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Tentative de coup d’Etat de septembre 2015 : Eddie Komboïgo blanchi par la justice

LEFASO.NET | Maxime Jean-Eudes BAMBARA (stagiaire)
jeudi 3 août 2017.

 

En liberté provisoire depuis le 30 mai 2016, le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboigo, est désormais libre de ses mouvements et exempt de tout soupçon puisque la justice burkinabè l’en a blanchi. On se le rappelle, l’homme avait été arrêté le 23 janvier 2016 et placé en détention à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) pour son implication présumée dans la tentative de coup d’Etat du 17 septembre 2015.

Selon une ordonnance de règlement du juge d’instruction en charge du dossier du putsch de l’ex RSP, Eddie Komboigo le président du parti de l’ancien président Blaise Compaoré (le CDP) est exempt de tout reproche. L’information a été relayée par la Radio Wat Fm le 31 juillet 2017. La justice burkinabè vient-elle ainsi donner raison à ceux qui criaient à la détention arbitraire de l’ex président du CDP, Eddie Komboigo ?

Nommé à la tête de l’ancien parti majoritaire le 10 mai 2015, Eddie Komboigo avait également vu sa candidature à l’élection présidentielle rejetée par le Conseil constitutionnel, en application du code électoral excluant certains candidats pro-Compaoré des dernières élections présidentielle et législatives.

Un ‘’Ouf’’ de soulagement, il peut définitivement en pousser après une longue et probablement dure période de tracasseries avec le conseil constitutionnel, la gendarmerie et la justice du pays des hommes intègres. En effet, rentré à Ouagadougou vendredi 23 janvier 2016 de son exil suite au coup d’Etat manqué du général Gilbert Diendéré, Eddie Komboigo avait été arrêté et auditionné le lendemain samedi par la gendarmerie parce que suspecté de complicité avec les putschistes lors de la tentative de coup d’État contre le régime de transition.

Dans son rapport, la commission d’enquête sur le putsch révélait, après ses investigations et auditions de témoins, qu’il aurait participé au coup d’Etat. Eddie Komboigo devenait ainsi ‘’prisonnier politique’’ comme l’appelaient ses camarades du parti puisqu’il a été déféré et incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). Cinq mois plus tard (le 30 mai 2016), l’homme bénéficiait d’une liberté provisoire, tout comme la belle-fille du général Gilbert Diendéré, Fatoumata Thérèse Diawara.

Le président du CDP a été libéré pour raison de santé, avait laissé entendre le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré. Argument réfuté par certaines sources proches du dossier pour qui il n’en est rien. « Bien au contraire, la demande de liberté provisoire pour raison médicale aurait été déclarée irrecevable par les juges de la Chambre de contrôle du tribunal militaire. Le motif de cet élargissement provisoire serait la vacuité du dossier : aucun élément de preuve ne fonderait l’implication de M. Komboïgo dans le putsch du septembre 2015 », rapportait le journal « le Quotidien ».

Par ailleurs, la sortie du ministre de la Justice, René Bagoro, et du chef de l’Etat pour annoncer la libération d’Eddie pour raison de santé avait été interprétée par nombre de magistrats comme une façon pour l’exécutif de les dresser contre l’opinion publique dans le but de justifier les réformes envisagées pour mieux contrôler l’appareil judiciaire. Toute chose qui confortait Achille Tapsoba, président par intérim du CDP, quand il affirmait qu’au-delà de la liberté provisoire, « il s’agit de rendre justice à ceux qui ont été injustement incarcérés ».

« Nous sommes convaincus qu’au-delà du cas Eddie Komboïgo, d’autres militants inculpés seront également blanchis si l’instruction se poursuit sans arbitraire, ni ordre », avait déclaré Achille Tapsoba dans une interview accordée à notre confrère Jeune Afrique après la décision de la justice. D’autres militants de l’ancien parti au pouvoir sous le régime Compaoré (environ une dizaine), parmi lesquels l’ex-ministre Salifou Sawadogo, Léonce Koné, Moise Traoré ou encore Fatou Diendéré, épouse du général putschiste sont poursuivis pour leur implication présumée dans la tentative de coup d’État et attendent toujours l’ouverture du procès, un procès très attendu par les Burkinabè.

Maxime Jean-Eudes BAMBARA (Stagiaire)
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