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Foire internationale multisectorielle de Ouagadougou : L’Algérie compte faire de bonnes affaires

lundi 30 octobre 2017.

 

La 4e édition de la Foire internationale multisectorielle de Ouagadougou et du Forum de l’emballage des pays de l’UEMOA battent leur plein depuis le 27 octobre dernier sur le site du SIAO. Pour une première participation, des exposants en provenance d’Algérie sont venus partager avec les participants et visiteurs les fruits de leur savoir et de leur expérience. A cette occasion, nous avons tendu notre micro à l’ambassadeur d’Algérie auprès du Burkina Faso, Mohamed Ainseur et à un opérateur économique, Brahim Bendjaber pour en savoir plus sur ce que représente cette manifestation pour leurs activités.

Lefaso.net : Est-ce que nous pouvons avoir une idée du nombre des exposants algériens et l’objectif poursuivant à travers votre participation à la 4e édition de la Foire internationale multisectorielle de Ouagadougou (FIMO), Mr l’Ambassadeur Mohamed Ainseur ?

Mohamed Ainseur (M.A) : L’Algérie participe pour la première fois à la 4e édition de la Foire internationale multisectorielle de Ouagadougou avec une quinzaine de petites et moyennes entreprises et une soixantaine d’entreprises représentant plusieurs secteurs. Parmi lesquels, la production d’équipage de poulet, de produits cosmétique, alimentaires. Au cours de cette manifestation, ils auront bien-sûr des contacts avec leurs homologues burkinabè, des rencontres d’affaires pour présenter leurs produits et voir dans quelle mesure nous pourrons également importer des produits burkinabè et implanter pourquoi pas des entreprises algériennes ici. Notre plus grand défi c’est de surmonter une petite contrainte. En effet, il y’a une méconnaissance du marché entre les deux pays malgré le fait que les relations se caractérisent par une amitié traditionnelle.

Lefaso.net : Les échanges commerciaux sont très souvent confrontés à des difficultés. Quelle pourrait alors être l’apport de l’ambassade d’Algérie pour booster le secteur ?

M.A : Notre contribution consiste à créer le cadre juridique pour inciter à la promotion commerciale entre les entreprises algériennes et burkinabè. Il appartiendra après aux entreprises de se mettre d’accord. Mais qu’à cela ne tienne, il existe déjà un accord datant de 2007 entre les deux chambres de commerce. Il prévoit, entre autres, un échange d’informations.

Lefaso.net : Comment est-ce que vous appréciez l’organisation de cette manifestation ?

M.A : La FIMO est une très bonne initiative de l’Agence pour la promotion des exportations du Burkina Faso. Je saisie cette opportunité pour saluer les efforts inlassables des responsables burkinabè pour être au rendez-vous de cet évènement commercial. Aussi, malgré un contexte sécuritaire difficile, c’est avec satisfaction que j’ai pu constater que les hommes d’affaires de la sous-région ouest africaine et d’ailleurs ont accepté de participer à cette foire. Ce qui traduit notre confiance quant à la capacité des forces de l’ordre à assurer la sécurité des participants. Ils sont là sans aucun problème. Ils sortent sur le terrain. C’est vraiment à féliciter.

Lefaso.net : A cette 4e édition, l’ancien président de la chambre algérienne de commerce et d’industrie (2006 à 2010), Brahim Bendjaber (B.B) expose divers produits. Et ses produits phares sont les biberons. C’est cet ingénieur d’Etat de l’école polytechnique d’Alger qui a, du reste, signé l’accord de coopération entre la chambre algérienne et celle burkinabè en 2007.

B.B : Nous prenons part à la FIMO avec l’espoir de concrétiser les accords que nous avons signé à l’époque ; de faire en sorte qu’une véritable coopération commerciale et industrielle, de transfert de technologie puissent s’installer entre les deux pays. Nous avons aujourd’hui une usine qui est capable de produire la totalité des besoins algériens en biberon, tétine et en accessoire d’agriculture. J’espère avoir un partenaire ici au Burkina Faso pour booster mon activité. Par ailleurs, nous avons noté des informations que j’ai pu avoir au niveau de l’institut national des statistiques et de la démographie. La population burkinabè est estimée à 20 millions d’habitants et je présume un taux de croissance démographique d’environ 2,5%. Ce qui nous fait environ 500 000 naissances par an. Ces chiffres présagent un développement démographique de 400 000 personnes/ans. En deux années, on aura 1 million de citoyen burkinabè supplémentaire. C’est énorme. Et comme le dit l’adage, « gouverner c’est prévoir ».

