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« Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

vendredi 20 avril 2018.

 

Président de l’Assemblée nationale du Burkina de 1997 à 2002 ; ancien ministre chargé des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique ; diplomate de carrière ; consultant international et chef coutumier (pour ne citer que ces aspects-là), Mélégué Traoré est une figure bien avisée des questions qui touchent à la vie du pays. Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, le président du Centre parlementaire panafricain (CPPA), par ailleurs responsable du cabinet Africa Consult & performances, passe au scanner le discours du Premier ministre sur la situation de la nation, la vie des institutions nationales, la création du poste de « ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso », la situation nationale. Interview !

Lefaso.net : 48 heures après le discours du Premier ministre sur la situation de la nation, quel commentaire pouvez-vous en faire ?

Mélégué Traoré : Le discours sur la situation de la nation est un mécanisme, que le Burkina Faso a copié aux Etats-Unis d’Amérique. Là-bas, effectivement le président prononce au mois de janvier, chaque année, un discours qu’on appelle « discours sur l’état de l’Union ». Chez nous ici, on l’appelle « Discours sur la situation de la nation », mais cela revient au même. Ce discours est conçu comme étant un des principaux mécanismes de contrôle parlementaire de l’exécutif. Le président rend compte donc au Congrès américain, les deux Chambres réunies, la Chambre haute, qui est le Sénat et la Chambre basse, qui est la Chambre des représentants. Le discours est toujours reçu à la Chambre des représentants. C’est là que les deux chambres se réunissent pour la circonstance et la séance est présidée par le président de la chambre des représentants. Chez nous, il est vrai que le Chef de l’Etat peut, s’il le décide, venir lire des messages devant l’Assemblée nationale ou les faire lire par le président de l’Assemblée nationale, mais c’est le Premier ministre qui, constitutionnellement au Burkina, expose la situation de la nation une fois par an devant les députés. Le but est d’informer la représentation nationale, de donner des indications sur le programme et l‘action du gouvernement, de mettre en exergue les perspectives, et de répondre aux questions des élus. Et grâce aux questions des députés, et aux réponses du Premier ministre, on entre dans le contrôle, ce qui permet aussi au gouvernement d’orienter ses actions.

Ce discours est annuel et est prononcé au début de la première session de l’Assemblée nationale. C’est donc un temps fort de la vie politique et institutionnelle du pays. Le discours doit être solennel ; il a été conçu pour ça, il faut vraiment souligner cet aspect « solennel » ici, sinon il suffirait d’un simple rapport annuel écrit, qu’on distribuerait aux députés. Si on le fait donc prononcer, c’est parce qu’il s’agit d’une adresse solennelle.

Lefaso.net : Que recouvre, ici, la notion de « solennité » et quelle appréciation faites-vous du discours ?

Mélégué Traoré : Ce discours n’est pas la simple lecture d’un texte, car le Premier ministre communique avec la représentation nationale dans un contexte solennel en vérité. C’est donc une prestation à caractère cérémoniel. Et c’est probablement ce qui a manqué à la dernière présentation du discours du Premier ministre sur la situation de la nation. Le discours doit avoir de la tenue et de la hauteur. J’y étais, mais je me suis retiré à 13h à l’interruption ; non seulement parce que j’avais une réunion, mais aussi parce que c’était devenu trop long. On n’en était qu’à 30 pages sur 60. Si j’ai une appréciation à donner sur ce discours, c’est que, côté positif, l’on a vraiment eu des informations de base à travers les statistiques et les chiffres donnés par le Premier ministre, avec un luxe de détails. Il a dessiné avec clarté la direction que le gouvernement donne à son action sous le magistère du président du Faso. Et cela a été bon. Les diplomates, les ambassadeurs, qui étaient dans l’hémicycle étaient visiblement intéressés, tout comme les députés par la masse d’informations. Sur ce plan-là, le chef du gouvernement a été irréprochable. Peut-être même qu’à force de vouloir donner trop de détails, finalement, on ne sait plus que choisir des flux d’informations qui étaient fournies.

Sur ce plan, le discours du Premier ministre pourrait s’en tenir aux informations stratégiques, lourdes et de politique générale, en laissant les détails aux questions orales ou écrites qui sont posées régulièrement par les députés aux ministres. S’il établit le tableau et tranche avec tant d’autorité dans son discours annuel, que reste-t-il à faire pour les membres du gouvernement ? Côté forme, se pose la question du volume et donc du discours avec une soixantaine de pages. C’était trop. Et pour peu que le texte soit lu lentement, la longueur devient excessive. En plus, dans le cas présent, le Premier ministre a fait beaucoup de digressions qui n’étaient pas dans le texte écrit ; le discours avait perdu toute solennité avec les commentaires et les blagues, car il ne s’agit pas dans de telles circonstances, de faire rire ou applaudir.

Lefaso.net : Que pensez-vous des commentaires qu’il faisait lors du discours ?

Mélégué Traoré : On peut certes apprécier ce style de communication légère et ouverte, mais de tels commentaires ne sont pas de mise pour la circonstance ; ils ne sont pas indiqués ici. J’ai assisté à plusieurs reprises au Congrès américain, quand je dirigeais notre Ambassade à Washington, à la présentation du discours sur l’état de la nation, du temps de Ronald Reagan à l’époque. On ne l’aurait pas imaginé un seul instant, faisant ce genre de digressions. Ce sont aussi ces digressions qui ont rendu la présentation trop longue. Or, toutes les études de sociologie et d’animation des groupes montrent que quand vous parlez seul devant un public, sans que l’auditoire ne puisse répondre du tic au tac, ou poser des questions, à partir de 45 minutes, la moitié de l’assistance n’écoute plus ou même quand elle écoute, elle ne retient pas plus de 25% de ce que vous dites. Plus le discours est long, moins il est porteur pour ceux qui écoutent. Il n’y avait qu’à voir dans l’hémicycle, la lassitude qui se lisait sur les visages, sans compter les députés qui somnolaient.

Le Président de l’Assemblée nationale a vite vu la difficulté, et il a interrompu le Premier ministre. Il était dans son rôle quand il l’a fait, même si visiblement, ce dernier n’a pas beaucoup apprécié. Ça a été fait avec élégance et finalement tout est rentré dans l’ordre. Par rapport aux commentaires hors-texte, c’est à ce niveau que Paul Kaba Thiéba a fini à mon avis, par aller trop loin dans les attaques contre l’opposition. Pour le but visé par le discours sur la situation de la nation qui est censé être fédérateur, ce n’était pas nécessaire. Surtout que la référence au passé n’excuse pas la situation actuelle. Ce n’est pas en faisant tout le temps référence à ce qui s’est fait ou ne s’est pas fait sous Blaise Compaoré, et dont les principaux acteurs sont aussi les principaux dirigeants de ce pays actuellement, qu’on résout nos problèmes. Surtout quand il y a des affirmations inexactes. Dire que Blaise Compaoré n’a rien fait en 30 ans, ça ne fait pas sérieux. Personne ne croit à ça véritablement, y compris les adversaires de l’ancien pouvoir. Voilà pourquoi je dis que d’un côté, nous avons eu droit à un discours très riche, qui peut servir de référence non seulement pour les parlementaires, mais aussi pour nos partenaires extérieurs et de l’autre, un discours trop long, avec des digressions qui n’étaient pas indispensables et qui en plus étaient inappropriées.

Lefaso.net : Ce rendez-vous de discours sur la situation de la nation, ce sont aussi ces commentaires selon lesquels, lorsque le Premier ministre est entré dans l’hémicycle, tout le monde ne s’est pas mis débout alors qu’autour du Président de l’Assemblée nationale, ils se sont tous mis débout. Y-a-t-il des règles établies en la matière ?

