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Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

Déclaration
samedi 7 avril 2018.

 

Dans cette déclaration, l’Association burkinabè des consommateurs des services de communication (ABCE) pointe du doigt le dysfonctionnement du système électronique de certaines banques à l’orée de la bancarisation intégrale des salaires des agents publics.

Le gouvernement burkinabè a décidé de rendre obligatoire la bancarisation des salaires des agents de la fonction publique. Cette mesure qui mérite d’être saluée au passage doit nécessairement s’accompagner d’un regain de professionnalisme de la part de nos banques. En effet, les clients de certaines banques de la place sont confrontés à des difficultés, presque structurelles, relatives à l’indisponibilité des Guichets Automatiques de Banque (GAB) de leurs banques ; ce qui les obligent constamment à recourir aux GAB des banques concurrentes, moyennant le paiement d’une somme d’argent (500 F par exemple en ce qui concerne CORIS BANK) par opération alors que le service est censé être gratuit lorsque le retrait a lieu dans les GAB de la même banque.

Il en découle que les débits effectués sur les comptes des consommateurs, au titre de ces frais de retraits dans les GAB d’autres banques, sont imputables à l’inconséquence de leurs cocontractants à savoir les banques domiciliataires dont les GAB sont continuellement indisponibles. Cette situation est, à tout point de vue, inacceptable. En effet, il est incompréhensible, voire scandaleux que les consommateurs, sans quitter le territoire national (GIM UMOA), payent des frais pour accéder à leur argent alors que la banque cocontractante a l’obligation de rendre disponible et gratuit ce service dans ses GAB. En exposant ses clients aux paiements de frais résultant du recours aux GAB de ses concurrentes, la banque manque gravement au respect d’une telle obligation.

C’est le cas de notamment de CORIS BANK (CBI) et de Société Générale Burkina Faso (SGBF) dont les GAB sont continuellement hors service ; si fait que ceux qui tentent de faire des retraits par chèque, sont vite confrontés à un long temps d’attente, paralysant ainsi leurs activités économiques.

De même, en cas d’urgence les nuits ou les jours non ouvrables, c’est avec la peur au vendre que l’on se rend dans les GAB car la disponibilité du service est très aléatoire.

C’est pourtant le triste destin réservé aux clients de CORIS BANK et de SGBF dont les GAB sont continuellement hors service. Il est outre constant de rencontrer dans les GAB des personnes en détresse, ordonnance en mains, qui cherchent désespérément à accéder à leur épargne en vue d’acheter des produits pharmaceutiques pour leurs malades. La question qui revient en pareilles circonstances est de savoir si les banques mesurent véritablement l’étendue de leur responsabilité en cas d’indisponibilité de leurs services ou si elles comptent sur l’ignorance des consommateurs/utilisateurs quant à la mise en œuvre de cette responsabilité contractuelle.

C’est malheureusement dans ces conditions qu’il a été décidé de bancariser tous les salaires des agents publics. Sans remettre en cause la pertinence de cette mesure qui, de notre point de vue, devrait être effective depuis des années, nous pensons que les services de contrôle doivent redoubler d’effort pour obliger les banques à respecter leurs obligations professionnelles ; ce qui n’est pas le cas de la pratique actuelle de nos banques.

A titre d’exemple, les clients de SGBF ont récemment manifesté leur ras le bol en ce qui concerne le temps d’attente en vue des opérations. Il n’est pas normal que pour effectuer une opération de banque, l’on mette une ou deux heures d’attente ou que l’on fasse le tour de tous les GAB avant d’avoir accès au service.

S’agissant des cartes bancaires, la problématique de la mise à disposition des consommateurs se pose avec acuité dans certaines banques où il faut attendre deux ou trois mois avant de recevoir livraison ; ce qui oblige les utilisateurs à abandonner, encore dans ce cas, leurs activités professionnelles pour des heures d’attente avant de faire une opération. Les clients de la CBI et de la BHBF sont confrontés à cette difficulté de nos jours alors que le renouvellement de la carte expirée devrait être automatique..

