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Burkina Faso : La problématique des évacuations sanitaires à la loupe

mardi 26 décembre 2017.

 

La question des évacuations sanitaires au Burkina préoccupe les professionnels de la santé qui (visiblement, et jusque-là) assistent, souvent impuissants, à des décès pour faute d’évacuations ou d’évacuations à temps. C’est sans doute cette réalité qui a suscité dans les rangs de certains de ces particiens de la santé, vivant au Burkina et à l’étranger, une organisation sociale en vue de soulager et venir en aide aux populations burkinabè. Dans la soirée de vendredi,22 décembre 2017 à Ouagadougou, ils ont animé une conférence publique sur la problématique des évacuations sanitaires et présenter des pistes en vue de soulager des populations.

C’est par une "pensée pieuse pour les personnes décédées, parce que n’ayant pas pu être évacuées à temps", que les panélistes ont campé le décor de la conférence publique qui a vu la paricipation d’un public venu de divers horizons et parmi lequel, des spécialistes de la santé.
Puis, c’est au principal conférencier,Fulgence Abdou Tanga Kaboré, de faire une cartographie de la situation au Burkina. Ainsi, on note qu’annuellemnt, l’Etat débourse plus d’un milliard 400 millions dans les évacuations sanitaires et ce chiffre va croissant. Une évacuation sanitaire à partir du Burkina coûte en moyenne entre dix et 25 millions de FCFA selon les destinations.

Malgré l’installation de structures de plus en plus performantes, comme l’hôpital national Blaise Compaoré, le Burkina continue à évacuer des patients à l’extérieur.

Selon l’un des membres-fondateurs du réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), Fulgence Abdou Tanga Kaboré, "la santé relève certes du social, mais les actes qui la régissent prennent souvent une dimension politique et la gestion des évacuations de personnes malades à l’étranger n’y échappe pas".

A l’en croire, le domaine de la santé au Burkina est caractérisé par la présence de professionnels compétents, pleins de bonne volonté, mais disposant malheureusement d’un plateau technique limité. Ce qui entraîne un besoin récurrent d’évacuations sanitaires pour faire face à certaines pathologies.

"Dans la majeure partie des cas, les évacuations sanitaires constituent une difficulté ; tant logistique, matérielle que financière pour les personnes qui doivent recevoir les soins à l’extérieur de leur pays", a-t-il dévoilé, révelant que les démarches administratives, logistiques et médicales sont très souvent difficiles, longues,inefficaces, parfois pénibles et très coûteuses.

Dr Achille Kaboré (au centre) entouré du conférencier, Fulgence Abdou Tanga Kaboré (à sa gauche) et son vice-président.

"Au Burkina Faso, l’Etat s’occupe bien souvent et de façon difficile, des évacuations sanitaires vers le Maroc, la France, la Tunisie", situe-t-il avant de s’appuyer sur un rapport du ministère de la santé qui fait ressortir que le Burkina a fait 106 évacuations en 2011 et 167 en 2012 (soit une augmentation de 57,5%) pour une prise en charge respective de 1 226 632 938 FCFA et 1 248 085 002 FCFA.

"En février 2016, le gouvernement burkinabè a évoqué, lors d’un Conseil des ministres, les difficultés financières pour évacuer les patients burkinabè vers l’étranger et selon les autorités, au 31 décembre 2015, les impayés étaient estimés à 739 341 821 de FCFA ", a indiqué le premier responsable de la Fédération panafricaine des associations et clubs de l’Union afriaine, Fulgence Abdou Tanga Kaboré.

Le communicateur, qui dit ne pas douter de la compétence des médecins burkinabè, pointe par contre un manque d’équipements adéquat dans les formations sanitaires. "Le médecin,c’est avant tout le diagnostic. L’évacuation sanitaire se fait sur la base d’un dossier élaboré par le médecin traitant du patient. Celui posé à Ouagadougou par nos médecins n’a presque jamais été démenti par leurs collègues d’ailleurs qui disposent d’équipements sophistiqués.C’est la preuve que nombre de nos praticiens de santé accomplissent des prouesses avec des plateaux techniques vétustes, voire inexistants", a souligné M. Kaboré.