Mélégué Traoré : L’obligation en la matière est que nul ne doit rester assis dans un hémicycle, quand le Président de l’Assemblée nationale y fait son entrée ; tout le monde doit se mettre débout. C’est universel. Pour le Premier ministre, on peut et on devrait le faire par courtoisie. La courtoisie républicaine et la pratique en matière de protocole, veulent que quand le Chef du gouvernement de la nation entre, on se lève. C’est le b.a.ba du protocole et de l’étiquette. En résumé, pour le Président de l’Assemblée nationale, c’est clair, c’est obligatoire, il n’y a pas à discuter. Mais le Premier ministre, quand il entre dans l’hémicycle, par égard pour lui, et par considération pour les fonctions qu’il occupe, on se lève ; on ne se lève pas parce qu’on est petit par rapport à lui, mais plutôt par courtoisie républicaine.

Lefaso.net : Avec votre expérience de Président de l’Assemblée nationale..., comment avez-vous trouvé la prestation de votre jeune frère, Bala Alassane Sakandé ?

Mélégué Traoré : Il était vraiment dans son rôle ; sa prestation était très bonne. Dans ce genre de circonstances, le Président de l’Assemblée nationale s’en tient à son rôle de représentant central du Parlement et de président de séance. C’est pour cette raison que je crois que l’initiative qu’il a prise de demander au Premier ministre de prendre un café n’était pas du tout mauvaise ou déplacée. En réalité, il a rendu service au chef du gouvernement.

Lefaso.net : … Même si son hôte, le Premier ministre, ne semblait pas très favorable à la proposition !

Mélégué Traoré : Oui, mais dans l’enceinte parlementaire, le Premier ministre fait ce que le Président de l’Assemblée nationale dit de faire, c’est une des caractéristiques du Parlement. Vous savez, dans une Assemblée nationale, personne ne peut venir avant le Président de celle-ci, même pas le chef de l’Etat. Quand le chef de l’Etat vient à l’Assemblée nationale (encore que dans notre système, normalement, il ne doit pas venir à l’Assemblée nationale, mais on a adouci la pratique en admettant qu’il puisse venir y lire des messages), il se place après le Président du Parlement, qui préside la séance. Un principe du droit parlementaire veut que personne d’autre ne puisse venir avant le Président de l’Assemblée nationale dans l’enceinte parlementaire. Dans notre système protocolaire, après le chef de l’Etat, vient le Premier ministre, tant que l’on est hors du parlement. Le seul moment où le Premier ministre met le pied à l’Assemblée nationale, la préséance revient au Président de l’Assemblée nationale.

Lefaso.net : Mais comment avez-vous apprécié les questions soulevées par les députés ?

Mélégué Traoré : C’est difficile d’apprécier, car je ne suis pas resté jusqu’ aux questions. Pour ce type de discours, normalement, tout député devrait avoir le droit de poser des questions sur la situation de la nation au Chef du gouvernement. Il semble qu’actuellement, on ne permet pas aux députés non-inscrits de prendre la parole. Si c’est vrai, ce n’est pas normal en droit parlementaire fondamental. Car, tous les députés ont le droit de poser des questions au Premier ministre pour cet exercice ; c’est un droit constitutionnel des élus. Le système peut être encadré, mais pas jusqu’à priver un député de ce droit fondamental. Tout cela s’observe parce que nous en sommes arrivés au fil des législatures, à trop encadrer les députés par les partis politiques, donc par les groupes parlementaires. A partir de là, les questions ne sont plus réellement celles des députés, ce sont plutôt celles qui sont discutées et retenues au sein des groupes parlementaires. Il faudrait donner plus d’aération du système ; ce qui permettrait de mieux faire fonctionner la démocratie et le contrôle parlementaire de l’action gouvernementale par tous les députés. C’est à ce niveau qu’il faut apporter du changement. Je ne vais pas m’étaler là-dessus, mais je dois dire que nous, au Centre parlementaire ici, nous avons affaire quotidiennement à ce genre de questions pour tout le continent. J’ai déjà vu des situations pareilles récemment à Djibouti. Il faut que l’organisation parlementaire soit beaucoup mieux conçue. Autrement, on finit par tuer le dynamisme du parlement par excès de formalisme.

Lefaso.net : Un centre comme le vôtre doit avoir beaucoup à faire sur ce plan, en principe … !

Mélégué Traoré : En principe oui, mais à condition que le Parlement vienne vers nous. Ce que je peux vous dire, c’est que nous travaillons avec le Parlement burkinabè sur quelques questions, mais également, et beaucoup plus avec les autres parlements africains. Nous sommes sollicités dans les autres parlements, pour les aider à rédiger les règlements, à structurer le travail parlementaire, ou à organiser la formation des députés et des sénateurs, notamment en légistique ou en diplomatie parlementaire.

Lefaso.net : De façon générale, quels sont les axes par lesquels le CPPA est le plus sollicité aujourd’hui ?

Mélégué Traoré : C’est incontestablement la légistique, la recherche et les techniques d’élaboration et de rédaction des lois, des traités et des accords internationaux, le développement des parlements nationaux ou communautaires. Les juristes connaissent le droit, mais connaître comment on le produit est tout autre chose. Je suis actuellement en train de préparer un séminaire pour les juristes de l’UEMOA, sur la rédaction des textes internationaux, c’est-à-dire la légistique internationale. On est aussi beaucoup sollicité sur le protocole, mais cet axe tient surtout à mon propre profil de diplomate de carrière. Quand nous avons conçu le Centre en 1999, les premières sollicitations que j’avais reçues, concernaient l’organisation des séminaires des agents des Protocoles d’Etat. Par la suite, la formation a été étendue aux protocoles des parlements, des ministères et des institutions. Il y a bien d’autres aspects également, notamment la consultation, les études ou l’expertise sur les politiques publiques.

Lefaso.net : Vous avez également un Cabinet, Africa Consult & Performances, qui travaille au sein du centre, et à ce titre vous êtes consultant, notamment de l’ONU sur des questions précises. Ça fait quand même beaucoup comme activités ! D’où tirez-vous toutes ces énergies après avoir tant donné à la vie politique également ?

Mélégué Traoré : Vous savez, je suis né dans un milieu fait de travail, et j’ai été éduqué, comme tous les jeunes Sénoufo de ma génération, à sacraliser le travail. Je ne sais que travailler, je ne pense pas que je sache faire autre chose. Même les samedi et dimanche, vous me trouverez au bureau. Oui, parce que dans le milieu Sénoufo où j’ai grandi, il n’y avait que le travail de la terre, et tout le temps. Nous sommes dans une région aussi où les pluies, quand nous étions jeunes, cessaient au début du mois de janvier et reprenait en mars. Il n’y avait donc que le mois de février pendant lequel nous nous reposions véritablement, et même que là, on s’occupait de la construction des greniers, de la reconstruction des cases et de la chasse. Je ne sais pas me reposer, c’est peut-être un défaut aussi d’ailleurs.

Lefaso.net : Avec le contexte actuel, votre Centre est sans doute beaucoup sollicité, on l’imagine !

Mélégué Traoré : C’est exact, mais le CPPA est plus sollicité par l’extérieur qu’au Burkina même. Mais ça, c’est typiquement burkinabè, nous faisons rarement confiance aux nationaux, sans compter les considérations de différents ordres. J’ai eu à émettre d’ailleurs quelques opinions dans la presse sur la manière dont l’Assemblée nationale est organisée actuellement et il est certain que si on m’avait demandé mon avis au début de la législature, le Règlement ne serait pas ce qu’il est actuellement, et le fonctionnement de l’Assemblée n’aurait pas été celui-là. Et puis, j’ai toujours émis une critique, qui est générale à toute l’Afrique. Je ne comprends pas et j’admets mal que près de 60 ans après les indépendances, nous en sommes encore à aller en France, aux Etats-Unis, au Canada, ou ailleurs, chercher à connaître comment organiser un parlement national. Je vous rappelle que le Conseil général de la Haute-Volta, l’ancêtre de l’Assemblée nationale actuelle date de 1948. Or, ça, c’est le problème de toutes les assemblées africaines.

