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Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

vendredi 4 août 2017.

 

Bon nombre d’étudiants en fin de cycle se retrouvent confrontés au problème d’obtention de stage pour la rédaction de leurs rapports de fin de cycle, ou bien celui de fin de stage. Ou alors pour garder le contact avec les acteurs de leur domaine de formation. Mais tout n’est pas toujours rose !

Obtenir un stage en entreprise relève d’un parcours du combattant. Même dans les structures de l’Etat, ce n’est pas chose aisée. Les témoignages fusent de partout quand on évoque le sujet. Les étudiants qui ont la chance d’en obtenir à la première demande ne courent pas les rues. Il faut avoir une recommandation pour espérer être reçu pour un entretien à la première tentative. A qui la faute ?

Les responsabilités sont partagées. Quand nous approchons les étudiants, ils rejettent tous la faute sur leurs établissements de formation et les entreprises.
Selon eux, les établissements ne respectent pas les promesses qu’ils font dans leurs publicités. Certaines écoles y mentionnent l’obtention immédiate de stages et de contrats auprès de structures partenaires.

En ce qui concerne les entreprises, la majorité des jeunes approchés déplorent le fait qu’elles ne prennent pas un nombre conséquent de stagiaires. Il y a des entreprises qui demandent une expérience aux candidats au stage. Aussi, dès qu’il y a un stagiaire, des agents du service laissent tout entre les mains de ce dernier. Il y a enfin le fait que des entreprises transforment les stagiaires en faiseurs de café.

Du coté des écoles, la faute est plutôt rejetée sur les étudiants qui selon eux, gâchent leurs chances quand on les aide à obtenir les stages. Certains demandent des rémunérations, et pensent qu’ils seront traités comme des enfants. Oubliant que c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Comment apprendre sur le terrain quand on se plaint de travailler beaucoup ? Et quand une entreprise à fait une expérience douloureuse avec les étudiants d’un institut, il est difficile pour elle de recevoir d’autres venant de ce même institut. Ainsi, la chance est gâchée pour ceux qui iront faire une demande.

Dans un institut de la place, l’administration n’octroie que 2 conventions de stage. Selon elle, c’est pour que les étudiants sachent qu’il faut du sérieux dans la recherche des stages et pour éviter de faire une distribution automatique. Ce qui n’est pas du goût des étudiants. Ils affirment qu’en deux tentatives, ce n’est pas évident et quand les deux conventions sont épuisées, il n’y a plus de document de l’administration qui accompagne la demande. Sans ce document, la demande des étudiants n’est pas crédible. Car ne comportant pas de cachet de l’établissement.

Une entreprise approchée rejette la faute sur les étudiants. Le responsable explique : « les étudiants restent souvent sur des préjugés au lieu de faire eux-mêmes leurs expériences. Il suffit qu’ils entendent dire que dans telle entreprise les responsables harcellent les étudiantes et c’est parti. Certains quand ils arrivent, nous font vivre de mauvaises expériences, ce qui nous dissuade à prendre plusieurs stagiaires à la fois. Sans compter le fait que presque tous ne savent rien faire quand ils arrivent. Même pas utiliser une photocopieuse. Dans ces circonstances, on se retrouve à faire du baby-sitting, ce qui ralentit nos rendements », ajoute-t-il.

Théophile MEDA dit avoir pris 15 mois pour rassembler ce qu’il aurait pu faire en quelques semaines. Sur une dizaine de demandes de stage déposées, juste deux entreprises l’ont rappelé. Ayant refusé de travailler à temps plein, 6 jours sur 7, à des heures tardives, il fallait faire des prospections. Il a été remercié et a dû recommencer à zéro.

Les jeunes devraient se battre pour faire bonne impression et ne pas se cramponner sur ce qu’ils apprennent dans les amphis. Nous sommes dans un monde de concurrence où le moindre petit détail fait la différence et fait basculer les choses.
Ne dit-on pas que la main qui demande est toujours en bas !!!

