coupeurs de route m’ont pris. Voilà pourquoi j’ai décidé de payer le million de faux billets pour me prémunir des coupeurs de route ». Drôle ! drôle ! drôle ! la salle n’a pas pu garder son calme. Vous avez combien de fois acheté des faux billets de banque, a demandé le Président de tribunal.

Après des détours il dira deux fois (130 000 et 1 000 000). « Qu’est-ce que vous avez fait avec les 130 000 ; puisque la gendarmerie n’a pas retrouvé ces coupures en votre possession » ? Finalement il avoua : « lors d’un de mes voyages au Ghana, je les ai blanchis ». De nouveau, la salle bougea. Entre autres, voici une réponse du prévenu qui n’a pas pu tenir l’assistance dans sa passivité « quel était le montant des coupures de faux billets que vous achetez la deuxième fois et qui a conduit à votre appréhension par la gendarmerie » ?

« Quand il m’a remis la liasse, je n’ai pas compté ».

« Pourquoi n’avez-vous pas compté », insista le Président du tribunal ? « Ces genres d’argent, on ne les compte pas, je n’ai fait qu’empocher simplement ». Dans son réquisitoire, le procureur a qualifié les prévenus de délinquants primaires, cependant avec une particularité pour le récidiviste. Il a conclu que la bande des trois personnes (venant de Bobo-Dioulasso) se connaissait parfaitement bien. En se référant à l’article 253 du code, il a requis le tribunal à condamner le tailleur, le commerçant de tissu et le commerçant de Banfora à un emprisonnement ferme de 18 mois et au paiement d’une amende de 4 millions de francs pour tous les quatre. Quant au commerçant de céréales, il a requis un emprisonnement ferme de 24 mois.

La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui était représentée par maître Dembélé (une dame) s’est constituée partie civile en réparation aux préjudices subis et a condamné les quatre à payer un franc symbolique à titre de dommages et intérêts. Par ailleurs, elle a demandé la confiscation des billets saisis.

Maître Sawadogo qui avait comme clients le tailleur et le commerçant de tissu a épaté plus d’une fois l’assistance. Au regard des réquisitions du parquet et au regard des circonstances, il a demandé de ramener la peine à 8 mois d’emprisonnement assorti de sursis pour le tailleur qui a gardé l’argent confié par son neveu pendant 8 mois sans le dépenser. Pour le commerçant de tissu, il a demandé de ramener la peine à 12 mois avec sursis.

Maître Sissoko qui défendait le commerçant de Banfora, a estimé que son client est poursuivi pour une seule infraction. Et pour donner, a-t-il dit, une chance à ce commerçant bien connu à Banfora de s’amender, il a demandé que la condamnation soit assortie de sursis.

Le délibéré est prévu pour le 18 octobre 2005.

Mamadou YERE
AIB/Banfora

Sidwaya

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