En Afrique, dès qu’une nouvelle législature se met en place, le premier réflexe du Président de l’Assemblée, est de dépêcher à Paris, à Londres, à Ottawa, des missions pour voir comment l’Assemblée doit être organisée, comment sont les commissions, et bien d’autres choses encore. Résultat, ceux qui vont copier le système français sont convaincus par exemple, que tout parlement doit avoir un ou plusieurs questeurs. Ils ignorent que le poste de questeur est typiquement français. Tout près de nous, les parlements ghanéen, nigérian, libérien, et Sierra-Léonais, ou kényan et namibien ne connaissent pas ce qu’est un questeur, car il n’existe pas dans les parlements anglophones. Et tous ces intellectuels que notre pays a formés depuis 1960, c’est pour faire quoi ?

L’Etat a formé des politologues, des juristes, des sociologues, des ingénieurs, des agronomes, des spécialistes dans tous les domaines. Et tout le personnel d’expertise parlementaire que nous possédons, à l’image d’Alphonse Nombré, de la secrétaire générale actuelle du parlement, des juristes, des anciens parlementaires expérimentés, des politologues, qu’en faisons-nous ? Ce sont des personnes qui peuvent vous écrire les yeux fermés, le règlement d’une Assemblée nationale ! A-t-on besoin aujourd’hui d’aller chercher des consultants ailleurs ? C’est cela la perpétuation de la colonisation. Il est vrai qu’on ne colonise que les personnes et les peuples colonisables.

Lefaso.net : On a l’impression que le Burkina Faso souffre aussi et surtout d’une absence de capitalisation de ressources humaines !

Mélégué Traoré : Absolument ! Il en a toujours été ainsi. Là, nous sommes en train de parler du parlement. Mais, prenez la recherche scientifique, l’une des meilleures d’Afrique. J’ai été cinq ans durant, ministre de la recherche scientifique et je sais de quoi je parle. Je peux vous assurer que nos chercheurs au CNRST (centre national de la recherche scientifique et technologique) et dans les universités, comptent parmi les meilleurs du continent. Et pourtant, le gouvernement part chercher, pour des dossiers simples, des consultants étrangers, alors que le Burkina en a ici au CNRST et dans les universités, qui valent deux fois mieux. Et puis, regardez le maigre budget qui est consacré au CNRST et aux universités !

Lefaso.net : Mais, cela est dû à quoi ?

Mélégué Traoré : C’est dans la tête d’abord : le problème réside dans le mental des dirigeants et des élites. Quand on est durablement colonisé et qu’on manque de recul, il est difficile de décoloniser le mental. L’auto-sous-évaluation souvent par complexe, se transmet de génération en génération ; ce n’est donc pas une question d’individus seulement. Le fait que nous ne valorisions pas ce que nous sommes nous-mêmes, finit par se transmettre des individus au système lui-même et c’est ce qui explique que la situation perdure.

Cela dit, je collabore bien avec le parlement burkinabè quand je suis sollicité. Avec Salifou Diallo (dont je salue la mémoire), nous avions arrêté un certain nombre de chantiers qu’il confiait au CPPA, dont la rédaction d’un livre sur l’histoire du Parlement burkinabè, que j’ai commencée depuis l’an dernier, et qui est très avancée. L’on n’a pas encore repris la coopération avec le parlement sur ces questions. On doit se rencontrer prochainement avec le Président Sakandé pour relancer ces projets. L’Assemblée nationale est en train d’élaborer le « Guide du député », projet pour lequel je servirai de consultant quand l’équipe qui est chargée de la rédaction, fera la finalisation des travaux lors d’un atelier en mai. Le Burkina a vraiment intérêt à valoriser ses ressources humaines, d’autant plus que c’est la seule véritable richesse durable que notre pays détient.

Qu’est-ce que le Burkina a, en dehors de l’agriculture si on sait l’organiser, et de nos ressources humaines de grande qualité ? Même l’or dont on vante tant l’apport pose problème. Des mines d’or qui ne dépassent pas quinze ou 20 ans de durée d’exploitation, ne permettent pas de planifier et d’opérer le développement d’un pays. En revanche, les élites intellectuelles, les professeurs à l’Université, les sociologues, les chercheurs, les médecins, les ingénieurs, les artistes, les écrivains, voilà la richesse. Valorisons ces ressources humaines et vous verrez qu’un pays peut se développer sans ressources naturelles, matérielles ou économiques. De quelles ressources la Suisse dispose-t-elle ? Rien du tout. Pourtant aujourd’hui, c’est l’un des pays les plus riches au monde.

Voyez aussi le Liban et Taiwan ! Le Burkina pourrait être le véritable cerveau de l’Afrique de l’Ouest, c’est sûr. Nous avons le capital humain pour ça. Et quand je parle de capital humain de qualité, c’est à tous les secteurs que je pense. Il s’agit tout autant de la qualité de la paysannerie agricole, du monde ouvrier, des artisans, de tout ce monde qui a construit tous les grands chantiers de l’AOF (Afrique-Occidentale française) et du Ghana. Je ne parle pas seulement de l’intelligentsia. Ce sont encore les Burkinabè qui sont aujourd’hui les édificateurs de la prospérité de pays tels que la Côte d’Ivoire et le Ghana. Le développement aussi résulte de l’intelligence des faits et des situations.

Lefaso.net : Pourtant, on a toujours prôné la « valorisation du capital humain », de Blaise Compaoré au programme de Roch Kaboré ! Qu’est ce qui ne marche pas alors ?

Mélégué Traoré : C’est là que le bât blesse : l’absence de continuité. Quand un ministre prend des initiatives, qu’un autre arrive, ce dernier se croit toujours obligé de tout changer pour qu’on dise qu’il a innové. Regardez les organigrammes des ministères (même s’il existe maintenant un organigramme-type), c’est un éternel recommencement. Un nouveau ministre arrive, sa première initiative, c’est d’élaborer son organigramme à lui, puis de changer de secrétaire général. Comment évoluer avec ça ? C’est dans les années 90 que l’on est arrivé là. Car, jusqu’au milieu des années 80, un secrétaire général de ministère restait sous deux ou trois ministres, parce qu’il était le cerveau, la concentration technique, la mémoire et la continuité de l’administration. Mais aujourd’hui, quand un nouveau ministre s’installe, il amène son directeur de cabinet, son chef de cabinet, ses conseillers techniques, ses chargés de missions, cela est normal, c’est l’équipe politique. Mais le secrétaire général et les grands directeurs ne sont pas des politiques, ils devraient demeurer à leur poste. Rien que cet acquis suffirait pour assurer la continuité.

Aujourd’hui, à Ouagadougou ou Bobo-Dioulasso, sont assis à la maison pendant des années, d’excellents cadres des différents ministères, parce que tout simplement la direction politique du pays a changé. C’est du gâchis, surtout quand l’Etat a tant dépensé pour former les cadres. Des cadres sont relevés de leur poste, pourtant très compétents dans leurs domaines, et passent deux ou trois ans à la maison, sans affectation, tout en étant payés par l’Etat. Ça s’est vu sous tous les régimes depuis 1966 ; il ne s’agit donc pas d’accabler uniquement le MPP (parti au pouvoir, ndlr) et l’équipe au pouvoir actuellement.

Lefaso.net : Revenons au cas du CNRST, que vous connaissez bien également, c’est quand même un domaine qui pouvait booster les autres secteurs de développement et très utile dans ce contexte de crises alimentaires répétées !

Mélégué Traoré : Bien sûr ! Il faut sur ce plan parfois s’opposer à la Banque mondiale frontalement et aux autres bailleurs, en faisant accepter le fait que la recherche scientifique n’est pas un secteur social, c’est un secteur vital de soutien à l’investissement. C’est dans cet esprit que j’ai fait élaborer et adopter par le gouvernement le plan stratégique de la recherche scientifique en 1995. Le FRSIT (Forum national de la recherche scientifique et des innovations technologiques) aussi avait été créé dans cette optique avec Michel Sedogo, alors Directeur général du CNRST, ou encore le Tour du Faso de la recherche scientifique.

