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Industrialisation de l’Afrique : Et si on luttait d’abord contre la concurrence déloyale ?

LEFASO.NET | Nicole OUEDRAOGO
lundi 20 novembre 2017.

 

Après trois années de suspension, en raison du contexte sociopolitique, le Burkina Faso a commémoré ce lundi 20 novembre 2017, la 27e journée de l’industrialisation de l’Afrique. Célébrée dans la zone industrielle de Kossodo, sur le site de CIMBURKINA, la présente journée a été placée sous le thème : « Développement industriel africain : une condition préalable pour une zone de libre-échange continentale(ZLEC) effective et durable ».

Cette année, l’honneur est revenu à CIMBURKINA, filiale du numéro 2 mondial en ciment, le groupe allemand Heidelbergcement, d’abriter la 27e journée de l’industrialisation de l’Afrique, au Burkina. Et le peu que l’on puisse dire, c’est que la célébration de cette journée s’est déroulée dans un « contexte difficile ». C’est le constat fait par le président du Groupement professionnel des industriels du Burkina Faso, Mamady Sanoh, au cours de cette journée qui vise à marquer le soutien et l’engagement de la communauté internationale en faveur du développement industriel de l’Afrique.

Insécurité grandissante, des grèves à répétition qui handicapent aussi bien l’administration publique que le secteur privé, des usines à l’image de la SN SOSUCO, SAP Olympic, FASOPLAST, WATAM Kaiser, CERRAMIX Winner industries qui se débattent pour survivre, tel est le tableau peint par le président du Groupement professionnel des industriels. Bien sûr, ce tableau est assez sombre et selon lui, il faut trouver des solutions urgentes pour sauver les unités industrielles.

« Le principal problème que nous connaissons, c’est la concurrence déloyale. Il faut une politique industrielle forte quand on veut une industrie forte, il faut protéger l’existant. C’est ce que nous réclamons depuis longtemps. Nous ne demandons pas des choses qui ne sont pas faisables » a signifié Mamady Sanoh. Et le Directeur général de CIMBURKINA, François Sangline, de renchérir : « Bien sûr, il y a des difficultés, les coûts énergétiques, la disponibilité même de cette énergie nécessaire à la croissance, la concurrence déloyale, l’état des voies d’accès … ». Il a souligné que ces difficultés sont néanmoins surmontables.

En réponse, le gouvernement entend encourager les unités industrielles à poursuivre leurs efforts dans le cadre de la promotion des industries afin de gagner à nouveau la confiance des investisseurs. « Nous héritons d’un passif lourd, surtout en la matière. Plus vous laisser les choses trainer, moins ça vaut (…). Nous sommes venus trouver que ça battait de l’aile, nous sommes en train de tenter de remettre les choses à nouveau sur les rails » a noté Stéphane Sanou, ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, par ailleurs patron de la présente cérémonie. Il a ajouté ceci : « Il est possible de le faire pour certaines entreprises, mais il n’est pas évident pour d’autres. Notre politique est de remettre en selle les sociétés qui battent de l’aile ».

A cet effet, Stéphane Sanou a soutenu que de nombreux projets et programmes sont prévus pour briser les principales contraintes du secteur privé en général et celle du secteur industriel en particulier, cela dans une perspective d’accroître la compétitivité de cette dernière. L’objectif poursuivi dans ce sens est de faire passer la part de l’industrie manufacturière dans le PIB de 6,60% en 2015 à 12% d’ici à 2020, de même que le taux de transformation des produits agricoles de 12 % à 25% sur la même période, dans le cadre du PNDES.

Par ailleurs, le ministre du Commerce a tenu rassurer que le secteur de l’industrie burkinabè « se porte de façon positive ». « Le secteur de l’industrie s’améliore. Il contribue à près de 20% à la formation du PIB .Ce secteur est l’un des plus gros pourvoyeurs et créateur de richesses. Il y a la création de nombreuses entreprises, surtout que le pays est en train d’encourager la transformation de nos matières premières ».