"Au Burkina Faso, pour être évacué, il faut emprunter *la route de la chance* : tout citoyen burkinabè peut bénéficier d’une évacuation sanitaire au compte du ministère de la santé. Dans les faits, pour accéder aux soins à l’étranger, il faut gravir au moins trois marches : d’abord, un collège de médecins approuve la proposition d’évacuation présentée par le médecin traitant, ensuite le dossier doit être approuvé par le Conseil national de santé présidé par le secrétaire général du ministère de la santé et, enfin, le nerf de la guerre, c’est-à-dire les ressources disponibles dans le budget de l’Etat pour financer le coût de l’évacuation est franchie par coup de chance. Certains patients éligibles en savent bien de choses, eux qui ont dû attendre des années avant d’être évacués", a-t-il expliqué.

Selon le communicateur,au-delà de tout, il faut que la maladie nécessitant l’évacuation affecte un organe vital du corps humain.

Fort de cette situation peu réluisante,Fulgence Abdou Tanga Kaboré recommande de réfléchir à une nouvelle approche de mobilisation des ressources afin de rendre plus démocratique, le droit de tous les Burkinabè d’accéder aux évacuations (si tel est le dernioer recours pour recouvrer la santé).

"Nous avons vu que l’Etat n’arrive pas souvent à assurer les évacuations dans les délais et cela pose un grand problème pour les familles, pour les patients eux-mêmes.Nous avons aussi vu qu’il est possible de donner beaucoup plus de possibilités aux malades, leur permettre d’avoir accès à ces technologies de pointe qui existent ailleurs", a annoncé Dr Achille Kaboré, médedcin vivant aux Etats-Unis. Partant des réalités nationales, il a entrepris, de concert avec d’autres médecins, de mettre en place une organisation de professionnels de la santé,"Sésame d’Elite", pour venir en aide aux populations. Dr Kaboré reste convaincu que les populations ne peuvent être de réelles actrices de développement que si elles sont en bonne santé.

Dr Achille Kaboré, promoteur de l’organisation Sésame d’Elite appelle à conjuguer les efforts pour le bien-être des populations

C’est pourquoi souhaite-t-il que l’on développe la télémedecine pour minimiser les cas d’évacuations."Mais au cas où l’évacuation serait inévitable, nous pensons qu’il est de la responsabilité de toutes les structures associatives de médecins,de se mettre ensemble pour pouvoir aider à ce qu’il y ait la possibilité de pouvoir donner les meilleurs soins partout où cela est possible. C’est cela le sens de notre intervention. En tant que professionnels de la santé, nous nous sommes associés pour pouvoir mettre en place cette organisation à la disposition des Burkinabè. Ce genre de structures n’existent pas, il fallait donc la créer, trouver où est-ce qu’elle s’inserre. Nous travaillons donc avec l’Etat. Nous ne pouvons pas aller en dehors de l’Etat. La santé, c’est tout un processus, les gens doivent se mettre ensemble....pour le bien-être des populations. Donc, nous nous voyons comme accompagnateurs du ministère de la santé dans la mise en oeuvre des soins à la disposition des populations", a détaillé Dr Achille Kaboré, promoteur de l’initiative Sésame d’Elite qui se donne ainsi pour mission d’oeuvrer à soulager la souffrance des populations.

"Notre démarche est à but humanitaire, social. L’important,c’est de soulager la souffrance des populations et, partant,contribuer ainsi au développement du pays. Et nous voulons amener les assurances à s’ouvrir, à pouvoir aider dans le processus de vulgarisation des soins. Donc, si les assurances accompagnent, le citoyen lambda peut être évacué facilement", a lancé Dr Kaboré, citant en exemple le Rwanda avec son ’’système de solidarité’’ santaine(98% des Rwandais bénéficient d’une assurance maladie publique, ndlr).