Ernestine W. Ouédraogo (Stagiaire)
Lefaso.net



Vos commentaires

  • Le 4 août 2017 à 19:04, par Pappa En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    Voila un tres bon stagiaire. Grace a votre impartialite, je suis arrive a comprendre que toutes les parties dans ce scenario ont raison !

    Tres limpide pour un journaliste stagiaire. Bon vent !

  • Le 4 août 2017 à 20:13, par Le jeune Foro En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    Qu’il supprime carrément ces histoires de stage et de soutenance. Cela n’est pas simple pour nous les enfants des pauvres qui n avont pas de connaissances dans les entreprises. Certes favoriseant pour un groupuscules de personnes bien-sûr par affinité...

  • Le 4 août 2017 à 20:13, par Bon sens En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    Ce que l’entrepreneur a dit est vrai. Les étudiants aiment se prendre la tête même quand ils savent rien faire à par citer les théories d’école qui se trouvent à l’opposé. Les cours dispensés ne sont que des copiés coller sans adapté aux réalités du pays. Certains même en phase d’apprentissage, au lieu de se concentrer, font le malin comme si sans eux la boîte ne va pas fonctionner. Il y également certains stagiaires qui constituent une véritable menace pour les structures d’accueil.
    Aux étudiants de savoir que tout promoteur se bat, se sacrifie tous les jours pour voire évoluer ses affaires. Par conséquent il ne peuvent venir et penser que tout doit être rose. A eux de se rabaisser pour mieux apprendre, se donner d’avantage dans leurs apprentissages et pourquoi pas un jours devenir leur propre patron. Tant que la jeunesse va épouser la facilité et le gain facile, le Burkina Faso est sans avenir. La jeunesse d’aujourd’hui surtout les étudiants et élèves ne veulent pas baver après leur étude pour réussir, or bon nombre bavent au cours de leur cursus.
    Seul la ténacité au travail, la persévérance paie. C’est l’exemple du Sud Africain qui a mi 30 ans pour développer son entreprise, donc deviner son parcours !

  • Le 5 août 2017 à 08:42, par Pépé En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    Dommage que les stagiaires stagiaires disent qu’on les transforme "en faiseur de café ou de thé". Les stages c’est un ensemble et cela fait partie avec les photocopies, les classements des documents et que sais je encore. Nous sommes en Afrique et le elderly comme le dit les anglophones peut permettre à ton mentor de te faire faire des tâches de la vie quotidienne. Ca y va de la formation de l’Homme. Celle professionnelle suivra.

  • Le 5 août 2017 à 09:19, par Pawamtore En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    Il y a stage et stage. la plupart des jeunes veulent des stages payant, car la vie est dur et celà se comprend. C’est encore plus dur pour les jeunes filles qui doivent céder aux avances de certains décideurs pour qui "y a rien sans rien". Sinon, stagiaire et garçon de café, oui ça existe mais c’est au stagiaire de savoir ce qu’il est venu chercher et de faire le dos rond. "le pintadeau qui suit la poule sait bien que ce n’est pas sa mère..."

  • Le 5 août 2017 à 10:29, par paysannoir En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    le problème c’est que les jeunes veulent être payés pendant leur stage. Si un jeune demande un stage pour se faire de l’expérience, il n’y a pas de problème en cela. Mais si il veut être rémunéré alors que la structure n’a pas prévu d’argent pour cela, on fait comment. Dans l’obs d’hier on a montré un paysan qui cultive du manioc et qui se fait un bénéfice de 78 000 000 l’an. Les jeunes ne veulent pas venir dans nos champs en brousse pour demander à faire un stage. Ils veulent les grandes villes et des bureaux climatisés, même pendant leur stage. Celui qui est intéressé par l’Agriculture ou l’élevage, nous le voulons ici en brousse. Mais jamais personne ne vient vers nous. Au moins nous pouvons loger et nourrir.

