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Profil de la pauvreté chez l’enfant et d’analyse de la vulnérabilité de l’UNICEF : Les conclusions de l’étude soumises à l’appréciation des acteurs de développement de l’enfant

mardi 5 décembre 2017.

 

Sous la présidence du représentant de Mme le ministre de la femme, de la solidarité nationale et de la famille, Yves Kaboré, un atelier de restitution des résultats de l’étude sur le profil de la pauvreté chez l’enfant et d’analyse de la vulnérabilité, s’est ouvert le mardi 5 décembre 2017, à Ouagadougou.

Dans la note d’information « mettre fin à la pauvreté extrême : un accent sur les enfants », de l’UNICEF et du groupe de la Banque mondiale (2016), les enfants des pays en développement sont deux fois plus susceptibles que les adultes de vivre dans l’extrême pauvreté. Il devient urgent d’identifier les dimensions critiques sur lesquelles les politiques publiques peuvent être basées pour fixer l’objectif de mettre fin à la pauvreté de l’enfant conformément au thème central de l’agenda 2030 qui se résume « à ne laisser personne pour compte ».

S’inscrivant dans cette dynamique, l’UNICEF a commandité, fin 2016, une étude sur le profil de la pauvreté et la vulnérabilité de l’enfant dans cinq communes de la région de la Boucle du Mouhoun, avec l’appui financier de Save the children. Il s’agit notamment de Dédougou, Safané, Kona, Yé et Boromo.

Afin de communiquer les résultats de l’étude et dégager des programmes de réponse en vue d’inverser la tendance, il a été organisé un atelier de restitution, le mardi 5 décembre 2017, à Ouagadougou.

Représentante résidente de l’UNICEF, Dr Anne Vincent : « Je remercie Save the children Finlande pour son soutien continu à la représentation au Burkina Faso tant du point de vue méthodologique que financier »

Pour la représentante pays de l’UNICEF, cette étude est une première au Burkina Faso. « Elle va nous aider à comprendre que les enfants ont une vulnérabilité à la pauvreté qui n’est pas toujours bien comprise (…) », a dit Dr Anne Vincent. Ainsi, à partir des données recueillies auprès de 1 020 ménages, un indice composite de la pauvreté multidimensionnelle de l’enfant a été construit et opéré pour établir le profil de la pauvreté multidimensionnelle et de la pauvreté monétaire chez l’enfant suivant les groupes d’âge (0 à 18 ans), sexe, milieu de résidence et le géographique.

De l’analyse des 27 indicateurs répartis en 10 dimensions jugées critiques chez l’enfant, l’étude a révélé que les privations en matière d’eau et assainissement (89%), de santé (75%), de nutrition (82%) et du travail des enfants (48,7%) sont plus prononcées dans les zones rurales. Par ailleurs, celles du bien-être de l’enfant (73%) et de la protection de l’enfant (61%) sont plus importantes dans les zones urbaines.
En sus, l’on retient également que les enfants souffrent simultanément de privation dans trois dimensions ou plus. Du coup, lorsque le seuil de pauvreté est fixé à 4 dimensions, le ratio de 90% des effectifs se rapproche des résultats de l’initiative pour la pauvreté et le développement humain (OPHI) d’Oxford pour la région qui est de 91%. Par contre, lorsqu’il est porté à 6%, l’intensité de la pauvreté se situe à 75%, plus élevée que celle d’OPHI de 66%.

Au regard de ce qui précède, la conception et la mise en œuvre des politiques sont des facteurs clés pour garantir que les enfants bénéficient de politiques visant à améliorer leur bien-être. Pour y arriver Dr Vincent a émis des recommandations.« (…) nous vous invitons à utiliser les présentations et les résultats de l’étude afin d’adopter dans vos institutions, l’approche de l’analyse multidimensionnelle de la pauvreté notamment pour les enfants pour faire avancer plus rapidement l’amélioration de leurs droits », s’est-elle adressée aux participants.

Yves Kaboré : « la pauvreté de l’enfant se manifeste par un milieu qui nuit à son développement mental, physique, affectif (…) »

En ce qui concerne le bien-être de l’enfant et la rupture avec la transmission intergénérationnelle de la pauvreté au Burkina Faso, des propositions ont également été faites. « Nous pensons que le gouvernement pourrait envisager la conception et la mise en œuvre de politiques de protection sociale sensible aux enfants qui peuvent protéger les ménages pauvres et marginalisés et prévenir l’aggravation des privations, grâce à des programmes de transferts sociaux », a déclaré Dr Vincent. Financée par la Suède, cette approche couvrira les régions du Centre-nord, Nord et l’Est. Et le démarrage est prévu pour le mois de janvier 2018.

Enfin, l’UNICEF a suggéré la mise en place d’un groupe de travail sur la pauvreté des enfants. Objectif : Eviter qu’il y ait des dimensions cachées de la pauvreté de l’enfant dans les analyses et politiques publiques.

Des participants résolument engagés pour améliorer les conditions de vie des enfants

Le représentant de Mme le ministre de la femme, de la solidarité nationale et de la famille, Yves Kaboré qui a dit prendre note des paquets de recommandations, rassure : « Ces efforts de définition de politiques et stratégies pourront utilement s’inscrire dans les efforts globaux visant à l’atteinte de l’objectif de développement durable relatif à l’élimination de l’extrême pauvreté et à travers le référentiel national qu’est le PNDES et les politiques sectorielles comme la politique nationale de protection sociale »

Revenant sur le choix de la Boucle du Mouhoun pour la présente étude, la représentante résidente de l’UNICEF s’explique en ses termes : « c’est l’une des régions du Burkina Faso où la pauvreté monétaire est la plus élevée que la moyenne nationale (59,07% contre 40,1%) avec une large majorité d’enfants et jeunes de moins de 24 ans (68%) ».

Aïssata Laure G. Sidibé
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