Lfeaso.net : Le problème se situe-t-il donc au niveau de la Banque mondiale ?

Mélégué Traoré : Ce n’est pas la Banque mondiale qui est particulièrement en cause ; c’est tous les bailleurs ou partenaires. Lorsque vous discutez avec eux, vous constaterez qu’ils placent la recherche scientifique parmi les secteurs sociaux. Pourtant, cela n’a rien à voir ! Comment augmenter la productivité et les rendements agricoles sans recherche scientifique ? Et c’est vrai dans tous les secteurs. Or, le budget de la recherche scientifique, est un budget de misère ! Si l’on veut aller de l’avant, il faut copier sur ce point, ceux qui viennent ici, avec l’objectif proclamé de nous aider, car dans leurs propres pays, les budgets de la recherche scientifique dans chaque secteur, sont colossaux, comme ceux des enseignements.

Lefaso.net : Parlant d’institutions…, avec le dernier remaniement, on a assisté à la création d’un ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso. D’abord, il y a souvent confusion, même à travers certaines notes de l’administration. Faut-il dire « Ministre d’Etat auprès de la présidence » ou « Ministère d’Etat auprès de la présidence » ?

Mélégué Traoré : Une précision d’abord : il n’y a pas de « Ministère d’Etat » ; il n’y a que des « ministres d’Etat ». Il y a actuellement un « ministre d’Etat à la présidence » ou « ministre d’Etat auprès de la présidence du Faso », les deux termes s’utilisent, et c’est Simon Compaoré. Il faut toujours rectifier. La rationalisation des fonctions gouvernementales est faite de telle sorte que chaque grand secteur de l’Etat, soit confié à un ministre ; ce qu’on appelle « ministère ». Donc, « ministère d’Etat », ça ne veut rien dire du point de vue du découpage en secteurs d’action gouvernementale, à moins qu’un véritable secteur ne soit confié au Ministre d’Etat. Ce fut le cas pour Blaise Compaoré à la Justice sous le CNR (Conseil national de la révolution), de Roch Kaboré aux Finances et au Plan, de Salif Diallo à l’Agriculture, d’Alain Yoda à la Santé, de Youssouf Ouédraogo (paix à son âme !) et de Djibrill Bassolé aux Affaires étrangères, de Naboho Kanidoua à la Défense.

Lefaso.net : Quelle différence peut-on faire entre ministre (tout court) et ministre d’Etat ?

Mélégué Traoré : Reprenons historiquement. A la fin de l’époque coloniale, à partir de 1957, c’est-à-dire quand a commencé l’application de la loi-cadre de Gaston Defferre de 1956 ; celle qui a permis de créer les véritables assemblées que nous avons actuellement, Félix Houphouët-Boigny était ministre d’Etat en France en 1958. Sous Maurice Yameogo, il n’y a pas eu de ministre d’Etat, jusqu’à son dernier gouvernement. La première fois qu’il a nommé un ministre d’Etat, c’était Moussa Edouard Yameogo dans ce gouvernement du 8 décembre 1965. Il était chargé du Développement. Sous Sangoulé Lamizana, il n’y a pas eu de ministre d’Etat. Ce fut pareil avec le colonel Saye Zerbo et le président Jean-Baptiste Ouédraogo. Ce n’est qu’avec la Révolution que fut repris le système des « ministres d’Etat », et Blaise Compaoré a été, pendant toute la période du CNR, ministre d’Etat - ou ministre d’Etat délégué à la présidence ou encore ministre d’Etat chargé de la Justice. Par la suite, il y a eu plusieurs autres ministres d’Etat.

L’appellation « ministre d’Etat » qui a continué, désigne uniquement une distinction républicaine et une prééminence politique avec ce titre, que le président du Faso accorde intuitu personae à un membre du gouvernement. Ce choix peut tenir compte de trois facteurs : la notoriété de la personnalité, l’appartenance à un parti, ou l’importance d’un secteur ministériel auquel le chef de l’Etat accorde une importance particulière. Quand Hermann Yameogo est devenu Ministre d’Etat, Ministre de l’Intégration régionale en 1992, c’était bien parce que non seulement il était une des principales personnalités politiques du pays, mais aussi parce que Blaise Compaoré voulait donner de l’importance à l’intégration régionale. Mais, je le répète, le titre ne correspond qu’à des effets protocolaires.

Lefaso.net : Effectivement, on retiendra que dans le régime Roch Kaboré (et jusque-là) que Simon Compaoré se déplace avec son titre de « ministre d’Etat ».

Mélégué Traoré : Oui, le titre suit le parcours de Simon Compaoré, non seulement parce qu’il est une des personnalités influentes de l’Etat, qu’il a un statut éminent au sein du MPP au pouvoir, mais aussi parce qu’il y a cette prégnance des questions de décentralisation et de sécurité aujourd’hui.

Lefaso.net : Quel est son rapport avec les autres ministres ?

Mélégué Traoré : Il faut d’abord balayer toute idée de hiérarchie ; il n’y a pas de rapport hiérarchique entre le ministre d’Etat et les autres ministres. Ils sont tous égaux du point de vue du droit. Le ministre d’Etat ne peut pas donner d’instruction à un autre ministre ; si la relation était hiérarchique, il aurait pu en donner. Je comprends que certains ministres considèrent ou croient vraiment que le ministre d’Etat est leur supérieur. Ce qui n’est pas le cas. Il m’est déjà arrivé, quand j’étais à l’Enseignement supérieur, de relever en conseil des ministres, qu’il n’y a pas de ministère d’Etat, mais des ministres d’Etat, et qu’ils ne sont pas supérieurs aux autres ministres. « Le ministre d’Etat » est un titre de fonction qui ne joue qu’au niveau de l’étiquette et du protocole. On peut aussi ajouter que c’est important politiquement, ce qui n’a rien à avoir avec le droit. Au niveau de la préséance, à une cérémonie, on placera d’abord les ministres d’Etat avant les autres membres du gouvernement. Un deuxième niveau où le titre peut jouer politiquement, c’est que dans certains pays, quand le Premier ministre est absent, l’intérim est assuré par un ministre d’Etat. Un troisième niveau où le titre opère, c’est celui du traitement : les indemnités servies aux ministres d’Etat sont supérieures à celles versées aux autres membres du gouvernement.

Quatrièmement, dans un certain nombre de pays, au niveau des véhicules de fonction, le ministre d’Etat dispose d’une cylindrée beaucoup plus grosse que les autres ministres ; il bénéficie parfois même d’un véhicule plus luxueux. Et cinquièmement, au niveau de la sécurité : dans certains pays, alors que les autres ministres ont droit à un seul agent de sécurité, les ministres d’Etat ont deux ou trois. C’est le président du Faso qui décide de qui est ministre d’Etat, même si ce n’est écrit nulle part. N’oubliez pas que le Président du Faso est au sommet et au départ de l’étiquette d’Etat.

Lefaso.net : Quel est l’enjeu de la création du ministre d’Etat auprès de la présidence, lorsqu’on sait qu’en plus du ministre des affaires étrangères, des chargés de missions auprès de la présidence du Faso, il y a un haut représentant du président du Faso ?