  • Le 5 août 2017 à 10:44, par Un fils de Solenzo En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    Le stage doit être focalisé sur ce que l’entreprise fait RTBF non sur préparer le café ou faire de petites courses ou encore faire des photocopies. Les entreprises doivent savoir que le stagiaire doit repartir avec les valeurs de l’entreprise. Les entreprises doivent comprendre que les stagiaires sont leurs futurs employés et doivent bien les former

  • Le 5 août 2017 à 11:05, par Tramazol En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    Cet écrit est d’une importance capitale que le gouvernement doit se pencher la dessus. Moi je trouve que les responsabilités sont partagées mais la faute revient surtout à l’Etat ensuite aux établissements et enfin aux entreprises. D’abord à l’Etat parce qu’il est le garant de l’éducation de tous les burkinabé il doit donc encadrer les stages des étudiants par des textes par exemple exigée aux entreprises présentes sur le Burkina l’obligation d’octroi de stage à un certain nombre d’étudiants selon la catégorie de l’entreprise. Si on a par exemple 300 entreprises et 6 stagiaires par entreprise cela fait 12 stagiaires à former par an pour des stages de 06 mois et le total fait 3600 stagiaires formés en une année. Ensuite au niveau des établissements il faut signer des partenariats avec les entreprises privées ou publics dans l’encadrement de leur stagiaires même s’il faut payer en retour ces dernières. Par exemple pour un étudiant formé l’entreprise reçoit par exemple 60000F cela fera des revenus pour l’entreprise. Enfin au niveau des entreprises le recrutement de stagiaire doit se faire sur sélection des dossiers et selon les mérites et non selon les connaissances néanmoins on peut accorder un certain nombre de stagiaire à la direction mais le reste sur sélection de dossiers. Bien vrai que ni l’Etat, ni les entreprises ne font aucun effort dans ce sens mais reconnaissons tout de même que certains étudiants sont paresseux, incompétents et parfois partent espionner certaines entreprises pour d’autres ce qi fait que les entreprises ne voient pas les étudiants comme une aubaine mais comme un élément douteux capables de nuire à leurs entreprises.

  • Le 5 août 2017 à 14:25, par Lucky Lucke En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    Pour moi, voici une méthode simple et efficace à 100%.
    Il faut que l’État encourage le privé à prendre des stagiaires au maximum. Pour cela il faudra encourager ces derniers au niveau des exonérations de TPA(Taxe Patronale d’Apprentissage). On sait que au Burkina, la TPA est à 3%. Si les entreprises qui prennent au moins 100 ou + de stagiaires alors que l’état leurs accordent une exonération ou une baisse de 2% de TPA . Vous constaterez en 2018-2019 une augmentation du nombre de stagiaires. La méthodes est bénéfique et pour l’Etat,les entreprises que pour les stagiaires...

  • Le 5 août 2017 à 17:24, par Professeur Jacques NANEMA, UO1 JKZ, Coordonnateur Master AGRINOVIA En réponse à : Obtenir un stage au Burkina Faso : Un parcours du combattant

    Bonjour

    Depuis 2011, le programme agrinovia (www.agrinovia.net) recrute des étudiants pour un master II, master pluridisciplinaire et international qui forme les professionnels et futurs professionnels à l’accompagnement des processus d’innovation en milieu rural et professionnel .... les ong et structures professionnelles viennent rencontrer les étudiants et leur proposent des stages payants .... si on respecte les organisations professionnelles, si elles comprennent le bien-fondé des programmes de formation, si on les invite à y prendre part comme formateurs .... alors on simplifie la question des stages .... nous sommes à la septième promo et aucun souci pour trouver un stage ..... L’université peut mieux faire en matière de dialogue avec le monde professionnel ... et nous allons régler ensemble le problème de l’employabilité des sortants de l’université .....