Retour au format normal
lefaso.net

Disparition de Salifou Diallo : Des hommages et des larmes à l’Assemblée nationale

LEFASO.NET | Par Moussa DIALLO
jeudi 24 août 2017.

 

A l’Assemblée nationale, une séance plénière exceptionnelle s’est tenue, le 24 aout 2017 pour rendre un dernier hommage au président Salifou Diallo. L’instant était douloureux, le moment sombre, les émotions vives et les gorges noués. C’est dans cette ambiance inhabituelle que tour à tour, la secrétaire générale de l’Assemblée nationale et les présidents des différents groupes parlementaires se sont succédé pour saluer la mémoire d’un homme de conviction qui, à coup sûr, manquera à ce parlement de la 7e législature.

Après le siège du MPP, le corps sans vie de Salifou Diallo est arrivé à l’Assemblée nationale, en cette matinée de 24 aout 2017. Avant l’arrivée du cortège funèbre, l’émotion était déjà palpable dans l’hémicycle. Pas question de s’installer par groupe parlementaire. L’heure est à l’union. L’appartenance politique s’est éclipsée depuis l’annonce du président du parlement. L’arrivée de la dépouille va intensifier l’émotion déjà très forte, où on se parlait à peine.

l’émotion est palpable à l’entrée du cercueil

C’est à 8h20mn que le protocole, comme d’habitude, lance « Monsieur le président » et invite les occupants de l’hémicycle à se mettre debout pour accueillir le patron des lieux. Puis, c’est un cercueil qu’on fait entrer et disposer au niveau du présidium. A cet instant précis, c’est un silence de cimetière qui règne dans l’hémicycle. A l’image de l’ouverture d’une session parlementaire, l’hymne national est ensuite entonné en chœur. Et, les allocutions des présidents des différents groupes parlementaires peuvent commencer. Mais avant, c’est la secrétaire générale du parlement, Emma Zobilma/Mantoro qui prend la parole au nom du personnel de l’administration parlementaire.

« Le président Salifou Diallo a mené le combat des braves »

Une fois au parloir, elle va ajouter de l’émotion à ce qui existait déjà lorsque, fixant le cercueil, elle lance « bonjour Monsieur le Président ». Après avoir décrit les conditions dans lesquelles elle a appris cette disparition et le choc qui y règne toujours, elle a salué la mémoire d’un « homme de vision, infatigable et grand travailleur devant l’éternel et devant les hommes ». Qui, en 20 mois de collaboration, il a conduit des actions qui resteront gravées à jamais dans la mémoire collective des travailleurs du parlement. « Le président Salifou Diallo a mené le combat des braves et, après avoir triomphé, a changé pour mener une nouvelle vie et faisant sienne, cette citation du philosophe grec Platon qui disait : « mourir n’est pas mourir, c’est changer. La vie est le combat, ma mort est la victoire. Et cet heureux trépas n’est qu’un enfantement à l’immoralité » », a déclaré Emma Zobilma/Mantoro.

députés et personnel de l’administration parlementaire se sont recueillis

Pour les discours des groupes parlementaires, c’est Daouda Simboro, président du groupe parlementaire UPC qui ouvre le bal. « Excellence Monsieur le président de l’Assemblée nationale, Monsieur Salifou Diallo, vois-tu tous tes députés-je ne sais pas s’il en manque un seul- en séance plénière dans ton auguste présence. Oui, je le sais ! De là où tu es, tu nous vois. Mais, hélas tu ne nous diras pas, de ta puissante voix enrayée, « la séance est ouverte ». Oui, Salifou Diallo, tu nous abandonnes en chemin, en si bon chemin. L’ensemble des députés du groupe parlementaire UPC que tu as soigneusement fais placer à ta droite pour contrôler et que tu appelais affectueusement zone de turbulence te rend un vibrant hommage », témoigne-t-il.

« Vas t’en, POINT BARRE !!! »

Avant de saluer, au nom des députés de son groupe parlementaire, la mémoire d’un « homme de caractère, d’honneur, d’action à la fidélité inégalable et légendaire ». Du fait de ses critiques et propositions, le groupe UPC a même quelquefois vu au président Diallo un des siens. « … Je puis te dire que tu manqueras à la zone de turbulence. Pour cette zone, tu as très souvent été le dernier porte-parole quand tu faisais les synthèses d’avant ou d’après vote des lois. Tu étais presque toujours, face au gouvernement, l’un des nôtres, opposants aux propositions constructives », confie-t-il.
Avant de lancer : « Salifou Diallo, c’est ton ultime plénière avec nous, tes députés. Vas t’en ! Digne et honoré ! Mon cher ami et grand frère, vas t’en reposer en paix, Que la terre libre du Burkina te soit légère. Vas t’en, POINT BARRE !!! ». Retenant péniblement ses larmes.

Des discours et des larmes !

une séance plénière pas comme les autres

Des larmes, il y en aura avec Marie Rose Romée Sawadogo/Ouédraogo, la présidente du groupe parlementaire Paix, justice et réconciliation nationale (PJRN). Elle a d’abord salué un homme politique chevronné qui a œuvré à cultiver le consensus au sein de ce parlement de la 7e législature depuis son installation. « Par ses interventions empreintes d’humour, parfois caustiques, il avait cette habileté naturelle à transcender les préjugés et les considérations politiciennes pour donner son point de vue de manière courageuse », a-t-elle rappelé. Avant de conclure en ces termes : « mon petit frère, Salifou Diallo, que la terre bénie du Burkina te soit légère ! ». Dès qu’elle rejoint son siège, elle écrase quelques larmes, avant d’être consolée par sa voisine.

Michel Badiara, du groupe parlementaire Burkindlim a, quant à lui, reconnu que le Burkina perd un intrépide combattant. Mais ayant tracé les sillons, il promet, avec ses collègues députés de continuer avec détermination et courage le combat déjà entamé.
Alfred Sanou, président du groupe parlementaire CDP, a lui salué un militant intrépide, un homme politique de conviction et de principe. Le groupe parlementaire CDP se souvient du rôle déterminant joué par Salifou Diallo dans la création de l’ODP/MT en 1989 et du CDP en 1996. « Votre engagement a permis l’implantation de ces deux partis sur le plan national et même au-delà de nos frontières », soutient-il.

« Le sentiment d’unité nationale plus fort que la mort »

C’est Alassane Bala Sakandé, le président du groupe parlementaire MPP qui a clos les allocutions. « En ce jour de vive émotion et de profonde consternation, en ces instants d’abattement et terrassement, c’est le sentiment d’unité nationale plus fort que la mort qui nous rassemble autour de la mémoire de Salifou Diallo. Salifou Diallo, à l’instar des héros nationaux qu’il rejoindra dans l’histoire politique du Burkina, avait la passion de la patrie et de la justice sociale », a-t-il confié.

« Pour moi qui ai eu l’honneur de servir sous ta présidence à l’Assemblée nationale, je retiens de toi l’image d’un patriote qui a incarné avec force, avec exigence le pouvoir législatif, faisant de ta fonction, en grand démocrate, un magistère et une référence », a-t-il ajouté.

Avec cette disparition soudaine, le MPP qu’il présidait perd un grand leader, et ta patrie un de ses dignes fils. Mais, à 60 ans, Salifou Diallo a eu une vie politique bien remplie. Et tu auras une place dans le cercle des hommes ayant marqué l’histoire politique du Burkina.

Moussa Diallo
Lefaso.net