Des découverts et des ventes forcés qui pénalisent

Des découverts forcés, des consommateurs en ont été victimes à la BOA qui a changé son système sans daigner donner l’information à ses clients. En effet, dans son nouveau système, le montant du solde ne s’affiche plus automatiquement. Lorsque la demande est faite par le client, il apparait un solde comptable et un solde disponible. Le solde comptable inclut le salaire et un découvert pendant que le solde disponible ne comprend que le salaire. Ceux des consommateurs qui n’arrivaient pas à faire la différence entre les deux concepts et qui ont opté par ignorance de faire l’opération sur le solde comptable ont alors retiré leur salaire en sus d’un découvert qu’ils n’ont pas expressément demandé et pour lequel ils payeront des frais.

L’information du consommateur, un droit fondamental, est une obligation qui pèse sur le professionnel qu’est ici la banque afin de lui permettre de faire un choix éclairé. Il n’est de doute que la banque a failli en l’espèce et en conséquence les consommateurs ne devraient pas être astreints aux paiements de frais inhérents au découvert qu’ils n’ont pas demandé en toute connaissance de cause. C’est plutôt à la banque de leur verser des dommages et intérêts pour les avoir incités à dépenser plus que ce qu’ils avaient.

Aussi, il n’est pas rare de constater après une opération de retrait, que le client soit victime de débit à tort. Lorsque le client dans ces conditions s’adresse à la banque pour comprendre sa situation, le relevé bancaire qui est établi pour traiter la réclamation lui est facturée.

Une autre dérive de la part de certaines banques consiste en la vente forcée. En effet, est-il normal qu’une banque, après avoir conclu un contrat de prêt avec une personne physique ou morale en vue de financer l’exécution d’un marché public pour lequel l’Etat a engagé une entreprise de suivi-contrôle, oblige l’emprunteur à conclure un autre contrat de suivi dénommée « EXPERTIS » rendant davantage onéreux l’opération de crédit ? Le comble est que le choix de cette société de suivi imposé à l’emprunteur est à la discrétion du prêteur (banque). Ce prétendu contrat devient l’une des conditions d’octroi du crédit et oblige l’emprunteur à payer une redevance mensuelle tout au long de l’exécution du marché en plus des frais relatifs de l’entreprise que l’Etat (autorité contractante) a déjà commis pour faire le même travail.

La Commission nationale de la concurrence interpellée

Outre cela, il est à déplorer, dans le cadre de l’opération de crédits, que pour certains contrats de prestation de service accessoires comme la souscription à un fonds de garantie, l’assurance vie, l’évaluation des biens immobiliers en vue de l’hypothèque…, le cocontractant de la banque n’ait pas le choix de son prestataire qui lui est encore imposé par la banque alors que rien ne dit qu’il n’avait pas la possibilité de bénéficier des mêmes prestations à un prix inférieur.

Il s’agit de pratiques discriminatoires de la partie bancaire, à la lumière des articles 39, 71, 92 de la loi n°016-2017 portant organisation de la concurrence au Burkina Faso, qui subordonne la vente du service de crédit à l’achat d’une autre prestation, en l’espèce le contrat de suivi du chantier, étrangère à l’opération de crédit. Les professionnels emprunteurs de crédits ne vont jamais saisir la CNCC aux fins de voir sanctionner cette pratique de peur que les banques qui leur offrent des crédits dans ces circonstances refusent de les financer.

Cet écrit tient alors également lieu de dénonciation de ces faits à la CNCC à qui nous demandons instamment de diligenter une enquête sans complaisance sur la pratique des opérations de crédit des banques susceptibles d’être une entorse aux règles de la concurrence et un frein au activités économiques.

Le Bureau Exécutif National de l’ABCE
e-mail : abceburkina@gmail.com



Vos commentaires

  • Le 6 avril 2018 à 09:41, par LE BANQUIER En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    VEUILLEZ VERIFIER VOS INFORMATIONS AVANT DE TENIR DE TEL RAPPORT SANS FONDEMENT.

