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Burkina Faso : Le HCRUN a un nouveau président, Léandre Bassolé

LEFASO.NET | Oumar L. OUEDRAOGO
vendredi 10 novembre 2017.

 

Léandre Bassolé succède à Benoît Kambou à la présidence du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN). L’ancien diplomate a été élu par l’ensemble des conseillers le jeudi 9 novembre 2017 à Ouagadougou. Younoussa Sanfo, vice-président de l’institution, qui assurait l’intérim depuis le jet d’éponge de Kambou, lui a aussitôt passé les commandes.

La création du HCRUN rempli une des recommandations de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR) mise en place sous la transition, décret présidentiel du 4 décembre 2014, avec pour mission de « réhabiliter des valeurs positives consensuelles » dans un contexte post insurrectionnel (restaurer l’unité nationale, mise à mal par l’insurrection populaire). Le 6 novembre 2015, une loi portant création du HCRUN est adoptée par le Conseil national de la Transition (CNT) et promulguée le 26 novembre de la même année.

Le 24 décembre 2015, les membres sont nommés par décret présidentiel. Au nombre de 21, ils sont désignés par le président du Faso, le Premier ministre et le Président du Conseil national de la transition et sont issus des milieux socio-professionnels, religieux, coutumiers et associatifs. Le 5 janvier 2016, les membres du HCRUN sont officiellement installés avant de prêter serment le 10 février 2016 devant le Conseil constitutionnel. Avec l’assemblée plénière, le comité exécutif et deux commissions (la commission d’étude et d’orientation et la Commission de réhabilitation, d’indemnisation et de réinsertion sociale) comme organes, le HCRUN a pour principale mission de « faire la lumière » sur les crimes et toutes autres violations graves des droits humains, de 1960 à 2015. L’enseignant de droit international public à l’Université Ouaga II, Benoît Kambou, est élu à la tête du HCRUN. Avec un mandat de cinq ans, la structure avait déjà sur sa table à son installation, plus de 5000 dossiers à scruter.

« Les traumatismes et injustices constituent des évènements perturbateurs de la cohésion nationale et accentuent le sentiment d’impunité au sein de nos populations. Il est temps que les Burkinabè se parlent, non pas dans le cadre d’une tribune de vengeance ou de revendication de toute nature, mais dans le cadre d’une tribune de vérité comme facteur de réconciliation et de pardon, pour un mieux vivre ensemble », propos du président du Faso, Roch Kaboré, à la cérémonie d’installation.

Mais, en avril 2017, des grincements de dents se font entendre du côté de la présidence du Faso d’où est rattaché le HCRUN ; son président et nombre des membres de son équipe ne parlent plus le même langage. Ce qui va se traduire par une pétition qui demande sa démission de la tête du HCRUN. Finalement, fin juillet 2017, M. Kambou rend le tablier, l’intérim est assuré par l’expert en sécurité informatique, Younoussa Sanfo ; le 27 septembre 2017, le président du Faso procède à la désignation de Léandre Bassolé comme commissaire au HCRUN. Celui-ci va prêter serment le vendredi, 3 novembre dernier et le jeudi, 9 novembre 2017, il est élu président du HCRUN, succédant ainsi à Benoît Kambou. M. Bassolé est désormais investi d’une mission : réconcilier les Burkinabè entre eux.

Projecteurs sur Léandre Bassolé, le nouveau président

Un coriace des institutions internationales, dira-t-on ! En effet, ancien diplomate, Léandre Bassolé dispose d’une somme d’expériences fournies. Plus 17 années dans les arcanes des relations multilatérales (Nations-Unies, Organisation de l’Unité Africaine/Union africaine) et bilatérales. Ancien directeur des Affaires Politiques au Bureau des Nations-Unies à Dakar et Asmara (Erythrée), il est nanti d’acquis grâce à ses années dans les Missions de maintien de la Paix des Nations-Unies et de l’Union africaine (2001-2010).

Le nouveau président du HCRUN a également de l’expertise pour avoir conduit (et entre autres) des politiques visant à l’identification de toute situation susceptible de constituer une menace à la paix et à la sécurité dans la sous-région, en vue de leur prise en compte dans les programmes des Nations-Unies. Durant ces activités, le nouveau président a aussi joué un rôle déterminant dans la contribution de la délégation de Haut niveau à la résolution pacifique du différend frontalier entre l’Ethiopie et l’Erythrée et ce, en sa qualité de président du Comité des ambassadeurs chargés par les Chefs d’Etat membres de la délégation de Haut niveau d’une mission d’établissement de faits.

Représentant Spécial du Secrétaire général, Chef du Bureau de l’Organisation de l’Unité africaine (Unité africaine) au Burundi (1994 à 1996), Léandre Bassolé fut ambassadeur, représentant permanent du Burkina auprès des Nations-Unies de 1983 à 1986 et plusieurs fois président du Conseil de Sécurité (1984-1985). Léandre Bassolé, c’est aussi cet ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis, au Canada et en Côte d’Ivoire (entre 1986 et 1995).

Diplômé de l’Institut International d’Administration Publique de Paris (IIAP), Option Relations Internationales, Léandre Bassolé est titulaire d’une Maitrise en Lettres Modernes obtenue à l’Université Michel Montaigne de Bordeaux 3 (France) après une licence dans la même filière à l’Université de Ouagadougou.

Auréolé de plusieurs distinctions (Officier de l’Ordre National du Burkina Faso, Médaille de l’Organisation de l’Unité Africaine pour le rôle joue à la Mission d’Observation de l’OUA au Burundi, Médaille de l’Organisation de l’Unité Africaine, Grand Officier de l’Ordre National de la République de Côte d’Ivoire), Léandre Bassolé, c’est lui qui est désormais le nouveau capitaine du navire battant pavillon de la réconciliation et de l’unité nationale.

Oumar L. Ouédraogo
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