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Situation sécuritaire au Burkina : Le Centre panafricain-Initiatives pour le Sahel apporte sa contribution à la réflexion

lundi 7 août 2017.

 

« Quelle synergie dans le renforcement de la gouvernance sécuritaire au Burkina ? ». C’est autour de ce thème général que le Centre panafricain-Initiatives pour le Sahel (CP-IS) a organisé ce samedi, 5 août 2017 à Ouagadougou, un panel. Ce cadre de réflexion et d’échanges, qui a mobilisé des participants d’horizons divers, a été animé par des spécialistes des questions sécuritaires et de la géopolitique. Il a été parrainé par le diplomate chevronné, fonctionnaire international, Doulaye Corentin Ki.

Pour cette question récurrente, les organisateurs ont misé sur des spécialistes bien avertis pour non seulement édifier les participants, mais également pour leur permettre de constituer un ‘’répertoire’’ de solutions en vue de contribuer aux efforts de lutte contre le phénomène d’insécurité. Ainsi, comme panélistes, le Magistrat-colonel Jean-Pierre Bayala, le Colonel Auguste Denise Barry, le politologue Siaka Coulibaly, le tout sous la modération d’Oumarou Paul Koalaga, spécialisé dans les questions de conflits et de questions de terrorisme. Pour scruter le thème, chaque panéliste a développé un sous-tend. Pendant plus de deux heures donc, les participants sont restés ‘’scotchés’’ aux lèvres des panélistes, n’en demandant certainement pas mieux. Une phase qui a été suivie d’échanges avec le public qui n’a pas été avare en questions d’éclaircissement et en contributions.

Dans le décor du thème, on peut retenir que l’Etat a le monopole de l’institution de défense et de sécurité. Les Forces de défense et sécurité se doivent être neutres politiquement.

Intervenant sur le « renforcement du pacte civilo-militaire au Burkina », l’ancien ministre de la sécurité, le Colonel Auguste Denise Barry va d’abord procéder à la définition des différents termes-clés de son sous-thème. Ainsi, on retient qu’un« pacte » peut aussi être compris comme un contrat entre deux ou plusieurs parties.

Existe-t-il un « pacte civilo-militaire » au Burkina Faso ? A cette principale interrogation expresse, Colonel Barry va expliquer que jusqu’en 2015, il n’existait pas de pacte entre civils et militaires au Burkina. C’est sous la transition, qu’en charge du département de la sécurité et des libertés publiques (ministre de l’administration Territoriale, de la décentralisation et de la sécurité), il a institué en mai, un pacte dénommé « Pacte républicain de citoyenneté ». Ce pacte signé les Forces-vives de la nation et les Forces de défense et de sécurité visait à entretenir des rapports apaisés dans le respect mutuel entre civils et militaires. Pour Colonel Auguste Denise Barry, qui fut également ministre de la sécurité sous l’ère Compaoré, les enjeux du contexte du moment impliquaient un tel acte aux fins de relever le défi du civisme et de restauration de l’autorité de l’Etat.

Parcourant l’évolution des relations entre civils et militaires au Burkina dans le temps, le Colonel Barry a fait observer qu’elles sont tantôt stables tantôt tumultueuses. Pour l’ancien ministre, la qualité d’un pacte dépend de la qualité des parties à cet instrument.

« Autrement dit, si vous avez des hommes peu crédibles, il est clair que quelle que soit la nature du pacte, il y aura des difficultés dans la mise en œuvre », a-t-il relevé. Par un regard global, l’ancien patron de la sécurité a indiqué que la société burkinabè est caractérisée (depuis un moment) par des mutations socio-politiques et économiques (incivisme croissant, intolérance, érosion des valeurs morales, etc.). Toute chose qui n’est pas de nature à favoriser le succès dans la mise en œuvre d’un tel contrat.
Pourtant, souligne-t-il, dans ce contexte général de menace sécuritaire, il faut nécessairement œuvrer à renforcer les relations entre Civils et militaires (la sécurité étant l’affaire de tous). Ce qu’il a appelé « complicité républicaine ».

C’est pourquoi a-t-il fait des propositions allant dans ce sens et parmi lesquelles, on peut relever l’application effective des textes, la nécessité de mettre l’accent sur les exigences dans le recrutement dans l’armée. Aussi exhorte-t-il à travailler à mieux se connaître les uns les autres (civils et militaires). Le panéliste a, en outre, encouragé à un changement de mentalité la société et la poursuite de la professionnalisation de l’armée (l’éthique et la déontologie qui sont deux éléments fondamentaux).

C’est pourquoi, tout comme les autres panélistes, Colonel Auguste Denise Barry a encouragé de tels cadres d’échanges qui visent également à harmoniser les vues.
D’où la satisfaction légitime du président du CP-IS, Wendyam Aristide Sawadogo. Pour le premier responsable de l’organisation, ce panel a répondu aux attentes au regard non seulement de la qualité des pénalistes, mais également de la participation du public.

O.L
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