Mélégué Traoré : Tout dépend du président du Faso. Le titre de haut représentant apparu récemment chez nous, entre dans l’ordre de l’étiquette, c’est simplement un représentant personnel du Chef de l’Etat. On aurait pu d’ailleurs l’appeler ainsi ou l’appeler ministre d’Etat à la présidence. Cela aurait créé moins de critiques et une polémique inutile. Du reste, nous n’avons fait que copier d’autres pays tels que le Niger et le Mali. Quant au statut du ministre des affaires étrangères, c’est clair, son statut est unique au sein du gouvernement. En relations internationales, c’est lui seul qu’on connaît au cœur de la diplomatie : c’est une institution internationale, beaucoup plus que le président lui-même. Le ministre d’Etat à la présidence, aurait pu détenir un portefeuille comme Blaise Compaoré sous Thomas Sankara : le titre aurait été mieux rentabilisé. Néanmoins, il y a un certain nombre de tâches spécifiques que le président du Faso lui confie. Je suppose que Simon Compaoré est amené à gérer des questions présidentielles comme Amadou Gon Coulibaly en Côte d’Ivoire avant de devenir Premier ministre. Nous aurons dans les faits, deux responsables pour le champ présidentiel : le Haut Représentant et le Ministre d’Etat.

Lefaso.net : Mais au regard de toutes ces ressources qui gravitent autour de la présidence, ne peut-on pas dire qu’avec la création de ce poste, on assiste désormais à la création d’un vice-président de fait ?

Mélégué Traoré : Non, notre Constitution ne prévoit pas de vice-président du Faso. Le faire serait inconstitutionnel. On n’invente pas la nomenclature officielle dans l’Etat, de par sa seule volonté.

Lefaso.net …certes, mais de fait !

Mélégué Traoré : Non, un vice-président aurait été le supérieur des autres ministres ; ce qui n’est pas le cas ici. Je ne me préoccupe pas de savoir si les ministres ne considèrent pas les choses ainsi, car probablement certains parmi eux pensent que le ministre d’Etat leur est supérieur même si c’est erroné. Cela dit, en l’absence d’un secteur dont il aurait la charge, il ne me semble pas raisonnable d’établir une véritable administration lourde, de services, au-delà du cabinet du ministre d’Etat. Notre pays n’en a pas les moyens, surtout en ce moment.

Lefaso.net : Avec toutes ces institutions qui gravitent autour de la présidence du Faso…, ça ne fait pas trop ?

Mélégué Traoré  : Il s’agit, là, d’une option qui a été prise par le Chef de l’Etat et il faut la respecter ; parce que la Constitution lui donne ce pouvoir d’organiser les structures qui peuvent l’aider. Ce sont des choses qu’on ne doit pas discuter ; on peut seulement supposer que si c’était plus dépouillé, ce serait plus fonctionnel. Sinon, on ne peut pas lui contester cette prérogative, sans quoi il ne serait plus le président du Faso. La charpente institutionnelle habituelle autour du président du Faso, c’est d’abord, normalement, le secrétaire général du gouvernement au point de vue de l’organisation institutionnelle de l’Etat, et le directeur de cabinet qui dirige son équipe politique. Et quand on dit présidence du Faso, tout de suite on glisse vers les institutions telles que le Conseil économique et social, le Médiateur du Faso, le Conseil supérieur de la communication, et les autres structures. Cela étant observé, ce n’est pas l’inflation institutionnelle qui fait le développement. Elle est rarement le signe d’une bonne gouvernance.

Lefaso.net : Quand on prend une institution comme le Médiateur du Faso, quel rang doit-il occuper dans le dispositif institutionnel ?

Mélégué Traoré : Pendant longtemps, le Médiateur du Faso n’était pas inscrit dans la Constitution, et je me souviens des tentatives vaines de Tiémoko Marc Garango pour que la fonction le soit. Cela n’a pas été facile, parce que beaucoup n’étaient pas d’accord avec lui. Finalement, le Médiateur a été intégré à la Constitution et son rôle est très précis. L’Etat a une administration avec des administrés, ceux-ci ont souvent des problèmes avec elle. Son rôle est donc bien circonscrit : gérer les problèmes entre l’administration et les administrés. Maintenant, on peut discuter la question de sa place même dans les institutions. Sur ce plan, il faut simplement se référer au décret de 2005 sur les préséances au sein de l’Etat, qui établit la place protocolaire de chaque président d’institution. Pour le Médiateur, c’est tout à fait clair. Je ne comprends donc pas ceux qui émettent des critiques là-dessus. En revanche, il est réellement légitime de s’interroger sur la pertinence de l’existence simultanée du HCRUN (Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale) et du Haut Conseil pour le Dialogue Social.

Lefaso.net : Il y a également le CES (Conseil économique et social) !

Mélégué Traoré : Le CES est une vieille institution, qui sert de laboratoire de débats et de réflexion pour le gouvernement et l’Assemblée nationale. Quand j’étais président de l’Assemblée nationale, j’avais proposé à la faveur des réformes constitutionnelles d’avril 2000, que le CES puisse émettre des avis ou faire des recommandations à l’Assemblée nationale, comme il le faisait pour le gouvernement. Ça n’a pas été accepté. Actuellement, le CES est un organe de débats et d’intégration nationale, parce qu’on y compte tous les corps sociaux et justement, c’est grâce à cette diversité que cette institution est une vraie structure de consultation et d’aide à la décision pour le gouvernement et l’Assemblée nationale. Son rôle est fondamental.

Lefaso.net : L’institution, CES, est en tournée dans les régions en ce moment, ce qui suscite des commentaires …

Mélégué Traoré : Oui, mais comment le CES peut-il véritablement jouer son rôle sans relations avec les populations ? Je pense que ce n’est pas cela le problème. Le problème, c’est l’existence simultanée du HCRUN et le Haut conseil du dialogue social. Il est certain que la réconciliation nationale est un impératif, mais elle commence aussi par le dialogue social. Ceux qui sont à la tête de ces institutions sont tous deux des amis à moi. Domba Jean-Marc Palm, est un grand ami de longue date, qui occupe le poste de président au Haut Conseil pour le dialogue social, et Léandre Bassolé avec qui j’entretiens d’étroites relations, est un confrère diplomate de haut vol. Cela étant, les deux structures peuvent très bien fusionner à terme, pour ne faire qu’une. Forcément, leurs attributions se recoupent ; ce qui veut dire qu’il y a des doubles emplois. Or, vous connaissez le problème, qui n’est pas propre à l’Afrique : dès lors qu’on créé une institution, elle cherche à avoir le plus d’attributions possibles, et à se doter d’une administration de plus en plus touffue. C’est budgétivore dans tous les cas. Ça a été le cas au début avec le Médiateur du Faso, qui n’était pas conçu pour avoir une grande administration. Aujourd’hui, où en sommes-nous ?

Lefaso.net : Justement, on voit qu’avec l’arrivée de Saran Sérémé, l’institution Médiateur du Faso a pris une autre allure…

Mélégué Traoré : Le Médiateur fait partie de la catégorie des autorités administratives indépendantes. Ce sont des structures qui ne reçoivent pas d’instructions du gouvernement, mais doivent demeurer dans leurs domaines de compétence, et ne pas vouloir finalement faire le travail à la place des secteurs ministériels. L’Etat est déjà structuré en segments de secteurs ministériels. En voulant quadriller le pays, même si elles ne le veulent pas, ces institutions entrent finalement en concurrence avec les secteurs ministériels. Et forcement, elles affaiblissent ceux-ci, il n’y a rien à faire, en dehors de l’administration territoriale, il faut éviter la décentralisation à outrance. C’est pour cette raison qu’il est bon que ces institutions demeurent dans le cadre des textes qui les ont mises en place et des attributions qui leur sont confiées par la loi. Ce qui veut dire que c’est au moment de rédiger les textes de base qu’il faut faire très attention. Voilà pourquoi quand on écrit une loi, il faut faire attention parce qu’elle aura des répercussions après, sur le terrain ; c’est une règle de légistique.

Lefaso.net : Nous sommes à la fin de notre entretien, avez-vous un message particulier, en regard surtout du contexte national actuel ?