OL
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Vos commentaires

  • Le 27 décembre 2017 à 00:09, par Mafoi En réponse à : Burkina Faso : La problématique des évacuations sanitaires à la loupe

    Pour avoir des structures de santé à la hauteur,je suggère que l’assemblée nationale vote une loi interdisant ces évacuations sanitaires.Bien sûr cette mesure doit aussi s’appliquer aux dignitaires ainsi que leurs familles(PF,PM,ministres,députés,DG etc...).On vit ensemble,on crève ensemble.En tout cas je prédis que si une telle loi pouvait être votée,vous verrez que ces suceurs de sang vont s’empresser de faire des progrès dans ces mouroirs appelés pompeusement CHU,CHR,CMA,CM etc....!La même problématique se pose aussi pour l’école.Ils envoient leurs crétins de rejetons à l’extérieur pour étudier dans de très bonnes conditions et ils nous laissent avec les chevauchements des années académiques,les classes sous paillote etc....!C’est un crime contre l’humanité

    • Le 28 décembre 2017 à 07:04, par Hum En réponse à : Burkina Faso : La problématique des évacuations sanitaires à la loupe

      J’espère que ta proposition n’est pas sérieuse et que tu rigoles..... parce que si tu es sérieux en voulant interdire les évacuations sanitaires purement et simplement c’est que la méchanceté de l’homme noir envieux et aigri est bel et bien une réalité, comme toi tu pense ne pas pouvoir avoir droit tant pis pour ceux qui attendent depuis des années dans la souffrance, ils n’ont qu’à mourir....c’est vraiment dommage....

    • Le 28 décembre 2017 à 19:56, par Le Vigilent En réponse à : Burkina Faso : La problématique des évacuations sanitaires à la loupe

      Dites-vous qu’aucun pays au monde ne peut se passer des évacuations sanitaires vers d’autres pays. Il y a des technologies et des spécialistes/spécialités qui n’existent que dans quelques pays. Au Burkina, on doit travailler à réduire les évacuations tant à l’intérieur du pays que vers l’extérieur. C’est ce que le ministère de la santé essaye de faire avec à travers le renforcement du plateau technique des hôpitaux, la transformation de certains CSPS en Centres médicaux, le relèvement du statut de certains CHR pour en faire des CHU, la formation d’un plus grand nombre de spécialistes dans diverses disciplines, etc.
      Je constate que certains de ceux qui se plaignent de la situation des évacuations sanitaires ne voient que celles qui se font vers d’autres pays. L’organisation des évacuations a l’intérieur du pays, qui intéressent un nombre plus de 100 fois supérieur aux évacuations vers l’extérieur, connait aussi de nombreuses insuffisances dont on parle rarement ; probablement parce qu’elles concernent surtout la grande masse des Burkinabè vivant en milieu rural, ou ceux n’ayant pas des ressources suffisantes et/ou encore ne disposant pas des informations y relatives. Il y a malheureusement de nombreux décès dus à ces insuffisances et dont personne ne parle, parce qu’il concerne des illustres inconnus ou des personnes qui comptent peu sur le plan politique et/ou socio-économique.
      Ce qui intéresse le plus une certaine opinion, souvent mal informée, ce sont les cas de personnes, bien connues et respectées ou leurs proches, souffrant de maladies rares ou de maladies ayant atteint des stades où, même les plus grands spécialistes de ce monde et disposant des équipements les plus sophistiques ne peuvent rien faire pour améliorer la situation. Lorsque ces personnes décèdent sans avoir été évoquées, on en fait un scandale en accusant les autorités sanitaires de les avoir laissé mourir alors qu’une éventuelle évacuation leur aurait sauvé la vie.
      Une analyse plus sérieuse et sans passion de la situation dans toutes ses dimensions est nécessaire afin de lui trouver des solutions plus rationnelles et plus réalistes et réalisables.

