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Migrations et changements climatiques : Les résultats du projet restitués aux parties prenantes

vendredi 20 avril 2018.

 

Le laboratoire d’études et de recherches sur les milieux et territoires (LERMIT) a tenu, ce vendredi 20 avril 2018 à Ouagadougou, un atelier de restitution de résultats d’une étude réalisée dans le cadre du projet « Promouvoir la résilience des Economies en zones semi-arides » (PRESA), initié depuis 2014. Cette rencontre a été l’occasion pour les organisateurs de recueillir les amendements des participants pour le rapport national.

Les guerres civiles et la morosité économique des Etats alimentent les déplacements des populations vers des zones jugées être des havres de paix. Les changements climatiques sont-ils également pour quelque chose ? En 2014, une étude a été menée par le laboratoire d’études et de recherches sur les milieux et territoires (LERMIT) dans le cadre du projet « Promouvoir la résilience des Economies en zones semi-arides » (PRESA), un projet initié dans le cadre d’un consortium international et qui a permis de mener des investigations sur les sources des changements climatiques et les risques sur les secteurs sensibles des économies (Agriculture, élevage, social). Vendredi 20 avril, l’heure était à la restitution avec les acteurs primaires qui ont contribué à élaborer ces résultats.

Quatre sites pour l’étude

« C’est parce que les gens ont des difficultés dans leurs localités qu’ils sont parfois amenés à aller dans les zones qu’ils jugent potentiellement favorables. Les sites d’accueil ne sont pas toujours assez ouverts et par moments, il peut y avoir des conflits », a fait remarquer le Pr Jean Marie Dipama en charge de la coordination du projet. L’analyse a été menée sur quatre sites pour voir si les changements climatiques ont une incidence sur les migrations ou vice-versa. Il s’agit de Ouagadougou, Kongoussi, Fada-N’Gourma et Bagré.

« S’il y a changements climatiques, quels sont les phénomènes qui puissent être compris par les populations comme étant des facteurs de changements climatiques ? Comment interprètent-ils les changements climatiques et lorsque des biens sont affectés, quelles sont les stratégies que ces populations mettent en place ? », s’est interrogé Dr Clotaire Bassolé, membre de l’équipe projet migration. A en croire l’enseignant-chercheur, la recherche de manière globale a fait un constat : « les populations se déplacent de la zone aride vers celle semi-aride et de la zone semi-aride vers la zone humide ».

Résultats

Dr Clotaire Bassolé, membre de l’équipe projet

Selon l’équipe du projet, des difficultés ont été notées sur le site de Kongoussi. Des difficultés liées à l’ensablement et à l’assèchement du lac Bam. Conséquences : les zones humides pour les activités se raréfient, les rendements en termes de pêche s’amenuisent, les activités d’orpaillage entrainent des conflits par rapport à la gestion de l’eau, l’environnement croule sous le poids de la pollution, le pâturage devient de plus en plus rare pour les bêtes des éleveurs. « Lorsque les éleveurs se déplacent parce qu’il n’y a pas assez de pâturage, il y a souvent des conflits avec les autochtones. Aussi, l’un dans l’autre, d’une zone à une autre, les difficultés sont les mêmes pour le domaine de l’orpaillage », note Dr Clotaire Bassolé.

L’après atelier

Photo de famille

Pour l’instant, quatre rapports d’études ont été produits par l’équipe. A l’étape actuelle, deux rapports sont disponibles et seront bientôt publiés. Il s’agit des rapports de Kongoussi et de Fada. Après l’atelier, il sera fait une restitution auprès des populations à la base « afin d’être sûrs que les recommandations qui seront reprises dans le rapport répondent réellement aux réalités qu’elles avaient vécues sur le terrain », ont indiqué l’équipe du projet. Après la restitution aux populations, l’équipe compte s’engager pour l’opérationnalisation des résultats de la recherche car, à en croire, le Pr Dipama, les études rentrent en droite ligne des politiques nationales en matière d’agriculture et de résilience aux aléas climatiques, ce qui est inscrit dans le Plan national de développement économique et social.

En rappel, le projet PRESA a pour but d’œuvrer pour des économies résilientes face au changement climatique dans les zones semi-arides d’Afrique et d’Asie, et dont les avantages sont partagés de manière équitable entre toutes les communautés, en particulier les plus vulnérables. Le projet intervient en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso et Sénégal), en Afrique de l’Est (Kenya et Tanzanie) et en Asie (Pakistan et Tadjikistan).

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net