  • Le 6 avril 2018 à 09:56, par DAVID En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    Article très intéressant. Pour ma part, le système bancaire actuelle au burkina faso n’est pas adapté a notre réalité. Le burkina a plus besoin de système de mesofinance que d’un système de banque

  • Le 6 avril 2018 à 10:27, par Tibi En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    Vous oubliez la Banque Commerciale du Burkina (BCB) dont les guichets sont indisponibles chaque fois du 26 du mois au 10 de l’autre mois. Quand on part dans les guichets des autres banques, c’est toujours ’’votre banque est inaccessible".

  • Le 6 avril 2018 à 10:54, par Ramzo En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    Que veux dire par le BANQUIER ? l’analyse est plus que claire

  • Le 6 avril 2018 à 11:17, par Clients En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    Le banquier tu ment comme tu respire. Vous êtes tous comme cela. Tu viens pour ouvrir un compte pas de problèmes. Tu veux prêt. Pas de problèmes. Maintenant tu veux fermer ton compte et partir voit ailleurs, problèmes. On te demande d’écrire une demande de clôture de compte comme si tu avais fais une demande pour venir . franchement triste. Même les situation sut ton compte qu’on doit te fournir périodiquement ont te refuse.

  • Le 6 avril 2018 à 13:46, par Tilaï En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    Merci, ABCE de voler au secours des pauvres clients qui ne savaient plus à quel saint se vouer.
    Une autre arnaque que vous avez oubliée : avec la carte, vous ne pouvez jamais retirer tout votre salaire... tantôt on vous dit "vous ne pouvez retirer qu’un multiple de 5 000 F" tantôt "vous ne pouvez retirer qu’un multiple de 10 000 F"...
    Vous comprenez le désarroi de ceux qui ont les bas salaires !

  • Le 6 avril 2018 à 15:16, par Kouka En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    La connaissance coute cher mais l’ignorance a le même prix. Je pense qu’il faudra instituer des journées de sensibilisation des consommateurs sur la règlementation bancaire pour ouvrir nos yeux et éviter que ces vampires financiers nous dépouillent du très peu que nous avons, pauvre que nous sommes déjà.

  • Le 6 avril 2018 à 15:39, par bissongo En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    Une question à comprendre !!!
    Je pense qu’il est dit dans le droit du travail que le salaire est perçu en espèce au LIEU DU TRAVAIL. alors est-il normal que l’état impose au travailleurs que le salaire soit bancariser ? d’autant plus que ce n’est pas gratuit...aider moi à comprendre. Merci.