  • Le 27 décembre 2017 à 01:38, par Élève de maternelle En réponse à : Burkina Faso : La problématique des évacuations sanitaires à la loupe

    Au lieu de chercher à prendre en charge des évacuations sanitaires il faut travailler à ce que au Burkina des infrastructures sanitaires avec des plateaux techniques relevés se créent pour traiter ses malades qui sont évacués. Les évacuations sanitaires détériorent notre balance commerciale et nous appauvrissent. Ces évacuations se font à l’étranger souvent dans des cliniques et hôpitaux privés, si l’état n’a pas les moyens de relever sensiblement immédiatement les plateaux techniques des hôpitaux publiques, il peut travailler à créer les conditions de créations d’hôpitaux ou cliniques privés nationales ou étrangères au Burkina en jouant sur des incitations financières. De toute façon l’évacué paie à l’étranger pour sa prise en charge autant que ce argent soit dépensé sur place même si c’est dans une structure privée nationale ou internationale : il y’a les avantages des emplois créés, l’expertise et le transfert de connaissance technologique qui s’opèrent avec nos médecins et le service délocalisé sur place. C.est la seule solution structurelle viable.

  • Le 28 décembre 2017 à 09:52, par Franchise En réponse à : Burkina Faso : La problématique des évacuations sanitaires à la loupe

    Ok pour les évacuations sanitaires, mais travaillons à les amoindrir. Nous avons des médecins compétents qui sont envoyés en stages de perfectionnement dans ces mêmes pays où se font les évacuations. Améliorons simplement le plateau technique pour qu’ils puissent mettre en application ce qu’ils ont appris la-bas. Par ailleurs l’article est interessant mais attention aux fautes d’ortographes. Il faut relire vos écrits avant de les publier sur le net. Merci et bon courage !

  • Le 28 décembre 2017 à 10:42, par Yameogo En réponse à : Burkina Faso : La problématique des évacuations sanitaires à la loupe

    Mesures exceptionnelles d’urgence pour faciliter les procédures d’acquisition du matériel. Suspension des évacuations et injecter ces finances pour équiper nos structures.
    Il nous faut beaucoup plus de courage et d’efforts intellectuels pour chercher des solutions et résoudre nos équations.
    N’accusons pas les problèmes financier : nous sommes incapables d’effort et notre égoïsme va nous tuer.

  • Le 28 décembre 2017 à 11:37, par DEDE En réponse à : Burkina Faso : La problématique des évacuations sanitaires à la loupe

    tout cela se sont des conneries ; j’ai eu a faire face à une évacuation de bobo à ouaga on nous dit de payer l’ambulance soit simple ou a oxygène entre 130 000 à 175 000 F CFA ; par faute de moyens nous n’avons pas pu ; on nous dit de faire un certificat d’indigence (service social et mairie), on le fait on arrive a ouaga malgré nos moyens le service social refuse de nous prendre en charge aucun soin plutôt des dépenses en sus ; le malade malheureusement est reparti se soigner à l’indigénat au village. il faut l’avoir vécu pour éviter de raconter des conneries ; n’importe quoi

  • Le 28 décembre 2017 à 14:39, par Medécin En réponse à : Burkina Faso : La problématique des évacuations sanitaires à la loupe

    Le domaine des évacuations sanitaires à l’étranger est très complexe, et nécessite une organisation efficace tant en amont , que pendant et après les soins et il faut éviter de venir raconter des inepties aux Burkinabè, parce que simplement on prétend exercer dans la médecine aux USA (ce qui reste à vérifier ,dans quel hôpital et à quel niveau).Certes il y a des difficultés de tous ordres dans la gestion des évacuations sanitaires, mais en aucun cas une association ne saurait gérer les évacuations sanitaires d’un pays . Par ailleurs ,il faut se méfier de ces burkinabè surtout ceux venant des USA qui viennent faire des promesses mirobolantes juste pour se faire voir à la télé et disparaître, alors que eux mêmes sont des cas sociaux là-bas . On se rappelle de ces burkinabè vivant aux USA se faisant passer pour des médecins, s’affublant même du titre de Professeur de médecine qui ont promis au Président Blaise Compaore de venir édifier au BURKINA FASO un centre de dialyse qui pourra même procéder à la transplantation rénale . La même chose a été promise au président RMCK lors de son passage aux USA en 2016 .Depuis lors qui entend parler de ce fameux projet. Méfions nous des aventuriers car il y en a plein en ce moment au Burkina Faso.