Afin d’apporter ma contribution au bien-être de la population, le chef d’entreprise que je suis, propose à la FIMO, des produits scolaires, d’habillement, nourriture (…), en plus des biberons bien évidemment. Moi je viens vous offrir une coopération avec mon entreprise. Quand j’ai démarré ma production industrielle, je n’avais que quatre ouvriers. De nos jours, ils sont au nombre de 40 personnes pour une production annuelle de 2,5 millions de biberons. D’ici la fin de l’année, nous allons atteindre peut-être les 100 personnes parce que nous allons passer au 3X8.

Lefaso.net : Concrètement en quoi consistera cette coopération ?

Opérateur économique, Brahim Bendjaben

B.B : Les entreprises algériennes prévoient quatre coopérations industrielles pas seulement commerciales. Avec cela, nous allons faire face à la concurrence. Je suis convaincu que si on arrive à mettre en place une usine de production avec des associés des deux pays, les échanges économiques vont aller en s’accroissant. En plus de cela, les relations vont se solidifier entre nous. Car, quand il y a des relations économiques et des intérêts mutuels, les politiques sont obligées de suivre l’intérêt économique de leur entreprise.

Lefaso.net : Vous l’avez dit plus haut, vous avez dirigé une instance économique en Algérie. Est-ce que vous pensez que cette collaboration tant chantée pourra se faire entre nos deux pays en matière économique ?

B.B : Oui. C’est dans cette dynamique que l’Algérie est en train de négocier avec la CEDEAO pour devenir un pays membre. J’espère que cela va bientôt aboutir. A l’époque, ils nous avaient posé un certain nombre de conditions. Je ne suis pas habilité à en parler mais je suis certain que mon pays va y adhérer tôt ou tard. Si ce n’est pas dans le cadre de la CEDEAO-Algérie ce sera dans le cadre de l’Union africaine puisqu’un marché africain va voir le jour prochainement. L’avantage qu’a le Burkina Faso est extraordinaire. Il est aujourd’hui un axe central, entouré par la Côte d’Ivoire, Benin, Togo, Niger, Ghana et du mali. Si on compte l’ensemble des populations auxquels il est frontalier, on atteint les 100 millions dans la sous-région.

Ces populations font deux fois le marché algérien. Une coopération dans les deux sens peut être mutuellement profitable. Ainsi, j’invite les investisseurs burkinabè, à se lancer sur le marché algérien car il y a des avantages comparatifs, une énergie à faible coût, une main d’œuvre qualifiée et à faible prix. Egalement, dans notre pays, l’eau est subventionnée. Un investissement aujourd’hui en Algérie, c’est un investissement qui est sûr de réussir.

… Moi je suis un homme d’affaire et je vais là où il y a mes intérêts. Faite-en de même mes frères !

Lefaso.net : Comment est-ce que vous appréciez votre participation à la 4e édition de la FIMO ?

B.B : Honnêtement je suis très content. Avec les contacts que j’ai pu avoir d’abord avec les burkinabè qui sont venus voir mes produits, mais également avec les exposants, en ce qui concerne mon entreprise, j’ai beaucoup d’espoir qu’en à la réussite de cette mission aujourd’hui au Burkina Faso. Pour l’édition prochaine, il me sera difficile de ne pas y participer.

Lefaso.net : Etes-vous prêt à vous installer au Burkina Faso pour faire votre business ?

B.B : Si je trouve un partenaire fiable, solvable, crédible, solide, je reviens m’installer ici. Ma femme est prête à me suivre, donc ça va.

… Je demande à mes amis burkinabè de ne pas regarder seulement au-delà de la méditerranée. Regardez avant la méditerranée. L’Algérie est un partenaire fiable. Les opérateurs algériens ont accumulé des expériences extraordinaires pendant ces années depuis l’ouverture industrielle de l’Algérie en 1979. Venez profiter de ce potentiel. Développons nos pays ensemble. Nous avons le marché de l’Afrique du Nord, de l’ouest qui nous tend les mains. Faisons en sorte que la concurrence entre le Burkina Faso et l’Algérie s’arrête. Nous avons les mêmes localités, intérêts partout sauf dans les équipes de football.

Interview réalisée par Aïssata Laure G. Sidibé
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