Mélégué Traoré : J’évite généralement de trop me prononcer sur ce genre de questions, parce qu’aujourd’hui, les propos sont facilement interprétés au Burkina, alors que je n’ai pas l’habitude d’avoir ma langue dans la poche. Mais, je pense néanmoins que quand on est dans une situation où le pays traverse une période difficile, comme c’est le cas, l’impératif doit être d’abord celui de l’unité nationale. Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina. Le jour où il y aura l’accoutumance au terrorisme, ce sera très grave pour le pays. Ce qui se passe au sahel est dangereux et il faut en prendre conscience. Dans ce contexte, l’appartenance aux partis politiques ne compte pas. Il n’y a qu’un seul chef d’Etat, il n’y a pas deux : le pouvoir est comme une aiguille ; au sommet il n’y a qu’une seule personne.

Dans les circonstances difficiles, c’est l’unité qu’il faut autour de cette personne, non la personne « Roch Kaboré », mais l’institution « président du Faso ». Ce qui veut dire que tout le monde doit resserrer les rangs autour du gouvernement, quand il s’agit de question comme celle du terrorisme. Cela veut dire aussi que le gouvernement doit en revanche faire en sorte de faciliter ce rapprochement entre les citoyens, en en créant les conditions. Pour moi donc, et dans cet esprit, tout ce qui peut amener les Burkinabè à se diviser, il faut l’éviter. Et puis maintenant, il y a les mesures pratiques qu’il faut prendre ; la réconciliation ne peut pas se limiter à des effets oratoires ou d’annonce. Construire la réconciliation nationale ne relève pas du discours. Ce qui ne veut pas dire renier la question de la justice ; si un citoyen a commis une infraction, c’est clair qu’il doit être jugé et sanctionné.

L’autre point, à mon avis, c’est la situation économique qui, elle, est extrêmement difficile ; les grands chiffres qui nous ont été cités à l’Assemblée dans les statistiques par le Premier ministre, les Burkinabè s’en foutent : le Burkinabè qui vit dans le quartier Kalgondin sait qu’il vit beaucoup moins bien maintenant qu’avant. Ce n’est pas une question de parti politique ou de qui est au pouvoir, mais la réalité est que le citoyen qui vit à Diapaga, à Falangoutou ou à Bomborokuy constate aujourd’hui, c’est plus difficile pour lui que par le passé. Le taux de croissance ne se consomme pas. Les raisons qui font que c’est ainsi, peuvent se discuter, mais le constat, c’est cela. Face à la situation, il faut aussi reconnaître que ce n’est pas au gouvernement seul de développer des initiatives, mais il a le devoir de créer le cadre et les conditions pour que les énergies se développent. Ce sont des questions auxquelles je tiens.

Je souhaite aussi que le Burkina ait une place de premier plan au niveau diplomatique, car tout cela a un lien avec le développement. Donc, que notre pays ait diplomatie avisée et forte. Là aussi, l’un des principaux acquis de Blaise Compaoré, a été la diplomatie : on peut l’aimer, on peut ne pas l’aimer, des gens peuvent dire n’importe quoi, mais l’une des réussites de Blaise Compaoré a été la politique étrangère. Or, aujourd’hui, le régime a des atouts dans ce domaine, parce que parmi ceux qui étaient avec Blaise Compaoré en son temps, sont actuellement les principaux ténors du pouvoir. Ils ont donc l’expérience des questions internationales et de leurs complexités. On ne se rend peut-être pas compte au niveau de nos dirigeants, mais la mise en cause incessante de l’ancien président dans la question des attaques terroristes, à travers des affirmations souvent hasardeuses, ne rend pas service au pays. Elles affaiblissent lourdement la politique étrangère et la diplomatie du Burkina Faso. Dès lors qu’on est l’acteur central dans un processus de négociation et de médiation, cela entraîne des dépenses pour l’Etat, même quand l’Union africaine ou la CEDEAO s’engagent financièrement. Laïco (hôtel) a abrité, ici, aux frais du Burkina, les Ivoiriens, les Togolais, les Touaregs, les Bissau-Guinéens, les Centrafricains, les Maliens, les Tchadiens, les Guinéens : le rayonnement international a un coût. Il ne faut donc pas faire une lecture partielle ou partiale du passé.

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 20 avril 2018 à 07:03, par taali soumaré laa maane sougri En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Bravo Melegue
    Tous ces gens diront que vous êtes CDPistes au lieu de voir vos compétences et votre intelligence mais ils oublient que vous n’avez jamais été président du CDP. Celui qui se renie et change constamment d’opinion, de caractère, d’amis parfois semble être moins équilibré que l’homme constant qui s’assume et qui reconnait ses tords mais qui donne aussi des preuves et des explications pertinentes sur sa constance. Le caméléon change de couleur pour ressembler à son milieu, juste pour se cacher. Cela veut dire qu’il ment toujours pour se dissimuler et passer. Je considere qu’un homme caméléon c’est la même chose

  • Le 20 avril 2018 à 09:11, par kwiliga En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    "Plus le discours est long, moins il est porteur"
    Hum, qu’en est-il des articles trop longs ?

  • Le 20 avril 2018 à 09:14, par Wadal En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Moi, je prône qu’au Burkina Faso, il faut miser sur les compétences et mérites personnelles que de chercher à savoir de quel bord politique il est. Si la personne a des compétences, n’a pas de passé douteux (c’est-à-dire mêlée à des situations compromettantes...), il n’y a pas de raisons d’écarter cette personne qui pouvait apporter quelque chose à la construction du pays. Mais, je comprends aussi cette situation que ces vingt cinq dernières années, ceux qui étaient et qui sont aussi à la tête du pays sont aussi piètres qu’ils ne s’aventurent pas à ce jeu très noble (mettre l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut) ; car eux-mêmes se reprochent quelque chose. Ils préfèrent généralement à travers la corruption, le népotisme, le favoritisme nommer une personne à un poste de responsabilité dont ils ont une mainmise sur elle. Et encore bravo à Tahirou Barry, qui, par sa liberté d’expression, sa liberté tout court, a préféré partir et c’est cela aussi la grandeur d’un homme. Combien sont-ils dans ce pays à le faire ? Il ne faut pas confondre nomination qui est différente de notre formation d’origine. Mais il y a des gens nommés ; ils voient que ça ne va pas, mais préfèrent se taire tout en jouissant des fruits de leur poste de nomination jusqu’au jour où ça coince réellement qu’ils sortent des trous pour dénoncer je ne sais quoi. Soyons responsable jusqu’au bout !

  • Le 20 avril 2018 à 09:15, par Sid Pa Yii En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Merci bien doyen ^pour cet éclairage et je suggère que les débutants de la politique, voraces de nos maigres ressources s’en imprègnent. Le PF devrait vous consulter régulièrement car vous êtes compétent et véridique. Il le sait bien pour avoir été pendant 5 ans votre vice-président à l’assemblée. Il aura une meilleure clairvoyance et une boussole dans la conduite des affaires de ce pays contrairement aux courtisans qui vous aveuglent et vont vous amener à déchanter à votre bilan des 5 ou 10 ans(peu importe) car le Burkina aura reculé grandement.
    Rock la solution, le peuple te regarde.

  • Le 20 avril 2018 à 09:22, par youl En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    merci cher papa , le Burkina Faso a besoin d’homme comme vous pour faire avancer ces institutions et daigner atteindre le développement .que Dieu vous garde et permettent au dirigeants de s’attacher a vos cervices ;car bon conseiller ,vous l’être...

  • Le 20 avril 2018 à 09:41, par Maurice 883 En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Waouh !
    J’admire monsieur TRAORE. Un homme averti, une personne ressource de taille.

  • Le 20 avril 2018 à 09:44, par le voyant En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    merci monsieur ,le pays est malheureusement ainsi ceux qui ont des ides, qui travail et qui tentent d etre honnete sont ainsi traites:mis au banc de touche

  • Le 20 avril 2018 à 10:15, par Zemosse En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    J’ai toujours apprécié positivement Melegué. Bravo donc pour cette lecture de,la situation du Pays. En résumé, le Burkina sera toujours classé parmi les derniers Pays du monde sI ses hommes politiques ne changent pas la gouvernance du Pays. Melegué l’à dit, tant pis pour ceux qui ne veulent pas lire et prendre conscience.