L’Afrique, la région la moins industrialisée

Se référant au thème de la 27e journée de l’industrialisation de l’Afrique, le ministre a relevé la nécessité pour le continent de se fonder sur une zone de libre-échange pour transformer son économie. Avec ses 54 Etats et un produit intérieur brut (PIB), estimé à 3 400 mille milliards de dollars US, le continent africain demeure la région la moins industrialisée, avec « seulement 1,6% de part dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale, contre 44,6% dans la région de l’Asie et du Pacifique ». C’est ce qui a justifié en 2015, selon Stéphane Sanou, le lancement du marché unique de l’Afrique par l’Union africaine (UA), dans le cadre de l’agenda 2063.

De son avis, le succès de cette zone de libre-échange continentale nécessite des ajustements structurels politiques majeurs, le but étant de créer un environnement propice qui tient compte des promotions régionales et sous-régionales pour faciliter la participation du continent dans la chaine de valeur globale. Notons que la présente journée s’est achevée par une visite des installations de l’usine CIMBURKINA. En rappel, la journée du 20 novembre a été proclamée par l’assemblée générale des Nations unies comme journée de l’industrialisation de l’Afrique en 1989.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net


CIMBURKINA

Active au Burkina depuis 2014, CIMBURKINA est la filiale du groupe cimentier international, Heildelbergcement, numéro 1 mondial dans la production d’agrégats, numéro 2 mondial en ciment, numéro 3 mondial en production de béton prêt à l’emploi.

Avec une unité de production d’une capacité de 850 000 tonnes par an, la cimenterie envisage doubler sa production à 1,7 tonne en 2019, au Burkina. Présent sur le continent africain et la zone méditerranéenne, le groupe opère dans 15 pays avec 31 millions de tonnes de capacité de production de ciment, 100 millions de tonnes de réserves d’agrégats. Près de 60 000 personnes sont employées par le groupe à travers 3000 installations réparties dans 60 pays sur tous les continents.



Vos commentaires

  • Le 21 novembre 2017 à 07:58, par Quid En réponse à : Industrialisation de l’Afrique : Et si on luttait d’abord contre la concurrence déloyale ?

    Si vous voulez mettre fin à la concurrence déloyale, commencez à protéger l’existant, dites à la brakina d’arrêter de vouloir noyer le fleuron du jus naturel DAFANI par l’importation, l’imposition, etc du fameux truc appelé compal.
    Un bon produit se vend de lui-même mais vouloir faire chanter les propriétaires de maquis afin qu’ils arrêtent la vente de DAFANI est un crime économique, social et de sang contre nôtre pays (la brakina n’appartient pas aux Burkinabés) et particulièrement contre le kenedougou.

  • Le 21 novembre 2017 à 11:05, par Mani sougri En réponse à : Industrialisation de l’Afrique : Et si on luttait d’abord contre la concurrence déloyale ?

    Monsieur le Ministre du Commerce, de grâce, vous et le gouvernement tout entier, ne laissez pas mourir pour la 3ème fois (si je ne me trompe pas) les Grands moulins du Burkina à Banfora. Faites quelque choses. Dites nous ce qui ne va pas avec cette société qui, semble t-il, est re-ouverte mais a du mal à décoller. Sinon que Hajjar Rimon (fondateur de Wend Konta) marche bien, pourquoi pas la SN-GMB

  • Le 22 novembre 2017 à 14:00, par Happy En réponse à : Industrialisation de l’Afrique : Et si on luttait d’abord contre la concurrence déloyale ?

    C’est qui est drôle au Burkina, c’est qu’il est plus facile d’ouvrir une maison de passe que d’ouvrir une soit-disant petite unité industrielle. Je ne suis pas étonné que nous n’ayons pas un vrai tissu industriel et que les unités industrielles se ferment les unes après les autres. Pas étonnant de voir une jeunesse désoeuvrée et pervertie. Si on a plus de chambres de passe que d’usines dans un pays...... à vous d’en conclure.