  • Le 6 avril 2018 à 17:08, par balora le sage En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    Des découverts forcés, des consommateurs en ont été victimes à la BOA qui a changé son système sans daigner donner l’information à ses clients.
    Tout d’abord je félicite l’ABCE pour ce travail d’investigation qui met à nu les problèmes récurrents dans les banques au BF et qui pénalisent fortement le client ; dans certaines banques, le client n’est plus roi, il devient esclave de pratiques mafieuses.
    Pour ma part j’interviendrais sur le cas des découverts forcés dont j’ai été victime à la BOA. Je suis allé à la banque me plaindre et c’est à la banque qu’on m’a parlé de solde disponible et de solde comptable et vous verrez que ce sont des termes techniques qui obligent le client à des découverts forcés. La banque sans avertir met une somme de 80 000F dans votre solde disponible sans vous avertir et c’est l’astuce et le piège que beaucoup de clients vont succomber, car très peu de clients prennent la peine de voir leur solde avant toutes opérations ; ce qui le font ne verront que le solde disponible qui indique le montant salaire plus le découvert forcé ; et après la banque vous rappelle pour vous signifier que vous avez effectué un découvert que vous devez rembourser avec les frais et intérêts afférents. Déjà que ces banques ont des taux d’intérêt hyper élevés dans la sous région. C’est comme si vous déposez un os à coté d’un chien et vous dites au chien de ne pas toucher. C’est pourquoi je salue le travail remarquable de l’ABCE et les encourage à poursuivre leur travail citoyen de vaille pour défendre les clients qui sont grugés, victimisés dans certaines banques du BF ; je souhaite que cette association se fasse mieux connaitre des burkinabé des provinces et ensemble nous allons défendre les burkinabé des prédateurs financiers et des usuriers de tout acabit. Le drame au BF c’est que les clients dans la plupart des cas ne savent même pas où porter plainte ; je propose qu’un audit sur toutes les banques au BF soit effectué avant d’appliquer la mesure de bancarisation intégrale des salaires des agents publics ; et les mauvaises banques indexées, rappelées à l’ordre ou sanctionnées pour l’exemple car les banques ont besoin des clients et les clients ont besoin des banques, cela doit être une mutualité avantageuse et réciproque. Pour les GAB, c’est la triste réalité, car beaucoup de distributeurs automatiques sont soient en panne, soient le réseau ne marche pas, soient le distributeur marche mais ne livre pas de reçu au client ; soient le distributeur n’a pas de fonds suffisants etc.. Et quand vous réalisez une opération de retrait avec des erreurs, la banque vous demande de faire une réclamation en joignant le reçu de retrait qui indique le montant retiré, la date et l’heure de retrait et l’emplacement géographique du GAB ; vous voyez encore cette aberration et ce cynisme ; c’est au client de justifier le manque de rigueur et de professionnalisme de sa banque ; cela m’est arrivé une fois avec une erreur de 100 000F que la banque a corrigé après ma réclamation et depuis cette date je ne fais plus de retrait sans prendre de reçu dans les GAB ; le problème est très grave dans certaines banques. J’ai l’impression que le » plus rien ne sera comme avant » n’est pas encore arrivé au niveau des banques ; le peuple doit ouvrir l’œil et le bon et veiller au grain.

  • Le 6 avril 2018 à 18:22, par bibich En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    il y a aussi le cas des prèts ou les banquiers vont tout faire pour mettre l’échéance 2 à 10 avant le virement de ton salaire. donc à tout moment tu as des frais sur découvert que tu paies du fait de cela : une vraie escroquerie

  • Le 7 avril 2018 à 08:43, par sekou En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    Un nombre minimum de GAB Operationnel en tout temps doit être obligatoire pour chaque banque. Sinon les pauvres clients vivront toujours le calvaire pour entrer en possession de leur argent.

  • Le 7 avril 2018 à 13:21, par Shalom En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    Merci à cette association pour ce travail d’information et de sensibilisation des consommateurs. J’ai été victime d’un autre type de vol de la part de ma banque. Il y a un an environ, j’attendais un virement d’un organisme international pour un travail de consultation que j’ai fait. Après avoir attendu vainement le virement, j’ai saisi l’organisme en question pour savoir ce qui se passait. A ma grande surprise, l’organisme m’a dit que le virement avait été fait 2 mois auparavant. Quand j’ai donné cette information à ma banque, le gérant de mon compte a entrepris de vérifier cela avec le service compétent de la banque qui traite de ces questions. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai été informé que mon virement venait d’arriver le jour même. Et j’ai aussitôt été informé que si je voulais des preuves, je devais payer pour cela. Ma conclusion est la suivante : la banque a délibérément retardé de créditer mon compte du montant qui m’a été viré attendant que le cours du dollar soit au plus bas et utilisant mon argent à son compte. Effectivement, le jour où mon compte a été crédité, le cours du dollar avait beaucoup baissé. Et j’ai donc perdu au change. C’est du vol.

  • Le 7 avril 2018 à 22:18, par oudraogo Achille En réponse à : Bancarisation des salaires des agents publics : L’ABCE met en garde contre les pratiques frauduleuses de certaines banques

    BOA la Hank of africa j’ai demandé le renoullement de ma carte de retrait automatique depuis janvier jusqu’à nos jours je ne suis pas entré en possession de ma carte. On m’a même envoyé un SMS pour dire que la carte est disponible et je me présente on m’informe que cest’une erreur.

    Le service pose même problème aux usagés