  • Le 20 avril 2018 à 10:16, par Jerkilo En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Point de vue avisé et objectif d’un haut cadre qui connait le Burkina profond, le Burkina intellectuel, le Burkina institutionnel et le Burkina politique. Je ne vois dans ces déclarations aucun ressentiment politique (car l’homme, même s’il reste au CDP, a souffert sous la gouvernance CDP pour ses tentatives d’indépendance d’opinion, rétrogradé de président de l’Assemblée à simple député). Ses opinions et conseils avisés sur la situation au nord et dans le Sahel devraient être pris en compte par le gouvernement.

  • Le 20 avril 2018 à 11:09, par Negblanc En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Faut dire en effet qu’il est plus facile de créer un bureau de consulting et avoir du succès quand on homme de réseaux. Nous qui avions commencé au ras des pâquerettes il y quelques décennies sous le cdp en savons quelques chose. Espérons que Mr Traoré est aussi patriote économique déclare tous ses revenus et paye ses impôts au Burkina.

  • Le 20 avril 2018 à 11:26, par LePenseur En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Vraiment Mélégué est un "enclave" encore lucide, toujours véridique et diplomate dans son langage. Il est exceptionnel et est le plus illuminé de toute sa region.
    Il est un véritable baobab pour notre pays et meme pour toute l’Afrique et nous devons l’"entretenir" pour qu’il produise encore de bons fruits. Son seul problème, c’est qu’il est féticheur invétéré ... Ma prière pour lui et pour tous les "djons", est celle-ci : Seigneur Jésus, touche leur cœur afin qu’ils croient un jour en toi pour être sauvés, amen. Alfred Dah
    .

  • Le 20 avril 2018 à 11:37, par TANGA En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Merci Grand frère Mauris.
    Comme quoi tu es toujours prêt à servir tout comme ce que tu es ; un scout et un vrai.
    Parlan de la question du grand nord, je me joint à vous pour dire d’arrêter nos blalas et agir vite. C’est ce que vous insinuez si je ne me trompe pas.
    Alors, il faut que nous Burkinabès agissons vite et bien si non, nous somme en train de perdre le nord. L’histoire a une fameuse façon de se répéter, quand Dori et alentours appartenanient aux Gourmatchés, les peulhs sont arrivés et voulaient s’imposer. Devant la résistance des Gourmatchés, les émirs du Nigéria envoyèrent des renforts et Dori fut pris par les peulhs. Acceptons ça et revenons au présent. Les Bandits s’infiltrent dans le pays et nous tergiversons. Attendons nous qu’ils aient l’appui des émirs du mal basés chez les arabes pour agir ? ça sera tard par ce que ces gens là ne veulent s’installer en paix mais nous imposer les vision des choses. Il faut que l’on se détrompe aussi à propos des occidentaux qui disent nous aider. Ils sont là pour leurs intérêts (vendre leurs vielles armes et avoir de l’or). A qui profite tous nos problèmes si ce n’est qu’à l’occident.
    Rappelons nous que notre pays avait té le premier être attaqué par les touaregs par ce qu’ils pensaient qu’on était les plus faibles ; affaire d’avoir une base, mais ils ont appris à leur dépends et ce sont même vus obligés de passer par le Burkina pour les négociations avec les autres pays.
    Il faut faire vite !
    Ce qui est sûr, si un touareg attaque certaines personnes dans ce pays, il n’ y aura plus de touareg dans ce pays I les dirigeants ne peuvent pas agir il aura des vindictes populaires.

  • Le 20 avril 2018 à 11:37, par jan jan En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    J’ai effectué mon SND au MESSRS quand il était le ministre et j’ai toujours admiré son intelligence, ça c’est une "tête".

  • Le 20 avril 2018 à 11:45, par Badpress En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Chapeau à toi M. Mélégué Maurice TRAORE. Vous êtes un repère, toujours constant dans ce que vous êtes et ce que vous faites. Grand intellectuel avec la tête sur les épaules. Dieu vous bénisse.

  • Le 20 avril 2018 à 11:58, par senadja En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Rien que la vérité.
    je croix qu’un homme c’est ça aussi. être constant dans son raisonnement et avoir un dimension large des choses et événement.

  • Le 20 avril 2018 à 12:39, par molotov En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Monsieur Mélégué TRAORE,
    L’un des rares intellectuels politiques qui est resté constant et qui s’assume.
    Il faut vraiment valoriser nos cadres comme le Sénégal sait si bien le faire..Restons dans notre fausse modestie ’burkinabêtes’’ pendant que les autres pays bataillent ,manœuvrent pour placer leur cadres à l’Internationale. Bref,

    J’aime pas le CDP mais je remarque les rares cadres de ce parti qui sont restés au CDP après l’insurrection sont les plus constants, les plus loyaux,les plus sincères. On dirait que le CDP s’est épuré de ses éléments opportunistes et carriéristes.
    MELEGUE seul a eu le courage de dire à Blaise de livrer son frère François à la justice au temps fort de l’affaire Norbert Zongo.Pendant ce temps, les couards larbins et autres laquais grenouillaient dans l’ombre du beau Blaise pour étouffer la vérité.Cette vérité lui a coûté son poste de PAN à l’homme de Kankalaba et à la place Blaise le manitou a exilé mis l’homme du centre Rock KABORA, plus conciliant et malléable.
    Ce sont les mêmes qui demandent l’extradition de François aujourd’hui.
    Si l’hypocrisie pouvait tuer...

    #MOLOTOV

    • Le 21 avril 2018 à 15:06, par Le Vigilent En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

      Mon cher Molotov,

      Vous voulez donc dire que Francois Compaore est reellement implique dans l’assassinat de Norbert Zongo et qu’il aurait du etre livre a la justice ? Si tel est le cas, c’est bien normal que la jstice Burkinabe, et non ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir, demande son extradition etant donne que la couverture don’t il beneficiait, du fait de son frere, est tombee.

      • Le 23 avril 2018 à 10:01, par molotov En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

        Vigilent,
        Je suis responsable de ce que j’écris mais toi tu es responsable de l’interprétation que tu en fais.
        A cete epoque Livrer FRANÇOIS à la justice ne fait pas de quelqu’un un coupable désigné. Y’a la présomption d’innocence qu’il faut respecter.
        Ce que je déplore c’est la couardise des puissants du jour en son temps.Quel Melegue a eu ce courage de dire la vérité à Blaise.Qu’a fait en 99 les Simon, Salif et Rock.Les archives sont là.Ils ont tous participer à étouffer la manifestation de la vérité par omission, couardise, peur , indifférence. Tu te souviens des zones rouges de Simon ??
        Conclusion : ces gars sont mal placés pour jouer aux justiciers à deux sous.On appelle ça du populisme.
        La vérité jaillira un jour , tôt ou tard et on saura qui a fait quoi pourquoi... Y’a des gens insoupçonnés qui seront éclaboussés.

        HONNEUR A MELEGUE POUR AVOIR OSÉ PENDANT CES PERIODES DE BRAISE
        GLOIRE ETERNELLE A NORBERT ZONGO.

        #MOLOTOV

  • Le 20 avril 2018 à 13:53, par Sphinx de Pissy En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Melegué est un homme très brillant et humble.
    Longue vie à lui et évitons de le décorer à titre posthume.
    S’il le mérite aujourd’hui le lui accorder de son vivant ne fera que l’encourager dans sa probité et la pertinence de ses reflexions.

  • Le 20 avril 2018 à 14:40, par Yedema En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Bien que long, cet article je l’ai parcouru intégralement et j’ai été édifié.
    Cet article doit servir comme une référence pour nos compatriotes en perte d’éthique et d’intelligence. Je connais ce Monsieur, un parcours hors norme et une intelligence véritable.
    Voilà des personnalités que notre Président devrait s’entourer au lieu de se faire chatouiller par des politiciens médiocres et ivrognes.
    Longue vie à MMT, je souhaite être à votre école.

