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Filière karité au Burkina : Des productrices dénoncent une récupération des investisseurs étrangers

mercredi 11 avril 2018.

 

La ressource karité est de plus en plus menacée dans tous les pays producteurs. C’est le constat fait par le Réseau Karité des femmes d’Afrique (REKAF- Afrique), au cours de son assemblée constitutive tenue ce mardi 10 avril 2018, à Ouagadougou.

Premier exportateur de karité en Afrique, le Burkina peine à s’organiser pour les intérêts de ses producteurs. Pourtant, le karité occupe près de 70% du territoire burkinabè, constitue aujourd’hui, le 4ème produit d’exportation du pays et mobilise même, près de deux millions d’acteurs, dont plus de 80% sont des femmes issues majoritairement du monde rural. « Malgré leur forte présence numérique dans la chaîne de production karité, les femmes ont du mal à tirer des revenus conséquents de cette filière, faute de pouvoir agir efficacement sur le marché » a signifié Fanny Kaboré, présidente du Réseau karité des femmes du Burkina (RECAF-Burkina).

« L’heure est suffisamment grave, mais ce n’est pas perdu » rassure Antoinette Ouédraogo/Thiombiano, première vice-présidente de l’interprofession table filière karité. S’il n’est pas tard pour celle qui a été portée à la tête du Réseau karité des femmes d’Afrique au cours de la présente session, il y a nécessité d’agir au plus vite, afin de sauver la filière karité et les principales actrices. « En 2006, Elle (Mamounata Velegda, présidente de la filière table karité), nous avait prévenues que la filière connaissait une infiltration, une récupération. ( …) De 35 000 à 45 000 tonnes d’amandes, à passant par 10 000 tonnes de beurre, aujourd’hui, elle ne peut exporter plus de 2 000 tonnes d’amendes, encore moins 50 tonnes de beurre » confie-t-elle. Et Adja Mamounata Velegda, présidente d’honneur de la rencontre de soutenir que face à l’absence de fortes décisions politiques qui encadrent la filière, les productrices assistent à l’accaparement du secteur par des firmes internationales, présentes sur le territoire burkinabè. Mieux, elle soutient que « certaines structures se cachent derrière les appuis aux groupements féminins pour se procurer les amendes à vil prix ». Au titre de la campagne précédente, cette pionnière de la filière karité au Burkina, chiffre ses pertes à 80 milliards de francs CFA.

Pour une redistribution plus équitable

Si dans les années 60, les exportations du karité s’évaluaient à 33% du PIB, aujourd’hui, elles ne représentent que 0,6% du PIB. Cette situation, selon Magloire D. Hien, Secrétaire permanent de l’interprofession table filière karité, serait liée au contexte de la libéralisation de l’économie nationale. « L’Etat pense que pour plus d’efficacité, il faut à la fois une intervention des investisseurs étrangers couplée aux investissements au niveau national » a-t-il noté, soulignant que l’une des grandes difficultés de la filière, demeure l’organisation et la structuration des acteurs et les questions de fixation des prix. D’où ce cri de cœur des femmes productrices, pour une redistribution plus équitable des bénéfices, une protection intégrale de la ressource arbre et la mise en place d’entreprises suffisamment fortes et représentées au plus haut niveau national. A ce sujet, les acteurs de la filière osent espérer que les accords interprofessionnels sur la contractualisation adoptés en 2017 et l’opérationnalisation de la loi 050 sur les interprofessions de la filière karité, leur apporteront un grand soulagement.

En effet, les accords interprofessionnels visent à formaliser les relations d’affaires entre tous les acteurs. « L’Etat doit nous accompagner à travers la prise d’une convention de campagne. Cette convention consistera à fixer des dates de début et de fin de campagne, à sécuriser l’approvisionnement des entreprises de transformation et d’exportation par rapport à l’assurance qu’elles doivent avoir à travers les contrats » a expliqué Magloire D Hien, précisant que la convention de campagne doit être assortie d’un prix planché pour les amandes et leur beurre.

Quant à la loi 050 sur les interprofessions, elle préconise que les acteurs de la filière doivent s’organiser en catégorie professionnelle, notamment les productrices d’amende et de beurre de karité, doivent créer une organisation d’envergure nationale en vue de défendre leurs intérêts au sein de la filière. Cela, avec les acteurs situés en aval qui appartiennent à la profession des transformateurs et des distributeurs. L’objectif étant que ces 3 organisations représentants les trois professions, puissent s’accorder de façon consensuelle sur la gestion des problèmes évoqués. Cette assemblée constitutive qui a réuni des participants issus du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Mali, du Nigéria, du Sénégal et du Tchad, était placée sous le thème : « Rôle et place de la productrice dans la chaîne de valeur de la filière karité ».

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 12 avril 2018 à 12:39, par Maria de Ziniaré En réponse à : Filière karité au Burkina : Des productrices dénoncent une récupération des investisseurs étrangers

    L’article contient trop de contre vérité notamment « Si dans les années 60, les exportations du karité s’évaluaient à 33% du PIB, aujourd’hui, elles ne représentent que 0,6% du PIB. » 

    « Au titre de la campagne précédente, cette pionnière de la filière karité au Burkina, chiffre ses pertes à 80 milliards de francs CFA. »

    il il faut éviter de diffuser des informations invraisemblables au regard des grandeurs des agrégats économiques et financiers du Burkina. Le Karité ne peut avoir constitué 33 % du PIB en 1960 peut être 33% de la valeur des exportations de produits agricoles mais pas du PIB.
    Exceptés les grandes entreprises aucun opérateur économique Burkinabé ne fait un chiffre d’affaire de 70 milliards surtout dans la filière agricole à plus forte raison une perte de 70 milliards .

    Il faut respecter l’intelligence des Burkinabè.

  • Le 12 avril 2018 à 14:46, par soyons sérieux ! En réponse à : Filière karité au Burkina : Des productrices dénoncent une récupération des investisseurs étrangers

    A qui la faute ? aux acteurs burkinabè eux-mêmes. Depuis des années, c’est la pagaille dans cette filière juteuse où tous les coups (bas) sont permis ! Combien de milliards avons nous engloutis dans cette filière pour rien à coup d’une multitude de projets étatiques, de PTF, d’ONG et autres ? L’interprofession n’a qu’à se mettre à bosser pour mieux s’organiser !