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Village de Daboura : La situation socio-économique, les projets de développement autour de l’éducation et la santé

LEFASO.NET | David Demaison Nébié
lundi 25 septembre 2017.

 

Le mercredi 6 septembre 2017, nous avons publié un écrit sur le village de Daboura, sur son organisation socio-politique traditionnelle. Vous étiez nombreux à apprécier. Cette fois-ci nous vous proposons de lire la situation socio-économique, les projets de développement autour de l’éducation et la santé de nos jours.

Le village de Daboura se trouve au Burkina Faso dans le département de Solenzo à 17 km à l’Est. Le mot « Daboura » selon l’interprétation des uns et des autres signifie « ma bouche n’est plus dedans (Da Bora). Le fondateur serait venu de Ségou en République du Mali à la recherche d’un endroit propice pour les cultures, l’élevage et la chasse. Daboura est entouré d’une chaîne de montagnes. Une vaste plaine lui permet la réussite de plusieurs cultures : sorgho, maïs, coton, sésame, haricots et le petit mil.

Le recensement de la population de 2004 du 15 au 25 avril nous renseigne que Daboura est peuplé de 7.250 personnes de différentes ethnies (Bwa, Mossi, Peuls, Samo).Les habitants sont pour la plupart des agriculteurs. Quelques Peulhs sont éleveurs. Daboura est dans une zone abondamment arrosée et assez riche. La culture attelée a été introduite très tôt dans le village et les charrues se comptent par centaines. Le rendement reste toujours en dessous des efforts fournis dans le village. Il y a un service agricole créé par l’Etat (ORD) qui a vu de nombreuses mutations et aujourd’hui le même service est appelé C.R.P.A. ; il assure la formation technique aux paysans.

Le service vétérinaire gouvernemental et privé suit les éleveurs pour un rendement efficace du cheptel. L’aide gouvernementale demeure insuffisante, vu le retard qu’accuse le village au point de vue du développement intégré, alors les villageois ont mis la main à la pâte, ils s’organisent. Pour faire face au sous-développement, les habitants, (il y a au moins 20 ans) ouvraient des champs collectifs chaque année entretenus entièrement par eux-mêmes. Le produit était vendu et la somme déposée dans une caisse communautaire. La jeunesse n’était pas en reste, leur dynamisme était réel mais au fur et mesure que les partis politiques apparaissaient, les efforts de la jeunesse tombaient car les partis se transformaient en dictatures d’Etat, Daboura sombrait dans un marasme « économique-social ».

Mais en 1973, voyant que de plus en plus la destinée économique de chaque village était laissée à sa propre initiative, aidés par les agents de l’ORD et d’autres services, les villageois ont créé un groupement villageois des atteleurs, parallèlement, un parc à vaccination en banco fut construit pour aider les atteleurs à mieux entretenir les animaux à traire. La pluie a eu raison de ce parc, actuellement un parc métallique est installé pour tout le village. En 1977, le village fut aidé par une religieuse qui s’occupait de la PMI ; le village a construit une maternité villageoise. Quatre femmes furent formées et aidaient les femmes à l’accouchement. Des soins médicaux étaient administrés aux nouveau-nés. Au même moment des jeunes recevaient une formation de secouristes ; à l’issue de la formation, des caisses de pharmacie leur furent données pour assurer des soins de premières urgences aux malades et blessés.

C’est encore en 1977 que la première habitation de l’agent agricole fut construite.1978 : création du groupement villageois et son érection en marché-autogéré. Cela a permis au village de pouvoir contracter des crédits et bénéficier des ristournes des ventes de leurs produits. Averti de tous les avantages que le marché-autogéré lui offrait, le village a projeté la construction d’une école primaire publique en 1978. Des cotisations furent lancées et 600.000F ont été rassemblés. A la réception des ristournes provenant de la vente de coton (1.024.715F), 900.000F ont été mis de côté. La deuxième vente 500.000F et la troisième 400.000F sont venus s’ajouter à la somme cotisée. En 1981, ayant reçu la confirmation de l’aide de la ville de Tourcoing (France), les travaux de construction de l’école ont pu démarrer.

La première classe, le magasin, le logement du premier enseignant et les fondations de l’école furent achevés. L’école a pu ouvrir sa première classe à la première promotion soit 85 élèves. En 1982, le programme de la construction de la 2ème classe et du 2è logement a été fait mais l’apport du village et l’aide reçue de Tourcoing restent en-deçà des dépenses déjà réalisées. L’entrepreneur, le Frère Emmanuel, Econome Général du diocèse de Nouna-Dédougou accepte d’avancer de l’argent mais c’est dur, car le village a déjà participé pour un équivalent de 3.400.000F et le projet global de l’école et des 3 logements s’élève à 15.000.000 FCFA. En 1981, une caisse populaire a été lancée au niveau du village.

Au moyen de cette caisse, les paysans peuvent faire des dépôts avec intérêts et apprendre à mieux gérer leur argent. A ce titre, il y a moins de gaspillage actuellement. Au niveau de la santé, un CSPS, une maternité et une salle d’hospitalisation, un logement de l’infirmier et celui de la matrone furent construits et fonctionnent. Au titre des projets d’avenir, une association de fonctionnaires constituant un cadre privé dans la région des Banwa, Kossi, est en relation avec le département de la Forêt en France au sujet d’une installation d’un CEG à Daboura et les premiers travaux ont déjà commencé. A cela il faut ajouter la création d’un jardin potager organisé et entretenu par les femmes, l’acteur principal de ce projet est Monsieur l’Abbé Emile Bombiri, dynamique fils du village. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

David Demaison NEBIE
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