  • Le 20 avril 2018 à 15:26, par zohiboss En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    dommage que des hommes de sa carrure soient ignorés au nom d’une certaine politique.Pauvres de nous !

  • Le 20 avril 2018 à 18:38, par rabo En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    "Son seul problème, c’est qu’il est féticheur invétéré". Heureusement qu’il l’est. Lui au moins respecte ses aïeuls et non les aïeuls d’autrui.
    La France ne s’est-elle pas proclamée "fille ainée" de l’église ? Dans ce pays, on ne parle plus de "papa" et de "maman", mais de "parents" pour désigner nos géniteurs !!!!!!
    Ils vous ont apporté leur BIBLE, ils sont maintenant propriétaires de votre sol, sous-sol et ciel !!!!!
    Laisser mon "FETICHEUR" en PAIX.

  • Le 20 avril 2018 à 22:14, par Indjaba En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Il est balèze. On a appris et on a aimé. Merci honorable.

  • Le 20 avril 2018 à 22:31, par Housilamati Hamilatou Hema En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    "Sur ce plan, le discours du Premier ministre pourrait s’en tenir aux informations stratégiques, lourdes et de politique générale, en laissant les détails aux questions orales ou écrites qui sont posées régulièrement par les députés aux ministres. S’il établit le tableau et tranche avec tant d’autorité dans son discours annuel, que reste-t-il à faire pour les membres du gouvernement ? Côté forme, se pose la question du volume et donc du discours avec une soixantaine de pages. C’était trop. Et pour peu que le texte soit lu lentement, la longueur devient excessive. En plus, dans le cas présent, le Premier ministre a fait beaucoup de digressions qui n’étaient pas dans le texte écrit ; le discours avait perdu toute solennité avec les commentaires et les blagues, car il ne s’agit pas dans de telles circonstances, de faire rire ou applaudir."
    Excellence, Mr. M. Melegue, vous etes un intellectuel poids lourd mais malheureusement un mangeur et un empecheur de voir les autres percer. On vous connait pour ca. mais votre analyse est tres juste.J’ ai ete scout et je vous observe depuis les annees 1978 jusqu’a votre rentree en politique ou ous vous etes acharne a brise du fils de la Leraba, Comoe, etc. On vous prete meme de dire que personne ne sera aussi grand que vous. Ce n’st pas bien.

  • Le 20 avril 2018 à 23:33, par Henriette kouassi En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Merci mon Frère, surtout courage à toi.Tu es sans rancune, félicitations. Mais je constate que tu as cité presque tout le monde, sauf ton petit frère Bongnessan Arsène YE. Bref, ça peut être un oubli..Que les Ancêtres veillent sur toi.

  • Le 21 avril 2018 à 00:31, par Burkinbila En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Excellence Traoré, merci pour ce que vous avez dit sur la recherche. Nos chercheurs sont des références. Vous avez été très visionnaire avec la création du Secrétariat permanent du FRSIT qui a malheureusement été transformée en une petite direction sous Gnissa Konaté. Ainsi va le Faso. Les uns construisent, les autres viennent détruire. Courage aux enseignants et chercheurs. Longue vie à vous,, Mon Professeur Mélégué.

  • Le 21 avril 2018 à 07:57, par Bély En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Merci à Monsieur Oumar L. Ouedraogo pour cette interview.
    Je ne peux qu’apprécier positivement ces propos de M. Mélégué sur ces questions d’actualités.
    Et je crois qu’en cherchant à renforcer l’unité nationale et à fédérer toutes nos forces autour de l’institution "Président du Faso", nous aurons fait un pas en avant dans les solutions à apporter aux grands problèmes auxquels fait face notre pays (notamment en ce qui concerne l’extrémisme religieux).
    Nous avons le droit d’avoir des opinions divergentes ; mais quand vient le moment de construire la "case commune", trop d’opposition peut empêcher l’action.
    "(En Afrique) Nous ne sommes là pour les oppositions ; nous sommes là pour la juxtaposition" disait Mobutu. Quelques fois ça sert !

  • Le 21 avril 2018 à 10:35, par salou En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Tous mes respects pour cet interview très instructif. Merci au Vieux (Santé et longue vie à Toi) de partager sa vision, cohérente et pragmatique. C’est ce genre d’hommes qu’il nous faut dans les sphères de l’Etat. C’est la politique politicienne qui gaspille les compétences des burkinabés. Et HOP tout le monde devient MPP et c’est la course aux postes. Le CDP regorgent toujours des cadres très compétents, et c’est un gachis de penser autrement.

  • Le 21 avril 2018 à 11:28, par kouadio En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Nous avons besoin de ce genre de contribution avec des rappels historiques qui permettent de se referer au passe (on en a souvent besoin) pour mieux prepaper e futur

  • Le 21 avril 2018 à 11:54, par boutros En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Toutes mes félicitations à mr melegue Traoré . une vraie mine

  • Le 22 avril 2018 à 02:26, par Bouba En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Merci Excellence Mélégué pour votre clairvoyance, votre niveau d’analyse intellectuel très édifiant. Cet interview est riche en enseignements et j’ai eu du plaisir à le lire.

  • Le 22 avril 2018 à 16:44, par Africa En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Toutes mes félicitations pour cette très bonne et enrichissante interview accordée par Monsieur Traoré Melegué. Je partage son opinion selon laquelle "nos chercheurs au CNRST (centre national de la recherche scientifique et technologique) et dans les universités, comptent parmi les meilleurs du continent".
    Cependant, je suis circonspect lorsqu’il nous apprend que, d’un commun accord avec son ancien homologue président de l’AN feu Salif Diallo, il assure "la rédaction d’un livre sur l’histoire du Parlement burkinabè". À mon humble avis, ce travail aurait dû être confié naturellement au CNRST ou à un imminent historien de nos universités, spécialiste des questions institutionnelles pour mener un travail académique en profondeur.
    J’imagine que ce travail de Monsieur Melegué se fait à titre gracieux. Dans le cas contraire, j’estime que dans ce cas précis, les crédits alloués et les compétences humaines disponibles dans le pays ne sont pas utilisés à bon escient. Nous devons mettre un terme à la gestion de "l’entre soi" et favoriser la promotion de l’expertise nationale dans chaque domaine, surtout lorsqu’il s’agit de témoigner de notre passé commun, domaine de prédilection de l’historien.

  • Le 22 avril 2018 à 20:50, par @Molotov En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Francois Compaore a fini de regler la question de la responsabilite de la mort de Norbert Zongo. Il n’ attend plus que sa pauvre mort pour aller repondre devant Dieu. Ne nous faites pas reculer.

  • Le 23 avril 2018 à 07:06, par Sergy En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    J’ai apprécié votre discours ,mais que le pays est attaqué du fait des accointances de Blaise avec les terroristes est un secret de polichinelle. Et si on se dit n’avoir pas la langue dans la poche,il faut le reconnaître courageusement.

  • Le 24 avril 2018 à 22:02, par Le vigilant du Sahel En réponse à : « Nous sous-estimons encore probablement la portée de ce qui se passe au Nord du Burkina », prévient Mélégué Traoré

    Lorsqu’on est investi d’un pouvoir, il faut savoir le gérer. A une petite échelle, c’est pareil lorsque vous remplacez quelqu’un à un poste de responsabilité. Si vous passez votre temps à ne voir que les erreurs de vos prédécesseurs au lieu de travailler et d’imprimer votre marque, votre échec est garanti car le temps passe plus vite qu’on ne croit. Blaise COMPAORE fut contraint de fuir le pays, il nous revient maintenant de poser les bases pour un développement durable.Le Burkina a des amis de par le monde. Nous pouvons contrer l’extrémisme violent avec succès. Il faut simplement s’organiser et rester souder. Faire référence de façon répétitive à l’ancien régime est franchement contre productif. Le peuple souverain du Burkina est maître de son destin, alors avançons. Tranquillos !